Daby Touré – Amonafi (Cumbancha/Pias)
Le musicien compositeur et arrangeur polyglotte Daby Touré nous présente par
l’entremise du label Cumbancha son
5° opus baptisé Amonafi, qui
signifie en wolof « il était une
fois ». Né dans le désert mauritanien, il passe son enfance entre la
capitale Nouakchott et la Casamance sénégalaise avant de rejoindre la France à
la fin des années 80 avec un père musicien, préférant voir son fils étudier
plutôt que vaquer à sa passion pour la musique.
Imprégné des rythmes
et des folklores de son Afrique natale et abreuvé des airs de Bob Marley,
Police, Stevie Wonder et Michael Jackson, il développe une identité
musicale plutôt éclectique et se fait rapidement remarqué comme un chanteur multi-instrumentiste
doué. Depuis son projet afro-jazz Laddé enregistré
en 1992 avec son groupe de l’époque Touré
Touré (son cousin Omar en était
le co-leader) et son premier album solo Diam
paru en 2004 chez Real Wolrd (label
de Peter Gabriel) enregistré avec le producteur Cyrille Dufay (auteur de BOF), Daby a décidé de se concentrer sur un répertoire
plus personnel, explorant tour à tour son héritage culturel (Stereo Spirit en 2007), l’univers du
blues (Call My Name en 2009) et de
la chanson militante (Lang(u)Age en
2012). Invitant au passage des artistes qui comptent, comme Oxmo Puccino, Francis
Cabrel, Wise, Ours, Maxime Le Forestier ou encore Skip McDonald, Dafy a toujours su faire preuve
d’ouverture, mais la nouveauté d’Amonafi,
c’est qu’il atteste d’une
réorientation radicale, un renouvellement profond après une « traversée du
désert » tant au niveau créatif que personnel.
Tout jeune papa, la parution de ce dernier opus célèbre
aussi sa rencontre avec Jacob Edgar, le boss de Cumbancha qui dit d’ailleurs de lui « qu'il est incapable
d’écrire une mauvaise chanson !». En effet ce dernier ne tarit pas d’éloge
à propos de ce citoyen du monde, vantant
son talent naturel de mélodiste et de guitariste.
Enregistré entièrement dans son home studio à Paris, Amonafi a été mixé avec la complicité
de Nicolas Diop, il se veut être une
invitation au voyage et au partage mais aussi une piqure de rappel concernant l’histoire
de l’esclavage et les challenges que l’Afrique moderne doit relever (faim,
guerres, gestion des ressources naturelles…). Presque tous les instruments sont
interprétés par Daby, la guitare y
tient bien sûr une part importante nous emmenant au gré de ses arrangements
captivants dans des contrées musicales luxuriantes et sophistiquées.
L’ouverture Woyoyoye
nous immerge d’emblée dans un univers radieux et coloré avec ses airs de ballade chaloupée capverdienne.
Kiba revêt quant à
lui des accents pop ensorceleurs à l’instar
de l’enjoué Oma et sa rythmique reggae tropicaliste, tandis que Little Song arbore des reflets folk.
Khone est un a cappella à la polyphonie vibrante, Amonafi et Kille deux petits bijoux mêlant jazz, guitare africaine et groove enivrant
rappelant la fusion jazz world du bassiste camerounais Richard
Bona.
Avec Debho, Daby nous invite dans la Guinée de Mory
Kanté et avec Mina et ses couleurs mandingues au Mali.
Le blues Ndema clôt un disque chargé d’émotions et
de beauté. A découvrir absolument !