Avec son troisième opus, le profond Pagodes sorti il y a 1 an, le chanteur-songwriter basé à Rotterdam Jono McCleery nous offre une fois de plus un petit miracle musical. Son précédent There Is paru en 2011 avait été salué par la critique et même hissé au rang de "chef d'oeuvre de pop apaisante" par les Inrockuptibles. Dans ce dernier effort produit par If Music (célèbre magasin de disques du quartier de Soho) en partenariat avec Ninja Tune, il assoit définitivement sa touche si singulière faite de productions futuristes aux mélodies pop somptueuses et aux ambiances folk hypnotiques. Sa voix pure, expressive et gorgée d'émotions est une bénédiction, elle navigue quelque part entre celles de James Blake, Fink, Chet Faker et parfois même Bill Withers. Il la déploie avec magnificence et justesse sur des textures acoustiques légèrement renforcées d'effets et de rythmes électroniques, demeurant tout de même bien loin de ses aventures post-dubstep d'antan.
Rare et discret, Jono publie un disque envoutant dont on peine à se séparer quand vient le terme du 12ième et dernier titre baptisé"So Long". Ses orchestrations vibrantes pour cordes et piano pénètrent l'auditeur à mesure que se déroulent ses chansons voluptueuses teintées d'accents soul/R&B ("Halfway"), blues ("Pardon Me"), jazz ("Fire In My Hands") ou trip hop ("Ballade"). Quand bien même il s'accompagne d'une simple guitare (comme dans sa sublime reprise de Robert Wyatt "Age Of Self" ou dans son étourdissante ballade "Bet She Does") et que les violons et violoncelles se mettent en sourdine ou restent en arrière plan, il parvient à atteindre un état de grâce plongeant celui qui l'écoute dans une tourmente contemplative intimiste. Poignante et enivrante, la musique de celui qui n'acquit l'audition qu'à l'âge de 5 ans, est d'une richesse inépuisable, flirtant avec les genres et n'hésitant pas à les bousculer histoire de brouiller les sens.
Absolument magique et bouleversant !