C'est en juin dernier, grâce à l'entremise du label anglais Tru Thoughts que nous découvrions Space Captain, le collectif basé à
Brooklyn nous livrait alors son excellent single Easier/Remedy. Poursuivant son incursion dans les sonorités hip-hop, R&B et electro,
la formation menée par le producteur Alex
Pyle et la chanteuse Maralisa
Simmons-Cook publie 5 nouveaux titres dans un EP baptisé In Memory.
Si l'ouverture Screams
baigne l'auditeur une nappe de réverbes laissant à peine échapper le chant
d'une sirène, Landing/Up In The Hills
nous immerge quant à lui dans une production instrumentale lorgnant sur un abstract hip-hop tourmenté par des glitchs, qui se mue en une ode cosmic soul éthérée habitée par la
délicieuse voix de Maralisa. Cosmos poursuit notre aventure spatiale
avec ses sonorités jazzy jusqu'à ce
que naisse une rythmique hip-hop construite
selon les préceptes édictés par le grand J.
Dilla. Still est à considérer comme
l'introduction du titre phare de l'EP à savoir Two, Maralisa y déploie
les atouts d'une voix sensuelle et
profondément soul tandis qu'Alex
élabore une instrumentation dominée par les accords d'une guitare lancinante, le tempo est lent, l'atmosphère y
est vaporeuse et des plus enivrantes jusqu'à ce qu'elle se brouille et se
sature d'ondes électriques… On s'attendrait presque à voir surgir Fly Lo au détour de ces expérimentations soniques torturées.
Franck
Vigroux – Radioland : Radio-Activity Revisited (The Leaf Label/Differ-Ant)
Célébrant le quarantième anniversaire du 5° album de Kaftwerk intitulé Radio-Activity, le compositeur français Franck Vigroux accompagné du pianiste anglais Matthew Bourne et de l'artiste plasticien du mouvement Antoine Schmitt nous propose Radioland, un projet annoncé comme une relecture audiovisuelle ou
"une méditation" en forme d'hommage à l'œuvre des pionniers allemands
de la musique électronique, paru originellement en 1975.
Entre bruissements synthétiques,
bourdonnements, glitchs (Antenna), craquements, vocoder, échos, réverbes et
autres FXs, les trois acolytes réinterprètent les motifs et les mélodies
des titres originaux qui magnifiaient un nouvel univers sonore en formation, célébrant
les ondes radiophoniques (Radioland, Airwaves, Intermission/News) et la radioactivité
(Geiger Counter, Uranium, Radioactivity) dans
l'ère post-nucléaire.
La formation déploie pour ce rework tout un arsenal analogique (des familles Korg, Moog et
Roland) et une imagerie live (les visuels étant tous codés par Antoine et générés par ses propres
programmes). L'atmosphère mélancolique
et inquiétante de ce Radio-Activity
Revisited frôlant parfois le trip-hop des premières heures, demeure fidèle à sa matrice (The
Voice Of Energy), la modernité industrielle et technologique y est toujours
illustrée de façon romantique mais cette fois-ci traitée dans "une
esthétique jazz" enrichie d'une approche plus contemporaine et
malgré notre époque saturée de sonorités électroniques, l'effet Kraftwerk détonne encore de par la clairvoyance de leurs innovations sonores, de leur rigueur percussive et de leurs ritournelles entêtantes.
Alan
Stivell – Amzer (Seasons) (World Village/Harmonia Mundi)
A vrai dire, j’abordais l’écoute de ce disque à reculons… La
musique celtique n’étant pas
forcément ma panacée. Seulement voilà, le 24ième opus d’Alan Stivell intitulé Amzer ne se résume pas à cette
classification, il s’agit d’une œuvre bien plus complexe aux ramifications
multiples. Plongé dans un univers sonore
organique et intimiste, l’auditeur se laisse rapidement séduire par les textures acoustiques et électroniques
apaisantes plantées par le septuagénaire. Et c’est contemplatif et reposé
qu’il entreprend son immersion dans un conte
musical avant-folk aux reflets world, dédié aux poètes et à la Nature
bienveillante, où le temps rythmé par les saisons se déploie sereinement,
illustré par des bruissements
expérimentaux, des chants d’oiseaux,
des flûtes et des cordes enivrantes,
des percussions discrètes et des voix comme suspendues en apesanteur. La
poésie y tient une place prédominante,
Alan rapproche pour la première fois
sa culture bretonne, façonnée jadis dans les chants traditionnels gallois,
irlandais et écossais, de la « zénitude »
japonaise, 3 haïkus de printemps sont d’ailleurs récités en ouverture. Armé de
sa harpe néo-celtique et toujours
animé par le développement technologique, il s’interroge dans plusieurs langues
et en utilisant des sons purs,
archaïques et futuristes, sur le temps qui passe (Amzer en breton), sur l’évolution d’un monde semé de conflits et d’horreurs.
Royce Wood
Junior - The Ashen Tang (37 Adventures)
Omar n’en finit
pas de faire des émules outre-manche, en effet la scène néo soul britannique accouche d’un nouveau prince du groove nommé Royce Wood Junior. Aperçu aux manettes de
l’excellent Mirrorwriting de Jamie Woon en 2011 (et aux guitares
pendant la tournée), l’artiste multi-instrumentiste dévoile aujourd’hui son
premier LP intitulé The Ashen Tang.
En 2014, ses deux premiers EPs Rover
et Tonight Matthew avaient déjà capté
l’attention de la critique et du public, annonçant l’arrivée imminente d’un nouveau
Jamie Liddle – rien que ça ! - avec sa voix gorgée de soul et de velours, ses
rythmiques granuleuses et asymétriques, ses synthés vintage obsédants, ses
guitares saturées de rock’n’roll et ses lignes de basse contagieuses.
Sincèrement les 12 plages de l’album sont autant de claques,
ou plutôt de crochets funky lancés
au travers de nos figures tuméfiées affichant un sourire béat de satisfaction.
L’artiste a assimilé le génie de ses deux héros Stevie Wonder et Prince, il a très vite compris qu’avec sa voix il devait assumer pleinement
son statut de crooner et ne pas
uniquement rester dans l’ombre avec les musiciens, confiné dans les studios
d’enregistrement ou planté derrière l’écran de son ordinateur.
C’est ainsi que dès l’intro Remembrance (Part I) l’artiste plante le décor, après 30 secondes
d’une orchestration cinématique (ensemble
de cordes et piano) il entame au chant une complainte monotone sur les rythmes
d’une marche militaire syncopée, agrémentée de glitchs et autres accidents sonores puis survolée d’une nappe
vaporeuse qui s’épaissit progressivement jusqu’à l’ouverture de la seconde
piste, le majestueux Midnight.
Taillé pour le dancefloor, Midnight est la synthèse parfaite du son de Royce en mode up-tempo
et glamour. Il y distille une énergie
pop et electro-funk des plus chics à l’image du tube Baby I’m Yours du français Breakbot
(Ed Banger).
Jodie déploie une soul profonde, intense et organique sur
une assise rythmique désarticulée et brinquebalante, nous faisant songer à la
rencontre du brulant D’Angelo et du
producteur Flying Lotus.
Clanky Love est un
clin d’œil aux 70’s, il fusionne les reflets soul d’autrefois à l’efficacité pop d’aujourd’hui, conduisant l’auditeur nostalgique à se
trémousser langoureusement le sourire aux lèvres et les yeux entrouverts.
Honeydripper est
la suite logique de Jodie, nous
immergeant plus profondément dans une néo
soul moite aux accents psychédéliques.
Avec le titre central Stand,
l’artiste change légèrement les couleurs de sa palette optant pour une
dominante plus popvoire même piano rock à la Rufus
Rainwright. En effet durant les 5 mn de cette ballade flamboyante, le
chanteur nous berce tendrement avec sa voix éthérée, son arrangement de cordes envoutant
et dramatique ainsi que son piano gavé de reverb. Le morceau nous rappelle l’immense
succès mainstream A Full Of Stars de
Coldplay…
Poursuivant l’exploration de son penchant pop, Royce signe les très 80’s Bees
et Nuther Bruther, proches des
sonorités dance-pop-R&B de Stevie Wonder.
Nouvelle ballade cette
fois-ci plus intimiste, à presque nous en tirer les larmes des yeux, le
touchant Midas Palm (évoquant un
amour perdu) étend son arpège à la guitare acoustique et sa ligne de basse sonnant
comme le son d’un tuba étouffé sur plus de 4 mn où nous demeurons suspendus à
la voix caressante du crooner aux
airs mélancoliques de Chris Isaak.
Twiggin’ nous
délivre un groove subaquatique
accueillant le flow sensuel de Royce
qui prend des allures de Prince dans
les refrains au funk contagieux. Remembrance
(Part II) complète et achève l’exploration techno et garage amorcée
dans l’intro Remembrance (Part I), l’instru
y est plus barrée mais aboutie après 2 mn au même texte extrait d’un poème de Sir Thomas Wyatt entonné, la encore, à
la manière du Kid de Minneapolis.
Enfin pour clore cette véritable pépite, Stickin’ répand une electronica lyrique
et sophistiquée comme sait si bien les faire James Blake…
Royce Wood Junior
publie une œuvre aboutie et censée, son approche
singulière de la pop music passée au travers du crible des sons mythiques
de Stax et Motown ainsi que d’une électro ouvrant les champs du possible, est d’une
efficacité et d’une accessibilité déconcertante, frisant parfois la perfection.
Damian
Lazarus & The Ancient Moons - Message From The Other Side (Crosstown
Rebels/!K7)
Le DJ/producteur anglais Damian Lazarus a débuté sa carrière musicale comme journaliste pour
le magazine de mode Dazed & Confused.
Il devient ensuite la tête chercheuse de nouveaux talents pour la maison de
disque City Rockers, qui plus tard
sera racheté par l’empire Ministry Of
Sound. Voulant gagner son indépendance et se consacrer à sa propre musique,il fonde en 2003 le label Crosstown Rebels (chez qui ont signé
des références comme Jamie Jones, Seth Troxler ou Maceo Plex…).
Devenu un pilier visionnaire
de la scène house londonienne avec une volonté affirmée de proposer des
productions électroniques underground de qualité, il mixe dans les plus
prestigieux clubs du monde et apparait aux manettes de célèbres compilations dont
Rebel Futurism en 2004 et 2005 ou Fabric 54 en 2010.
C’est l’immense label allemand Get Physical créé par M.A.N.D.Y., DJ T et Booka Shade qui lance ses
premiers projets perso dont Smoke The
Monster Out en 2009, son premier long format. Sa palette musicale se base
sur un tas d’influences, aussi bien à chercher du côté de Bjork et Photek que
de Neil Diamond ou Jeff Buckley, elle s’enrichie constamment de folklores et de
rythmes empruntés aux musiques du monde.
Enregistré entre LA, Londres et Mexico avec le concours de The Ancient Moons (projet composé du
producteur James Ford des Simian
Mobile Disco et d’invités prestigieux parmi lesquels on compte le
percussionniste égyptien Hossam Ramzi,
le pianiste jazz américain ELEW aka Eric Lewis, le contrebassiste Andy Waterworth, le joueur de sitar Sidartha Siliceo et le guitariste
mozambicain Neco Novellas), son
second album Message From The Other Sideallie subtilement la house musicaux sonorités ethniques voire mystiques
issues d’Afrique, d’Extrême Orient et du Moyen Orient. Comme l’a fait Nitin Sawhney dans son Beyond Skin par
exemple, Damian élève une musique
faite pour enflammer le dancefloor vers un ailleurs spirituel envoutant, que
l’on parvient à toucher du bout des doigts grâce à des titres comme Lovers Eyes(Mohe Pi Ki Najariya) mêlant beats deep-house et chants hypnotiques
soufis du Pakistan (Fareed Ayaz,
Abu Muhammad et Hamza Akram). L’artiste nous plonge dans un état de transe
délectable, s’approchant parfois des productions électro/yoruba de l’excellent Osunlade. Message From The Other Side et Sacred
Dance Of The Demon (aux accents guinéens) sont faits de ce bois, sublimant
une Afrique aux mille facettes.
Vermillon est le
premier single de cet album plus que recommandable. Déjà remixé par Agoria, Deniz Kurtel et Jamie Jones,
il est programmé dans les sets de pointures telles que Sam Divine (Defected Records) ou Pete Tong (BBC Radio 1)… Véritable pépite deep house au groove tribal,
à la mélodie accrocheuse et aux ritournelles obsessionnelles, il est
porté par la voix soul de
l’incroyable guitariste, chanteur et compositeur natif de LA Moses Sumney (présent aussi sur
l’épique Tangled Wed) , quiinonde de sensualité un track étincelant,
annonçant une saison estivale prometteuse pour Lazarus. Les percussions ne
nous laissent pas d’autre choix que de se laisser emporter par leur rythme premier, nous connectant à
l’essence même de la danse, ce reflexe où le corps exprime vivement nos
émotions, cherchant à communiquer, à fusionner...
Autre temps fort, le très soulful We Will Return,
reprenant la recette deep éprouvée dans Vermillon
avec Ali Love en guest.
Message From The
Other Side fait parti de ses disques révélations, vibrants et excitants,
qui se prêtent à toutes les écoutes…
Young
Fathers - White Men Are Black Men Too (Big Dada)
Le trio écossais Young
Fathers publiait début 2014 leur précédent Dead, un album répertorié hip-hop
mais bel et bien considéré comme un
objet avant-gardiste, alternatif, avant-pop aux accents punk, urbains et psychédéliques !
Ils remettent le couvert avec White Men Are Black Men Too qui fut enregistré à Berlin et dont les
influences sont à chercher du côté de la formation newyorkaise TV On The Radio
pour son rock expérimental hérité du
krautrock, du projet The Streets de l’anglais Mike Skinner pour son rap teinté d’UKG et d’Arcade Fire pour
sa pop baroque matinée de d’indie rock.
Toujours bruyante,
stimulante et fédératrice, la musique de Young Fathers aborde ici la question du racisme, considéré comme un
concept dépassé, futile et consternant. Les
mélodies, même pop, demeurent parfois dissonantes voire brouillonnes et le propos, toujours engagé, se veut percutant,n’hésitant pas à trancher dans le vif…
Le hip-hop se dilue au profit d’un son hybride débridé, inclassable et vivace…
Portico Quartet
n’est plus… Vive Portico ! Si
les 4 londoniens exploraient les limites du jazz, enjambant parfois allègrement
les lignes le séparant de l’électro et de la pop – on se souvient de leurprécédent album éponyme paru chez RealWorld en 2012 – le pas est désormais radicalement franchi avec Living Fields, premier opus depuis leur
passage chez Ninja Tune.
Keir Vine, le claviériste
et joueur de hang qui remplaçait l’un des membres fondateurs du groupe Nick Mulvey a quitté le projet en 2013,
donnant l’impulsion nécessaire au trio restant, composé du saxophoniste Jack Wyllie, du batteur Duncan Bellamy et du bassiste Milo Fitzpatrick,pour se renouveler voire pour se réinventer. C’est ainsi que Portico a redéfini sa musique en la
structurant davantage, en donnant à la voix une importance primordiale et en y
intégrant pleinement la composante électronique, que ce soit dans le processus
d’enregistrement comme dans le traitement des textures sonores.
Living Fields
porte bien son nom, ses 9 pistes sont autant d’écrins instrumentaux aux mélodies mélancoliques et aux ambiancesplanantes, dédiés à accueillir les chants envoutants de Joe Newman (du groupe Alt-J), Jamie Woon et Jono McCleery. Gorgé
d’échos, de reverbes, de nappes vaporeuses, d’arpèges hypnotiques et des grondements
d’une basse lointaine, le disque est ponctué de beats lourds délivrés avec
parcimonie et lenteur via des programmes et des enregistrements live, ses atmosphères
nous font immanquablement penser aux géniaux James Blake, SBTRKT ou Radiohead.
Portico, en s’éloignant du futur-jazz de ses débuts, s’oriente
vers une certaine vision hallucinée et céleste de la pop, il se forge ainsi une nouvelle identité en en bousculant les
codes. Bien que ses expérimentations ambient
et electronica rappellent encore ses
travaux du temps du Quartet, on
notera la disparition des improvisations et des solos aux dépends du
déploiement des lyrics et de l’élaboration d’ambiances fantomatiques instables,
intimistes et sombres. Portico conçoit
une bass music fascinante et typiquement
anglaise, un univers post-dubstep désintégré
et éthéré, nous préparant à un après Living
Fields.
Laura Perrudin – Impressions (L’Autre Distribution)
Une enfance bercée par le jazz, un double cursus en harpe
celtique et en harpe classique (à pédale) au Conservatoire, un grand appétit pour
la pop, l’électro, la soul, le hip-hop et une curiosité infinie pour les
nouvelles technologies. La jeune harpiste bretonne Laura Perrudin nous livre son premier opus solo intitulé Impressions, somme de son parcours
sinueux et de ses goûts éclectiques. La harpe n’étant pas un instrument taillé
pour le jazz elle n’a souvent joué qu’un rôle mineur et décoratif dans les
orchestres (avec le principe du glissando), avant d’atteindre un statut plus
noble avec le rock et la pop, parfois électrifiée et couplée à des machines. Laura s’est donc associée au luthier Philippe Volant pour se forger une harpe celtique à cordes alignées entièrement
chromatique, plus adéquate aux évolutions harmoniques du jazz contemporain. Impressions rassemble 13 compositions dont
les textes, qu’elle chante avec douceur
et sensualité, sont extraits des œuvres d’illustres auteurs anglais et
américains (Shakespeare, O. Wilde, E.A. Poe, J. Joyce…). L’artiste y exploite le
plus largement les possibilités que lui offre ce nouvel instrument qu’elle
allie à la puissance de ses machines, créant ainsi une fusion subtil entre sonorités acoustiques du monde « réel et
palpable » - organiques et humaines – et textures électroniques du « monde sonore parallèle ou virtuel »
« ouvrant des horizons de découvertes infinis ». Impressions nous évoque donc à la fois un
univers électro jazz sophistiqué
teinté d’accents celtiques et des ambiances
folk/pop façon Norah Jones, gracieuses et enivrantes. Laura Perrudin y a tout conçu, voix, percussions, harpe et
programmations, jusqu’à la post-production… Un travail abouti et bourré de
bonnes idées, une technique pointue et exigeante, une sensibilité inspirée et
délicate.
Sonnet VII, qui explore les couleurs nu soul,
est pour moi le titre le plus marquant. J’ai l’impression d’y retrouver le groove et la
voix d’Esperanza Spalding ayant troqué
sa contrebasse pour une harpe celtique !
Wang Li – Past . Present . Future (Zaman Prod/Buda Musique)
Il est des projets musicaux qui, au premier abord, semblent
bien éloignés de ce que l’on considère, la plupart du temps, comme chose
musicale. Past . Present . Future,
du musicien basé à Paris Wang Li,est un de ces projets aux accents expérimentaux qui surprend et
repousse pour finalement happer l’auditeur au gré de ses explorations
méditatives entre tradition et avant-garde… En effet, ce spécialiste de la guimbarde chinoise et de la flûte à calebasse nous plonge
dans un espace sonore aux frontières floues,
les ambiances y sont sombres et mystérieuses, parasitées par des effets électroniques diaphoniques aux
résonnances à la fois intimistes et hypnotiques. La musique de Wang Li rappelle parfois celle des
aborigènes australiens et leurs didgiridoo,
mais évoque aussi la diphonie des chants
tibétains… Les pulsations sourdes et
amplifiées émises par les vibrations de la guimbarde dans la bouche de l’artiste engendrent même des beats métallisés proches de ceux de
certaines productions électro minimal.
Wildbirds
& Peacedrums – Rhythm (The Leaf Label/Differ-Ant)
Wildbirds &
Peacedrums, duo suédois sulfureux composé de la chanteuse Mariam Wallentin et de son mari le
batteur Andreas Werliin, nous livre son nouvel opus minimaliste et percussif
intitulé Rhythm. Jazz, blues, rock,
pop expérimentale… Difficile de classer leur musique ! Voulant faire écho
aux caractères rugueux et sauvages du monde chaotique qui nous entoure, Rhythm reprend certains aspects du code
établi au début des années 80 par The
Creatures (Siouxie et Budgie) ou Patti
Smith, assemblant, parfois de manière tribale, brutale, sombre et déviante,
une voix puissante et affirmée aux rythmes tranchants et dénudés.