mardi 27 août 2013

Edward (pour les intimes) - Ma guitare est dérisoire (Blue Bears/Wagram)


Edward (pour les intimes) - Ma guitare est dérisoire (Blue Bears/Wagram)

Gregory Louis, patron du label house We Rock Music (véritable french touch factory), nous livre un album de chanson française entièrement dédié à la femme et à l'amour. Décalé et franchement attachant, ce dandy très parigot nous guide dans son univers burlesque electro-pop tel un Gainsboug, élégant et nonchalant. Salué par les Daft Punk pour ses remixes, fan de Michel Polnareff et de Michel Berger, grand amateur de Bob Marley et de James Brown, Edward aux mains d'argent sait façonner des titres savoureux où fantaisie et groove flirtent sur des rythmes reggae, funk ou electro. Entre tradition et modernité, le multi instrumentiste chante la beauté de la première Dame de France sur un petit air de ragga muffin puis fait le grand écart jusqu'au sensuel Mao et ses accents dignes d'un Sébastien Tellier. A noter une très belle reprise du célèbre titre Creep de Radiohead, un grand classique...! 

DIEGO AMADOR – « RIO DE LOS CANASTEROS »


DIEGO AMADOR – « RIO DE LOS CANASTEROS »

Diego Amador incarne aujourd’hui l’âme gitane du flamenco avec sa désopilante virtuosité et son jeu fluide et poétique. Son agilité naturelle à pincer les cordes d’une guitare ou d’une basse, à marteler les touches d’un piano ou encore à pousser la voix dans ses plus profonds retranchements n’a d’égale que sa créativité débordante et sa musicalité. Alliant sonorités jazz et classiques contemporaines à la tradition du flamenco, Diego Amador excelle à nous emmener là où il le veut, en terrain conquis, son air de jeu. Multi-instrumentiste de naissance, la musique est une seconde nature ; né à Séville en 1973 et benjamin d’une famille de musiciens gitans, il se produit dés 11 ans et sa voix déjà étonnamment mûre pour son jeune âge est aujourd’hui digne des plus grands à l’instar d’El Cigala. Son dernier opus « Rio De Los Canasteros » (la rivière des vanniers) est un hommage à sa famille gitane, son piano dialogue avec les guitares et les voix sur les 9 titres de l’album. Dans « Muerto De Amor » l’émouvante La Susi s’invite et crie puis pleure…mais le flamenco est fête, partage et plaisir de chanter et de jouer ensemble. S’en suit le titre « Suena Mi Guitarra », une ode à l’amour ou plutôt l’éloge d’une passion pour l’Instrument du flamenco. Diego Amador nous livre ici une merveille servie dans un écrin andalou, où l’esprit gitan mêle subtilement les saveurs de musiques dites savantes avec une fascilité déconcertante… Un voyage étonnant sur les terres magiques du « Duende » si chers à Frederico Garcia Lorca.

DEMI EVANS – « MY AMERICA » (DixieFrog/Harmonia Mundi)


DEMI EVANS – « MY AMERICA » (DixieFrog/Harmonia Mundi)

Issue d’un milieu où la musique semblait être la seule manière de pouvoir sortir son nez du ghetto, la diva texane originaire de Dallas s’installe à Los Angeles avec sa grand-mère, où sa plastique de mannequin lui permet de payer ses études. A New York, en 1985, la chanteuse en sommeil se dévoile et partie pour le vieux continent, sa vie se partage alors entre défilés de haute couture et clubs de jazz. Epaulée par Stevie Wonder, la chanteuse de Gospel qu’elle était dans son enfance, se consacre à la composition et à l’écriture. Remarquée par l’harmoniciste français Jean-Jacques Milteau et forte de rencontres musicales décisives à Paris, Demi sort aujourd’hui son second opus intitulé « My America ». Supportrice d’Obama, la force de sa voix mise au service de compositions folk, blues, soul et jazz n’est pas sans rappeler l’époque des 60’s et 70’s, le temps des légendes telles Aretha Franklin, Nina Simone ou Carla Thomas. Cette afro-américaine installée en France brosse le portrait d’une Amérique qui doit de relever et retrouver l’espoir, elle dénonce même et s’insurge contre les erreurs et les méfaits commis par le passé. Chant du cœur donc, le blues compte avec Demi Evans un nouveau cri, intense, sincère et engagé !

DAVY SICARD – « KABAR »


DAVY SICARD – « KABAR »

Une mélodie sifflée sur quelques accords de guitare puis une voix touchante qui vient s’immiscer dans les méandres de nos humeurs, la magie opère alors et colère, tourments, contrariétés se meuvent en quelques vielles pierres éparpillées dans le champ refertilisé de notre esprit apaisé. Davy Sicard a la voix d’un ange, son nouvel album intitulé « Kabar », sorti fin Septembre 2008, sonne comme une invitation à partager quelques mots d’espoir, de courage ou à échanger quelques idées sur la vie/la mort, l’argent ou les traditions. Le mot « Kabar », d’origine malgache, désigne pour certains une discussion autour de la vie d’un village, pour d’autres une soirée au cours de laquelle on va danser et chanter le Maloya ou encore un hommage rendu aux esprits. Ici, Davy Sicard nous confronte à tous les aspects de la culture créole au travers 15 titres sublimes. Sans concession il explore ses racines avec un Maloya très personnel. Traitant d’écologie dans « Papillon », des superstitions et des croyances dans « In Fwa Ian » ou encore d’argent dans « Mauvé Sor », Davy célèbre la vie, sa beauté et sa laideur. Descendant d’une famille réunionnaise et né en Métropole, à 35 ans il est encore en quête d’identité, transcendant la musique traditionnelle pour créer une forme de chanson actuelle au carrefour de ses influences musicales. Ayant assuré en solo les 1ère parties de Césaria Evora ou de James Brown de passage à Paris, le grand Davy Sicard est un artiste rare et complet… Une découverte émouvante et un plaisir d’écoute assuré !


Copyright – Voices & Visions


CopyrightVoices & Visions (2008) (Defected Records)
 
Il serait aujourd’hui difficile voire impossible d’imaginer l’histoire de la House Music sans citer Defected Records et son patron visionnaire Simon Dunmore. Depuis 1999 et la première sortie signée Defected, bien du chemin a été parcouru et en à peine neuf années d’existence le label indépendant anglais est devenu LA référence mondiale sur le marché de la Dance Music. Inondant de ses productions ondes radio et sound systems des plus grands clubs de la planète, Defected s’est taillé une solide réputation à l’instar du célèbre label ayant inspiré son boss : la Motown. Après Charles Webster et Gilles Peterson, c’est au tour du combo londonien Copyright de prendre les reines et de partager avec nous sa vision tantôt soulfull, hip-hop, latine, afrobeat ou encore funky de la House Music. Ce premier opus est, comme tous les projets Defected In The House, un triptyque : l’album avec 12 superbes productions des deux djs/producteurs, les remixes dancefloor avec 10 perles puis le cd bonus, un mix club endiablé  de 60 minutes. Copyright s’est octroyé une année complète pour s’imprégner de différentes influences et expérimenter de nouveaux sons, notre attente a finalement été récompensée avec Voices & Visions qui fixe sur format CD ou LP toute l’expérience et l’énergie acquise par Copyright lors de ses sets en tournées internationales et par la succession de ses hits House encensés par les clubbers. Une sortie encore réussite pour Defected!


Dobet Gnahoré - Djekpa La You (Contre-Jour)


Dobet Gnahoré - Djekpa La You (Contre-Jour)

Une magnifique danseuse à la peau couverte de terre et parée de coquillage adresse un message d'espoir aux Djekpa La You "enfants des rues", et particulièrement aux femmes africaines. Dobet Gnahoré, chanteuse ivoirienne sort aujourd'hui son troisième album, artiste engagée elle poursuit sa quête musicale et philanthropique à travers les terres d'Afrique et témoigne de leurs richesses sur les scènes du monde entier. La voix de Dobet est un subtil instrument qu'elle maîtrise à la perfection et les langues dans lesquelles elle s'exprime sont celles de ses proches voisins du Mali, du Ghana ou du Togo, avec le français comme balise évidente, scintillant ici et là à travers le continent. Chantre de l'Afrique, celle que l'on compare à la regrettée sud-africaine Miriam Makeba allie dans ce bel écrin les rythmes de la rumba congolaise, du ziglibiti ivoirien ou encore du high-life ghanéen, aux sonorités tendres et chaudes des mélodies mandingues et sud-africaines du guitariste Colin Laroche. Djekpa La You, sorti fin Mars est déjà classé troisième par le World Music Charts Europe et la belle Dobet est en tournée mondiale jusqu'à la fin de l'année, son chant d'espoir et de dignité fera à coup sûr bien des émules.

Meena - Try Me (Ruf Records GmbH)


Meena - Try Me (Ruf Records GmbH)

Née en Autriche en 1977, la jeune Meena scelle son destin à la musique dès son plus jeune âge, adolescente elle forme un groupe de rock psychédélique avec son fidèle acolyte, le guitariste Chris Fillmore. Puis de concerts en flirts sans lendemain avec l'industrie musicale, elle croise Thomas Ruf, le patron du célèbre label blues Ruf Records. Parfois les rencontres improbables produisent d'étonnants mélanges. Ce passionné de musique bleue et découvreur de talent a flairé le potentiel de l'autrichienne et l'emmène à Memphis enregistrer son premier opus Try Me. Comme le dit Meena, elle chante "un blues rudimentaire", puissant et roots, sa voix sait rendre avec magie toutes les nuances d'une musique chargée d'histoire et de douleur. La Janis Joplin de la musique aux cinq notes, bien entourée et forte de cette nouvelle vie publie un disque racé alternant des titres enflammés "Love Won't Fall Apart" avec d'autres plus lents et langoureux "Just As  I Am" mais au combien aussi efficaces ! Meena est une artiste impressionnante, une véritable découverte.