El Gato Negro - Ouvre La Porte (Autoproduction/Que Buen Momento/Differ'Ant)
Le troubadour toulousain Axel Matrod alias El Gato Negro nous présente son second opus baptisé Ouvre La Porte, un album engagé aux sonorités latino, nourri de 15 années de vadrouille à travers l'Amérique du sud, et marqué par les différentes crises poussant des populations à traverser la mer Méditerranée au péril de leur vie. De la cumbia au son cubain en passant par les cuivres de l'afrobeat, le ragga, le hip-hop et autres rythmes afro-caribéens, le chanteur, guitariste, compositeur, grand voyageur mais aussi expert en théâtre de rue, nous propose de prendre part à son aventure musicale festive et colorée, pleine d'entrain et de vibrations positives ("Jour de Fête", "Guitare de Plage", "Toca y Toca"), mais également encrée dans le réel, son urgence et ses problématiques ("Ouvre La Porte", "El Tiempo Pasa", "Ensmble").
On notera la participation de la révélation afro pop/folkKandy Guira dont nous parlions il y a peu, à l'occasion de la sortie de son EP Tek La Runda.
Mêlant sonorités hip-hop, rugosité blues,profondeur soul et punch rock, le chanteur originaire de Tours, Thomas Kahn, a su en quelques années créer le buzz autour de son groove percutant, de sa voix puissante et charnue. Ayant écumé les scènes hexagonales durant plus de 4 ans, et fort de sa participation remarquée à The Voice en 2015, il publiait le 08 Février dernier sur le label indépendant clermontois Flower Coast, son tout premier opus intitulé Slideback, un recueil de 9 titres vibrants et musclés, où semble planer le spectre bienveillant d'Otis Redding, figure emblématique de l'incontournable Stax Records, la prestigieuse écurie de Memphis.
Le projet Gato Preto est né en 2013 à Dusseldorf sous l'impulsion du producteur electro Lee Bass et de la b-girl mozambicaine Gato Misteriosa. A la croisée des influences sulfureuses, technoïdes, futuristes et militantes du baile funk, du kuduro, de la bass music etdu hip-hop, le duo explosif et bouillonnant nous livrait le 14 Avril dernier son premier opus baptisé Tempo. Sa musique mutante et virale s'adresse explicitement au dancefloor, elle nous balance en plein visage des rythmes afro-tropicaux hybrides,entêtants et accrocheurs. Arborantles couleurs du Brésil, de l'Angola et de l'Afrique de Sud, elle matraque nos esprits à grands coups de punchlines surpuissantes assénées à la portugaise.
Wildbirds
& Peacedrums – Rhythm (The Leaf Label/Differ-Ant)
Wildbirds &
Peacedrums, duo suédois sulfureux composé de la chanteuse Mariam Wallentin et de son mari le
batteur Andreas Werliin, nous livre son nouvel opus minimaliste et percussif
intitulé Rhythm. Jazz, blues, rock,
pop expérimentale… Difficile de classer leur musique ! Voulant faire écho
aux caractères rugueux et sauvages du monde chaotique qui nous entoure, Rhythm reprend certains aspects du code
établi au début des années 80 par The
Creatures (Siouxie et Budgie) ou Patti
Smith, assemblant, parfois de manière tribale, brutale, sombre et déviante,
une voix puissante et affirmée aux rythmes tranchants et dénudés.
The Budos
Band - Burnt Offering (Daptone Records Differ-Ant)
La célèbre écurie de Brooklyn Daptone Records (maison de disque de Sharon Jones and The Dap-Kings
entre autres) publie le nouveau disque Burnt
Offering du collectif The Budos Band.
Toujours fidèle à son credo de l’enregistrement et du mixage analogique, le
label présente leur cinquième projet
instrumentalafro-soul,
largement dominé par des tonalités
éthio-jazz un brin sombres et psychédéliques. Le guitariste Tom Brenneck et ses acolytes nous
proposent en effet un cocktail enivrant
fusionnant les arrangements rock et les rythmiques funk sur fond de musique de
film des 70’s et de réminiscences du Black Sabbath.
Master Mix : Red Hot + Arthur Russell (Yep Roc/Differ-ant)
Qui était Arthur
Russell ?
Assez peu connu de son vivant, le très prolifique compositeur, violoncelliste et chanteur
américain qui nous quittait prématurément en 1992 des suites du sida,laisse derrière lui une œuvre musicale
expérimentale, notable pour sa variété, sa modernité déviante et sa
sensibilité.
Ayant tissé des liens subtiles entre, d’un côté la pop, le disco et la dance music
puis le rock new-yorkais, les chants indiens, les percussions vaudous, la
poésie contemporaine et la musique minimaliste
de l’autre, l’artiste obscur et complexe a toujours su, comme l’a écrit The New
Yorker, « relier des contrés à la
fois réelles et imaginaires, le rue et les champs, le doux New-York de la
bohème et la folie du Studio 54, la pop joyeuse et les possibilités de
libération de l’art abstrait. ». « Chez Russell, disco signifiait
avant tout dislocation, contorsion, répétition extatique qui conduit au même genre de sensations
organiques vertigineuses que chez Fela »,écrivait Christophe Conte dans les Inrocks en 2004 lors de la
sortie de la compilation The World If Arthur Russell.
Ses diverses collaborations forcent le respect, du poète
Allen Ginsberg au Dj Nicky Siano, en passant par Philip Glass et David Byrne, le musicien a mis d’accord toutes les tendances
musicales avant-gardistes et a autant stimulé les habitués du dancefloor
que les amateurs de musiques underground cérébrales.
C’est au tour de l’organisation Red Hot (luttant contre le sida grâce à la promotion de la culture
pop) et du label indépendant Yep Roc
Records de publier un nouvel hommage à
Arthur Russell. Master Mix :
Red Hot + Arthur Russell rassemble 26 covers interprétés par un casting
exceptionnel de plus d’une vingtaine d’artistes parmi lesquels on compte Hot Chip, Sufjan Stevens, Devendra
Banhart, José Gonzalez ou encore
les Scissor Sisters !
Les rythmes disco entrainants
et retro-jouissifs (de Tell You
par Robyn et de Is It All Over My Face & Tower Of Meaning par Blood
Orange) et l’énergie pop rock (de
Planted A Thought par Oh Mercy) alternent avec les ambiances folk méditatives et
intimistes (de Glen Hansard dans
I Couldn't Say It To Your Face ou de Sam Amidondans le sublime Lucky Cloud et
les textures électroniques hypnotiques
de The Revival Hour dans Hiding Your Present From You).
Voici un recueil de qualité présentant l’œuvre d’Arthur
Russell sous un jour peut-être plus accessible, une fort belle opportunité de
découvrir ou redécouvrir les sonorités aventureuse et clairvoyantes d’un des
parrains de la pop actuelle.
Elia Y Elizabeth – La Onda de Elia Y Elizabeth
(Vampisoul/Differ-ant)
Vampisoul est un
label espagnol spécialisé dans la réédition de raretés vintage, ilnous plonge ici dans les sonorités 70’s du duo colombien Elia et Elizabeth Fleta, nous promenant
entre soft-pop aux accents
psychédéliqueset tropical-funk aux réminiscences
caribéennes. Les frangines originaires de Bogota connurent un succès fulgurant avec
deux LP arrangés par le jazzman et star du petit écran Jimmy Salcedo, Elia Y
Elizabeth paru en 1971 puis Alegria !
en 1973, parmi lesquels sont extraites les 16 perles de cette compilation. La Onda de Elia Y Elizabeth est gorgé
de légèreté et de fraîcheur, nous rendant nostalgique d’une époque fertile et inventive.
Chapelier Fou – Deltas (Ici, D’Ailleurs…/Differ-ant/Believe)
Louis Warynski
aka Chapelier Fou m’avait conquis
avec son précédent Invisible et l’univers electronica-acoustique
qu’il avait su bâtir en fusionnant des
éléments sonores piochés dans le répertoire de la musique classique avec des
expérimentations électroniques et des mélodies pop. Dans Deltas et ses 10 titres envoûtants, le
multi-instrumentiste messin nous replonge dans son monde onirique, donnant à ses textures électroniques une présence
plus affirmée et à ses orchestrations une densité nourrie de 5 années de
périples musicaux. Tickilng Time est sans doute le bijou de cet album, un conte
fantastique où un synthé délicat et des violons pincées installent l’auditeur dans
un écrin soyeux, bercé par la voix douce et sensuelle de Gerald Kurdian.
St. Paul
& The Broken Bones – Half The City (Single Lock Records/Differ-ant)
C’est une soul puissante et intemporelle que le sextet ancré
en Alabama, St. Paul & The Broken
Bones,nous présente dans un
premier LP aux sonorités vintage intitulé Half
The City. En 12 titres old school inspirés par les artisans d’un son racé,
issu de la tradition des états du sud des USA dans les 60’s, la formation menée
par le chanteur à la fabuleuse voix gospel/soul Paul Janeway nous invite à revivre les frissons qu’Otis Redding ou
Al Green nous offraient en leur temps… Les mauvaises langues diront que le
groupe se contente de singer les stars de la Motown et de Stax, mais laissons
les parler et régalons nous de ces petits moments nostalgiques d’une époque
glorieuse pour la black music.
Le tout jeune beatmaker
californien nommé Napolian nous
offre via le label new-yorkais Software
Recording Co. une collection de 15 titres instrumentaux où les beats électro,
les samples et les synthés évoquent une
sensibilité aux sonorités hip-hop West Coast sans pour autant ressembler
aux productions conventionnelles du milieu utilisant trop souvent les sempiternels
breaks old-school, jazzy ou funky… En effet, Ian Evans aka Napolian aka Gunsandsynths développe avec Incursio des ambiances musicales singulières
autant sombres, brutales et syncopées que mélodieuses, délicates et enjouées. L’ensemble
est d’ailleurs à prendre comme un laboratoire d’expérimentations sonores et
rythmiques plutôt que comme un projet cohérent. Le hip-hop fricote avec une electronica tantôt chill sur des pistes
comme Peace & Safety ou L O B B Y, tantôt agressive aux relents
industriels avec Principalities ou THERM.G.
Dona Onete – Feitiço Caboclo (Mais Um Discos/Differ-ant)
À plus de soixante-dix printemps la chanteuse, originaire de
la région de Belem, Dona Onete
publie son premier disque intitulé Feitiço
Caboclo. Passionnée de culture amazonienne, elle s’inspire des rythmes
traditionnels indigènes de la région du Para au nord ouest du Brésil pour créer
son propre style musical appelé carimbo
chamegado. Mélangeant les rythmes
caribéens aux boi bumba et carimbo brésiliens, Dona Onete s’imprègne des chants d’esclaves pour mettre au point
une musique suave et festive abordant les thèmes de l’amour, du désir et des
orixas. Touchant !
Rolê – New Sounds Of Brazil (Novos Sons Do Brasil) (Mais Um
Discos/Differ-ant)
Lewis Robinson
est à la tête du jeune label anglais Mais
Um Discos qui depuis 2010 promeut la nouvelle scène underground brésilienne. Loin des clichés, celle-ci s’avère être d’une richesse et d’une diversité
insoupçonnée ! Rolê – Novos Sons Do
Brasil est une compilation rassemblant pas moins de 43 titres explorant les
genres musicaux d’une génération post baile-funk défiant les stéréotypes et s’alimentant aussi
bien des folklores (bossa, carimbo chamegado, brega,
frevo, lambada) et de la MPB
que de l’electro, du hip-hop, du dub,
de l’indie-rock, de l’afrobeat, du punk ou du folk. À
découvrir !
Le premier album éponyme de la chanteuse anglaise Hollie Cook nous avait agréablement
surpris en 2011 avec ses sonorités
reggae héritées du Kingston des 70’s et du Birmingham des 80’s. La fille du
batteur des Sex Pistols Paul Cook nous revient avec Twice et ses neuf titres aériens et envoutants aux saveurs
tropicales. Produit à nouveau par Prince
Fatty, Hollie Cook enrichit sa
palette musicale, notamment d’accents
brésiliens (« 99 ») et
dub (« Twice »). Les sections de cordes, les steel drums et
les tablas viennent agrémenter un disque gorgé de douceur et de légèreté, où la
voix sensuelle et cristalline d’Hollie
est délicatement portée par la guitare de Joe
Price, les claviers syncopés de Sung
Jee Lee, la basse voluptueuse de James
Mckone et la batterie de Ben Mckone.
Addictif !
"Milk & Honey" extrait de son premier opus paru en 2011
Le label
londonien Soundway Records s’est spécialisé dans les rééditions de raretés d’Afrique de l’Ouest,
d’Amérique latine et même d’Asie, il se croise dans les bacs de son patron/DJ Miles Cleret des galettes afro-jazz,
afro-funk, afro-beat, latin jazz et autres pépites world !
Depuis deux ans, le label s’oriente aussi vers de jeunes productions prometteuses, la tête chercheuse est ainsi allée dénicher le projet afro funkIbibio Sound Machine, mené par la chanteuse anglo-nigériane Eno Willams.
Le Nigéria est dans les années 70-80 l’autre pays du funk et
du disco, des noms comme Mixed Grill ou Murphy Williams s’inspirent alors des
James Brown et autres Chic, y intégrant quelques accents locaux d’afro beat, de
juju ou de highlife… Cleret sortait d’ailleurs en 2008 une compilation dédiée à
ces sons : Nigeria Disco Funk
Special : The Sound Of The Underground Lagos Dancefloor .
Ibibio Sound Machine
confronte l’Afrique traditionnelle du peuple Ibibio à celle bouillonnante des
70’s, rajoutant au gré de sa vision contemporaine des éléments électro soul
psychédéliques, post punk, disco et parfois même gospel.
Eno s’est
inspirée des histoires que sa mère lui contait dans son enfance et a tenté,
avec ses trois producteurs, de bâtir une identité musicale plurielle et
positive que le guitariste ghanéen
Alfred ‘Kari’ Bannerman et le percussionniste brésilien Anselmo Netto ont parfait avec leurs
sonorités respectives.
Ce métissage miraculeux
a été plébiscité lors de la dernière édition des Trans Musicales de Rennes en décembre dernier, la chanteuse était
alors entourée de huit musiciens parmi lesquels on retrouvait ses trois fidèles
acolytes : le saxophoniste australien Max
Grunhard, les français Léon Brichard
bassiste Plan B et Benjamin Bouton
batteur de Dajla et Tribeqa.
« Feras
Míticas » est le second opus de Garotas
Suecas, quintet brésilien fondé en 2005 et ancré à Sao Paulo.
Si « Escaldante
Banda » fut pensé et construit sur la route au gré de leurs
prestations live, ce dernier plus abouti dégage davantage de maturité. Moins
festif, « Feras Misticas »
est emprunt d’un son rock brésilien
mâtiné d’accents psychédéliques 60’s à la Mutantes et d’une soul aux sonorités vintage inspirée
du maître disparu, Tim Maia. Quelques
éléments electro et hip-hop viennent ponctuer une production cuisinée aux
petits oignons par l’anglais Nick
Graham-Smith. Nostalgique, intimiste, mélancolique et attachant, « Feras Miticas » participe
à cette tendance de la nouvelle scène alternative brésilienne à nous replonger dans
les 70’s, le Brésil était alors largement influencé par les courants musicaux
de leurs voisins nord-américains.
La banda se
compose du chanteur Guilherme Saldanha,
du guitariste Tomaz Paoliello, de la
claviériste Irina Bertolucci, du bassiste Fernando
Freire et du batteur Antonio
Paoliello. Ils sont rejoints pour l’occasion de Paulo Miklos, voix du célèbre groupe rock Titàs.
Un disque à découvrir en premier lieu avec « Bucolismo », une ballade
soul langoureuse et aérienne, suivi du magique « Pode Acontecer » et la voix enivrante d’Irina…
Lake Street
Dive – Bad Self Portraits (Signature Sounds/Differ-ant)
Nos 4 américains originaires de Boston et actuellement
installés à Brooklyn nous présentent leur troisième opus intitulé « Bad Self Portraits » où se mêlent entre autres
influences, la soul et le rock des années 60 et 70, les sonorités pop des 90’s et un soupçon de country. Ils mettent de côté les accents
jazzy présents sur leurs deux premiers efforts, faisant quelques clins d’œil au
blues et au gospel.
Lake Street Dive se
compose de la chanteuse Rachael Price,
du trompettiste/guitariste Mike
« McDuck » Olson, de la contrebassiste Bridget Kearney et du batteur Mike
Calabrese. Ils se sont rencontrés au Conservatoire de la Nouvelle
Angleterre à Boston en 2004.
Leur passion commune pour la soul de la Motown, le R&B de
Stax, le rock british des Beatles et le blugrass sudiste teinté de swing, accouche
en 2012 à l’occasion de la sortie de leur EP « Fun Machine » d’une sublime reprise jazz unplugged de « I Want You Back » des
Jackson 5, interprétée en public dans une rue de Brighton dans le
Massachusetts. 1 500 000 vues
sur Youtube plus tard, la magie demeure et la reconnaissance est au
rendez-vous, grâce notamment à leur participation en 2013 à la BO du film
« Inside Llewyn Davis » des frères Coen.
La voix de Rachael
Price est puissante et racée, son timbre se rapproche ici d’une Norah Jones
et là d’une Amy Winehouse. La jeune chanteuse est capable de briller sur un « Bad Self Portrait » punchy
aux saveurs soul/blues vintage et de
nous attendrir avec la douceur d’un « Better
Than » en forme de ballade
country mielleuse.
Avis aux amateurs de chansons pop sauce barbecue !
Orquestra
Imperial – Fazendo As Pazes Com o Swing (Mais Um Discos/Differ-Ant)
Véritable merveille brésilienne, “Fazendo As Pazes Com o Swing” est un de ces disques rares et
précieux qui parviennent à mêler à la
perfection folklore et modernité d’un pays plein de contradictions. À l’heure
où seules les basses écrasantes du hip-hop hybride de Carol Conka parviennent à
traverser l’atlantique, il est bon de tenir entre ses oreilles les sonorités enivrantes
et délicates de la samba de gafieramatinée de MPB, de salsa, de boléro et d’influences
tropicalo-psychédéliques des 70’s. Le projet carioca, baptisé Orquestra Imperial par le claviériste/bassiste
Kassin (producteur de Vanessa Da
Mata) et le compositeur/percussionniste
Berna Ceppas, en est à son second essai et réunit une fois de plus une pléiade
d’artistes prestigieux dont Moreno
Veloso, Nina Becker, Thalmas Freitas, Wilson Das Neves…