jeudi 29 août 2013

Oneira – Tâle Yâd (Hélico/Molpé Music/L’autre Distribution)


Oneira – Tâle Yâd (Hélico/Molpé Music/L’autre Distribution)

Oneira interprète une musique intrigante et envoutante mais difficilement identifiable ou classifiable, elle n’entre dans aucun registre en particulier pourtant ses sonorités et ses ambiances nous rapprochent parfois des rives de la mer Noire, de la mer Egée ou de la Méditerranée sans s’y fixer pour autant. On peut y écouter la vielle du musicien marseillais Pierlo Bertolino pleurer sur les percussions du maître d’œuvre,  l’iranien Bijan Chemirani  et la rhytmique du guitariste français Kevin Sedikki. Quant aux chanteuses enchanteresses Maria Simoglou, d’origine grecque, et Maryam Chemirani (sœur du leader de la formation), elles s’accordent au jeu hypnotique et jazzy de la flute du grec Harris Lambrakis… En somme Tâle Yâd (Mémoire d’Etoiles en persan) agit comme un songe, il donne corps à une contrée et une culture imaginaire située au carrefour des traditions helléniques, occitanes et iraniennes. C’est donc  entre la Grèce, la Turquie et le sud-est de la France qu’Oneira dessine son espace musical, entre héritages ancestraux et modernité, entre ici-bas sublimé et monde onirique… Un voyage apaisant et dépaysant !

mercredi 28 août 2013

Dafuniks – Enter The Sideshow Groove (Underdog Records)


Dafuniks – Enter The Sideshow Groove (Underdog Records)

J’entends déjà certaines critiques médire : « Encore un projet hip-hop soulful… » Et bien OUI, mais alors quel projet ! Dafuniks est un concentré de groove entêtant et envoûtant servi sur un lit de soul-music mâtinée de raw funk, de hip-hop et de jazz, le tout agrémenté d’un soupçon de scratchs inspirés et bien placés. Le combo originaire de Copenhague s’est formé en 2008 et débarque en France l’année suivante grâce à l’entremise de Radio Nova (encore elle !). Le public hexagonal réceptif et friand de ces petites mignardises l’adopte dans la foulée et  leurs 2 premiers titres « All I Want » et « Hello I Love You » sont programmés sur les ondes et figurent dans quelques compilations lounge de bonne facture. Composé d’un beatmaker, d’un Dj, d’un batteur, d’un bassiste et d’un guitariste, Dafuniks s’offre les services de Mc’s et de chanteuses de tous horizons (Pigeon John des USA, Mattic installé en France ou encore Barbara Moleko du Danemark) et garantit ainsi en live une puissance et une présence scénique plutôt admirable. Un Jazz Liberators à la danoise que l’excellent label Underdog Records (Flox, Fanga, Dajla…) soutient et aide à publier aujourd’hui  « Enter The Sideshow Groove », un disque au look old school poussiéreux sonnant comme un vieux vinyle qui craque… Un coup de cœur !
 
 

Groundation – Buildind An Ark (Soulbeats Records)


Groundation – Buildind An Ark (Soulbeats Records)

Les amateurs de sonorités roots vont jubiler en ce début d’année avec la parution du nouvel opus de la formation reggae la plus appréciée du moment. Groundation publie son 7° disque intitulé « Builiding An Ark », comme à l’accoutumé les textes interprétés par son leader « Professor » Harrison Stafford sont empreints de cette vibration mystique rastafari qui prône le respect de l’humain et de mère Nature dans un monde en perte de ses repères et de ses valeurs, déraciné et amnésique. Nous ayant habitué à des invitations prestigieuses comme les légendes jamaïcaines Pablo Moses, Apple Gabriel ou encore Don Carlos, la formation californienne opte ici pour un format recentré sur ses propres membres, soulignant ainsi leur virtuosité et leur savoir-faire. Issus du jazz, les 3 piliers du groupe colorent inévitablement leur reggae d’un groove jazzy racé et puissant où l’exigence musicale du jazzman se retrouve dans leur maîtrise méticuleuse des arrangements et des ambiances planantes voire hypnotiques. Groundation nous inonde une fois de plus de son énergie positive et brulante avec une efficacité et une spécificité qui n’ont eu de cesse d’évoluer depuis 1999 (et son premier opus « Young Tree »). Entre classicisme respectueux et modernité affirmée « Professor » et ses 8 comparses reprennent la route pour une tournées enflammées, à la rencontre d’un public inconditionnel.

Gizelle Smith & The Mighty Mocambos – Golden Girl Of Funk (Mocambo Records)


Gizelle Smith & The Mighty Mocambos – Golden Girl Of Funk (Mocambo Records)

Une ténébreuse chanteuse à la voix profondément soul et dont l'âme est résolument funk entre dans l'arène du groove de haut vol avec un album bluffant intitulé Golden Girl Of Funk. Gizelle Smith, accompagnée de l'excellent combo allemand The Mighty Macombos, nous offre un opus énergique  définitivement funky soul, fait à l'ancienne mais sans faute de goût. Propre et dans la plus pure tradition de ses sonorités intemporelles que la Motown et consœurs ont fait éclore il y a 50 ans, ce magnifique opus s'inscrit dans cette quête exploratrice qu'ont lancé les Divas Nicole Willis et Sharon Jones, à la recherche du feu sacré Gizelle a en effet trouvé sa voix en restant pure, fidèle et respectueuse. Sans rien cacher, cette sublime ebony woman affirme et revendique ses racines dans 12 titres efficaces et ravageurs qui n'ont qu'un but: user le parquet du dancefloor et défriser les perruques afro. Semblant sortir de la B.O. d'un Tarantino du temps de Jackie Brown, Golden Girl Of Funk est une galette rafraîchissante et jouissive, le premier morceau Working Woman a déjà été remixé par le grand Kenny Dope et l'on sait d'avance que la sister of funk connaîtra un franc succés auprès des aficionados du son vintage, pêchu et sensuel du raw funk.


Gerald Clayton – Two-Shade (Universal Music Jazz France)


Gerald Clayton – Two-Shade (Universal Music Jazz France)

À 25 ans seulement, Gerald Clayton, digne fils du Grand contrebassiste John Clayton, sort un classieux premier opus intitulé Two-Shade. Né dans le jazz, le piano s'impose à lui dès ses 10 ans. Formé par la crème made in U.S (Kenny Baron ou encore Monty Alexander), son jeu est l'expression d'une certaine idée de beauté découlant de l'alchimie entre pureté et simplicité d'un côté puis complexité et métissage de l'autre. En trio, avec le batteur Justin Brown et l'excellent bassiste Joe Sanders, Gerald interprète ses propres compositions et deux standards dont le très intimiste Con Alma de Dizzy Gillespie. Ouvrant son Two-Shade avec un Boogablues très groovy, son passage dans le RH Factor et l'influence de Roy Hargrove se font ressentir dès les premières notes et Two Heads One Pillow vient conforter cette première impression avec entre autre une ritournelle à la basse enivrante et terriblement efficace. Séduire et intéresser sont deux maîtres-mots dans la démarche du jeune artiste qui, cherchant sa voie trouve sa voix dans la coexistence vivante et intense qu'il établie entre l'héritage des grands maîtres et l'innovation du prodige. Se positionnant lui-même à la croisée des chemins, entre jazz East Coast et West Coast, New-York (son fief) et plus particulièrement Harlem lui prodigue inspiration et énergie...Gerald Clayton s'installe pour durer et il est sans nul doute une valeur sûre à suivre de très près.


Via Dakar & Via Kinshasa (Syllart Productions/Discograph)


Via Dakar & Via Kinshasa (Syllart Productions/Discograph)

L'Afrique est encore et depuis toujours une source intarissable d'inspiration et d'expérimentation. La musique est son fluide vital et même si le continent a été exsanguiné au cours de son histoire, la culture du métissage a su compenser les ravages d'un passé noirci par l'esclavage et la colonisation. Syllart Productions épaulées par Discograph rendent de nouveau hommage à cet étonnant laboratoire de créations musicales qui a réconcilié dès les années 40 la musique africaine et ses cousines afro-cubaines et caribéennes. Faisant suite à la collection African Pearls qui compilait déjà les sons d'inspiration nord et sud-américaine de l'Afrique moderne des 70's, Afrolatin vient compléter cette immersion dans ces phénomènes de fusions musicales fascinantes de l'Afrique atlantique avec ses deux premiers volets dédiés aux capitales Dakar (Sénégal) et Kinshasa (Congo). Entre réinterprétations et arrangements traditionnels, la vivacité de cet élan artistique n'a d'égal que le nombre incommensurable de 45 tours qui restent encore à découvrir dans les caves des innombrables radios africaines. En format double CD, Via Dakar et Via Kinshasa sont deux nouvelles pierres apportées à l'édifice...    

Frank Woeste - Double You (Just Looking/World Village)


Frank Woeste - Double You (Just Looking/World Village)

Né en Allemagne et élevé dans une jam session familiale qui durera jusqu'à ses classes au Conservatoire de Brême, le jeune pianiste Frank Woeste pense qu'"être jazzman, c'est un état d'esprit, celui du chercheur". Dans les traces de ses maîtres à penser, Miles, Monk ou Hendrix, ce spécialiste du Fender Rhodes assume ses écarts et ses incursions entre les répertoires du jazz, du rock et de la pop. Débarqué en France en 1997, il se fait rapidement remarquer pour ses expérimentations inspirées au piano, très polyvalent et toujours respectueux des compositions qu'il interprète, il s'entoure logiquement de la crème du jazz français et c'est d'ailleurs avec ses fidèles acolytes qu'il sort aujourd'hui son quatrième album intitulé W-Double You. Accompagné de Jérôme Regard à la contrebasse et de Mathieu Chazarenc à la batterie, il est rejoint par Sylvain Rifflet à la clarinette, Magic Malik à la flûte (ainsi qu'au chant !) et François Bonhomme au Cor. Frank y explore le théme du contrepoint, superposant ses lignes mélodiques, main droite et main gauche se partagent les honneurs entre rigueur de la composition et liberté de l'improvisation. A noter l'étonnante performance vocale de Malik Mezzadri dans Minimal Animal et Minimal Animal II, deux morceaux habités d'une atmosphère étrange, travaillée en clair/obscur par un orfèvre qui mérite toute notre attention.