Chucho Valdés - Tribute To Irakere (Jazz Village/Harmonia
Mundi)
L'adjectif "magique" s'impose ici de lui même, en
effet Tribute To Irakere, dernier
projet en date du musicien cubain Chucho
Valdés (sacré "meilleur pianiste du monde" par son propre père Bebo, disparu il y a maintenant 3 ans)
nous invite à un voyage enivrant au cœur d'une des entités musicales majeures
de ces 40 dernières années à Cuba.
Le septuagénaire, entouré de ses jeunes Afrocuban Messengers (on devine en filigrane la référence à
l'illustre formation d'Art Blakey), rend un hommage vibrant à son ancien combo
de jazz Irakere qu'il fondait en
1973, en pleine période de Détente entre les blocs Est et Ouest. Le groupe
fusionnait alors avec maestria les rythmes
africains et latins au jazz. Sous les auspices caribéens, leur musique intégrait des éléments empruntés à
d'autres régions du monde ainsi qu'à la grande tradition Classique. Festive et sophistiquée, elle invitait
aussi bien le public à danser qu'à savourer ses sonorités révolutionnaires !
Mis en suspend par son créateur au début des années 2000
pour développer d'autres collaborations plus resserrées, l'entité devait
renaître à Barcelone en 2014 lors d'un spectacle nommé Irakere 40. Revisitant ce répertoire détonnant et résolument
moderne The Afrocuban Messengers y
interprètent de nouvelles compositions ponctuées d'improvisations à grands
frissons, sous l'œil béat d'un pianiste patriarche, directeur artistique et
arrangeur bluffant de vitalité, pour qui les années n'ont en rien entamé son esprit
d'aventure et son désir de partage.
Ce Tribute To Irakere,
enregistré en live à Jazz In Marciac
en Aout 2015 et masterisé courant septembre aux Sounid Studios de la Havane, nous en offre un avant-goût plus qu'alléchant,
en partie grâce au renfort d'une section de cuivres imposante et brillante. La musique sacrée de la Santeria, ses percussions batà et ses chants Yoruba (servis par un Dreiser Durruthy Bombalé épatant), côtoie
les cadences endiablées et
vivifiantes de la rumba, du mambo, du tango, de la timba et même du funk… Le tout étant arrosé d'un swing ravageur façon Duke Ellington!
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