La légende ghanéenne, Ebo Taylor, nous revient avec un nouvel opus intitulé Yen Ara. Agé de 81 ans, il est l'un des personnages clés dans le développement des sonorités afro-funk de l'Afrique de l'Ouest des années 70, tout comme son compatriote, l'immense Pat Thomas. Guitariste, compositeur, arrangeur et chanteur, Ebo est considéré comme le trait d’union entre Accra, berceau du highlife, et Lagos, Mecque de l'afrobeat, courant inventé par son ami Fela Kuti, avec qui il étudia à Londres dans les 60's, s'imprégnant du jazz de Miles Davis, John Coltrane et Charlie Parker. Après s'être absenté de la scène musicale pendant près de 30 années, l'artiste refaisait surface sur Strut Records en 2010 avec Love and Death et Appia Kwa Bridge. Enregistré en live à l'Electric Monkey Studio d'Amsterdam, Yen Ara est, quant à lui, paru le 6 Avril dernier sur le label de Brighton Mr Bongo, référence incontournable de la world music. Constitué de 9 compositions inédites, il déploie une énergie fédératrice puisée entre autres dans les rythmes endiablés et cuivrés de l'afrobeat. Entouré de son Saltpond City Band, Ebo atteint ici les sommets de son art, affichant des influences highlife, konkoma et jazz,plus raffinées et efficaces que jamais. Ces dernières sont mises en scène dans une production percussive et festive, soigneusement servie par l'excellent Justin Adams (Tinariwen, Rachis Taha, Robert Plant).
Mr Bongo nous régale d'une nouvelle perle disco do brasil, extraite cette fois-ci du répertoire de l'immense godfather of funk carioca, l'incontournable Tim Maia. Il s'agit de son Disco Club, rareté oubliée initialement publiée en 1978 chez Atlantic.
Après avoir réédité l'excellent Maria Fumaça de Banda Black Rio, le label s'attaque en effet à un monstre sacré de la musique populaire brésilienne. Auteur de tueries absolues telles que "Sossego", Tim Maia a influencé toute un génération de musiciens dont le fameux Ed Motta, combinant efficacement paillettes et glamour disco, groove funk et racines soul. Si les 4 premières pistes du disque sont une invitation manifestes à la danse et à la fête, comme l'expriment les rythmes discoïdes frénétiques de "A Fim de Voltar" et "Vitoria Regia Estou Contigo E Nao Abro", les 6 autres titres sont bien plus apaisés, s'y distinguent même de pures ballades aux accents romantiques terriblement accrocheurs : "Murmurio", écrite par la légende Cassiano et le vibrant "Pais e Filhos".
Culte!
David "Mr Bongo" Buttle nous présente, via le label qu'il a fondé en 1989, le second volet d'une série de compilations intitulée The Original Sound Of. En Mars dernier, le Mali était à l'honneur dans The Original Sound Of Mali, c'est aujourd'hui au tour du Burkina Faso d'être mis sous le feu des projecteurs avec une collection de titres rares aux saveurs 70's, affichant dessonorités folk, funk, blues, highlife, disco, psyché, latin, rock et soul...
Le Burkina Faso est sans doute l’un des pays les moins connus de l’Afrique de l’Ouest, pourtant son histoire et sa musique sont d’une grande richesse. Quelques années avant que le président Thomas Sankara ne change le nom du pays en 1984, un nouveau son a émergé, véritable bande originale de la révolution culturelle. The Original Sound Of Burkina Faso rassemble ainsi la musique d'artistes emblématiques tels qu'Abdoulaye Cissé, Amadou Balaké, Pierre Sandwidi & Super Volta, Tidiani Coulibaly & Dafra Star, Bozambo, Youssouf Diarra et bien d'autres...
L'excellente écurie de Brighton, Mr Bongo, nous livrait l'an passé le Volume One de sa toute nouvelle série de compilations intitulée Mr Bongo Record Club. A sa sortie, l'emblématique animatrice de la BBC Radio 6 Music, Lauren Laverne, le désignait Compilation Of The Week tandis que des artistes tels que Disclosure, Jeremy Underground, Horsemeat Disco ou Laurent Garnier lui offrait un accueil chaleureux. Aujourd'hui, c'est au tour du second volet de paraître, avec cette fois-ci une tonalité privilégiant davantage les sonorités soul, disco et funk, octroyant à une sélection toujours aussi exigeante et captivante, 18 titres rares ayant pour territoires de prédilection le Brésil et l'Afrique. Mr Bongo Record Club Volume Two est compilé par David "Mr Bongo" Buttle et Gareth Stephens, avec quelques suggestions glissées par Gary Johnson, Ville Marttila et Graham Luckhurst...
Un must have!
La divine Gal Costa est l'une des plus grandes voix que la Brésil n'ait jamais porté. Figure emblématique de la musique populaire brésilienne (MPB), elle a fait parti dès le début des années 60 de ces immenses artistes qui ont véritablement contribué à faire rayonner la scène carioca de par le monde. Proche de Caetano Veloso et de sa sœur Maria Bethania, de Paulinho da Viola, Gilberto Gil et Joao Gilberto, elle a publié en près d'un demi siècle de carrière, une trentaine d'albums studio enregistrés avec les meilleurs musiciens du pays, Arthur Verocai, Dominguinhos, Rogerio Duprat et Tenorio Jr. en sont quelques illustres exemples. Sa voix cristalline et captivante a toujours su séduire un auditoire qui l'a soutenu et suivi dans toutes ses périodes stylistiques.
Mr Bongo réédite aujourd'hui un disque emblématique que la diva publiait initialement en 1973, il s'agit de India, chef d'oeuvre absolu composé de 9 titres écrits notamment par ses acolytes de toujours, Gilberto Gil (également présent aux guitares ainsi qu'à la direction artistique) et Caetano Veloso, mais aussi Luiz Melodia et Antonio Carlos Jobim. En studio, se sont retrouvés à ses côtés les excellents instrumentistes Roberto Menescal, Toninho Horta, Chico Batera, Roberto Silva, Luiz Alves ou encore Wagner Tiso, qui ont élaboré des ambiances envoutantes,influencées ici par le tropicalia et là, par les folklores nordestins. Les arrangements de ces chansons radieuses et souvent romantiques, traversées de touches jazz, bossa-nova, funk et folk, figurent parmi les plus luxueux, sophistiqués et complexes que la chanteuse ait eu à dompter.Ils font incontestablement d'India le disque le plus singulier du répertoire de Gal Costa. Pourtant, la critique de l'époque passa quasiment à côté, ne se focalisant que sur un seul titre, celui de Tom Jobim, "Desafinado".
On notera qu'à sa sortie initiale, l'effort fut immédiatement censuré par la dictature militaire, sa pochette ayant été jugée trop sulfureuse au goût du pouvoir liberticide maintenu en place au Brésil entre 1964 et 1985!
Mr Bongo publiera le 09 Juin prochain, le troisième opus intitulé Spirit Reflection de la chanteuse et compositrice d'origine chilienne, Gaby Hernandez. Véritable bouffée d'air frais en ces jours de canicule précoce s'abattant sur l'hexagone, le disque affiche avec grâce et raffinement des sonorités latines radieuses, empreintes d'une douceur folk printanière rehaussée de quelques accents electronica délicats et discrets. Parcouru de nuances glitch, bossa, pop, jazzy et afro-caribéennes, l'album se compose de 10 plages précieuses, optimistes et sensuelles, flirtant parfois avec les ambiances fleuries des 60's et embrassant la quête spirituelle et mystique de l'electro et du jazz west-coast, frappés tous deux du sceau de la célèbre écurie Brainfeeder. Sont d'ailleurs conviés des figures emblématiques gravitant autour de Flying Lotus comme l'anglaisLapalux et les californiens Kamasi Washington, Miguel Atwood Ferguson ou encore Dexter Story, ainsi que des artistes ayant signés chez Ninja Tune, Stones Throw Records et Jazz Soul Records entre autres, comme Carlos Niño et Gabriel Reyes-Wittaker...
Un casting hors norme donc, pour un Spirit Reflection qui vaut le détour !
David "Mr Bongo" Buttle (Dj et patron du mythique label anglais du même nom, créé en 1989)et Vik Sohonie d'Ostinato Records nous présentent une nouvelle sélection de 13 perles maliennes issues des années 70 et 80, période de l'histoire musicale du pays remarquablement fertile, qui nous parvient grâce au bon technologique des techniques d'enregistrement. S'y retrouvent les titres de figures locales emblématiques de l'époque, dont l'immense Salif Keita, le célèbre Idrissa Soumaoro et le pionnier Sory Bamba ou les fameux orchestres Rail Band du Buffet Hôtel de la gare de Bamako et Les Ambassadeurs du Motel de Bamako. Les sonorités d'une Afrique plurielle (Guinée, Congo, Ghana, Nigéria, Maghreb,...) croisaient alors celles des Amériques, fusionnant ainsi la chaleur cubaine ("Fatema") et l'urgence des rythmes afro-américains. Des musiciens virtuoses s'approprièrent ainsi l'expressivité des instruments électrifiés et amplifiés (guitares, basses, claviers), gavée des reflets urbains fédérateurs du funk ("Mouodilo"), du rock et de la soul ("Fama Allah"), sans pour autant renier l'héritage de la tradition orale détenue par les griots depuis l'ancien empire mandingue.
L'excellent Mr Bongo nous offre le Volume One de sa toute nouvelle série de compilations intitulée Mr Bongo Record Club. Les aficionados du label de Brighton fondé en 1989 devineront qu'il s'agit de mettre en lumière les raretés oubliées, les coups de cœur récents et les obscurs classiques qui composent son étonnant catalogue de disques vinyles, imposant et hétéroclite. En effet ce projet tire son nom de la célèbre émission radio mensuelle de 2 heures qu'animent entre autres Graham Luckhurst, Gareth Stephens, Ally Smith et Ville Marttila. Ce premier volet nous donnent un aperçu de la programmation de ces moments de découverte ou de redécouverte, avec 20 pépitesvintage chargées d'accents psychédéliques ("Mathar", "He's Forever"), où se côtoient rythmes brésiliens ("Esperar Pra Ver", "Deixa Tristeza", "Piranha", ...) et africains ("Samba", "Fish & Funjee", "Karam Bani",...), sonoritéssoul ("Can't Leave Without You"), funk ("Use My Body") reggae ("Mammy Hot Daddy Cool"), disco ("Freak") et jazz fusion ("El Mercado", "Chanson D'un Jour d'Hiver") ....
Ce souci de débusquer et de partager des trésors sonores quasi-inconnus constitue aussi la base des DJs sets postés par la maison de disques anglaise et confiés à des pointures internationales telles que Dj Okapi, MCDE, Floating Points, Jeremy Underground, Four Tet, Sassy J et bien d'autres... Remportant une large audience auprès d'un public toujours plus conquis, leurs mixes croisent un tas d'influences à l'instar de ce Mr Bongo Record Club - Volume One où se mêlent la guitare mandingue d'Amazones de Guinée et la sitar de Dave Pike Set, la MPB tropicaliste d'Evinha et l'afrobeat de The Rwenzori's, la samba funk de Neno Exporta Som et la salsa de Fruko Y Sus Tesos...
Le percussionniste brésilien Pedro Sorongo, alias Pedro Santos, Pedro Dos Santos ou encore Pedro Da Lua, publiait en 1968 l'énigmatique et hypnotique Krishnanda, unique chef d'oeuvre qu'il sortit sous son propre nom. Il ne nous reste que très peu d'information sur ce virtuose carioca né en 1919, inventeur d'instruments, plasticiens, poète, philosophe et géniteur d'une musique spirituelle empreinte de psychédélisme, de folk, de rythmes africains, de mélodies orientales, de MPB (musique populaire brésilienne), de jazz, de bossa et de samba.
Au chant, aux percussions et aux effets, le mystique Pedro accouchait alors d'un disque emblématique aux sonorités cosmiques et avant-gardistes, dont le grain de folie fait encore aujourd'hui des émules, je pense à Madlib, Seu Jorge, Floating Points, Dj Nuts et Kassin. Non seulement fin rythmicien mais aussi mélodiste affirmé et auteur/compositeur bien plus apprécié en Europe que dans son Brésil natal, il n'a jamais étudié le solfège, il créait pourtant du son à partir de tout et de rien.
Loin d'être ce genre d'artiste visionnaire vivant à l'écart du monde, Pedro 'Sorongo' Dos Santos était très actif sur scène et en studio, il s'est d'ailleurs illustré aux côtés des plus grandes stars de la scène brésilienne des années 60 et 70 comme Clara Nunes, Meireles, Maria Bethania, Paolinho Da Viola, Gilberto Gil, Baden Powell, etArthur Verocai...
Produits par Hélcio Milito, batteur du fameux Tamba Trio et arrangés par Joppa Lins, les 12 titres de Krishnanda sont le lègue qu'il nous a transmis et que les têtes chercheuses du label Mr Bongo sont aller nous débusquer. Une réédition essentielle!
Barbatuques, groupe de percussionnistes formé à Sao Paulo en 1995 publie chez Mr Bongo son 4° opus intitulé Ayù. Composé de 15 membres, la formation nous offre à travers sa vision et sa pratique contemporaine de la body music, une fusion singulière de folklores brésiliens et africains. Il réaffirme l'essence même du chant et des percussions corporelles en allant rechercher dans le corps - devenu instrument de musique - la source première de tout rythmes, mélodies, harmonies, timbres et textures. Carimbo, coco, toré indigène, choro, maracatu, baiana, beatbox, rock, hip-hop, kecak et autres surgissent ainsi au gré des 17 pistes d'un disque aux sonorités tribales et urbaines, acoustiques, organiques et électrisantes... Les deux légendes nordestines Nana Vasconcelos et Hermeto Pascoal, figures emblématiques au Brésil, font eux-aussi partie de l'aventure...
A noter que la musique de Barbatuques apparaît à la télévision dans diverses publicités, notamment pour Nike, Heinekenet Toyota. Les body drummers ont aussi composé pour le cinema et figurent dans la bande originale de Rio 2 et Tropa de Elite.
Voici un autre petit miracle de la musique brésilienne ressuscité
grâce à l'expertise de Mr Bongo. Os Orixas est un disque fondamental paru
originellement en 1978 chez Som Livre
et produit par Magno Salermo, il
nous présente 12 titres inspirés par la religion
du Candomblé, fruit des croyances exportées par les peuples yoruba d'Afrique de l'ouest vers les Amériques
lors des traites négrières et de leur mélange avec le catholicisme du vieux
continent.
La pochette est illustrée par le peintre Carybé qui a représenté un danseur en
tenue folklorique honorant les divinités d'origine totémique et familiale, associées
à un élément naturel. L'artiste sculpteur Mestre
DidiAsipo a rédigé un glossaire
au dos de la couverture traduisant des expressions typiquement yorubas, il rend
ainsi les paroles accessibles au plus grand nombre. Quant à l'illustre écrivain
Jorge Amado, il nous éclaire dans sa
note sur l'ambition artistique du tandem à l'origine du projet.
Composées par l'immense auteur/ multi-instrumentiste Luis Berimbau et écrites par le poète/compositeur
Ildasio Tavares, tous deux natifs de
Salavador da Bahia, les chansons
sont interprétées par la divine chanteuse pauliste Eloah (Aeluah Marize Souza Valle), placée sous la direction du chef
d'orchestre Elcio Alvarez.
Cette voix chargée
d'émotions habite une création poético-musicale dédiée aux entités du
panthéon afro-brésilien et représentative de la polyrythmie des orixas animés de percussions traditionnelles suaves
et enivrantes, on y entend par exemple à 5 reprises la fameuse rythmique
cérémoniale Ijexa. L'opus tout entier
est une subtile combinaison de
l'héritage africain et de la richesse musicale d'un peuple vivant dans son
temps, samba, funk, tropicalime, folk, jazz ou MPB (musica popular brasileira),
guitare, basse, batterie, atabaque, agogo et cuivres y fusionnent alors
pour le meilleur.
Toujours à nous régaler avec ses ré-éditions de galettes improbables, oubliées et devenues
rarissimes, le label Mr Bongo publie
aujourd'hui un classique du funk
brésilien des années 70, l'album Maria
Fumaça, paru en 1977 et premier des 6 efforts de la formation carioca Banda Black Rio. Adeptes du groove soul/funk des grands frères nord-américains tells
qu'Earth Wind & Fire, Kool And The Gang ou Headhunters, les musiciens Barrosinho à la trompette, Cristovao Bastos aux claviers, Claudio Stevenson aux guitares, Jamil Joanes à la basse, Oberdan Magalhaes au saxophone et Lucio Silva au trombone ont développé, à
l'instar de leur immense compatriote le GodfatherTim Maia, une savoureuse fusion aux reflets
tropicalistes, intégrant aux sons de la Stax et de la Motown quelques
ingrédients locaux empruntés à la samba.
10 titres essentiels comptant, selon le magazine Rolling Stone Brazil, parmi les 100 meilleurs albums brésiliens de tous les temps.
A noter l'excellent titre "Mr Funky Samba"... Incontournable!
Les têtes chercheuses du label anglais Mr Bongo sont allées nous débusquer une oeuvre magistrale et pourtant quasiment disparue des écrans radars d'Arthur Verocai, multi-instrumentiste, compositeur et arrangeur brésilien originaire de Rio de Janeiro, qui s'est notamment illustré aux côtés des divas Maria Creuza, Gal Costa ou Ellis Regina.
Souvent comparé à Tim Maia et Jorge Ben, le chef d'orchestre méconnu publiait en 1972 son album éponyme de 10 titres, où la fusion des genres folk, classique, jazz, samba, funk, bossa nova (Tom Jobim), soul et tropicalisme dénotait un esprit d'aventure d'une grande sophistication.
Osant même bousculer les codes de l'époque en explorant les sonorités électroniques et psychédéliques ("Karina"), Arthur a su éviter la censure militaire en employant un style d'écriture imagée:
Si les ambiances soul/funk 70's étasuniennes transparaissent dans "Presente Grego", c'est en effet pour mieux critiquer le pouvoir en place et ses fausses apparences, il fait allusion à l'épisode du Cheval de Troie et du piège tendu aux troyens par les grecs.
S'inspirant autant d'artistes nord-américains tels Shuggie Otis, David Axelrod et Charles Stepney ou Miles Davis, Bill Evans, Oscar Peterson et Herbie Hancock que de ses compatriotes précurseurs comme H. Villa Lobos, Milton Nascimento et Tom Jobim, il avait déjà imposé sa marque par le passé en arrangeant les cordes pour Jorge Ben ou en produisant Agora d'Ivan Lins (1971) et 2 albums pour Célia (chanteuse d'ailleurs présente dans son projet). Sa réussite fut telle que Continental lui offrit la possibilité d'enregistrer ses propres compositions, défi qu'il accepta en imposant le choix de ses musiciens. Au casting figurent donc12 violonistes, 4 altos et 4 violoncelles, des percussionnistes, batteurs, guitaristes, bassistes, trompettistes, flutistes et claviéristes... On y croise entre autres les pointures Pedro Santos (percussions) Toninho Horta (guitare), Edson Maciel etPaulo Moura (saxophone) ou Pascoal Meireles (batterie)... sans oublier les chanteurs Carlos Dafe et Oberdan.
Bien que l'opus soit court, une trentaine de minutes à peine, Arthur Verocai a su traduire le large spectre musical qui inondait le Brésil à l'époque, il témoigne ainsi d'une effervescence féconde, qui prend ici des allures de bande-sonorchestrale psych-funk. La musique de film l'ayant toujours attiré, c'est pour son travail à la télévision qu'il sera finalement récompensé avec entre autres les musiques pour les pubs de Brahma, Fanta ou Petrobra's.
Le disque, dont une version originale peut se vendre autour des 2000$, a été échantillonné par les piliers de la scène hip-hop US dont MF Doom, Ludacris & Common, Little Brother ou encore Action Bronson. L'immense Madlib déclare même à son sujet "I could listen to the album everyday for the rest of my life"!
Le label Mr Bongo est une nouvelle fois allé nous dénicher une petite pépite musicale oubliée... Il s'agit du premier opus (et accessoirement chef d'oeuvre) S.P. / 73 du multi-instrumentiste, compositeur et arrangeur brésilien Hareton Salvanini (RIP). Paru initialement en 1973 chez Continental, le disque est aujourd'hui réédité pour le plus grand bonheur des amateurs d'un jazz-funk orchestral aux reflets carioca, façon Eumir Deodato dans son illustre reprise du théâtral "Also Sprach Zarathoustra" de Richard Strauss.
Directeur musical de TV Record (Sao Polo) à la fin des années 90, il demeure un auteur méconnu de jingle publicitaire et de musique de film. Véritable crooner à la voix d'ange (qui remporta le 1er prix de chant lors du festival universitaire de TV Tupi), il nous régale de 11 titres symphoniques interprétés par la quarantaine de musiciens de l'Orchestre Municipal du Théâtre de Campinas qu'il dirige avec maestria. Son frère Ayrton, qu'il considère comme son bras droit,signe quant à lui les textes de chansons qui alternent avec des plages exclusivement instrumentales à rapprocher de celles de Lalo Schifrin ou d'Henry Mancini. Entre bossa nova, BOF, jazz, MPB et musique classique, Hareton nous livre un disque emblématique et rare... Qui reçu à l'époque le prix du meilleur album étranger au Japon.
Ebo Taylor –
My Love And Music/ Twer Nyame (Mr
Bongo)
L'illustre guitariste ghanéen Ebo Taylor, véritable chantre du highlife des années 70, est considéré comme une véritable légende de
la musique d'Afrique de l'Ouest tant son apport a su moderniser ce style
traditionnel apparu au début du 20ième siècle, en le combinant à l'afrobeat, au jazz et à la funk des
icônes américaines.
Toujours à tourner alors qu'il fête cette année ses 80
printemps, l'artiste voit son œuvre être célébrée par l'excellent label Mr Bongo, qui republie deux de ses albums
(dont les éditions originales se négocient à prix d'or), le premier de sa
carrière solo My Love And Music paru
en 1975 et Twer Nyame en 1978.
My Love And Music
est largement dominé par l'influence du reggae
(manifeste sur "Maye Omama"
et le titre éponyme) on note bien sûr l'emprunte caribéenne du calypso (une des composantes essentielles
du highlife), mais aussi celle de Fela Kuti sur le brulant "Odofo Nyi Akyiri Biara" et de
la soul sur "Will You Promise".
Le second disque sonne plus roots, Ebo l'a composé et arrangé de façon plus classique, avec les
accents latin-jazz radieux du titre
éponyme, les cuivres afro-funky et
la guitare électrique de "Peace On Earth", les claviers psychédéliques et les percussions entêtantes d'"Atwer Abroba".
De quoi réjouir les amateurs d'afro-groove férus de raretés…!
Le label anglais Mr
Bongo réédite l’album phare d’un des plus grands noms de la scène jazz fusion finlandaise des années 70,
le pianiste Olli Ahvenlahti. The Poet, devenu quasiment introuvable,
est originellement paru en 1976 chez
Love Records, mais ce n’est que dans
les années 90 qu’il rencontra un certain succès avec l’émergence de la scène acid jazz londonienne. En 2001, le Dj Kenny Dope offrira même au titre Grandma’s Rocking Chair une version breakbeat
devenue un classique du genre! The
Poet est un disque combinant à la perfection le raffinement du jazz, le groove du rhythm & blues et l’énergie du rock. Une belle trouvaille qui vient s’ajouter au répertoire
exigeant de Mr Bongo !
Le désormais célèbre label de Brighton Mr Bongo, spécialisé dans les musiques du monde et qui nous
régalait récemment avec la parution des albums de la brésilienne Karol Conka et de l’anglaise Hollie Cook, s’apprête à fêter ses 25
années d’existence en publiant une double compilation rassemblant d’une part 17
classiques que la maison de disques a sorti entre 1989 et 2013, puis de l’autre
15 titres issus du cru 2014. 25 Years Of
Classic Releases se voit doté de succès internationaux comme Carolina de Seu Jorge, Wings de Terry Callier (RIP), Pais Tropical de Wilson Simonal ou African
Problems de Seun Kuti. 2014 Releases accueille quant à lui des
actualités encore brulantes comme Looking
For Real Love de la chanteuse reggae Hollie
Cook ou Boa Noite de la B-girl Karol Conka et de rééditions de 45
tours comme Carolina Carol Bela de Jorge Ben & Toquinho et Tudo Que Vocé Podia Ser de Quarteto Em Cy. Synthétisant à
merveille la ligne musicale de l’institution qu’est devenu Mr Bongo, 1989-2014 ravira à coup sûr les
amateurs de musiques afro-latines loin des clichés et du mainstream.
Le premier album éponyme de la chanteuse anglaise Hollie Cook nous avait agréablement
surpris en 2011 avec ses sonorités
reggae héritées du Kingston des 70’s et du Birmingham des 80’s. La fille du
batteur des Sex Pistols Paul Cook nous revient avec Twice et ses neuf titres aériens et envoutants aux saveurs
tropicales. Produit à nouveau par Prince
Fatty, Hollie Cook enrichit sa
palette musicale, notamment d’accents
brésiliens (« 99 ») et
dub (« Twice »). Les sections de cordes, les steel drums et
les tablas viennent agrémenter un disque gorgé de douceur et de légèreté, où la
voix sensuelle et cristalline d’Hollie
est délicatement portée par la guitare de Joe
Price, les claviers syncopés de Sung
Jee Lee, la basse voluptueuse de James
Mckone et la batterie de Ben Mckone.
Addictif !
"Milk & Honey" extrait de son premier opus paru en 2011
Piloté depuis Brighton par David « Mr Bongo »
Buttle et ses associés, ce septième volet de la collection « Brazilian
Beats » s’aventure une fois de plus dans le répertoire éclectique du
patrimoine musical brésilien. Compilant toutes les sensibilités stylistiques de
la fin des années 60 à nos jours, on y croise par exemple Carol Conka, héroïne
d’un hip-hop boosté aux lignes de basse surpuissantes (souvent comparée à
M.I.A.), ou Djavan, maître incontesté d’une MPB métisse gorgée d’accents soul. Les
rythmes de la bossa, du tropicalisme, du baile funk, de la samba et du latin
jazz cohabitent au fil des 20 titres rares et essentiels de l’album.