Jozef
Dumoulin & The Red Hill Orchestra – Trust (Yolk Music/L’Autre
Distribution)
Remarqué pour ses interventions dans le Magic Malik
Orchestra ou auprès des frères Belmondo, le claviériste jazz Jozef Dumoulin, « spécialiste du
Fender Rhodes »,publie chez Yolk Music son dernier projet mené en
trio et nommé Trust. Le prodige
belge, installé à Paris, embarque avec lui dans TheRed Hill Orhestra
les deux américains : Ellery
Eskelin au saxophone ténor et Dan
Weiss à la batterie. Tous trois mettent en scène des atmosphères sonores sombres et complexes où le jazz se libère lors de sets
d’improvisations psychédéliques et d’expérimentations aériennes. Trust est un recueil de 12 compositions nébuleuses et poétiques,
articulées autour d’une seule et même idée, l’interaction entre différentes approches
musicales, Ellery et ses embardées free
jazz, Danet ses influences puisées dansla
musique indienne et la pratique des tablas.
Hell’s Kitchen – Red Hot Land (Moi J’Connais Records/L’Autre
Distribution)
Crasseux et rongé jusqu’à la corde, le blues lancinant et dissonant des 3 petits suisses de Hell’s Kitchen sonne diablement juste !
Publiant leur cinquième disque intitulé Red
Hot Land sur Moi J’Connais Records,
les bluesmen helvètes à l’énergie punk
nous proposent un retour aux sources de la musique aux trois accords, vers un essentiel
brutal, abrasif et rugueux. Enregistré à l’ancienne et mitonné au whisky, le blues rural de Hell’s Kitchen trouble la vue et enfume l’esprit. La voix rauque de
son leader Monney B, la « percuterie »
écorchée de Taillefert C et la basse
rondelette de Ryser C composent cette
tambouille brûlante assaisonnée du piment de quelques complices dont Robin Girod au banjo, Charles Wicki à l’accordéon et Matt Verta-Ray à la guitare.
Délibérément taillé pour le dancefloor, Abaporu (qui se traduit « l’homme qui mange la chaire humaine »
en indien Tupi Guarani), quatrième long format du Dj/producteur brésilien Gui Boratto, nous replonge dans les
beats et les ambiances chaudes et
raffinées qu’il présentait pour la première fois en 2007avec son sublime
Chromophobia. Bien plus accessible que ses précédents projets, Abaporu froissera les puristes que le
chouchou de l’écurie Kompakt avait
conquis avec ses maxis aux sonorités minimal tech et acid house, mais ravira
les amateurs de chill-out, de rythmiques pop impeccables et d’ambient ibérique solaire. Nourri de
toutes les musiques électroniques actuelles et véritablement immergé dans la culture
brésilienne (depuis son récent mariage), l’artiste a voulu rendre hommage au mouvement anthropophage, ce courant
artistique brésilien issu du modernisme qui prônait au début du 20° siècle
l’appropriation et l’imitation des cultures européennes.
Le nom et l’artwork de
l’album sont eux-mêmes tirés d’une des peintures les plus importantes de l’art
brésilien, datant 1928 elle symbolise avec son apparente naïveté l’âme d'un Brésil complexe, où le soleil et le culte du corps cohabitent avec la pauvreté
et le travail forcé.
Se référant à ce chef d’œuvre et à l’ensemble des représentations
engagées mais étranges, irréelles et imaginaires réalisées par la peintre Tarsila Do Amaral, artiste emblématique
de ce cannibalisme culturel
‘Brésil/Europe’, ce disque serait un nouveau trait d’union entre Tom Jobim
et Phonique, entre la mélancolie et l’euphorie, le folklore et la culture club.
Ce qui est certain, c’est que l’efficacité de morceaux tels
que Please Don’t Take Me Home, Too Late et Let’s Get Started, avec leurs vocaux
pop, leurs accents funky et leurs
rythmiques deep house, fait mouche
dès la première écoute. Les synthscapes, les nappes de claviers technoïdes et
les lignes de basse aux tonalités plutôt sombres de Abaporu, Joker ou encore Palin Dromo évoquent quant à eux l’influence
de la techno berlinoise…
Gui Boratto une
fois de plus ne déçoit pas même s’il surprend à vouloir séduire un plus
large public!
Le mythique duo viennois Tosca semble renouveler sa palette musicale en publiant via le
label berlinois !K7Records son dernier disque intitulé Outta Here. Richard Dorfmeister et Rupert
Huber nous avaient habitué depuis leur association en 1994 à des ambiances laid
back, downbeat et chill out, on se souvient en effet des opus Opéra, Suzuki ou
dernièrement No Hassle et Odéon. Les autrichiens, largement influencés par John
Lee Hooker, réorientent aujourd’hui leur projet vers des sonorités plus soul, acid
jazz etbien sûr bluesvoire même country (Put It On) avec
des rythmiques à la dynamique plus up-tempo. Les lignes de basse musclent le
groove de titres comme Have Some Fun,
My Sweet Monday ou Prysock, même si les ingrédients lounge qui ont fait le succès de Tosca demeurent, à l’instar de l’esprit
dub de Happy Hour, trip-hop de Lone Ranger et ambient des interludes Schopsca
et H.D.A.
À noter la participation exceptionnelle de Earl Zinger (un alias de Rob Gallagher à l’origine du groupe
acid jazz Galliano) et Cath Coffey
(des Stereo MCs), que l’on peut écouter sur le premier single Crazy Love.
Certains disques se laissent apprivoiser facilement, mais là
avec You’re Dead !, ce n’est
pas si évident ! En effet le beatmaker américain basé à L.A., Steven
Ellison aka Flying Lotus, patron du
label Brainfeeder, nous livre par
l’entremise de la maison anglaise Warp
une mouture sombre et mélancolique, complexe et puissante, sans concession
aucune et libre de tous canons esthétiques. Considéré comme l’un des producteurs
underground les plus en vue de la côte Ouest, FlyLo a fait les choses en grand avec des mois de teasing intensif et l’invitation de guests plus que prestigieuses.
Avant même sa sortie, le disque était déjà acclamé par une critique unanimement
conquise.
You’re Dead !
est-il un disque de hip-hop ?
You’re Dead !
est-il un disque de jazz ?
Ce qui est certain c’est que Flying Lotus aka Captain
Murphy nous offre 38 minutes intenses de psychédélisme, traversé par un tas
d’influences, du free-cosmic-jazz barré et classieux servi par Herbie Hancock (Tesla) et Thundercat (bassiste/chanteur
exubérant et génial régulièrement embarqué dansles aventures de FlyLo) , à la drum & bass jazzy de l’excellent Never Catch Me où Kendrick Lamar déploie un flow époustouflant, en passant par la
soul nébuleuse de Siren Song et Your Potential/The Beyond murmurées par Angel Deradoorian et Niki Randa, ou le hip-hop game boy de Dead Man’s Tetris éclairé par un Snoop Dogg inattendu dans ce genre de
prestations.
La présence d’une team de musiciens prodiges et novateurs comme
les batteurs Deantoni Parks, Justin Brown et Ronald Brunner, le saxophoniste jazz Kamasi Washington, le guitariste death metal Brendon Small, le violoniste/chef d’orchestre Miguel Atwood Ferguson, les claviéristes Brandon Coleman et Taylor
Graves, renforce l’ampleur de cette fusion entre innovation musicale et
virtuosité technique, qu’a voulu initier le producteur californien dans ce « pèlerinage
transcendantal en territoire inconnu, au-delà de la vie ».
Steven, en
parlant de son projet, affirme qu’il ne s’agit pas d’aborder le thème de la mort comme une fin mais
plutôt comme un commencement, comme
la célébration de nouvelles aventures. C’est ce moment de transition et de
confusion. Ce n’est pas ‘hey tu es mort’
mais ‘hey tu es mort !’ », la nuance étant dans le point d’exclamation.
L’artwork est
réalisé quant à lui par le graphiste japonais Shintaro Kago, réputé pour ses mangas réservés à des lecteurs
avertis, où il traite de sujets grotesques à grand renfort de pornographie, de
scatologie ou de déformation physique. L’artiste y déploie une série de dessins
gores mais beaux où la mort, la nudité et la torture y sont présentées d’une
manière crue et ultra violente (vivisections, éviscérations…) mais esthétique !
You’re Dead !
fera date dans la carrière de Flying Lotus autant que dans les anal de la musique
électronique.
Le collectif islandais GusGus
composé de Birgir Thorarinsson, Daníel Ágúst, Högni Egilsson
et Stephan Stephensen publie sur
le mythique label allemand Kompakt
son dernier opus flamboyant et envoutant intitulé Mexico. Gorgé de sensualité et de groove, de sonorités 80’s, 90’s, trans, deep et techno house, l’album est une ode électro-pop des plus efficaces
et accrocheuses où les synthétiseurs mélancoliques, les percussions lancinantes
et les voix aériennes présents sur Sustain, Crossfade ou This Is What You Get When You Mess With Love
deviennent, sur
des titres up-tempo comme Another Life, Mexico ou Airwaves, plus
entraînants, percutants et imparables.
Deux titres se distinguent de ce travail homogène et bien pensé : dans
un premier temps il y a le superbe God-Application
et sa rythmique break-beat à
l’anglaise se dotant d’une voix soulful du plus bel effet, puis le morceau
d’ouverture Obnoxiously Sexual, une
perle disco orgasmique à en rendre
jaloux Sébastien Tellier.
Mexico est une belle surprise en
cette fin d’été qui semble ici s’éterniser…
Si les compilations du label allemand Kompakt ont pu décevoir à certains moments, la dernière mouture TOTAL14ième du nom, redonne ses lettres de noblesse aux
sélections annuelles de la maison de disques mythique et précurseur dans le
milieu de la musique techno. Créée à
Cologne par les 3 DJs Michael Mayer,
Jürgen Paape et Wolfgang Voigt il y a plus de 20 ans, l’esthétique Kompakt a d’abord collé aux courants microhouse et minimaltechno puis
s’est ouverte aux sonorités pop et
ambient.
TOTAL 14 est un
double LP généreux de 25 titres parmi lesquels on trouve les productions de
piliers de la scène électro tels que Michael
Mayer en personne, le brésilien Gui
Boratto, The Modernist ou Superpitcher (et son excellent Delta), ainsi que de nouvelles
signatures comme Weval (et son
sublime Something (Live)).
Confrontant les textures sonores robustes et percutantes de Justus Köhncke, Blondish ou Terranova
avec les ambiances atmosphériques mélancoliques et deep de Dauwd ou DAMH, les têtes
pensantes de Kompakt nous livrent un
bien bel objet !
À noter la présence de l’enivrant This Is What You Get When You Mess With Love du collectif islandais
GusGus, extrait de leur tout dernier
disque Mexico.
Tru
Thoughts 15th Anniversary (Tru Thoughts Recordings)
Le label anglais basé à Brighton Tru Thoughts fête cette année ses 15 ans d’existence. Embrassant
toutes les tendances musicales urbaines, on retrouve ses signatures dans les
milieux hip-hop, funk, ambient, electro, jazz, soul, reggae, afrobeat ou encore latino. Devenu une véritable marque de fabrique omniprésente dans
les festivals et sur les dancefloor avec des artistes tels Quantic, Bonobo ou
encore Alice Russell, Ty, Titeknots ou bien Omar et Nostalgia 77, Tru Thoughts a su entretenir
brillamment son indépendance et son attachement à la scène musicale
underground.
Le coffret Tru
Thoughts 15th Anniversary, qui ne sera disponible qu’en 500 exemplaires
numérotés et griffés par le grapheur Aroe,
se propose de présenter cette esthétique hétéroclite passée, présente et à
venir en 3 disques 33t colorés et 2 CDs, accompagnés d’un livret bardé d’interviews
et de photos.
Dans sa version basique, la compilation sort le 21
Octobre prochain sous la forme d’un double CD, avec au programme 31 titres
sélectionnés avec soins par le co-fondateur Robert Luis et sa team, où sonorités acoustiques et électroniques,
explorations et expérimentations, remixes et edits, succès éprouvés (de Bonobo ou Quantic) et futures (d’Harleighblu, Youngblood Brass Band
ou Lost Midas) se succèdent sans faute de goût.
Real World
25 – Coffret Anniversaire 3 CDs (Real World Records/Harmonia Mundi)
Il suffit de parcourir succinctement la tracklist de ce
sublime coffret 3 CDs pour se faire une idée du travail exceptionnel qu’accomplit
depuis 25 ans le label anglais de Peter Gabriel. En effet, créé en 1989
dans le but de promouvoir les musiques
du monde, Real World nous fait
découvrir les sonorités, les artistes et les folklores issus des 5 continents.
Du Pakistan avec Nusrat Fateh Ali Khan
aux Etats-Unis avec Joseph Arthur, en
passant par le Kenya, l’Ireland, la Colombie, la Chine, l’Inde ou encore
l’Australie, Real World confère une
visibilité internationale inespérée pour la carrière de nombreux artistes… Charlie Winston, Portico Quartet ou Geoffrey Oryema figurant, parmi d’autres, dans son impressionnant
catalogue !
Elia Y Elizabeth – La Onda de Elia Y Elizabeth
(Vampisoul/Differ-ant)
Vampisoul est un
label espagnol spécialisé dans la réédition de raretés vintage, ilnous plonge ici dans les sonorités 70’s du duo colombien Elia et Elizabeth Fleta, nous promenant
entre soft-pop aux accents
psychédéliqueset tropical-funk aux réminiscences
caribéennes. Les frangines originaires de Bogota connurent un succès fulgurant avec
deux LP arrangés par le jazzman et star du petit écran Jimmy Salcedo, Elia Y
Elizabeth paru en 1971 puis Alegria !
en 1973, parmi lesquels sont extraites les 16 perles de cette compilation. La Onda de Elia Y Elizabeth est gorgé
de légèreté et de fraîcheur, nous rendant nostalgique d’une époque fertile et inventive.
Garant de la culture Garifunasur la côte caraïbe du Honduras, le chanteur/percussionniste/guitariste Aurelio
Martinez nous présente son second disque intitulé Landini, dans lequel il revient en 12 titres aux sources des
sonorités traditionnelles de son peuple. Le folklore Garifuna englobe les racines africaines,
amazoniennes et caribéennes et se décline en plusieurs styles dont le paranda
(teinté des rythmes latins et espagnols) qu'Aurelio illustre ici et qui est enseigné, joué et partagé à tous
âges par l’ensemble de sa communauté. C’est Maria Martinez sa mère, qui l’initia dès l’enfance à cet
art coloré où les guitares et les percussions prédominent, Aurelio
y ajouta une touche de modernité respectueuse en le marquant indélébilement de
sa voix touchante.
Ricardo Lemvo & Makina Loca – La Rumba Soyo
(Cumbancha/Pias)
On retrouve dès les premières notes, les premiers accords et
les premières paroles du disque La Rumba
Soyo, l’énergie et la chaleur afro-latine d’Africando avec qui le chanteur zaïrois Ricardo Lemvo a d’ailleurs collaboré par le passé. Pionnier de ce mélange des cultures afro-cubaines (salsa,
rumba, merengue) et panafricaines (soukous, semba, kizomba), l’artiste installé
à Los Angeles a fondé dans les années 90 son impressionnante machine à danser Makina Loca composée de 12 musiciens
enflammés et aguerris. Avec eux, Ricardo
nous offre une célébration de la vie, de l’Afrique et de ses influences, avec ses
sonorités racées à mi-chemin entre traditions et modernité.
Dorsaf Hamdani – Barbara Fairouz (Accords Croisés/Harmonia
Mundi)
La célèbre chanteuse tunisienne Dorsaf Hamdani nous présente son nouveau projet intitulé Barbara – Fairouz. Habituée à élargir
son spectre musical en explorant le répertoire des divas du chant arabe ou la
poésie perse et en collaborant avec des musiciens d’exception issus du Maghreb,
d’Iran ou d’Europe, Dorsaf a choisi ici
de s’arrêter sur les voix emblématiques de deux femmes modernes, engagées, libres
et anticonformistes, la française Barbara
et la libanaise Fairouz. Assistée du
subtil accordéoniste Daniel Mille à
la direction musicale, la musicologue parvient à faire un trait d’union inattendu
et bien vu entre deux destins, deux langues et deux traditions. La Solitude, Ce Matin-là ou Soleil Noir
se dévoilent sobrement aux côtés d’Al
Bint El Chalebeya et Zourouni,
dans une suite d’arrangements touchants et dépouillés où violon, accordéon,
percussions, oud et guitare évoquent un orient délicat et métis.
Chapelier Fou – Deltas (Ici, D’Ailleurs…/Differ-ant/Believe)
Louis Warynski
aka Chapelier Fou m’avait conquis
avec son précédent Invisible et l’univers electronica-acoustique
qu’il avait su bâtir en fusionnant des
éléments sonores piochés dans le répertoire de la musique classique avec des
expérimentations électroniques et des mélodies pop. Dans Deltas et ses 10 titres envoûtants, le
multi-instrumentiste messin nous replonge dans son monde onirique, donnant à ses textures électroniques une présence
plus affirmée et à ses orchestrations une densité nourrie de 5 années de
périples musicaux. Tickilng Time est sans doute le bijou de cet album, un conte
fantastique où un synthé délicat et des violons pincées installent l’auditeur dans
un écrin soyeux, bercé par la voix douce et sensuelle de Gerald Kurdian.
Yuna est une
jeune chanteuse pop originaire de Malaisie,
elle publie sur Verve son nouvel
opus enregistré à Los Angeles baptisé Nocturnal.
Véritablement taillé pour inonder les ondes radio, l’album se compose de 11
titres efficaces et prenants, habités par la voix soul et sensuelle d’une artiste que l’on compare allègrement aux
stars internationales Feist et Adele. Alliant
les sonorités pop, electro, soul et R&B à son premier amour le folk, Yuna élabore
des mélodies enivrantes et scintillantes, n’hésitant pas à y faire sonner des
instruments traditionnels de son pays natal. Le résultat de cette fusion indie-pop/indie-soul
est séduisant et colle parfaitement à l’air du temps…
Le duo electro The
Subs originaire de Belgique et basé à Londres publie son troisième LP
intitulé Hologram. Jeroen De Pessemier aka David Newtron et Wiebe Loccufier aka Dj Tonic
se sont rapprochés pour l’occasion du multi-instrumentiste Hadrien Lavogez pour amorcer un
virage pop aux vibrations soul, laissant derrière eux un passif dance punk
sombre et underground, percutant et assourdissant. Les influences de la house anglaise, du trip-hop, du dubstep et
du hip-hop sont perceptibles tout au
long des 12 titres de l’album dans lesquels on retrouve des invité(e)s exceptionnel(le)s
comme Jay Brown (sœurette de VV
Brown), les excentriques Colonel Abrams et
Danny Greene, la divine Selah Sue ou encore l’immense Jean-Pierre Castaldi. The Subs se montre plus accessible que
jamais, empruntant presque quelques accents mainstream à l’electropop FM, tout en gardant sa touche singulière et expérimentale.
St. Paul
& The Broken Bones – Half The City (Single Lock Records/Differ-ant)
C’est une soul puissante et intemporelle que le sextet ancré
en Alabama, St. Paul & The Broken
Bones,nous présente dans un
premier LP aux sonorités vintage intitulé Half
The City. En 12 titres old school inspirés par les artisans d’un son racé,
issu de la tradition des états du sud des USA dans les 60’s, la formation menée
par le chanteur à la fabuleuse voix gospel/soul Paul Janeway nous invite à revivre les frissons qu’Otis Redding ou
Al Green nous offraient en leur temps… Les mauvaises langues diront que le
groupe se contente de singer les stars de la Motown et de Stax, mais laissons
les parler et régalons nous de ces petits moments nostalgiques d’une époque
glorieuse pour la black music.
Forcément, porter le nom d’une légende vivante doublée d’un
novateur génial du jazz vocal ne doit pas être chose aisée, pourtant Taylor McFerrin, fils aîné du célèbre
interprète du cultissime "Don’t Worry, Be Happy", brille et excelle
dans ce premier LP qu’il nous livre grâce à l’entremise du label Brainfeeder.
Early Riser est
un véritablebijou electro soul gorgé d’influences R&B, jazz et pop. Déjà
repéré aux côtés du claviériste Amp Fiddler et du rappeur anglais Ty, le jeune multi-instrumentiste/Dj/chanteur/producteur
et beatboxer basé à Brooklyn, sortait chez Ninja Tune en 2006 l’EP Broken Vibes et produisait en 2010 le
titre "Love Conversations"du crooner
José James. Flying Lotus le prend alors sous son aile et paraît en 2011 un
second EP Place In My Heart, dont le
titre éponyme, orienté electro pop, est
présent sur l’album avec la sensuelle participation de sa collègue de label, RYAT.
Taylor distille
avec maestria tout ce qui se fait de plus parlant et organique dans les
musiques urbaines et électroniques depuis les années 50 jusqu’à nos jours.
Au détour du très nu soul
"Florasia", digne des productions
langoureuses de Vikter Duplaix, l’artiste nous ballade entre l’ambiance nu-jazz de "Postpartum", l’atmosphère abstract
hip-hop de "Degrees Of Light", la rythmique
broken beat de "The Antidote" (où le flow de Nai
Palm des Hiatus Kaiyote nous ensorcelle), et la sophistication jazz des magnifiques "Already
There" (Robert Glasper au keys et
Thundercat à la basse !), "Invisible/Visible" (dans le lequel apparaissent
les mythiques Bobby McFerrin et César Camargo Mariano,grand pianiste brésilien) et enfin "PLS DNT LSTN" (une déferlante cosmic-jazz-groove
presque psychédélique). La chanteuse Emily
King rejoint elle aussi ce casting parfait dans "Décisions", une complainte dubsteb
qui nous rappellent les rapports intimes que Taylor McFerrin entretient avec la bass music londonienne.
Bref, comme beaucoup l’ont écrit, Early Riser est un disque,
ou plutôt une expérience à mener par sa propre écoute, sans lecture ou interprétation extérieure. C'est une réelle découverte avec la
promesse de moments musicaux intenses et profonds,
BRAVO ET MERCI TAYLOR MCFERRIN !
mercredi 10 septembre 2014
Lost Midas - Off The Course (Digital Single) (Tru Thoughts)
Le label anglais Tru Thoughts nous présente le second single de son protégé Jason Trikakis alias Lost Midas dont nous parlions ici lors de la parution de son subtil Head Games en Juin dernier, premier extrait de son debut album Off The Course.
On retrouve dans le titre éponyme, ce savant mélange de sonorités analogiques et digitales distillées dans une effluve mélodique pop rehaussée de beats abstract hip-hop, les synthés obsédants et lancinants servent quant à eux d'écrin délicat à une voix féminine fantomatique et sensuelle.
Disparus des écrans radar depuis leur dernier Konfusion paru
chez Ninja Tune en 2005, les deux dj/producteurs polonais Marcin Cichy et Igor Pudlo
refont enfin surface pour le bonheur des aficionados de sonorités nu-jazz bien ficelées et des nostalgiques de l’air electro-jazz des 90’s et début 00’s, largement
dominées par les Mr Scruff, Koop et autres Gabin.
Le duo Skalpel publie
chez Plug Audio Record un nouvel EP
de 5 titres intitulé Simple qui annonce
le prochain album Transit prévu d’ici
peu. On y retrouve les ingrédients qui firent leur succès à savoir une fusion délicate et bien dosée de beats électroniques
et de cool jazz polonais des années 60 et 70. Les compositions
sophistiquées de Skalpel expriment
leur passion commune pour le hip-hop, l’IDM, la drum & bass, le jazz et le
trip-hop… Le groove étant l’élément clé de leur musique, Marcin et Igor ont dû la
faire évoluer en gardant cet univers qui leur est propre, et dompter ainsi les toutes
dernières technologies pour parvenir enfin à se réinventer, à concevoir une musique hybride entre programmations d’instruments
virtuels et art du sampling.
Bel effort qui nous fait attendre avec impatience un album déjà
bouclé depuis plus d’un an et qui, selon les artistes, sera bien plus abouti
que Simple.
Le tout jeune beatmaker
californien nommé Napolian nous
offre via le label new-yorkais Software
Recording Co. une collection de 15 titres instrumentaux où les beats électro,
les samples et les synthés évoquent une
sensibilité aux sonorités hip-hop West Coast sans pour autant ressembler
aux productions conventionnelles du milieu utilisant trop souvent les sempiternels
breaks old-school, jazzy ou funky… En effet, Ian Evans aka Napolian aka Gunsandsynths développe avec Incursio des ambiances musicales singulières
autant sombres, brutales et syncopées que mélodieuses, délicates et enjouées. L’ensemble
est d’ailleurs à prendre comme un laboratoire d’expérimentations sonores et
rythmiques plutôt que comme un projet cohérent. Le hip-hop fricote avec une electronica tantôt chill sur des pistes
comme Peace & Safety ou L O B B Y, tantôt agressive aux relents
industriels avec Principalities ou THERM.G.