vendredi 8 novembre 2013

Asgeir – In The Silence (One Little Indian Records)


Asgeir – In The Silence (One Little Indian Records)

La précédente claque islandaise m’a été donnée par Peter Von Poelh alors qu’il sortait sa pépite folk  “Going Where The Tea Trees Are” en 2006. Une voix, une ambiance, des nuances, des harmonies et des mélodies magiques… Aujourd’hui c’est le jeune prodige de l’indie-pop nordique Asgeir qui, avec ses chansons légères et aériennes, part à la conquête de la scène folk européenne et nord américaine. Publiant « In The Silence », la version anglophone de son premier album qui lui valut des nominations aux Island Music Awards et au Nordic Music Prize, le chanteur/songwriter et guitariste combine avec délicatesse des éléments électroniques et acoustiques, posant sa voix emplie de spleen et de douceur sur les textes originaux et poétiques écrits par son père. Les 10 titres de « In The Silence », avec leurs incursions pop-rock (« Torrent »), electro soft-pop (« Going Home ») et même glitch (« Head In The Snow ») seraient à classer dans un registre hybride: la folktronica.
Mélancolique et organique!


 
Going Home (Live Session)

mercredi 6 novembre 2013

Labtrio – Fluxus (Out Note Records/Outhere Music)


Labtrio – Fluxus (Out Note Records/Outhere Music)

Forcément avec un tel titre, l’album du trio jazz originaire des Flandres Labtrio, prend le risque d’être rapproché, avant même sa première écoute, du célèbre courant artistique Fluxus, actif pendant les années 60 et 70. Prônant souvent avec humour une liberté totale, ces artistes revendiquaient un refus des institutions artistiques et des limites imposées à leur pratique de l’art, et c’est précisément de rupture des frontières qu’il s’agit avec nos trois jeunes belges tout fraîchement sortis de l’adolescence. En effet, le batteur Lander Gyselinck, la contrebassiste Anneleen Boheme et le pianiste Bram De Looze s’évertuent au travers de leurs 9 compositions à nourrir leur jazz instrumental de musique classique moderne, de pop et d’électro. L’écriture de Lander y est très contemporaine, entre mélodies lyriques et harmonies complexes elle offre une large place à l’improvisation et reconnait l’héritage légué par les géants tels que Paul Motian ou Miles Davis. Labtrio place la barre très haute avec ce premier opus enregistré dans les fameux studios de la Buissonne près d’Avignon.


mardi 5 novembre 2013

Malabar Watson – Malabar Watson EP


Malabar Watson – Malabar Watson EP

Magnifique chanteuse aux airs de Jill Scott, Laeticia N’Diaye possède la voix soul des grandes divas, elle déploie son timbre sur les compos R&B de son acolyte le claviériste Julien Grandon et les productions, orientées black busic, de Nicolas Gueguen. Leur projet Malabar Watson réunit une excellente section rythmique 100 % made in France. On y compte Moon (bassiste de Juan Rozoff), Enrico Mattioli (batteur de Beat Assaliant) et Thomas Broussard (guitariste d’NTM…), autant dire que du lourd ! L’EP se compose de 7 titres aux allures funky, hip-hop et jazzy, dont 3 remixes sur lesquels on retrouve les danois Dafuniks et leur patte soul/electro, les français Bost & Bim et leurs sonorités reggae/dancehall puis le Dj Dee Nasty en personne, pour une version très nu soul de « No One To Blame ». À suivre de très près… !

Lien vers "Malabar Watson Bass & Drum session"
http://youtu.be/j8DG5kYie_I

Twin Apple – After The Endless Day (Tandem)


Twin Apple – After The Endless Day (Tandem)

 
 
 
C’est un bien joli objet pop-rock que les cinq toulonnais de Twin Apple nous offrent. Solaire, acidulé et coloré, ce deuxième opus autoproduit paraît avec le soutien de l’association varoise Tandem. « After The Endless Day » déploie une pop mélodique forcément influencée par les sonorités d’Outre-Manche, mais reconnaissante de cet héritage… L’album est empreint de cette touche anglaise resurgissant des 60’s et 70’s si familière et efficace, avec ses rythmiques de guitares acoustiques et électriques justement dosées, ses accords de piano plaqués sobrement et la voix authentique de Gabriel Arnaud, meneur du projet.

lundi 4 novembre 2013

Hadouk Quartet – Hadoukly Yours (Naïve)


Hadouk Quartet – Hadoukly Yours (Naïve)

Le duo initial, composé de Didier Malherbe au Doudouk et aux flûtes ainsi que de Loy Ehrlich au Hajouj, Gumbass et Yayli Tanbur,  était devenu trio avec la venue du joueur de Hang, Steve Sehan. Pour la première fois en quartet, la formation Hadouk s’enrichie du batteur/percussionniste et chanteur Jean-Luc Di Fraya et remplace Steve (parti pour développer son projet solo) par le guitariste Eric Löhrer. Musicalité et virtuosité sont toujours au rendez-vous, naviguant entre sonorités jazz et world. Légèreté, rêverie, ballade et voyage en Orient et en Afrique sont de mise dans cette délicate carte postale musicale intitulée, non sans humour, « Hadoukly Yours ».
Hadouk Trio - Air Hadouk (Naîve)


The Foreign Exchange - Love in Flying Colors



 
 

Le combo américano-néerlandais, composé à la base du chanteur Phonte Coleman et du producteur Nicolay (Matthijs Rook), publie un cinquième opus intitulé "Love In Flying Colors". Débutant leur collaboration à distance en 2002, ils produisent leur premier disque "Connected" en 2004 par mails interposés. Aujourd'hui, Foreign Exchange est installé en Caroline du Nord, fort d'une nomination aux Grammy's Awards en 2009, le groupe a acquis une certaine notoriété dans le milieu du R&B. Un cocktail savamment dosé entre hip-hop, néo-soul, funk et électro dévoile 10 titres séduisants et parfaitement produits, où le groove règne en maître absolu.

dimanche 3 novembre 2013

Hiatus Kaiyote – Tawk Tomahawk (Flying Buddha Music/Sony Masterworks)


Hiatus Kaiyote – Tawk Tomahawk (Flying Buddha Music/Sony Masterworks)

Comme quoi une ballade chez son disquaire réserve encore des surprises… Une pochette étrange montrant le dessin d’un coyote gueule grand-ouverte (façon esprit vengeur de la Princesse Mononoké d’Hayao Miyazaki), le regard jaune et menaçant, derrière deux grues représentées en origami le narguant avec un serpentin rouge… Une couverture assez énigmatique mais plutôt efficace car la curiosité me met le casque à l’oreille… Puis là, deuxième effet Kiss Cool

Né sous l’impulsion de la chanteuse, guitariste et songwriter Nai Palm, Hiatus Kaiyote est la vision futuriste d’une Soul éclairée, cultivée, généreuse et organique. Rejoint par le bassiste Paul Bender, le touche-à-tout Perrin Moss et le claviériste Simon Mavin, l’alchimie opère et le projet prend forme attirant comme un aimant le soutien des plus grands comme le batteur chevelu des Roots, Questlove ou le Dj anglais Gilles Peterson (BBC Radio 6 Music).

L’album « Tawk Tomahawk » est paru pour la première fois en 2012 sur Bandcamp, il débarque cette année sous la signature Flying Buddha du label Sony Masterworks.

Le quartet australien basé à Melbourne est parvenu à extraire la « substantifique moelle » du courant NuSoul, dont les mètres étalons furent mis en place dés les 90’s par les immenses Erikah Badu, Bilal et autres Raphael Saadiq ou Music Soulchild. Mais son génie est d’avoir autant puisé son répertoire musical dans l’opéra que dans les musiques urbaines et électroniques. En effet, le titre « Malika » est tiré de Lakmé composé par le français Léo Delibes à la fin du XIX° siècle, il s’inspire de ce fameux air immortalisé entres autres par Natalie Dessay : « Le Duo des Fleurs ». On note par ailleurs que l’instru du morceau est un montage abstract hip-hop des plus délectables (à rapprocher des travaux du producteur américain Flying Lotus), avec les lignes de basse clé-de-voûte de Bender soutenant l’ensemble par son groove imparable.

En ouverture, c’est le très atmosphérique et mystérieux « Mobius Streak » (le fameux ruban rouge de la pochette ?) qui nous mène en bateau entre ballade électro-soul et ambient experimentale. Nai Palm y dévoile une voix touchante,  approchant celle d’une Lauryn Hill dans ses meilleures heures, tandis que les claviers de Simon Mavin nous enivrent et nous transportent vers des contrées délicatement syncopées par le broken beat éblouissant de Perrin Moss.

« The World It Softly Lulls » nous offre ensuite une ambiance néo-soul  feutréeD’Angelo pourrait facilement y poser ses mots doux et son groove sensuel façon « Spanish Joint ». La chanteuse choisi pourtant d’y imposer  un flow tranchant et revendicatif, un slam tempétueux sur une rythmique funk éthérée aux accents de guitare jazz.

Un interlude instrumental interstellaire « Leap Frog » nous fait glisser vers « Malika » puis « Ocelot » et « Boom Child », deux courtes plages aux beats hip-hop brutaux et crasseux (pas bien éloignées de certaines productions de Madlib).

« Lace Skull » déverse ensuite sa Soul électrisante et tumultueuse, s’amorçant avec un arpège de guitare et quelques accords de piano puis se terminant par un déferlement psychédélique.

C’est Jay Dilla (RIP), énorme producteur de Détroit, qui semble avoir tissé les trames de ces trop brefs « Rainbow Rhodes » et « Sphynx Gate », où Fender Rhodes, MPC, choeurs et basses font leur office dans ces célébrations légères et groovy à la musique promue par des labels tels que Stone Throw Records et Okayplayer.

Enfin « Nakamara » vient clore ce pur bijou. Un titre coloré et nusoul en puissance, sans boîte à rythme ni nappe électronique, du groove à l’état brut, faisant directement allusion à l’identité australienne du groupe. Le rappeur QTip (des Tribe Called Quest) fait une apparition dans une version exclusive présente dans la toute récente ré-édition du disque.