Gui Boratto – Abaporu (Kompakt)
Délibérément taillé pour le dancefloor, Abaporu (qui se traduit « l’homme qui mange la chaire humaine »
en indien Tupi Guarani), quatrième long format du Dj/producteur brésilien Gui Boratto, nous replonge dans les
beats et les ambiances chaudes et
raffinées qu’il présentait pour la première fois en 2007avec son sublime
Chromophobia. Bien plus accessible que ses précédents projets, Abaporu froissera les puristes que le
chouchou de l’écurie Kompakt avait
conquis avec ses maxis aux sonorités minimal tech et acid house, mais ravira
les amateurs de chill-out, de rythmiques pop impeccables et d’ambient ibérique solaire. Nourri de
toutes les musiques électroniques actuelles et véritablement immergé dans la culture
brésilienne (depuis son récent mariage), l’artiste a voulu rendre hommage au mouvement anthropophage, ce courant
artistique brésilien issu du modernisme qui prônait au début du 20° siècle
l’appropriation et l’imitation des cultures européennes.
Le nom et l’artwork de
l’album sont eux-mêmes tirés d’une des peintures les plus importantes de l’art
brésilien, datant 1928 elle symbolise avec son apparente naïveté l’âme d'un Brésil complexe, où le soleil et le culte du corps cohabitent avec la pauvreté
et le travail forcé.
Se référant à ce chef d’œuvre et à l’ensemble des représentations
engagées mais étranges, irréelles et imaginaires réalisées par la peintre Tarsila Do Amaral, artiste emblématique
de ce cannibalisme culturel
‘Brésil/Europe’, ce disque serait un nouveau trait d’union entre Tom Jobim
et Phonique, entre la mélancolie et l’euphorie, le folklore et la culture club.
Ce qui est certain, c’est que l’efficacité de morceaux tels
que Please Don’t Take Me Home, Too Late et Let’s Get Started, avec leurs vocaux
pop, leurs accents funky et leurs
rythmiques deep house, fait mouche
dès la première écoute. Les synthscapes, les nappes de claviers technoïdes et
les lignes de basse aux tonalités plutôt sombres de Abaporu, Joker ou encore Palin Dromo évoquent quant à eux l’influence
de la techno berlinoise…
Gui Boratto une
fois de plus ne déçoit pas même s’il surprend à vouloir séduire un plus
large public!
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