Affichage des articles dont le libellé est Glitch. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Glitch. Afficher tous les articles

mercredi 17 avril 2019

Matmos - Plastic Anniversary (Thrill Jockey Records/Differ-Ant)

Matmos - Plastic Anniversary (Thrill Jockey Records/Differ-Ant)

L'immense Matmos, duo électro expérimental basé à Baltimore, est porté depuis sa création à San Francisco au milieu des années 90 par les emblématiques M.C. (Martin) Sschmidt et Drew Daniel. Il publiait le 15 Mars dernier sur Thrill Jockey Records son nouvel opus baptisé Plastic Anniversary. Après Ultimate Care II, paru en Janvier 2016 et qui était entièrement construit avec les sons générés par une machine à laver du même nom, le tandem a choisi cette fois-ci, comme concept de départ à sa musique concrète, d'explorer toutes les sonorités possibles pouvant être obtenues en manipulant nos déchets plastiques. Se dotant d'une collection impressionnante d'instruments de fortune tels que des dominos, des glacières en Styrofoam, des boucliers anti-émeutes, des conteneurs pour polyéthylène, des tuyaux en PVC, du papier bulle, des pilules, des implants mammaires en silicone et de la graisse humaine synthétique, Matmos pointe du doigt avec ironie et légèreté, mais aussi avec une certaine gravité ("The Crying Pill"), la crise écologique majeure que traverse notre société. Si des passages ambient et bruitistes nous font parfois penser à des field recordings captés en bord de mer un jour d'été dans le Sud de la France ("Plastisphere"), d'autres sont plus rythmés et percussifs ("Fanfare for Polyethylene", "Collapse of the Fourth Kingdom"), s'orientant parfois vers une IDM aux accents pop enjoués ("Breaking Bred"), une musique industrielle glaçante ("Thermoplastic Riot Shield") et même un swing électro-acoustique captivant ("The Singing Tube"). Ailleurs, c'est une electronica cuivrée ("Plastic Anniversary"), organique et pointue ("Interior With Billiard Balls") qui surgie de ces expérimentations barrées et surprenantes...
Loin d'être totalement indigeste, Plastic Anniversary offre de bons moments d'écoute, même aux plus hermétiques d'entre nous.


jeudi 14 février 2019

Bjarki - Happy Earthday (!K7)

Bjarki - Happy Earthday (!K7)

Le producteur islandais Bjarki Rúnar Sigurðarson alias Bjarki, petit protégé de Nina Kraviz et co-fondateur de bbbbbb Records - écurie spécialisée rave, jungle et breakbeat hardcore - publie ce 15 Février 2019 son nouvel opus baptisé Happy Earthday. A paraître sur le prestigieux label berlinois !K7, le disque composé de 15 titres dévoile une nouvelle facette de l'artiste, qui s'éloigne un temps des dancefloors technoïdes pour s'orienter vers des sonorités électroniques plus immersives, mélancoliques et cérébrales. Dans ce recueil en forme d'introspection qui le pousse à revisiter de vielles ébauches mises au rencart de son propre catalogue, il y développe une forte conscience écologique, qui s'incarne dans des rythmiques minimalistes souvent downtempo et lo-fi, sur lesquelles flottent des nappes de claviers atmosphériques persistantes et angoissantes. L'auditeur hagard se retrouve donc à déambuler à travers les méandres de paysages sonores sombres aux contours incertains, hantés de textures electronica sophistiquées s'élevant sur les ruines d'architectures techno, jungle, breakbeat et abstract hip-hop.


mercredi 6 juin 2018

Various Artists - The Tee Up EP (Ecke Records)

Various Artists - The Tee Up EP (Ecke Records)

Le tout nouveau label berlinois Ecke Records nous présentera le 14 Juin prochain The Tee Up, compilation rassemblant 4 productions leftfield exigeantes. L'EP aux reliefs broken beats aligne tour à tour des notes industrielles ("Quad"), des aspérités glitch et lo-fi ("Sitar Pro"), des sonorités electronica ("In Your Shadow") et des influences drum & bass ("Xantrax")... A suivre!

jeudi 21 septembre 2017

Masaki Uchida - Xenolinguistics (Loose Lips)

Masaki Uchida - Xenolinguistics (Loose Lips)

C'est un étrange objet sonore que nous propose le producteur, sound designer et multi-instrumentiste japonais Masaki Uchida pour ses débuts sur Loose Lips, label indépendant basé à Londres qui publiait en Février dernier l'EP Thought Reel du berlinois Circula.
Ce premier opus long format baptisé Xenolinguistics paraîtra le 10 Octobre prochain, ses teneurs particulièrement élevées en sonorités indus saturées, en atmosphères bruitistes déstructurées et en textures ambient angoissantes en font un disque expérimental par excellence, éloigné de tous canons habituels et difficilement accessible pour celui qui cherche une voix familière et rassurante ou un rythme reconnaissable et normé. L'album est enrichi de remixes orchestrés par l'italien Rico Casazza (qui intervient sur "Logos" en intégrant une touche breakbeat subtile) et T-Scale (qui transforme le brouillon "Black Puzzle" en une nappe d'interférences vrombissantes et glaçantes), tous deux sont des habitués de la team Loose Lips.

jeudi 8 juin 2017

Harven & Beta Turn - Vimodrome EP (Tannhauser Recordings)

Harven & Beta Turn - Vimodrome EP (Tannhauser Recordings)

Les producteurs italiens Harven & Beta Turn nous présentent via le label basé à Bologne Tannhauser Recordings, leur dernier effort baptisé Vimodrome. Composé de 3 excellentes productions mêlant habilement les sonorités minimal, techno, tech House, IDM et glitch, l'EP invite au déhanchement dès son ouverture avec un titre éponyme hypnotique, et ce malgré la complexité de ses architectures rythmiques sophistiquées et hybrides. Affichant un groove certain et un goût inconditionnel pour les mélodies cosmiques et les percussions tribales, le duo joue avec le chaud et le froid, l'ombre et la lumière, l'organique et synthétique, entraînant l'auditeur dans un univers sonore confiné et rassurant, clairement orienté dancefloor. Belle découverte!



jeudi 4 mai 2017

Gonjasufi - Mandela Effect (Warp Records)

Gonjasufi - Mandela Effect (Warp Records)

Repéré par Warp en 2008 lors de sa collaboration avec Flying Lotus sur l'album Los Angeles, le producteur américain Sumach Ecks alias Gonjasufi publiait il y a quelques mois Callus, un album barré et oppressant aux sonorités rock, hip-hop, métal, folk, disco et électro. Lui emboitant le pas le 08 Mars dernier, Mandela Effect est une collection de titres inédits et de remixes détonnants orchestrés par une pléiade de références incontournables de la musique underground de ces 20 dernières années, à savoir Beth Gibbons de l'immense Portishead, Daddy G du célèbre Massive Attack, Shabazz Palaces, figure emblématique de la scène hip-hop expérimentale de Seattle, Ras G gravitant dans l'entourage du label Brainfeeder, Anna Wise chanteuse proche du rappeur Kendrick Lamar, King Britt, DJ/producteur de Philadelphie que la réputation précède et bien d'autres artistes de la même trempe...
Les ambiances de ce véritable patchwork electronica hybride et riche en sonorités glitch, demeurent sombres, urgentes, crasseuses et même létales, flirtant ici avec le trip-hop, le dub ou la techno et là, avec le punk ou la cold wave.
On notera la participation du batteur Tony Allen sur le dissonant "Etherwave", moment étrange et indescriptible comme l'est d'ailleurs l'ensemble du répertoire de ce singulier personnageamateur de soufisme et de chanvre.

mardi 14 mars 2017

Anchorsong - Gyotens Kalimba (Sebastian Mullaert & Wa Wu We Remixes) (Tru Thoughts)

Anchorsong - Gyotens Kalimba (Sebastian Mullaert & Wa Wu We Remixes) (Tru Thoughts)

L'excellent album Ceremonial du japonais Anchorsong paru il y a déjà un an chez Tru Thoughts n'en finit pas d'attiser la curiosité et l'imagination des producteurs. En effet, après Foreign Skin et Madcap (sur "Ceremony"), sUb_modU (sur "Oriental Suite") et VB Külh (sur "Last Feast"), c'est au tour du suédois Sébastian Mullaert de revisiter un des morceaux extraits de l'opus classé n°5  par la BBC 6Music dans son palmarès des meilleurs albums de l'année passée. Il s'agit du foisonnant et organique "Gyotens Kalimba", habité d'une kalimba éthérée se frayant un chemin à travers une rythmique électronique d'inspiration africaine savamment élaborée. Ce titre nous était présenté pour la première fois dans l'EP Expo paru en Avril 2016 comme un bonus track exclusif, il devient aujourd'hui un territoire d'explorations et d'expérimentations abstract, minimal et deep techno que Sebastian aborde de deux manières différentes. Dans un premier temps, il place la danse comme une pratique essentielle menant à la méditation et à la libération, son "Sebastian Mullaert Intensification" muscle ainsi le tempo et le rend plus audible et envoutant pour un dancefloor exigeant. A travers son alias Wa Wu We, Mullaert bouscule les codes, nous offrant sa vision "Wa Wu We Simplification" aux contours plus flous et aux textures plus abstraites, aux pulsations de basses plus immersives et aux nappes de synthés toujours plus hypnotiques, ponctuées ça et là de bruits étranges, de parasites programmés semblant accidentels. Une réinvention totale!

vendredi 3 février 2017

Erzats - Meian (Jarring Effects)

Erzats - Meian (Jarring Effects)

Voilà un très beau petit bijou folk, teinté de reflets orchestraux ("Along") et électroniques ("Blow My Dream"), habité de textes tantôt scandés façon b-boy ("Don't Make Me Hide") ou spoken word ("Hakki"), tantôt murmurés voire susurrés ("A Day") à un auditoire ensorcelé... Les ambiances electronica s'y succèdent et s'y entremêlent avec sensualité, se dévoilant dans une suite d'instrumentations envoutantes aux tonalités japonisantes, pop, glitch, abstract hip-hop et ambient. Subaquatiques, organiques ou stratosphériques, les 11 titres de Meian méritent une écoute attentive. Il s'agit du 3ième opus de la formation lyonnaise à géométrie variable Erzats, menée aujourd'hui par le guitariste/compositeur et interprète Takeshi Yoshimura (un nouveau venu) accompagné de l'ingénieure du son, productrice et depuis peu chanteuse, Céline Frezza (qui fondait Erzatz il y a maintenant 10 ans). Le duo est entouré du producteur historique Aku Fen (membre du groupe dub HighTone), qui gère les arrangements, ainsi que du rappeur M.Sayyid (ex du crew new-yorkais Antipop Consortium). Ce dernier effort apparaît plus minimaliste, barré et underground que les précédents, affichant tout de même ces fameuses notes de guitare folk rassurantes et intimistes, qui trouveront surement un écho favorable chez les amateurs de Timber Timbre.


mercredi 1 février 2017

Adrian Sherwood & Pinch - Man Vs. Sofa (On-U Sound/Tectonic/Differ-Ant)

Adrian Sherwood & Pinch - Man Vs. Sofa (On-U Sound/Tectonic/Differ-Ant)

Adrian Sherwood, pape anglais du dub et pionnier touche à tout aux multiples facettes, s'est frotté au cours d'une carrière amorcée dès l'adolescence en tant que DJ, à toutes les cultures underground émergentes depuis la fin des années 70. Il a passé ses disques dans les premiers sound systems londoniens, créant dans la foulée plusieurs labels dont son fameux On-U Sound en 1980, puis s'est rapidement mis à flirter avec un tas d'autres tendances comme le hip-hop, le punk, le rock, l'indus, le funk, le blues ou la world. Remixeur adoubé et producteur vénéré, l'artiste publie sur sa propre maison de disques ainsi que sur Tectonic une nouvelle collaboration long format avec le maître du dubstep, Rob Ellis alias Pinch, figure emblématique du son electro de Bristol. Man Vs. Sofa succède ainsi à Late Night Endless sorti en 2015 et signe à nouveau la rencontre électrisante de deux générations de musiciens hors paire, amateurs d'équipements studio vintage et pourvoyeurs d'une UK bass hybride et réinventée, aussi bien taillée pour le dancefloor que pour une écoute au casque dans son sofa.

Pour l'occasion, le duo a convié quelques guests de haut vol comme la légende jamaïcaine Lee 'Scratch' Perry, le claviériste de Primal Scream Martin Duffy, le MC de l'écurie Def Jam Taz et le bluesman américain Skip McDonald (The Sugarhill Gang, Little Axe...).
L'album est composé de 11 titres aux ambiances électroniques sombres et nébuleuses, traversées de rythmiques déstructurées, fractionnées parfois downtempo et d'autre fois brutales, nerveuses et dansantes. S'y côtoient des sonorités dub bien sûr mais aussi glitch, drone, grime, dubstep, funky, house et indus... Il est une reprise qui nous touche particulièrement, il s'agit de "Merry Christmas Mr Lawrence" que l'on doit à l'immense Ryuichi Sakamoto et qui sonne sans aucun doute comme un hommage à l'icône David Bowie (RIP). La mélodie, sans nulle autre pareille, transporte l'auditeur à peine effleuré par quelques discrets effets noisy.

mercredi 30 novembre 2016

Letherette - Last Night On The Planet (Ninja Tune)

Letherette - Last Night On The Planet (Ninja Tune)

Le duo anglais Letherette présentait en 2013 son premier opus éponyme sur l'excellent label Ninja Tune, nous découvrions alors une identité musicale versatile, penchant d'un côté vers l'electro surpuissante des Daft Punk et Cassius puis de l'autre vers un hip hop underground tel que sait si bien nous le servir l'exigeante écurie Stone Throw Records. 

Le tandem composé d'Andy et de Rich, nous revient enfin avec un nouvel opus baptisé Last Night On The Planet, second album très attendu où l'on retrouve 10 titres homogènes d'excellente facture, parcourus d'influences abstract hip-hop, glitch-hop, electronica, ambient, deep house et R&B. La touche de Letherette a largement gagné en maturité, en dextérité et en profondeur, l'usage de sonorités analogiques renforce le groove chaud au grain vintage que les producteurs élaborent aussi bien dans des ambiances up-tempo dansantes ("Dog Brush", "Wootera") et moelleuses("Frugaloo", "Soulette") que dans des atmosphères lounge plus abyssales ("Bad Sign"), glauques et hypnotiques ("Rubu"). Le hip-hop est bel et bien présent, sous-jacent dans la plupart des prods, qu'il soit jazzy comme dans "Momma" ou plus expérimental comme dans "Rich & Dan".

Le premier single intitulé "Shanel" exprime quant à lui, avec sa rythmique funky et son synthé basse boogie, les références au disco et au R&B des années 80 que la formation apprécie particulièrement. On notera la participations des rappeurs Rejjie Snow et Pyramid Vritra (de Stone Throw), ainsi que celle du couple planant: Jed & Lucia.
Une réussite!

vendredi 29 avril 2016

Ash Koosha - I Aka I (Ninja Tunes)


Ash Koosha - I Aka I (Ninja Tune)
L'écurie anglaise Ninja Tunes nous présente le dernier obus sonore du producteur iranien Ash Koosha. Installé à Londres après s'être fait emprisonner pour avoir donné un concert de rock dans son pays natal, cet as de l'échantillonnage maltraite, étire, découpe et déforme un tas de samples dans des compositions électroniques expérimentales et barrées, répondant pourtant à des structures rythmiques et mélodiques inspirées par la musique classique, aussi bien perse qu'occidentale.


Les expérimentations electronica d'Aphex Twin et la violence sonique du post-rock de Mogwai ne sont pas étrangères au travail du beatmaker, qui avoue aussi avoir été touché par les ambiances trip-hop de Portishead et Massive Attack. Mais davantage intéressé par la fréquence et la présence physique et visuelle du son, il va traiter son vaste répertoire d'échantillons comme un tas d'objets qu'il doit assembler et articuler dans un certain ordre, c'est alors qu'entre en jeu la rigueur acquise lors de ses classes au Conservatoire de Téhéran, histoire de donner un sens musical à cette débauche de bruits, de notes et de matières audibles.

Ce second opus intitulé I Aka I succède à GUUD paru en juin 2015 et qu'il façonna en écoutant les maîtres Vivaldi, Wagner et Chopin. L'artiste y remplaça les instruments traditionnels que sont le piano, les violons, violoncelles et cuivres par des glitchs et autres sons inconnus ou méconnaissables. A l'instar d'un alchimiste, il désassemble, mélange puis réassemble. Hip hop, rythmes jamaïcains, pop et folklores se frottent aux breakbeat, dubstep, ambient et autres musiques électroacoustiques un peu à la manière des héros du genre comme Prefuse 73 ou Fourtet. Si des titres down-tempo comme "Eluded", "Buitiful" et "Growl" s'écoutent assez facilement avec leurs mélodies plus ou moins discernables et leurs nappes de synthés atmosphériques réconfortantes, il en est tout autrement avec les ambiances post-apocalyptiques et dissonantes ou les rythmiques fragmentées, fulgurantes et saturées de "Ote", "In Line", "Fool Moon" ou "Too Many" (où l'on devine en filigrane la "Sonate au Clair de Lune" de Beethoven). On notera les influences manifestes du Moyen-Orient, qui transparaissent au travers de quelques bribes mélodiques dans "Shah", "Mudafossil" ou "Make It Fast"

Ash Koosha accouche d'un disque détonnant, un objet sonore non-identifiable qui se laisse approcher difficilement! Peut-être sa vision musicale d'un Cubisme expressionniste?

vendredi 22 janvier 2016

Matmos - Ultimate Care II (Thrill Jockey Records)


Matmos - Ultimate Care II (Thrill Jockey Records)

Le grand public a entendu parler du duo electro-conceptuel de San Francisco Matmos  grâce à sa collaboration avec Björk sur les disques Vespertine en 2001 et Medulla en 2004. M.C. (Martin) Sschmidt et Drew Daniel nous présentent aujourd'hui leur 10° opus intitulé Ultimate Care II. La forme de cet album est peu conventionnelle, puisqu'il est construit entièrement avec les sons générés par une machine à laver Whirlpool Ultimate Care II. Une seule piste s'écoule durant 38 minutes restituant dans un certain ordre assemblé les bruits des différentes pièces de l'objet malmené, trituré ou frappé comme une percussion. Les artistes ont capté ces emprunts au réel, les ont échantillonnés, séquencés et modifiés pour obtenir un vocabulaire sonore, mélodique et rythmique qui se rapproche des expérimentations musicales concrètes et industrielles comme des genres électroniques du type drone, glitch ou house. On peut aussi y percevoir les influences du free-jazz, du krautrock ou du new-age… Malgré cette approche expérimentale, Ultimate Care II peut s'écouter sans être rebuté dès la première mesure, c'est peut-être là que réside tout l'intérêt de l'exercice !

Space Captain – In Memory (Tru Thoughts)


Space Captain – In Memory (Tru Thoughts)

C'est en juin dernier, grâce à l'entremise du label anglais Tru Thoughts que nous découvrions Space Captain, le collectif basé à Brooklyn nous livrait alors son excellent single Easier/Remedy. Poursuivant son incursion dans les sonorités hip-hop, R&B et electro, la formation menée par le producteur Alex Pyle et la chanteuse Maralisa Simmons-Cook publie 5 nouveaux titres dans un EP baptisé In Memory.

Si l'ouverture Screams baigne l'auditeur une nappe de réverbes laissant à peine échapper le chant d'une sirène, Landing/Up In The Hills nous immerge quant à lui dans une production instrumentale lorgnant sur un abstract hip-hop tourmenté par des glitchs, qui se mue en une ode cosmic soul éthérée habitée par la délicieuse voix de Maralisa. Cosmos poursuit notre aventure spatiale avec ses sonorités jazzy jusqu'à ce que naisse une rythmique hip-hop construite selon les préceptes édictés par le grand J. Dilla. Still est à considérer comme l'introduction du titre phare de l'EP à savoir Two, Maralisa y déploie les atouts d'une voix sensuelle et profondément soul tandis qu'Alex élabore une instrumentation dominée par les accords d'une guitare lancinante, le tempo est lent, l'atmosphère y est vaporeuse et des plus enivrantes jusqu'à ce qu'elle se brouille et se sature d'ondes électriques… On s'attendrait presque à voir surgir Fly Lo au détour de ces expérimentations soniques torturées.

mercredi 16 décembre 2015

Franck Vigroux – Radioland : Radio-Activity Revisited (The Leaf Label/Differ-Ant)


Franck Vigroux – Radioland : Radio-Activity Revisited (The Leaf Label/Differ-Ant)

Célébrant le quarantième anniversaire du 5° album de Kaftwerk intitulé Radio-Activity, le compositeur français Franck Vigroux accompagné du pianiste anglais Matthew Bourne et de l'artiste plasticien du mouvement Antoine Schmitt nous propose Radioland, un projet annoncé comme une relecture audiovisuelle ou "une méditation" en forme d'hommage à l'œuvre des pionniers allemands de la musique électronique, paru originellement en 1975.

Entre bruissements synthétiques, bourdonnements, glitchs (Antenna), craquements, vocoder, échos, réverbes et autres FXs, les trois acolytes réinterprètent les motifs et les mélodies des titres originaux qui magnifiaient un nouvel univers sonore en formation, célébrant les ondes radiophoniques (Radioland, Airwaves, Intermission/News) et la radioactivité (Geiger Counter, Uranium, Radioactivity) dans l'ère post-nucléaire.

La formation déploie pour ce rework tout un arsenal analogique (des familles Korg, Moog et Roland) et une imagerie live (les visuels étant tous codés par Antoine et générés par ses propres programmes). L'atmosphère mélancolique et inquiétante de ce Radio-Activity Revisited frôlant parfois le trip-hop des premières heures, demeure fidèle à sa matrice (The Voice Of Energy), la modernité industrielle et technologique y est toujours illustrée de façon romantique mais cette fois-ci traitée dans "une esthétique jazz" enrichie d'une approche plus contemporaine et malgré notre époque saturée de sonorités électroniques, l'effet Kraftwerk détonne encore de par la clairvoyance de leurs innovations sonores, de leur rigueur percussive et de leurs ritournelles entêtantes.

mardi 12 mai 2015

Dfalt – Dfalt (Plug Research)


Dfalt – Dfalt (Plug Research)

Le peintre, producteur et multi-instrumentiste basé à New York Jason Drake nous revient sous l’identité de Dfalt avec un premier album éponyme succédant à l’EP Black Book paru en Avril dernier sur Plug Research (Amp Live, Bilal...). Connu comme étant l'artisan du projet electro/indie-rock Cassettes Won’t Listen où il s’est notamment illustré en remixant RJD2, Daft Punk, Aesop Rock ou Morcheeba, le co-fondateur du label Daylight Curfew nous présente ici ses orientations abstract hip-hop obsédantes qu'il distille dans des atmosphères vaporeuses et embrumées.

Dès son ouverture avec A Few Began To Smoke, Dfalt nous plonge dans la bande son crépusculaire d’un film imaginaire habité des craquements analogiques d’un vieux vinyle et d’autres reflets glitchs électroniques. Les synthés lointains se déploient en nappes fantomatiques voguant à travers un paysage désertique battu par le vent. La rythmique est dépouillée, un clap et une bass drum assommante s'y enchaînent lentement dans un dub presque asséché.

Avec School, Dfalt nous accompagne en territoire trip-hop, la basse gronde, les cordes flottent et le clavier entonne une ritournelle inquiétante, le tout étant ponctué de scratchs crasseux nostalgiques de l'époque old-school, qu'il réalise grâce à sa mythique Technics 1200.

Jason a grandi au son hip hop du milieu des années 90, il cite volontiers les noms de Public Enemy, J Dilla, RZA ou DJ Premier comme piliers fondateurs de sa passion pour le beatmaking,  passion renforcée par la puissance et les possibilités de sa MPC1000, instrument aujourd'hui vintage! Aphex Twin l'a aussi largement influencé, d'où peut être son goût prononcé pour les expérimentations ambient (Arrested Silence), les rythmiques bancales (We Use To Be Broken) et les ambiances electronica sombres.

Sunrise Soldier, qui pourrait être compilé par David Visan et Claude Challe dans une version 'face B' de leurs sélections Buddha Bar, confirme comme ailleurs dans l'album que si le down-tempo est une constante chez Dfalt elle se construit d'échantillons de batterie poussiéreux et d'FXs extirpés sous le torture de ses Korg Koass Pads.

Dans Light Bright Love Letters l'ancien directeur marketing du label hip-hop underground Definitive Jux Records (Run The Jewels) inclut des tonalités big beat voire pop, dans Fist 101 il flirte avec le grime et s'acoquine à un footwork décéléré dans Plastic Jungles et Bath Tub...

Bref, Jason Drake nous ballade dans les méandres des sous-genres electronica contemporains en s'inspirant aussi bien de la bass music anglaise et du trip hop des 90's que de la scène beat expérimentale de L.A. Il s'attèle, comme dans son travail graphique, à explorer les nuances et les distinctions entre le monde analogique, physique, palpable et son équivalent digital, numérique et virtuel.

ci dessous un extrait de son EP Take datant de Janvier 2014:

 
 

mercredi 29 avril 2015

Tropics – Rapture (Innovative Leisure/Because Music)


Tropics – Rapture (Innovative Leisure/Because Music)

Le jeune producteur multi-instrumentiste et chanteur Chris Ward aka Tropics nous présente depuis Londres où il est installé depuis 2013, son second opus intitulé Rapture. Il nous immerge, dès l’ouverture du mélancolique Blame, dans une soul lente et aquatique, une complainte R&B futuriste aux sonorités chill, gorgées de réverbes et d’allusions jazz, electronica et ambient.

Entouré du guitariste Keith Vaz et du batteur Morgan Hislop, deux musiciens touche-à-tout avec qui il tourne depuis 2 ans, Tropics s’est adjoint l’expertise d’un batteur jazz nommé Gillian McLaughlin afin d’enlacer ses mélodies pop accrocheuses et raffinées avec des textures instrumentales sensuelles rondement construites.

Si son précédent Parodia Flare (2007) posait les jalons d’une musicalité et d‘une écriture à fleure de peau, sensible aux ambiances shoegazing et glo-fi, il manquait de clarté et Ward de confiance en lui. Les scènes écumées aux quatre coins du Méxique, des US et de l’Europe l’ont sans doute conforté, sa voix délicate, cristalline et terriblement envoutante est devenue la clé de voûte de ses compositions, touchant parfois du bout des mots celle de Sade, Maxwell ou même George Michael !

S’il se dit influencé par les Beach Boys, Arthur Russell et Max Roach, sa musique nous rappelle plutôt les travaux de Caribou et James Blake. Désormais aussi bien à l’aise aux claviers et samplers qu’au micro, il élabore un timbre qui se rapproche des harmonies vocales éthérées déployées chez ses confrères d’Innovative Leisure, notamment de Rhye et Nosaj Thing.

L’intime Rapture nous expose, au fil de ses 11 ballades mélancoliques, l’amour de son auteur pour la littérature américaine - avec par exemple un clin d’œil à Francis Scott Fitzgerald dans le titre Gloria (personnage central du roman « Les Heureux et les Damnés ») - mais surtout le tumulte d’une relation passionnelle qui a mal tournée. Chris Ward les a composées chez lui, seul devant son piano, puis arrangées en studio mettant en avant, avec le concours d’FX et de beats électroniques, la fragilité et la friabilité du sentiment amoureux.

En bref, Tropics nous gratifie d’un disque touchant et vibrant, efficace dès la première écoute ! 

jeudi 12 mars 2015

Jonny Faith - Neon (Single) (Tru Thoughts Records)

Jonny Faith - Neon (Single) (Tru Thoughts Records)

Le label anglais Tru Thoughts nous présente Neon, second single extrait du premier album de Jonny Faith, Sundial . Le jeune Dj/producteur originaire d'Ecosse et installé à Melbourne nous y propose 3 titres aux sonorités electronica cosmiques et organiques, domptés avec grâce et volupté par une sensibilité dub nourrie d'influences jungle, footwork, duke, hip-hop, abstract et drum & bass.
Neon et Revolve, purs bijoux ambient, trouveront surement leur place dans la séléction chill-out d'une plage azuréenne.

mercredi 8 octobre 2014

Flying Lotus – You’re Dead ! (Warp Records)


Flying Lotus – You’re Dead ! (Warp Records)
Certains disques se laissent apprivoiser facilement, mais là avec You’re Dead !, ce n’est pas si évident ! En effet le beatmaker américain basé à L.A., Steven Ellison aka Flying Lotus, patron du label Brainfeeder, nous livre par l’entremise de la maison anglaise Warp une mouture sombre et mélancolique, complexe et puissante, sans concession aucune et libre de tous canons esthétiques. Considéré comme l’un des producteurs underground les plus en vue de la côte Ouest, FlyLo a fait les choses en grand avec des mois de teasing  intensif et l’invitation de guests plus que prestigieuses. Avant même sa sortie, le disque était déjà acclamé par une critique unanimement conquise.
You’re Dead ! est-il un disque de hip-hop ?
You’re Dead ! est-il un disque de jazz ?
Ce qui est certain c’est que Flying Lotus aka Captain Murphy nous offre 38 minutes intenses de psychédélisme, traversé par un tas d’influences, du free-cosmic-jazz barré et classieux servi par Herbie Hancock (Tesla) et Thundercat (bassiste/chanteur exubérant et génial régulièrement embarqué dans  les aventures de FlyLo) , à la drum & bass jazzy de l’excellent Never Catch MeKendrick Lamar déploie un flow époustouflant, en passant par la soul nébuleuse de Siren Song et Your Potential/The Beyond murmurées par Angel Deradoorian et Niki Randa, ou le hip-hop game boy de Dead Man’s Tetris éclairé par un Snoop Dogg inattendu dans ce genre de prestations.
La présence d’une team de musiciens prodiges et novateurs comme les batteurs Deantoni Parks, Justin Brown et Ronald Brunner, le saxophoniste jazz Kamasi Washington, le guitariste death metal Brendon Small, le violoniste/chef d’orchestre Miguel Atwood Ferguson, les claviéristes Brandon Coleman et Taylor Graves, renforce l’ampleur de cette fusion entre innovation musicale et virtuosité technique, qu’a voulu initier le producteur californien dans ce « pèlerinage transcendantal en territoire inconnu, au-delà de la vie ».
Steven, en parlant de son projet, affirme qu’il ne s’agit pas d’aborder le thème de la mort comme une fin mais plutôt comme un commencement, comme la célébration de nouvelles aventures. C’est ce moment de transition et de confusion. Ce n’est pas ‘hey tu es mort mais ‘hey tu es mort !’ », la nuance étant dans le point d’exclamation.
L’artwork est réalisé quant à lui par le graphiste japonais Shintaro Kago, réputé pour ses mangas réservés à des lecteurs avertis, où il traite de sujets grotesques à grand renfort de pornographie, de scatologie ou de déformation physique. L’artiste y déploie une série de dessins gores mais beaux où la mort, la nudité et la torture y sont présentées d’une manière crue et ultra violente (vivisections, éviscérations…) mais esthétique !
You’re Dead ! fera date dans la carrière de Flying Lotus autant que dans les anal de la musique électronique.   
 

 

lundi 8 septembre 2014

Mono/Poly – Golden Skies (Brainfeeder/Pias)


Mono/Poly – Golden Skies (Brainfeeder/Pias)

Ambiances cosmiques et glitch, le LP de Mono / Poly alias Charles Dickerson intitulé Golden Skies regorge de ses sonorités galactiques extirpées d’un univers électronique abyssal. Repéré par Flying Lotus sur MySpace, le producteur nous offre 13 titres abstract hip-hop où samples, synthés, vocaux et beats nous projettent dans un monde musical singulier et bruitiste, parfois chill-out mais foncièrement avant-gardiste. Malgré les machines et les programmes, Golden Skies arbore ici et là quelques textures acoustiques bienveillantes et bienvenues comme la harpe délicate et scintillante de Rebekah Raff sur Transit To The Golden Planet. Empyrean, habité par la voix fantomatique de la chanteuse Mendee Ichikawa rappelle quant à lui les atmosphères aériennes du trip-hop de Bristol et Gamma, ovni de cet album semble être un clin d’œil à l’immense It’s Album Time de Todd Terje. Un artiste à suivre !