The Seshen - Distant Heart (Single) (Tru Thoughts)
Le septet basé à San Francisco The Seshennous offre par l'intermédiaire de Tru Thoughts le premier extrait de leur album à venir Flames & Figures intitulé Distant Heart. Le single inclut, en plus de ses versions a cappella et instrumentale, un remix 'expérimental' orchestré par tUnE-yArDs alias Merrill Garbus.
La formation menée par l'excellente chanteuse Lalin St. Juste et le bassiste/producteur Akiyoshi Ehara combine habilement les synthétiseurs, boites à rythmes et percussions live dans des atmosphères auxharmonies envoutantes et vaporeuses, créant alors une fusion singulière entreR&B etelectro-pop. Distant Heart est une chanson mélancolique abordant le thème de la perte d'un être cher, sans doute le titre le plus personnel du disque à paraître. Habité par une voix gracieuse et sensuelle, il est émouvant certes, mais soutenu par une ligne de basse augroove solide.
Palace
Winter - Waiting For The World To Turn (Tambourhinoceros)
Basé à Copenhague, le duo electro-pop Palace Winter nous adresse son premier long format intitulé Waiting For The World To Turn, qui succède
au retentissant EP Medication paru
l'an passé et porté par un second single"Menton"
chaleureusement accueilli. Composé de l'auteur/chanteur/guitariste australien Carl Coleman et du producteur/pianiste danois
Caspar Hesselager, le groupe se forme
en 2013 autour d'un gout commun pour les ambiances
cinématiques combinant synth-pop, americana et
krautrock. Bien qu'ayant un background totalement différent
(formation classique, jazz et électro pour l'unet country, folk, blues, rock pour l'autre)
les deux musiciens se complètent artistiquement et techniquement, ils se
retrouvent à travers un mix hypnotique
de sonorités acoustiques et électriques, organiques et électroniques où les
claviers, les guitares, les programmes et la batterie du troisième homme, Christian Rindorf, captent l'attention
de l'auditeur pour ne plus la relâcher! Waiting
For The World To Turn alterne les mélodies radieuses et sombres, les
rythmiques lentes et soutenues dans une atmosphère
aux reflets 80's plutôt bien venue. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que
certains rapprochent l'univers de Palace
Winter de celui des pionniers américains du rock alternatif, R.E.M.
Le chanteur/songwriter anglais David Bramwell nous présente depuis Brighton le nouveau disque de
son projet formé depuis 2002 Oddfellow'sCasino. Intitulé Dust et délicieusement mené par sa voix
touchante et enivrante, l'album mêle avec grâce et volupté les sonorités douces
et mélancoliques d'une pop rêveuse,
d'une musique folk majestueuse aux
reflets électroniques résolument cinématiques. Elaborant des orchestrations mélodiques sophistiquées,
le chanteur nous fait songer aux ambiances et à l'élégante fragilité de Syd Barrett et Robert Wyatt ou Elbow et
Mantler…
Ce 4° opus est le fruit d'une sélection de 12 morceaux
compilés d'après un éventail de plus de 10 ans de travail. Parmi eux, 7 sont
des inédits qui devaient initialement paraître dans les deux précédents albums
du groupe: Raven's Empire et The Water Between Us. Quant aux autres
il s'agit pour la première fois de reprises des formations synthpop The Magnetic Fields (US) ou indie rock Clearlake (GB). S'y retrouvent des
invités de choix comme Steve Lewis
de Fujiya & Miyagi, Andrew Philips
de Grasscut ou le guitariste australien Matt
Blackman, la production est quant à elle confiée une nouvelle fois à Julian Tardo.
Un véritable petit miracle pop/folk!
Ci dessous le cover d'un titre de Chimp baptisée "MIR" et extrait de l'album oublié Can't Stop, On Fire.
Around The
World With… The (Hypothetical) Prophets (InFiné/Differ-Ant/Idol)
Paru originellement en 1982, le concept-album "Around The World With… The
(Hypothetical) Prophets", œuvre oubliée de la scène new-wave hexagonale underground, est
réédité aujourd'hui par InFiné,
remettant en lumière l'œuvre minimaliste du pionnier des synthétiseurs Bernard Szajner (inventeur de la harpe laser).
Le plasticien, scénographe et musicien français signait alors avec l'anglais Karel Beer, un projet singulier refusant tout étiquetage, où la technique du cut-up se frottait à un
tas d'influences musicales allant de la synth
pop à la noise en passant par l'indus, la cold-wave et le krautrock.
Parcouru de voix
robotisées, de glitchs, d'annonces radio ou de bulletins météo détournés, le duo accouche d'un disque mystérieux, éphémère et anonyme
(Joseph Weil et Norman D. Landing sont leurs noms d'emprunt), d'une fiction inspirée par le concert de
protestation No Nukes organisé au Madison Square Garden suite à l'incident
nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie.
Voulant nous faire croire à un brulot parvenu sous le
manteau depuis un bloc soviétique amorçant son déclin, "Around The World With… The (Hypothetical) Prophets" donne
l'illusion d'être le manifeste d'un peuple effrayé par les risques d'une
catastrophe qui surgirait dans une de ses propres centrales (un trait d'humour prémonitoire
puisqu'en 1986 le cœur d'un des réacteurs de Tchernobyl entrait en fusion
conduisant à l'un des accidents atomiques majeurs enregistrés à ce jour).
La frontière séparant la
dérision de l'engagement social et politique est mince chez nos deux
bidouilleurs amateurs de synthés, de boites à rythmes et
d'échantillonneurs. Alors leur opus n’est-il
qu’une blague ?
Pas forcément, car le titre "Wallenberg" par exemple narre l'histoire de ce diplomate suédois accusé d'être à la solde des USA puis arrêté et envoyé par
les russes au goulag alors qu'il avait sauvé un grand nombre de juif de la
déportation à Auschwitz. Dans "Back
To Siberia", « Dmitri,
le narrateur russe, nomme tous les goulags (officiels et officieux) entre
Moscou et Vladivostok et dans "Fast
Food", Bernard et Karel illustrent la prolifération soudaine de la
restauration rapide à Paris…