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vendredi 19 mai 2017

Paz - Paz Are Back (BBE Records)

Paz - Paz Are Back (BBE Records)

Enregistré au début des années 80 sur Spotlight Records, ce second opus du collectif londonien Paz est considéré comme un petit chef d'oeuvre par la critique et les amateurs de sonorités jazz/funk. Intitulé Paz Are Back, ce 'total classic' comme l'affirme Gilles Peterson se compose de 9 titres aux saveurs 70's, et ce n'est pas pour rien qu'il a tapé dans l'oreille de BBE Records, qui s'est proposé de le rééditer dans une version remasterisée au packaging d'origine. Emaillé de nuances latines qui sont l'une de ses marques de fabrique, Paz fut fondé en 1972 et mené d'une main de maître par l'excellent vibraphoniste Dick Crouch, également compositeur et arrangeur.
Ce dernier a su s'entourer de la fine fleur du jazz britannique, s'illustrent ici à ses côtés, le claviériste Geoff Castle (George Coleman, Ian Dury et Georgie Fame, ...), le saxophoniste Ray Warleigh (Dusty Springfield, Marianne Faithfull, Scott Walker et Stevie Wonder, ...), le guitariste Ed Speight (The Blockheads, ...), le bassiste Ron Mathewson (Ronnie Scott, Stan Getz, Joe Henderson, Ben Webster et Bill Evans) et le batteur Frank Gibson (Leo Sayer, David Essex, ...). Tous ont participé activement à l'écriture de Paz Are Back dans lequel on notera deux reprises de taille, celle du festif "The Everywhere Calypso" de Sonny Rollins et du standard "Dancing In The Dark" (immortalisé en 1958 par Cannonball Adderley dans son mythique Somethin' Else) interprété d'une manière inédite et plutôt amusante.
A l'heure où le jazz-fusion n'était pas encore à la mode, Paz a su capter et restituer avec virtuosité un tas d'influences, usant avec brio d'instruments électrifiés et d'une large palette de percussions (ce qui participa d'ailleurs à lui donner cette touche world si accrocheuse), passant avec succès la douloureuse épreuve du temps... Epreuve qui creuse la différence entre un bon disque et un classique indémodable!

jeudi 11 mai 2017

Ork - Orknest

Ork - Orknest

Il est des animaux étranges, sauvages et fantastiques qui captent d'emblée l'attention, Ork fait parti de ceux-là. Monstre à deux têtes, il hante les profondeurs insondables d'une musique mêlant avec une rare intensité la richesse harmonique du jazz, l'énergie indomptable du rock et les possibilités infinies de électro. Le duo formé en 2006 par les multi-instrumentistes Olivier Maurel et Samuel Klein nous présente son premier opus intitulé Orknest. Fruit d'une volonté immodérée d'en découdre avec les genres, il fait suite à un EP de 5 titres paru en 2013, qui jetait déjà les jalons d'une identité sonore complexe, croisant les héritages du classique, du contemporain et de l'expérimental.
D'abord rompu à la scène avec des lives surpuissants et novateurs - où voix douces et grinçantes, vibraphone et batterie côtoient claviers, ukulele, kalimba et percussions, entre autres machines à loops, samplers et wii theremin - Ork a voulu coucher sur disque ce magma en fusion, aux textures acoustiques et électroniques expérimentales en perpétuel mouvement. Le résultat se décline en 9 morceaux hybrides et hypnotiques.

En live, les deux musiciens face à face jouent de leurs instruments, chantent, improvisent et modifient les sons produits à l’aide des éléments électroniques qu’ils gèrent en direct. Leur installation est comme une extension de leurs propres corps, une prothèse articulée s'apparentant à une structure tentaculaire de câbles, d’électronique, de bois, de peau et de métal, à la signature electro progressive savamment mise en lumière par l'ingé-son et troisième larron de la formation, Eric Gauthier-Lafaye dit Rico.

L'album paraîtra le 12 Mai 2017!

jeudi 20 avril 2017

Penfield - Parallaxi5

Penfield - Parallaxi5 

La formation jazz-prog helvétique nommée Penfield (du nom de ce fameux 'orgue à humeur' décrit dans le roman de Phillip K. Dick, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, adapté au cinema par Ridley Scott dans son mythique Blade Runner) nous présentait le 30 Septembre 2016 son dernier opus baptisé Parallaxi5.
Composé de 8 morceaux flirtant avec le jazz, l'électro et le post-rock, ce disque audacieux, expressif et psychédélique s'inscrit dans la filiation de la période 70's de Roger Waters et de son british Pink Floyd, élaborant la bande-son éclectique d’un long métrage imaginaire, orchestré par les claviers omniprésents (Moog et Rhodes) de Thierry Scherer alias Zed, les solos jazz enthousiasmants du saxophoniste et leader Michael Borcard et le lyrisme accrocheur du guitariste Théo Kummer. Bien sûr, tout ces talents ne sauraient pleinement s'exprimer sans le soutien d'une assise rythmique au groove incandescent, menée par le batteur Mathieu Hay et la bassiste Julien Michel.

La musique qui ressort de ce laboratoire d'expérimentations aux sonorités analogiques vintage est clairement narrative. Modelée par la spontanéité, la virtuosité, la complicité et le savoir lâcher-prise du quintet genevois, elle suscite en nous des images sur lesquelles viennent se caller nos humeurs changeantes, épousant tantôt des ambiances reggae-jazz mélancoliques ("Les Sentiers Goudronnés") et electro-rock vigoureuses ("L'Anonyme"), tantôt des atmosphères jazz-rock sophistiquées ("La Physique Anarchique"), trip-hop ("Hapax 34 002"), space rock ("[Hapax] Rosen") et hip-hop jazzy ("Fashionned Wonderland") avec le concours de MC Xela.

L’aspect visuel est donc une composante essentielle du groupe qui interagit sur scène avec un VJ, histoire de proposer un voyage cosmique des plus immersifs et hypnotiques.
Outre les plages instrumentales inventives et vibrantes qui sans cesse nous font parcourir près de 40 ans d'histoire musicale, il se dégagent de Parallaxi5 un goût particulier pour le verbe et la langue de Molière. Des textes parlés, saisissants et captivants, interprétés par Walter Gallay et Capt. Etc., animent ainsi une oeuvre décalée, attachante et finalement contagieuse!

mardi 11 avril 2017

Christophe Wallemme - Ôm Project (Bonsaï Music/Sony)

Christophe Wallemme - Ôm Project (Bonsaï Music/Sony)

Le bassiste parisien Christophe Wallemme a rassemblé, dans son dernier opus baptisé Ôm Project, le gratin du jazz hexagonal voire européen!
En effet, aux côtés de l'emblématique guitariste Manu Codjia se côtoit un casting de haut vol animé par le pianiste néerlandais Diederick Wissels (piano et Fender Rhodes), le percussionniste Prabhu Édouard (tablas), le batteur Pierre Alain Tocanier, le saxophoniste Émile Parisien (soprano, ténor), la chanteuse Isabel Sorling et le magicien trompettiste Ibrahim Maalouf.

Avec autant d'énergies, de parcours et d'horizons différents, l'album ne pouvait qu'être surprenant, hétéroclite et d'une grande élégance. Aventurier infatigable aux multiples facettes, Christophe a voulu, à travers 10 compositions et une reprise d'Elliott Smith ("Between The Bars"), se replonger dans les sonorités jazz et rock des années 70 qu'il affectionne tant et qui ont imprégnées un répertoire musical déjà largement marqué, dès son enfance, par des séjours prolongés au Liban et surtout en Inde. C'est précisément cette destination qui teintera profondément sa musique, on se souvient d'ailleurs de son disque, Namaste, paru en 2006 chez Bee Jazz.

Co-fondateur du trio Prysm avec Pierre de Bethmann et Benjamin Henocq, où il élabore un language autour des rythmes asymétriques, il participe également aux formations et aux albums de Jean-Pierre Como, Louis Winsberg, Sylvain Beuf ou Daniel Mille. La mixité des genres a donc toujours été présente dans son écriture et son jeu, peu étonnant que ce dernier Ôm Project en soit un nouveau reflet!
Alternant les ambiances jazz fusion qui nous rappellent ici celles de John Scofield (avec le bluesy "Back To My Ôm") ou de Weather Report ("Charly") et là celles de Miles Davis ("Rock My Home"), Christophe et sa formation prennent aussi le temps de faire quelques pauses, développant un jazz plus doux et atmosphérique, où les températures nordiques mettent en valeur le timbre vibrant et hypnotique de la sirène folk suédoise, Isabel Sorling ("Kaya" ou "Epic Love").
Dans "Le Temps Présent" et "Un Rêve de Cochin", deux autres de ces temps calmes voluptueux où brille Diederick, s'exprime avec une grâce touchante un jazz smooth, acoustique et radieux qui tranche avec "Ma Kali", "Opus 5" et "Flashback" où résonnent les décharges saturées de la guitare de Codjia. Le groove puissant et massif de Wallemme y occupe une place centrale, ses lignes de basse indéboulonnables répartissent les rôles de chacun, s'appuyant sur la précision millimétrée de Pierre Alain et Prabhu (aux tablas), pour laisser virevolter les notes incisives des saxophones.

L'album est conçu comme un voyage, un périple faisant flotter l'auditeur aussi bien dans le temps que dans l'espace, l'invitant à gouter ses saveurs world aux reflets indiens, orientaux et parfois même klezmer.

« La difficulté a été pour moi de composer en tenant compte de toutes mes inspirations, sans tomber dans un patchwork de style »... Mission réussie.



 

lundi 30 janvier 2017

Toufic Farroukh - Villes Invisibles (Hot8 Music/L'Autre Distribution)

Toufic Farroukh - Villes Invisibles (Hot8 Music/L'Autre Distribution)

Le saxophoniste libanais Toufic Farroukh nous offre son nouvel opus baptisé Villes Invisibles, un très beau recueil de 13 compositions brillantes où jazz, folklore des Balkanssonorités orientales et musiques latines se chevauchent et s'entremêlent avec grâce dans une débauche d'évocations visuelles, dévoilant des cités utopiques radieuses, inspirées du roman homonyme de l'écrivain et philosophe italien, Italo Calvino. Comme le ferait l'auteur d'une bande originale de film, le musicien met des notes et bâti des ambiances autour de visions d'un réel sublimé et idéal. Entouré de figures bien connues de la scène hexagonales dont l'accordéoniste Didier Ithursarry, le bassiste Marc Buronfosse, le joueur de oud Ahmad El Khatib, le guitariste Frédéric Favorel ou encore le pianiste et co-arrangeur du disque Leandro AconchaToufic ballade l'auditeur au gré de ses rêveries poétiques et délicates. Accompagnée par les excellents rythmiciens Luc Isenman à la batterie et Bachar Khalifé aux percussions, la formation établie une conversation raffinée flottant en dehors de tout repères temporels et géographiques. S'il un titre devait résumer Villes Invisibles, il s'agirait de "Rio de Cairo", le parfait trait d'union entre deux cultures à priori au antipodes l'une de l'autre, porté par la voix de Naima Yazbek. l'une des rares danseuses professionnelles au Liban, qui s'exprime ici en brésilien, sa langue maternelle.


lundi 23 janvier 2017

Post Image - Fragile (Cristal Records/Harmonia Mundi)

Post Image  - Fragile (Cristal Records/Harmonia Mundi)

C'est un vieux de la vieille qui refait surface avec un nouvel opus à la hauteur d'une réputation qui n'est plus à faire. Célébrant 30 années d'activisme dans un répertoire jazz-fusion où domine un groove contagieux flirtant souvent avec les sonorités world, le discret Post Image publie Fragile.

Fondée en 1987 dans le sud-ouest de la France par le bassiste Dany Marcombe et le batteur Didier Lamarque, la formation compte encore parmi ses membres historiques le trompettiste Freddy Buzon et le guitariste Patricio Lameira. Ils sont rejoints par le saxophoniste Jean-Christophe Jacques en 1999, puis par le batteur Eric Perez et le claviériste Frédéric Feugas en 2006. Le groupe à géométrie variable a rassemblé au cours de son long périple la crème des jazzmen hexagonaux parmi lesquels on note Pierre Blanchard, Roger Biwandu, Cyril Atef ou encore Médéric Coligon

Aujourd'hui, Post Image peut se targuer d'avoir croisé le fer avec les pionniers Tony Williams, Joe Zawinul, Herbie Hancock, John McLaughlin ou Wayne Shorter, figures emblématiques d'une scène jazz bouillonnante et aventureuse, osant bousculer les codes et mélanger les styles. Pas étonnant que les petits français aient tapé dans l'œil de Miles Davis lors de son passage à Andernos en juillet 1987.

Dans ce dixième album, il est bien sûr question de jazz-rock, celui qui nous fait songer à Weather Report, Magma ou Sixun . Un jazz vivace et hypnotique aux multiples facettes, parcouru d'influences électro, ethno et acid. Bien que sophistiquée et raffinée, la musique de Post Image est largement accessible grâce à son sens de la mélodie et à son lyrisme dégagé de toute technicité prétentieuse. Elle est de surcroit guidée par un désir d'émancipation des carcans et cette liberté prend différentes formes dans ce dernier Fragile, palpitante et trépidante dans les entrainants "Petit Citron", Sous le Soleil d'Ars" ou "Troubadour", électrisante dans "Funky Roots", elle se fait douce, colorée et réconfortante dans "Miniature" ou "Nouvelle Vie".

Ailleurs, le titre du disque prend tout son sens. En effet, lorsque l'un des invités de marque John Greaves dépose sa voix éraillée et vibrante sur le touchant "Oh Papa" ou le profond "Telmine", c'est une toute autre grille de lecture qui s'offre à nous, plus poétique et intimiste. A ses côtés, un autre guest se fait remarquer, il s'agit du saxophoniste Alain Debiossat, lui comme le chanteur anglais sont d'ailleurs de vieux complices de l'équipe, ils se devaient de venir souffler la trentième bougie!

Un extrait live datant de 2013:

vendredi 20 janvier 2017

pAn-G - Futurlude (L'Autre Distribution)

pAn-G - Futurlude (L'Autre Distribution)

Résolument barrée et irrésistiblement poussée par son désir d'exploration, d'expérimentation et de liberté, la formation parisienne pAn-G s'exprime avec fougue dans un langage jazz définitivement contemporain, alimenté par un tas d'influences allant du rock au folklore guadeloupéen en passant par les recherches de Zappa, l'avant-gardisme du Liberation Music Orchestra et la musique minimaliste de Steve Reich. Dans ce second opus intitulé Futurlude, l'orchestre toujours formé par 10 musiciens rompus à la scène jazz hexagonale, interprète les compositions décapantes de son leader, le tromboniste et euphoniumiste (tuba ténor) Aloïs Benoit qui s'amuse à surprendre et à bousculer l'auditeur, s'armant d'une section rythmique électrique tonitruante et d'une escouade de 5 souffleurs complétement débridés. Mêlant l'énergie explosive du rock aux ambiances festive du carnaval de Pointe à Pitre, la spontanéité du jazz au phasing de la musique contemporaine, pAn-G nous offre 6 titres aux sonorités corrosives et rugueuses. Difficile d'accès, Futurlude est à prendre comme un expérience de laboratoire devant mener l'auditeur vers un état de transe jubilatoire ("M'Baracudja" ou "Trans-pAn-G-Xpress - à Greg Gensse"), entrecoupé tout de même de moments plus légers, propices à la méditation ("Futurlude") et au recueillement ("Echo du Silence - Hommage aux Charlie(s)").

La couverture plaira surement aux amateurs de The Rolling Stones puisqu'elle reprend le célèbre artwork de l'album de compilation Hot Rocks 1964-1971.


lundi 7 novembre 2016

Louis Winsberg Jaleo - For Paco (Label Bleu/L'Autre Distribution)

Louis Winsberg - Jaleo "For Paco" (Label Bleu/L'Autre Distribution)


Le guitariste marseillais Louis Winsberg publie chez Label Bleu le troisième volet de son projet Jaleo intitulé For Paco. Amorcé il y a une quinzaine d'années, le concept musical avait pour dessein de revenir aux sonorités méditerranéennes qui rythmaient l'enfance du leader de Sixun, fameuse formation française de jazz expérimental. Flamenco, musiques arabo-andalouses et nord-africaines s'acoquinent depuis avec sophistication et beauté mélodique, flirtant avec un jazz souvent guidé par les tablas ou mené par les pas de la danseuse.
Considéré comme un dieu par les gitans, le guitar hero espagnol Paco de Lucia a lui aussi toujours pensé sa musique comme une fusion, un rapprochement de styles, de sensibilités et de cultures, qui le conduira au cours de sa vie à se produire avec John McLaughlin et Al di Meola, Chick Corea et Larry Coryell, se familiarisant ainsi avec les codes de l'improvisation jazz.

Cet hommage vibrant qui nous invite à voyager de l'Amérique à l'Inde en passant par l'Andalousie et le Maghreb, est ponctué de 11 compositions gorgées de soleil et bercées par la mer. Elles nous sont servies par une équipe de musiciens virtuoses dont la chanteuse, danseuse et percussionniste Sabrina Romero (Juan Carmona), le joueur de sitar, de saz et de mandoline Cedric Baud, le guitariste, choriste Jean-Christophe Maillard ou encore le joueur de tablas Stéphane Edouard... Ces derniers ne forment qu'une petite partie de l'imposant casting réuni par Louis dans ce touchant For Paco, un disque raffiné, chaud, organique et bouleversant.

mercredi 19 octobre 2016

Sarathy Korwar - Day To Day (Ninja Tune/Pias)

Sarathy Korwar - Day To Day (Ninja Tune/Pias)


Une très belle découverte que ce premier opus paru en juillet 2016 du percussionniste, batteur et producteur américain Sarathy Korwar. D'origine indienne, il est issu de la communauté Sidi, descendante de populations d'Afrique de l'Est déplacées majoritairement entre le XV° et le XVII° siècle. Aujourd'hui installé à Londres avec une solide formation à la programmation et aux tablas - acquise auprès des maîtres Shri Rajeev Devasthali et Pandit Sanju Sahai - il ambitionne de marier ses 2 cultures, adaptant sa technique à la batterie occidentale: folklore indien, jazz et musique électronique communiquent ainsi dans un langage sophistiqué, élégant et poétique.

Imaginé pendant un périple dans la région rurale de Gujarat, suivi de séances aux Studios Dawn à Pune, Day To Day a été réalisé à partir d'enregistrements captés auprès de La Troupe Sidi de Ratanpur. Cette dernière dispose de cinq batteurs dont les polyrythmies reflètent son héritage africain, contrairement aux batteurs indiens traditionnels qui jouent à l’unisson. Leurs tours de chants hypnotiques (mélange de traditions bantu, gnawa et soufi) et leurs percussions répétitives constituent ainsi la substance, la matière première du disque que l'artiste enrichie ensuite de sonorités plus occidentales, glanées auprès des recherches free et cosmic jazz d'Alice Coltrane, de sessions avec la nouvelle scène jazz londonienne et nourries de rencontres musicales décisives, Karl Berger et Ingrid Sertso, Cara Stacey (Kit Records) ou encore Arun Gosh.


A la batterie, aux tablas et à la programmation, Sarathy s'entoure pour l'occasion du précieux saxophoniste Shabaka Hutchings (Sons of Kemet), du claviériste Al Mac Sween, des italiens Giuliano Modareli à la guitare et Domenico Angarano à la basse. Ensemble ils élaborent de sublimes textures sonores tantôt ambient ("Eyes Closed") et chill ("Dreaming"), tantôt jazz-rock ("Bhajan", "Indefinite Leave to Remain") aux accents free ("Mawra"), afro ("Bismillah"), astral ("Hail"), psychédéliques et organiques ("Lost Parade").
Un voyage initiatique au départ de l'Inde et à destination de l'Afrique, avec escales aux Etats-Unis et en Europe.

A noter que le projet est le fruit d'une collaboration entre le label Ninja Tune et la Fondation Steve Reid parrainée par Gilles Peterson, Four Tet, Floating Points, Emanative et Koreless.

lundi 17 octobre 2016

Jameszoo - Fool (Brainfeeder)

Jameszoo - Fool (Brainfeeder)

Le label de Flying Lotus, Brainfeeder, publie le premier effort intitulé Fool du compositeur/producteur hollandais Mitchel Van Dinther alias Jameszoo. Le disque, composé de 11 titres "jazz électronique naïf" (dixit l'artiste), rassemble une sacrée brochette de musiciens parmi lesquels évoluent quelques légendes comme le brésilien Arthur Verocai (dont Mr Bongo rééditait l'oeuvre majeure en Avril dernier) ou le pianiste new-yorkais Steve Khun (repéré aux côtés de John Coltrane, McCoy Tyner, Steve Swallow et j'en passe et des meilleurs...), ainsi qu'un casting de jeunes musiciens prodiges comme le bassiste Thundercat (habitué du label) et le saxophoniste John Dikeman.
Bien qu'éparpillé et fouillis, Fool est un objet surprenant, intéressant et bien barré. Dès son ouverture avec "Flake", le ton est donné, alternant motifs musicaux dissonants, glitch et désordonnés, frôlant avec la musique bruitiste et moments plus accessibles où se dessinent une mélodie captivante et un groove prenant. Plus loin dans "Soup" apparaît une instrumentation néo-soul digne d'un Glasper qui disparaît dans des frémissements électroniques. "Meat" nous plonge dans une ambiance free jazz décapante et "The Zoo" dans un pur trip jazz rock qui finit par un tour de chant façon crooner. "Crumble" fait penser à Squarepusher et ses rythmique qui filent à la vitesse de la lumière tandis que "Teeth" nous accompagne vers la sortie avec ses accords de claviers paisibles et rassurants qu'une section de cordes vient juste troubler sans trop déranger...


jeudi 29 septembre 2016

David Nesselhauf - Afrokraut (Légère Recordings/Kudos Records/Broken Silence)

David Nesselhauf - Afrokraut (Légère Recordings/Kudos Records/Broken Silence)

Dans un shaker, ajoutez à une bonne dose de grooves afro une pincée de rock allemand puis de funk et mixez le tout à l'ancienne... Vous obtiendrez Afrokraut, un cocktail original détonnant et vivifiant saveur 70's, disponible à partir du 30 Septembre chez Légère Recordings. Le compositeur et multi-instrumentiste basé à Hambourg David Nesselhauf revient en effet sur ce courant expérimental très bref qui traversa la musique populaire germanique dans les années 70.

Le premier single intitulé "Come Along Bintang Bolong" nous donne d'emblée un avant-goût de l'album distribué par Kudos Records et Broken Silence. Sur une cadence afrobeat marquée par les frappes inspirée du batteur Lucas Kochbeck (acolyte de David au sein de la formation funk Diazpora), le chant racé du Gambien Amadou Bah nous replonge dans la fusion psychédélique irrésistible opérée en son temps par le maître Fela Kuti. Plus loin c'est "Open Up!" qui capte l'attention avec sa rythmique funky très JB's et la voix au groove assassin de Kinga Lizz épaulée par Nabil Atassi aux chœurs. Si l'esprit funk du Godfather of Soul plane aussi dans des morceaux instrumentaux comme "Dirt Track", tous sont habités de sonorités krautrock qui se manifestent par l'usage d'effets de distorsion à la guitare ("The Routine"), de nappes de synthés planantes ("Passport Check") et d'une touche d'électro ("Bosso Fataka").

Afrokraut n'est pas figé sur une ligne directrice, il explore un tas d'influences souvent plus complexes, un titre marquant cette ouverture est "A Route Obscure" avec sa syncope l'éloignant un temps de l'afrobeat, du funk ou du rock pour le rapprocher d'un jazz fusion très actuel, ou bien "Wait For Me" avec sa touche vintage rappelant l'esprit des compositions pour le cinéma de François de Roubaix.

Une riche et belle aventure musicale...



 

mardi 1 mars 2016

Chucho Valdés - Tribute To Irakere (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Chucho Valdés - Tribute To Irakere (Jazz Village/Harmonia Mundi)


L'adjectif "magique" s'impose ici de lui même, en effet Tribute To Irakere, dernier projet en date du musicien cubain Chucho Valdés (sacré "meilleur pianiste du monde" par son propre père Bebo, disparu il y a maintenant 3 ans) nous invite à un voyage enivrant au cœur d'une des entités musicales majeures de ces 40 dernières années à Cuba.

Le septuagénaire, entouré de ses jeunes Afrocuban Messengers (on devine en filigrane la référence à l'illustre formation d'Art Blakey), rend un hommage vibrant à son ancien combo de jazz Irakere qu'il fondait en 1973, en pleine période de Détente entre les blocs Est et Ouest. Le groupe fusionnait alors avec maestria les rythmes africains et latins au jazz. Sous les auspices caribéens, leur musique intégrait des éléments empruntés à d'autres régions du monde ainsi qu'à la grande tradition Classique. Festive et sophistiquée, elle invitait aussi bien le public à danser qu'à savourer ses sonorités révolutionnaires !

Mis en suspend par son créateur au début des années 2000 pour développer d'autres collaborations plus resserrées, l'entité devait renaître à Barcelone en 2014 lors d'un spectacle nommé Irakere 40. Revisitant ce répertoire détonnant et résolument moderne The Afrocuban Messengers y interprètent de nouvelles compositions ponctuées d'improvisations à grands frissons, sous l'œil béat d'un pianiste patriarche, directeur artistique et arrangeur bluffant de vitalité, pour qui les années n'ont en rien entamé son esprit d'aventure et son désir de partage.

Ce Tribute To Irakere, enregistré en live à Jazz In Marciac en Aout 2015 et masterisé courant septembre aux Sounid Studios de la Havane, nous en offre un avant-goût plus qu'alléchant, en partie grâce au renfort d'une section de cuivres imposante et brillante. La musique sacrée de la Santeria, ses percussions batà et ses chants Yoruba (servis par un Dreiser Durruthy Bombalé épatant), côtoie les cadences endiablées et vivifiantes de la rumba, du mambo, du tango, de la timba et même du funk… Le tout étant arrosé d'un swing ravageur façon Duke Ellington!

 

vendredi 19 février 2016

Grand Pianoramax – Soundwave (Mental Groove Records/La Baleine)


Grand Pianoramax – Soundwave (Mental Groove Records/La Baleine)

Je découvrais le projet Grand Pianoramax lors de la sortie de son précédent Till There's Nothing Left 
chez Obliqsound, le trio mené par le claviériste genevois Léo Tardin publiait alors son 4° opus post-jazz fusionnant les sonorités trip-hop, art-rock et hip-hop. Dans ce nouvel effort plus lumineux et décontracté, baptisé Soundwave, le virtuose des claviers (Fender Rhodes, synthés analogiques) a voulu restituer le groove, l'énergie et la fraîcheur du live, semant ici et là quelques séduisants reflets 70's hérités des expérimentations jazz/funk d'Herbie Hancock ou de George Duke. Produit par le puissant batteur Dom Burkhalter et enregistré dans son studio zurichois, l'album se joue des codes et affiche dorénavant un lyrisme moins sombre, moins lisse et plus accessible… Une nouvelle approche un brin pop en somme, assurément plus « moelleuse et dansante » ! "No Doubt" résume assez bien cette nouvelle direction entreprise par le groupe avec son côté disco monté sur une rythmique inhabituelle à 7 temps. Le spoken-word de l'américain Black Craker se calle à merveille sur ces instrus sophistiquées hybrides, imposant son flow unique et vénéneux au sein de ce Cerbère suisse conçu voilà plus de 10 ans.




mercredi 13 janvier 2016

Pierrick Pédron - AnD the (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Pierrick Pédron - AnD the (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le saxophoniste alto Pierrick Pédron a fait ses classes musicales à Paris aux côtés de figures emblématiques de la nouvelle scène jazz hexagonale telles que Magic Malik et les frères Belmondo. Fan inconditionnel de Charlie Parker et virtuose polyvalent, le soliste breton se fait aussi remarquer sur scène ou en studio auprès d'artistes plus pop aux incursions funk et R&B, comme Juan Rozoff ou Sinclair. Cette ouverture d'esprit le conduira en 2009 après avoir enregistré plusieurs albums catalogués jazz entre Paris et New York (avec notamment Baptiste Trotignon, Mulgrew Miller ou encore Pierre de Bethmann...) à sortir Omry, un succès publique et critique de jazz-rock réunissant toutes les sonorités qui constituent son identité musicale protéiforme.

S'il a déjà illustré les influences fondamentales que furent pour lui Pink Floyd, The Clash, Sex Pistols, David Bowie (RIP) ou Cure (Kubic's Cure qu'il a publié en 2014), le volubile Pierrick ne s'est pourtant jamais trop éloigné des maîtres du be-bop (on se souvient de son Kubic's Monk, hommage au pianiste) et du hard-bop, relevant à chaque fois le défis de dresser des passerelles entre les étiquettes et les époques.

Dans son dernier disque And The enregistré entre Bruxelles et Panam, Pierrick a choisi d'orienter ses recherches sonores vers un son plus funky, un acid jazz au groove rétro et brulant parcouru ici d'une mélodie éthio-jazz (Ethiop) ou d'une rythmique afrobeat (Monk Ponk Train) et là d'une ambiance psychédélique (Val 2) ou pop (Val 1). L'énergie du rock perce au travers de titres explosifs comme Tootoota alors que quelques accents électro s'invitent dans PP Song Tree ou Clock Road.

Epaulé par son fidèle ami le claviériste Vincent Artaud, le saxophoniste a convié les guitaristes Jan Weissenfeld et Chris de Pauw, le trompettiste britannique Damon Brown, le batteur Bernd Oezsevim et les bassistes Julien Herné et Tomi Simatupang, le percussionniste Didac Ruiz, la claviériste Marja Burchard et le xylophoniste Jérôme Fanioul... Soit une team de haut vol pour un album débridé et décalé !

Extraits choisis parmi ses précédents efforts:

jeudi 3 décembre 2015

Julian Julien - Terre II (A Bout de Son)

Julian Julien - Terre II (A Bout de Son)

Artiste multi-instrumentiste et globe trotter, Julian Julien est le genre de musicien qui n'entre dans aucune case bien définie, rompu à la musique classique lors de ses classes au CNR de Paris, il s'essaie au jazz et au rock puis s'abreuve des pulsations world glanées lors de voyages en Asie.

Il publie aujourd'hui le second volet d'un polyptique entamé en 2000 avec Terre. Largement dominé par un esprit chill aux reflets électroniques délicats, l'univers musical métis de Julian se déploie à la lisière de plusieurs genres. Si la liberté d'improvisation et la sophistication du jazz transparaît en filigrane dans des titres comme Iris IV, porté par les phrasés du saxophoniste Michaël Havard et du flûtiste Siegfried Canto, on devine aisément les influences de compositeurs de musique de film tels que Nino Rota ou John Barry, à qui il dédie même son sensuel et groovy Mr John Barry. Un Terre II très cinématique donc mais pas que, puisque le Syrinx de Claude Debussy plane au dessus d'un Ailleurs aux accents éthiojazz et que Non Sens batifole avec les sonorités krautrock.

Tenant son rôle de chef d'orchestre très à cœur, Julian se fait assez discret. A l'origine des 13 compositions de l'album il y distille savamment et avec retenue ses qualités de percussionniste, sound designer et claviériste, mettant ainsi en avant les interventions de ses invités et acolytes. On notera alors le chant ensorceleur d'Hélène Argo dans Une Attente enivrante épaulée par la violoncelliste Adeline Lecce, ou bien la souplesse et la virtuosité du cornettiste Médéric Collignon dans les Iris III et IV. Rémi Dumoulin impose quant à lui sa puissante clarinette basse dans l'inquiétant Prélude et dans sa suite très jazzy Terre II.

vendredi 6 novembre 2015

Luca Nostro - Are You OK ? (Via Veneto Jazz/Socadisc)


Luca Nostro - Are You OK ? (Via Veneto Jazz/Socadisc)

Le guitariste et compositeur romain Luca Nostro nous présente son dernier opus baptisé Are You OK ? Enregistré à New York avec un quartet du cru composé de l’épatant Donny McCaslin au saxophone, du très classieux John Escreet au Fender Rhodes, de l’élégant Joe Sanders à la contrebasse et du pilier Tyshawn Sorey à la batterie, le disque est clairement orienté jazz contemporain, avec ses combinaisons complexes et répétitives, ses changements brutaux d’humeurs, de couleurs et de rythmiques, ses allées-retour entre phrasés incisifs et passages plus fluides. L’improvisation et l’interaction entre les musiciens y jouent un rôle prépondérant, faisant naître de mélodies simples des entrelacs sophistiqués à la manière de Steve Coleman et des sonorités brulantes parfois psychédéliques héritées de Franck Zappa, artiste qui compte parmi ses influences majeures avec entre autres Steve Reich.

mardi 27 octobre 2015

Dexter Story – Wondem (Soundway Records)


Dexter Story – Wondem (Soundway Records)

Rien de mieux pour commencer sa journée que d’écouter le nouveau projet aux sonorités world/est-africaines du multi-instrumentiste de Los Angeles Dexter Story, véritable chantre de la culture jazz et hip-hop underground américaine. Ayant autant croisé le fer avec Wynton Marsalis et Kamasi Washington qu’avec Madlib et Les Nubians, le producteur aux multiples casquettes s’est aussi frotté au marketing de l’industrie musicale en travaillant notamment pour Def Jam et Bad Boys Records.

Après Seasons paru en Février 2013 chez Kindred Spirits, un premier album soul aux accents jazzy, funky et R&B, le musicien cinquantenaire (qui emprunte son nom d’artiste à l’illustre saxophoniste Dexter Gordon) nous présente son second opus baptisé Wondem, dans lequel il ré-explore depuis son home studio californien les rythmes africains qui l’ont indélébilement marqué lorsqu’il était le batteur puis l’arrangeur du trompettiste Todd Simon et de son Ensemble Ethio-Cali. En effet, les ambiances « éthiopiques » inspirées du maître Mulatu Astatké transparaissent à travers des titres comme Lalibela, Sidet Eskermeche (où est convié le chanteur Yared Teshale) ainsi que Saba, tout trois étant habités par les entrelacs psychédéliques déployés par les guitares et les cuivres éthio-jazz.

Mais Wondem, qui se traduit par « frère » en amharique, ne se résume pas qu’à une incursion dans l’Addis Abeba des années 70, le joyeux A New Day par exemple nous immerge dans la pop moderne du sud de l’Ethiopie tandis que Be My Habesha nous invite au Nord du Mali, où les alchimistes de Tinariwen ont imaginé la musique assouf, un habile mélange de musique touareg, de rock et de blues.

Changamuka ensuite, et la voix soul racée de Godfrey at Large alias Dustin Warren nous plonge dans une Afrique éprise du son sophistiqué de la Motown, alors de Miguel Atwood–Ferguson et Mark de Clive Lowe arrangent et interprètent la mélodie arabisante et presque kitch de Mowa, un hommage au chanteur/joueur de oud soudanais Mohammed Wardi. Le Soudan est toujours à l’honneur dans le coloré Without An Adress sublimement interprété par la chanteuse retro pop originaire de Khartoum Alsarah.

Merkato Star et ses rythmes tournoyants et intenses nous hypnotisent à la manière d’une transe soufie, alors que l’orchestration de la pièce instrumentale Xamar renoue avec la vision est-africaine du jazz-funk des 70’s, atmosphère déjà présente dans Changamuka mais qui semble être ici passée au crible d’un Fela Kuti apaisé.

Dans Eastern Prayer, les vocalises suaves et vaporeuses de Nia Andrews sont accompagnées d’une instrumentation délicate où chœurs aériens où steel drums de trinidad, congas afro-cubaines et kalimbas ouest-africaines s’unissent pour accueillir une guitare au touché afro-caribéen.

Pour clore Wondem, Dexter Story nous offre le romantique et spirituel Yene Konjo dans lequel sa voix profonde, douce et veloutée est mise en valeur par les claviers de l’expert Mark de Clive-Lowe dont la présence inonde l’ensemble de l’album.

Encore un succès en perspective pour le label anglais Soundway Records de Miles Cleret qui publiait, il y a peu, l’excellent projet Ibibio Sound Machine.


jeudi 3 septembre 2015

Ibrahim Maalouf - Red & Black Light (Mi'ster Productions/Decca/Universal)

Ibrahim Maalouf - Red & Black Light (Mi'ster Productions/Decca/Universal)

Il est des jours comme ça où l'on reçoit sans s'y attendre un précieux cadeau, en ouvrant ma boîte aux lettres par une belle fin d'après-midi d'Aout 2015 qu'elle ne fut pas ma surprise en déchirant une enveloppe et en découvrant les deux nouveaux albums de l'infatigable trompettiste d'origine libanaise Ibrahim Maalouf, qui rappelons-le a signé il y a peu la bande originale du film Yves Saint Laurent de Jalil Lespert.

En effet le virtuose de la trompette à quarts de ton nous offre pour cette rentrée Kalthoum et Red & Black Light, tous deux attendus dans les bacs le 25 septembre prochain et signés sur son propre label Mi'ster Productions. Ils succèdent au retentissant Illusions et à sa sublime collaboration avec Oxmo Puccino dans le concept-album Au Pays d'Alice inspiré par le roman de Lewis Carroll.

C'est par Red & Black Light, disque très orienté electro, jazz fusion et pop, que nous allons entamer notre immersion dans le nouveau décor que nous plante un musicien toujours plus créatif, aventurier et généreux. A l'origine de tous les titres, exception faite de Run The World (Girls) emprunté à la diva Beyoncé, Ibrahim a voulu rendre hommage à la femme d'aujourd'hui, à saluer l'influence qu'elle a sur sa musique. Entouré du guitariste François Delporte, du batteur Stéphane Galland et de l'immense Eric Legnini aux claviers, il opte pour une écriture rythmique et harmonique complexe rendue pourtant accessible grâce à ses arrangements pop aux reflets funk, rock et électroniques. Son jeu unique virevolte toujours entre ses deux cultures, faisant cohabiter et s'entremêler l'Orient et l'Occident.

L'ouverture du disque est éblouissante, avec son groove ravageur Free Spirit est introduit par une syncope funk des plus prenantes, sa mélodie pop accrocheuse si propre aux sonorités enivrantes du trompettiste nous emporte ensuite dans les méandres d'une odyssée jazz rock détonnante où la guitare de François Delporte s'exprime avec force et distorsion.

La puissance du guitariste est aussi mise à contribution dans Essentielles, qui déploie un motif à la trompette entêtant, se répétant pendant quasiment 3'42 et engendrant une de ces transes hypnotiques dont seul Ibrahim a le secret.

Goodnight Kiss commence comme une délicate berceuse interprétée au clavier, guitare puis batterie s'invitent et l'art de la polyrythmie et de l'improvisation que semble apprécier la formation révèlent alors leur splendeur et leur sophistication, faisant du titre l'un des plus jazzy de l'opus.

Avec Elephant's Tooth, le quartet ressuscite l'époque des Weather Report ou des sonorités jazz funk d'Herbie Hancock, la trompette micro-tonale assurant toujours la liaison entre accents électroniques et grains acoustiques, entre son hérité des US et tradition inspirée du Liban.

Le titre éponyme s'apparenterait presque à une ballade hard-rock, avec ses envolées lyriques de guitares et de synthés... Mais les pistons, encore une fois, brouillent les pistes et  imposent le respect par la chaleur et la douceur du son qu'ils laissent échapper !

Escape entrelace des mélodies issues des Balkans à un beat lourd et percussif parcouru d'un groove massif, interrompue par une apothéose véloce et folle où tous les instruments se débrident en fanfare.

Improbable est un feu d'artifices, majestueux et exigeant il superpose toutes les strates et les influences qui constituent l'identité musicale d'Ibrahim, faite de jazz, de world music, d'electro, de pop, d'histoires présentes, passées et à venir...

En guise de clôture, le succès de Queen Bey (Beyoncé) Run The World (Girls) vient marteler aux esprits trop orthodoxes que même si tout n'est pas bon dans l'immense cohue pop, rien n'est à jeter et tout se récupère pourvu qu'on y mette son grain de sel...

Une belle surprise !

jeudi 25 juin 2015

Al Di Meola – Elysium (Inakustik Records)


Al Di Meola – Elysium (Inakustik Records)

Le guitar hero italo-américain Al Di Meola publie un nouvel album studio intitulé Elysium. Après 40 années de carrière marquées par une problématique de fusion (entre jazz, rock puis influences latines) et de réinvention des genres, sa technique sophistiquée et sa virtuosité déroutante s’expriment ici à travers toutes sortes de guitares, l’artiste y mêle ainsi les sonorités douces et chaudes des cordes nylon, à celles métalliques de la guitare folk, brillantes et riches de la 12 cordes, puissantes et tranchantes de l’électrique.

Accompagné de trois claviéristes (Barry Miles, Philippe Saisse, Mario Parmisano), d’un batteur (Peter Kaszas) et d’un percussionniste indien (Rhani Krija), le compositeur très imprégné des cultures gipsy et flamenca a choisi pour l’occasion de ne pas s’entourer de bassiste, une absence notable dans un projet jazz rock, mais compensée par des arrangements de guitares conçus sur mesure et occupant un vaste espace sonore, au détriment de ses acolytes relayés en toile de fond.

Le tango d’Astor Piazzola, le flamenco de Paco De Lucia, le jazz fusion de Chick Corea, John MacLaughlin ou de Jaco Pastorius et le rock latino de Carlos Santana continuent à hanter son jardin secret, son petit coin de paradis musical accessible aux amateurs avertis.
A noter La Lluvia qui clôt Elysium tout en légèreté, un hymne smooth jazz aux reflets latins des plus estivaux.