Portico – Living Fields (Ninja Tune/Pias)
Portico Quartet
n’est plus… Vive Portico ! Si
les 4 londoniens exploraient les limites du jazz, enjambant parfois allègrement
les lignes le séparant de l’électro et de la pop – on se souvient de leurprécédent album éponyme paru chez RealWorld en 2012 – le pas est désormais radicalement franchi avec Living Fields, premier opus depuis leur
passage chez Ninja Tune.
Keir Vine, le claviériste
et joueur de hang qui remplaçait l’un des membres fondateurs du groupe Nick Mulvey a quitté le projet en 2013,
donnant l’impulsion nécessaire au trio restant, composé du saxophoniste Jack Wyllie, du batteur Duncan Bellamy et du bassiste Milo Fitzpatrick, pour se renouveler voire pour se réinventer. C’est ainsi que Portico a redéfini sa musique en la
structurant davantage, en donnant à la voix une importance primordiale et en y
intégrant pleinement la composante électronique, que ce soit dans le processus
d’enregistrement comme dans le traitement des textures sonores.
Living Fields
porte bien son nom, ses 9 pistes sont autant d’écrins instrumentaux aux mélodies mélancoliques et aux ambiances planantes, dédiés à accueillir les chants envoutants de Joe Newman (du groupe Alt-J), Jamie Woon et Jono McCleery. Gorgé
d’échos, de reverbes, de nappes vaporeuses, d’arpèges hypnotiques et des grondements
d’une basse lointaine, le disque est ponctué de beats lourds délivrés avec
parcimonie et lenteur via des programmes et des enregistrements live, ses atmosphères
nous font immanquablement penser aux géniaux James Blake, SBTRKT ou Radiohead.
Portico, en s’éloignant du futur-jazz de ses débuts, s’oriente
vers une certaine vision hallucinée et céleste de la pop, il se forge ainsi une nouvelle identité en en bousculant les
codes. Bien que ses expérimentations ambient
et electronica rappellent encore ses
travaux du temps du Quartet, on
notera la disparition des improvisations et des solos aux dépends du
déploiement des lyrics et de l’élaboration d’ambiances fantomatiques instables,
intimistes et sombres. Portico conçoit
une bass music fascinante et typiquement
anglaise, un univers post-dubstep désintégré
et éthéré, nous préparant à un après Living
Fields.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire