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jeudi 5 janvier 2017

Onom Agemo & The Disco Jumpers - Liquid Love (Agogo Records/Differ-Ant)

Onom Agemo & The Disco Jumpers - Liquid Love (Agogo Records/Differ-Ant)

Le quintet berlinois Onom Agemo & The Disco Jumpers nous revient avec un second album baptisé Liquid Love. Succédant à Cranes & Carpet paru en 2015, ce nouvel opus aux saveurs 70's nous replonge dans les grooves afro bardés de sonorités funky et psychédéliques de 5 larrons, adeptes de culture mandingue, garifuna, gnawa et éthiopienne. Adoratrice de synthés analogiques et d'ambiances électro vintage flirtant souvent avec le rituel sufi et la guitare wah wah, la formation est dotée d'une solide assise rythmique maîtrisant à merveille la polyrythmie africaine et d'une section cuivre retorse et musclée. Ensemble elles explorent les tendances freecosmic, éthio et future jazz, krautrock et afro funk à travers les héritages maliens et marocains ou le folklore pygmée... Le résultat est hypnotique et nous fait rappelle forcément les recherches d'artistes novateurs et aventuriers tels que Sun Ra, Manu Dibango et de projets plus récents comme celui de The Heliocentrics.
Excellente découverte!



vendredi 16 décembre 2016

Jimmy Scott - I Go Back Home (River Records/Differ-Ant)

Jimmy Scott - I Go Back Home (River Records/Differ-Ant)

Véritable légende du jazz vocal malheureusement trop souvent ignorée, le crooner à la voix éternellement adolescente, Jimmy Scott alias Little Jimmy, nous quittait en 2014 à presque 89 ans. Ayant œuvré aux côtés des figures emblématiques que sont Billie Holiday, Charlie Parker ou Lionel Hampton, sa réputation s'est essentiellement forgée autour de deux albums parus dans les années 60, sans pour autant lui faire atteindre une reconnaissance populaire à la hauteur de son talent. Après une traversée du désert éprouvante de 30 années marquées par le racisme et la pauvreté, il retrouve les studios au début des années 90 avec le concours de Madonna et son producteur Seymour Stein, du musicien Lou Reed et du célèbre metteur en scène David Lynch.

Le poignant et puissant I Co Back Home, son album posthume, regroupe les derniers enregistrements de l'artiste atteint par le syndrome de Kallmann (absence de développement pubertaire). C'est entouré d'un casting 5 étoiles (Joe DeFranceso, Kenny Barron, Bob Mintzer, James Moody, Oscar Castro-Neves, Joe Pesci, Peter Erskine, Grégoire Maret ou Dee Dee Bridgewater...) qu'il y revisite ses chansons préférées, émotionnellement habitées d'un vécu souvent douloureux et tumultueux.

Sa voix d'ange au timbre énigmatique et son vibrato chargé de blues et de mélancolie font de ce jazzman d'une classe inégalable, un trésor mal connu au destin tragique et chaotique. Ray Charles disait à son sujet qu'il était le seul chanteur à pouvoir le faire pleurer, Quincy Jones était un de ses fans !

mardi 8 novembre 2016

Sun Ra Singles: The Definitive 45s Collection (Strut/Differ-Ant)

Sun Ra Singles: The Definitive 45s Collection (Strut Records/Differ-Ant)

Sacré personnage que ce singulier jazzman américain échappé de Saturne pour prêcher la paix sur Terre sous les traits de la divinité égyptienne du soleil. Né en 1914 Herman Poole Blount à Birmingham Alabama, il se rebaptise Sun Ra et devient rapidement un des pionniers de l'esthétique afro-futuriste. Pianiste et claviériste engagé, pape du space-bop, prolifique et explorateur, aventurier mystique et touche à tout, sa longévité lui aura permis d'expérimenter tous les styles du jazz, allant du swing des big bands à l'improvisation free-jazz, en passant par le doo wop, le boogie woogie, la fusion et le hard-bop.
Rejoignant la ceinture d'astéroïdes entourant sa planète natale en 1993 à l'âge de 79 ans, l'artiste avant-gardiste aura laissé ici-bas une discographie impressionnante et un groupe de disciples dévoués rassemblés en un collectif nommé Arkestra.

L'excellent label Strut nous propose aujourd'hui une collection définitive des singles les plus rares du voyageur cosmique, couvrant la période de 1952 à 1991. Nous dressant le portrait d'un musicien, poète et philosophe atypique et haut perché, la compilation intitulée Sun Ra Singles: The Definitive 45s Collection se décline en 3 CDs et sera pressée en vinyle aux formats LP et 45 tours.

L'ouvrage exhaustif est dédié à des rééditions datant des 3 grandes périodes de Sun Ra, correspondantes aux 3 villes où il vécut: Chicago (1945-1951), New-York (1961-1968) et Philadelphia (1968-1993).

Flirtant avec le swing ("Medicine For A Nightmare"), il y mène au piano et aux claviers des big bands massifs dominés par des cuivres puissants et racés, s'illustrant auprès de son fidèle Arkestra mais aussi avec The Nu Sounds, The Cosmic Rays, The Qualities ou encore Yochanan (The Space Age Vocalist). Toujours bien entouré, Sun Ra s'intéresse aussi aux écoles be-bop et hard-bop (on notera sa collaboration avec la chanteuse Hattie Randolph dans le sublime "Round Midnight" de Monk ou avec le saxophoniste Pat Patrick dans "Orbitration In Blue"). Se dévoile enfin un univers plus expérimental et libéré de tous canons esthétiques, on entrevoit alors la phase la plus novatrice et révolutionnaire de sa carrière. Les sonorités deviennent plus tranchantes et torturées, l'usage des synthétiseurs devient plus marquée et les ambiances folles se font plus psychédéliques ("Cosmo Extensions", "Disco 2021"). Son jeu intègre les recherches du free-jazz et s'alimente d'idéologie afro-centrique, s'exprimant aussi bien en solo qu'en orchestre gigantesque, Sun Ra propulse ses prestations scéniques vers un spectacle total, autant sonore que visuel, avec ses danseuses, ses costumes de l'espace d'inspiration égyptienne, ses lights shows...

Strut nous donne un aperçu du lègue laissé par l'un des musiciens majeurs du 20ième siècle!


mardi 18 octobre 2016

Otis Stacks - Otis Stacks EP (Underdogs Records/Diifer-Ant)

Otis Stacks - Otis Stacks EP (Underdogs Records/Diifer-Ant)

C'est vrai qu'habituellement on a tendance à se méfier des départs en trombes et des critiques élogieuses trop unanimes... Seulement voilà, en diffusant savamment ses sonorités hip-hop/soul analogiques le duo Otis Stacks fait mouche dès son premier effort avec un EP accrocheur paru le 10 Octobre dernier chez Underdog Records.

C'est sût qu'avec un nom pareil, aucun faux pas ni aucune fausse note n'auraient su être tolérés, on imagine assez bien comment les aficionados du son de Shuggie Otis ou d'Otis Redding et la célèbre maison de disque de Memphis Stax Records l'auraient accueilli s'il n'avait pas été à la hauteur!

Mené par un tandem de choc déjà rompu à ce type d'exercice au sein du collectif explosif Dafuniks, le projet prend forme entre le Danemark et les Etats-Unis quelquepart vers Nice, Montpellier et Paris. Le producteur danois Michael Munch alias Just Mike et le soulman californien Elias Wallace ont en effet donné vie à Otis Stacks au cours d'une tournée française avec la formation danoise, débarquée dans l'hexagone en 2008 grâce à l'entremise de radio Nova.

Posés sur des mélodies touchantes et efficaces, les textes abordent les notions de perte, de douleur, de nostalgie et ne manquent pas de souligner les travers de la nature humaine.

Le titre "Fashion Drunk" nous immerge d'emblée dans l'univers soul intimiste, épuré et vintage du duo... Des synthés d'époque, les craquements d'un vinyle, une guitare rétro et le flow racé et posé du MC américain Gift of Gab de Blackalicious et Quannum Projects s'immiscent insidieusement dans nos esprits pour ne plus en sortir.

"The Game" est plus aérien, radieux et enivrant. La voix sensuelle et puissante d'Elias inonde une production cousue main au groove cool et envoutant, conduit par une ligne de basse à tomber par terre.

S'enchaîne ensuite une collection de remixes de "Fashion Drunk" orchestrés par Frankie Motion, Straybird et The Architect, ainsi qu'un rework du morceau "So Raw" de Scratch Bandits Crew qu'Otis Stacks a élaborer pour clore cet avant-goût prometteur.

On attend le long format avec impatience!


 

mercredi 12 octobre 2016

Terry Allen - Lubbock (on everything) (Paradise Of Bachelors/Differ-Ant)

Terry Allen - Lubbock (on everything) (Paradise Of Bachelors/Differ-Ant)

Peintre, performeur et artiste conceptuel exposé dans les plus prestigieuses institutions du monde de l'art contemporain (MoMA, Metropolitan, Espace Lyonnais d'Art Contemporain...), Terry Allen est aussi reconnu comme l'un des pionniers de la country alternative, ayant collaboré au cours de sa carrière avec les plus grands, de Guy Clark à David Byrne, en passant par Lucinda Williams. Texan originaire de Lubbock, il publiait en 1979 l'enregistrement le plus personnel et le plus important de sa discographie, intitulé Lubbock (on everything). Enregistré pendant l'été 1978 dans sa ville natale, il s'agit d'un double album composé de 21 titres, où le chanteur et pianiste s'entourait pour la première d'une pléiade de musiciens locaux dont Lloyd Maines, ingénieur du son et multi-instrumentiste qui apporta toute son expertise à sa production soignée et aboutie.

Pour l'écrire, Terry a choisi de s'isoler en Californie et a planché sur le thème de la satire du fils prodigue, une galerie de portraits d'habitants de Lubbock traités sans compromission avec humour, excentricité et autodérision.

Originellement paru chez Fate Records, Lubbock (on everything) s'offre une nouvelle jeunesse grâce au label Paradise Of Bachelors. Cette réédition, re-masterisée à partir des K7 et de la première édition américaine en vinyle, corrige les écarts de vitesse et autres distorsions présentes dans toutes les versions précédentes.

vendredi 30 septembre 2016

The Olympians - The Olympians (Daptone Records/Differ-Ant)

The Olympians - The Olympians (Daptone Records/Differ-Ant)

La célèbre maison de disques de Brooklyn Daptone Records pourra désormais compter parmi son excellent catalogue une nouvelle formation instrumentale aux sonorités 70's baptisée The Olympians. Dirigé par le pianiste et vibraphoniste Toby Pazner, le projet s'inscrit dans la lignée des orchestres de l'écurie new-yorkaise Menahan Street Band et The Budos Band (dont certains membres se retrouvent embarqués ici), à la différence que son leader se focalise davantage sur une empreinte sonore soul jazz directement héritée de la Motown, évitant toutes contaminations aux beats afro de Fela ou aux grooves éthio de Mulatu.

En 2008, le groupe nous offrait déjà un avant-goût de sa signature avec le 45t "How Can I Love You (Now That You're Gone)" publié chez Truth & Soul, disparu aujourd'hui.

L'album au titre éponyme se compose de 11 pièces somptueuses et majestueuses servies par l'élite de la famille Daptone, à savoir les musiciens de Lee Fields, Sharon Jones, Charles Bradley. S'y côtoient ainsi Thomas Brenneck à la guitare, Dave Guy à la trompette, Leon Michels et Neal Sugarman aux saxophones, Nicholas Movshon à la basse, Homer Steinweiss et Evan Pazner à la batterie, lesquels sont rejoints par des violonistes, violoncellistes et harpistes. Une équipe de haut vol managée par Michael Leonhart, ayant œuvré à la direction musicale, aux arrangements ou à la trompette aux côtés de Donald Fagen, Mark Ronson, David Byrne, Meryl Streep, Aloe Blacc, Yoko Ono, Rufus Wainwright...J'en passe et des meilleurs.

Souhaitant raconter l'histoire des dieux de l'Olympe après avoir été inspiré par un mystérieux messager venu hanter ses nuits lors d'une tournée dans les îles grecques, Toby a imaginé la bande-son de cette aventure mystique, un joyau instrumental d'une quarantaine de minutes à peine (seul regret) qui personnellement me fait plus penser à Lalo Schifrin ou à la musique d'un film de la période Blaxploitation façon Curtis Mayfield ou Isaac Hayes ("Sirens Of Jupiter" par exemple) plutôt qu'à un hommage au panthéon gréco-romain, bien que j'admette que des morceaux comme "Apollo's Mood", "Neptune" ou "Europa and the Bull" nous fassent prendre de la hauteur... Un petit faible pour la ballade intimiste et mélancolique "Pluto's Lament".

Gros coup de cœur pour ce très bel effort...!



mardi 13 septembre 2016

Tamer Abu Ghazaleh – Thulth (Mostakell/Differ-ant)


Tamer Abu Ghazaleh – Thulth (Mostakell/Differ-ant)

Artiste complet et engagé, sans doute le plus doué de sa génération et pour certains considéré comme le plus novateur d'un monde arabe moderne, le palestinien Tamer Abu Ghazaleh nous présente son troisième opus intitulé Thulth. Né au Caire, il étudie le oud, le buzuq, la musicologie, la composition, l'orchestration et la performance à Ramallah sous la houlette de l'immense Khaled Jubran.

Le chanteur, multi-instrumentiste crée en 2008 une plate-forme créative dédiée à la nouvelle scène indépendante du monde arabe nommée eka3, promouvant autant des artistes issus du rock que de la musique électronique ou instrumentale plus traditionnelle. Outre le label Mostakell, il fonde dans la foulée une agence de booking et de licence, puis un magazine de musique. En découle ce dernier album qu'il imagine comme une compilation de ces 8 années d'échanges et de collaborations.

Au chant, aux chœurs, au oud et aux effets, il est entouré du batteur Khyam Allami, du claviériste Shadi El-Hosseiny, du bassiste Mahmoud Waly et du percussionniste Khaled Yassine. Ensemble ils élaborent de riches textures sonores, complexes et hypnotiques lorgnant souvent sur le rock et mêlant habilement sonorités moyen-orientales et FXs. La formation alterne temps calmes aux ambiances douces voire radieuses et moments de fureur, de brutalité et de frénésie. A l'image du titre "Takhabot" où humour et légèreté (avec un clin d'œil à la panthère rose) se heurtent soudainement à un mur de son rageur et frénétique, les prouesses vocales de Tamer se montrent pour le moins vertigineuses ("Namla").

mercredi 7 septembre 2016

Pat Thomas - Coming Home (Original Ghanaian Highlife & Afrobeat Classics 1967-1981 (Strut Records/Differ-Ant)

Pat Thomas - Coming Home (Original Ghanaian Highlife & Afrobeat Classics 1967-1981 (Strut Records/Differ-Ant)

L'excellent label Strut Records, qui a toujours le chic pour nous dénicher des perles rares venues d'Afrique et des Amériques, nous propose la toute première rétrospective d'un des maîtres du highlife ghanéen Pat Thomas, qui publiait mi-juin 2015 son dernier album Pat Thomas & Kwashibu Area Band en compagnie d'un autre pionnier Ebo Taylor et de l'emblématique batteur de Fela Tony Allen. Le chanteur né en 1951 à Kumasi et considéré comme Mr. Golden Voice of Africa s'exprime en anglais mais surtout en dialectes Fanti et Ashanti Twi, il devient dans les années 70 et 80 l'un des chantres de l'afro-soul (avec des titres comme "Brain Washing") et de l'afrobeat ("We Are Coming Home"), ouvrant toujours un peu plus le spectre de ses influences.

La compilation rassemblant 23 morceaux s'intitule Coming Home, elle retrace jusqu'en 1981 la carrière prolifique de Pat Thomas qui s'amorça en 1967 avec la formation Broadway Dance Band relancée par son ami Ebo. Suivront un tas de projets, de collaborations et de formations que Strut Records illustre en en citant les principaux succès dans un double disque essentiel.


mardi 19 juillet 2016

Afterschool Special – the 123s Of Kid Soul (Numero Group/Differ-Ant)


Afterschool Special – the 123s Of Kid Soul (Numero Group/Differ-Ant)

Fondé en 2003 à Chicago The Numero Group est un label musical qui s'est spécialisé dans la préservation et la réédition d'enregistrements rares et oubliés. Pour célébrer la rentrée scolaire il s'apprête à publier le 16 septembre prochain une nouvelle galette intitulée Aftershool Special : The 123s of Kid Soul, une sélection de 19 pépites entièrement dédiée à un sous-genre de la soul qui explosa dans les années 70 grâce aux succès retentissants des Jackson Five. Ce courant, souvent qualifié de Bubblegum Soul parce qu'il est représenté par de très jeunes musiciens, a déjà été mis à l'honneur par la maison de disques en 2007 avec Home Schooled : The ABCs Of Kid Soul, il est à nouveau placé sous le feu des projecteurs avec cette collection aux sonorités racées pleines de vie, de fraîcheur et d'énergie servies par des formations restées confidentielles ou éphémères comme Scott Three, Brighter Side of Darkness, Little Man & The Inquires ou encore Dynamics… Si certaines chansons s'adressaient principalement à un public d'enfants ("Simon Says" de Future Kind) d'autres touchaient particulièrement leurs parents comme la reprise de Gil Scott Heron par The Brother's Rap de "The Revolution Will Not Be Televised".
 

jeudi 30 juin 2016

Graveola – Camaleão Borboleta (Mais Um Discos/Differ-Ant)


Graveola – Camaleão Borboleta (Mais Um Discos/Differ-Ant)

Tout récemment le label anglais Mais Um Discos nous présentait le dernier opus de la diva carioca Elza Soares :The Woman At The End Of The World. Pilotée par la tête chercheuse Lewis Robinson, la maison de disque est devenue en seulement quelques années la vitrine internationale des nouvelles musiques brésiliennes. Elle publiera le 29 juillet prochain le 3° disque du sextet post-tropicaliste Graveola intitulé Camaleão Borboleta (Caméléon Papillon).

Composé de 10 titres inédits, autant influencés par le samba-reggae, le folk-rock et le pagode baiannais que par les sonorités contestatrices et psychédéliques du Tropicalia des années 60, il s'appuie évidemment sur les rythmes traditionnels nordestins du maracatu, du frevo et du ijexa, fusionnant ainsi les folklores du riche patrimoine brésilien à l'innovation nécessaire de la musique populaire.

La comparaison avec les super groupes des 70's tels que Os Mutantes, Novos Baianos et Doces Barbaros (formé par les immenses Gal Costa, Maria Bethania, Gilberto Gil et Caetano Veloso) est évidente. D'ailleurs, afin d'enrichir son penchant pop électrique, Graveola s'est adjoint les services du producteur Chico Neves (O Rappa, Lenine, Skank) qui l'a guidé et l'a aidé à évoluer, à se réinventer, à intégrer d'autres univers musicaux (comme le caméléon adapte sa couleur), pour finalement se métamorphoser (comme la larve en papillon).

La formation engagée aborde des thèmes de société brûlants, comme la question des indigènes ou la dépénalisation des drogues, faisant de ce disque tant au niveau musical qu'humain, une œuvre pertinente et généreuse qui reçut l'appui de l'état du Mina Gérais par l'intermédiaire de son programme Natura Musical (créé pour valoriser la culture brésilienne).

mardi 28 juin 2016

Sherwood at the Controls – volume 2 : 1985-1990 (On-U Sound/Differ-Ant)


Sherwood at the Controls – volume 2 : 1985-1990 (On-U Sound/Differ-Ant)

L'artiste précurseur Adrian Sherwood, patron du label indépendant On-U Sound - qui publiait il y a quelques mois le dernier projet du trio féminin post-punk Nisennenmondai - nous offre le second volet de sa série de compilations intitulée Sherwood At The Controls. La collection composée de 16 titres regroupe des morceaux produits et remixés par ses soins entre 1985 et 1990.

A travers ses choix pour des artistes underground (KMFDM, Mark Stewart, Doug Wimbish & Fats Comet, Flux, Pankow ou encore African Head Charge…) il met à l'honneur l'expérimentation dans les musiques électroniques ("The Value Of Nothing"), punk et rock ("Mind At The End Of The Tether") autant que world ("Masimbabele 89 Adrian Sherwood Remix"), hip-hop ("Don't Forget That Beat (Alternate Dub") et dub ("Haunting Ground Dub"). Le compositeur anglais y exprime ainsi son goût pour les arts du sampling et les techniques du beatmaking (goût hérité de sa première claque musicale flanquée par The Sugarhill Gang en 1984) et sa passion pour les sonorités jamaïcaines (révélée suite à une autre gifle, infligée cette fois par sa rencontre déterminante avec Lee 'Scratch' Perry en 1986).

Influencés par ses recherches sonores et impressionnés par sa vision singulière, des activistes de la scène industrielle se rapprocheront de lui comme Cabaret Voltaire, Einstüzende Neubauten et Nine Inch Nails ainsi que les piliers de la new-wave Depeche Mode et Blur. Plus récemment on le croisera aux côtés de Root Manuva, Coldcut ou Pinch.

vendredi 29 avril 2016

Idris Ackamoor & The Pyramids – We Be All Africans (Strut Records/Differ-Ant)


Idris Ackamoor & The Pyramids – We Be All Africans (Strut Records/Differ-Ant)

Pulsations afro, sophistication jazz, magie funk et reflets psychédéliques ont fait bon ménage aux USA et en Afrique dans les années 70, puis le filon s'est tari peu à peu… Devenus rares et collectors, ces projets gravés sur vinyle et influencés par les travaux de quelques gourous tels que James Brown, George Clinton, Sly Stone pour le funk et Sun Ra, Alice Coltrane ou Pharoah Sanders pour le jazz/fusion, s'échangent aujourd'hui à prix d'or. Autour de cet engouement toujours croissant pour ces sonorités vintages dont le Ghana, le Nigeria, le Congo ou le Sénégal ont été de grands pourvoyeurs, les maisons de disques se sont mises à rechercher ces trésors oubliés, rééditant des perles disparues ou participant à la reformation d'anciens groupes mythiques.

Strut Records s'est ainsi rapproché du groupe légendaire The Pyramids, fondé dans l'Ohio en 1972 et affiné à Paris sous l'impulsion de son leader charismatique et mystique, Idris Ackamoor. Héritier d'une lignée de musiciens nés au Etats-Unis mais ayant effectué un retour aux sources dans le berceau de l'humanité, le saxophoniste multi-instrumentiste accompagné de ses acolytes Margo Simmons à la flûte et Kimathi Asante à la basse, a bâtit une musique spirituelle, consciente et militante aux accents afrobeat, P-funk, free, éthio et cosmic jazz.

Séparés en 1977 après avoir sorti 3 albums emblématiques et avant-gardistes qui succédèrent à leur voyage initiatique en Afrique (Lalibela en 1973, King Of Kings en 1974 et Birth/Speed/Merging en 1976), The Pyramids reprennent du service en 2010 et publient en 2012 Otherwordly. Gilles Peterson salue alors l'ensemble de leur œuvre en décernant à Idris un Lifetime Achievement Award lors de sa fameuse cérémonie annuelle des Worldwide Awards.

Le 27 Mai prochain paraîtra We Be All Africans, dernier opus de ces légendes de l'afro jazz/funk, enregistré à l'ancienne au Studio Philophon de Berlin avec la collaboration du batteur Max Weissenfeldt. Grâce à ce dernier les musiciens se plient au son analogique, à sa chaleur et à son grain… On y retrouve la tendance astrale et psychédélique de leurs débuts, comme s'ils reprenaient les choses là où ils les avaient laissées il y a 40 ans, avec la même énergie, la même fougue et un désir d'aventure et de partage toujours omniprésent. On notera la présence solaire de la chanteuse indienne Bajka dans le mélancolique "Silent Days", single à venir très bientôt!

 

‘We Be All Africans’ is a message of survival. A message of renewal. A message that we are all brothers and sisters. We are all one family, the human family and we need one another in order to survive on this planet that we all share.
Idris Ackamoor

 

jeudi 28 avril 2016

M.A.K.U Soundsystem – Mezcla (Glitterbeat/Differ-Ant)


M.A.K.U Soundsystem – Mezcla (Glitterbeat/Differ-Ant)

C'est dans une débauche de cuivres et de percussions assommantes que la formation new-yorkaise M.A.K.U Soundsystem nous invite à partager ses racines musicales solidement ancrées dans l'afrobeat et les rythmes afro-colombiens. Les huit musiciens nous présentent leur 3° opus intitulé Mezcla et composé de 9 titres endiablés, ils y expriment leur origine colombienne, commune à la plupart d'entre eux (Barranquilla et Bogota), tout en intégrant des sonorités explosives empruntées au punk, au funk et au hip-hop dans un discours engagé et optimiste, traitant autant de quête d'identité que du quotidien ou de politique. Ses reflets jazzy de fanfare New-Orleans boostée à l'afro-groove sont largement enrichis de cumbia et de ska, dégageant une énergie vitale rare et contagieuse!

jeudi 14 avril 2016

Martha High - Singing For The Good Times (Blind Faith Records/Differ-Ant)


Martha High - Singing For The Good Times (Blind Faith Records/Differ-Ant)

Le nom de James Brown est indissociable de celui de ses fidèles acolytes Fred Wesley, Bobby Bird, Alfred "Pee Wee" Ellis, Lyn Collins et autres Marva Whitney … Pourtant il en est une dont on ne parle que trop rarement, c'est sa choriste Martha High, qui l'accompagna sur scène et en studio pendant plus de 30 ans, avant de rejoindre au début des années 2000 l'orchestre du saxophoniste Maceo Parker (autre étoile de la JB's factory), puis la formation hexagonale Shaolin Temple Defenders en 2008 (W.O.M.A.N.) et enfin les Speedometer en 2012 (Soul Overdue). S'apprêtant à publier un nouvel opus solo baptisé Singing For The Good Times prévu pour le 22 Avril prochain, la "Platine Blond Soul Sister" revient sur le devant de la scène pour le plus grand plaisir des aficionados d'une southern soul profonde et originelle, puisant ses racines dans le blues et le gospel ! A travers 11 titres enregistrés à l'ancienne, elle nous replonge dans ses sonorités corrosives des 60's, si chaudes et si sensuelles, qui firent la renommée d'un genre qui n'a jamais cessé de passionner et de renaître de ses cendres (Amy Winehouse, Angie Stone, The Dap Kings…). Epaulée par le producteur et crooner italien Luca Sapio la diva, qui a dépassé les 70 printemps, n'a rien perdu de sa fraîcheur et de sa superbe, comme le prouve son premier extrait intitulé "Lovelight", résolument racé et si proche du Memphis Sound de l'illustre écurie Stax.

mercredi 13 avril 2016

Elza Soares - The Woman At The End Of The World (Mais Um Discos/Differ-Ant)


Elza Soares - The Woman At The End Of The World (Mais Um Discos/Differ-Ant)

A presque 80 ans l'icône carioca Elza Soares n'en finit pas de nous surprendre, se réinventant sans cesse et abordant des problématiques brûlantes d'un Brésil bien éloigné des clichés. Masquant les outrages du temps par multe interventions esthétiques et sous une épaisse couche de fond de teint, la diva aux sept vies publie son 34ième album studio intitulé The Woman At The End Of The World (A Mulher Do Fim Do Mundo), composé de 11 morceaux inédits… Une première pour l'artiste !

 Représentante d'un nouveau genre musical baptisé dirty samba ou samba sujo issu de la scène avant-gardiste paoliste, Elza nous dépeint sur fond d'histoires sordides le portrait renversant d'un pays abusé et excessif, où racisme, sexe, drogue et violence côtoient l'image d'Epinal du Carnaval et des plages de Rio.

Celle qui fut la protégée de Louis Armstrong dans les années 50, l'épouse de la légende du foot Garrincha et qui partagea la scène de Chico Buarque, Caetano Veloso et autres Gilberto Gil, a toujours voulu innover sa samba l'associant au jazz, à la soul, au hip-hop, au funk ou à la musique électronique. C'est avec le free jazz et le rock que l'octogénaire à l'énergie punk décide aujourd'hui de fricoter, dans un disque dur et éraillé où la MPB (musica popular brasileira) est largement mise à mal. Le batteur/percussionniste Guilherme Kastrup en est le maître d'œuvre, conviant aux côtés de la chanteuse les auteurs, musiciens et compositeurs de SP: Kiko Dinucci, Rodrigo Campos, Felipe Roseno, Marcelo Cabral, Thiago França, Douglas Germano, Clima, Celso Sim et Romulo Froes

Sa voix rauque et vibrante dans l'ouverture en acapella "Coraçao Do Mar" (poéme d'Oswald de Andrade, auteur moderniste du célèbre Manifeste Anthropophage), nous fait calmement glisser vers la sublime samba triste "A Mulher Do Fim Do Mundo"accents électro et guitares saturées nous annoncent d'emblée une musique grave et pesante, exprimant douleur, désespoir et colère… Les cordes viennent rajouter une touche de lyrisme hypnotique et terriblement captivant à un titre qui demeure plutôt soft au regard de ce qui suit.

En effet tout se gâte à partir de "Maria Da Vila Matilde", la samba devient bruyante (samba esquema noise), une chape de plomb s'abat sur l'auditeur avec cette chanson sombre et corrosive où Elza incarne une femme battue (du vécu?) avertissant son ex-compagnon de ne plus l'approcher sinon "você vai se arrepender de levantar a mao pra mim" (tu vas regretter d'avoir levé la main sur moi).

"Luz Vermelha" et sa mélodie dissonante aux reflets psychédéliques nous livre ensuite une réflexion pessimiste et effrayante sur le monde…

Le très explicite "Pra Fuder" ("pour baiser") et son air de samba afro-punk endiablé exprime le désir sexuel incandescent et sauvage d'une femme prédatrice… L'instrumentation y est dominée par les cuivres acides de Bixiga 70.

"Benedita" raconte l'histoire d'un transsexuel drogué accablé par les violences sociales, violences illustrées par la distorsion des guitares tranchantes…

La moiteur du Shrine transparaît ensuite dans l'afrobeat de "Firmeza?!", qu'elle interprète en duo avec Rodrigo. Les cuivres funky rappellent bien sûr ceux de Fela Kuti

Le tango désarticulé et chancelant "Dança" est post mortem, narré par une disparue qui, même réduite en poussière, veut danser…

Dans la ballade maritime "O Canal" est cité Alexandre Le Grand, veillant sur la construction d'un passage près de la mer Egée et réprimant ses sujets par cupidité et désir de grandeur… Un écho à la dictature militaire au Brésil?

Le tendre "Solto" est l'unique titre de l'opus dans lequel il n'y a pas de perturbation sonore ni d'agression verbale, l'orchestration y est composée d'arpèges de guitare et d'un quatuor à cordes formant un doux écrin à la voix apaisée d'Elza, qui ne crie plus mais murmure un texte demeurant tout de même noir et triste, faisant sans doute écho à sa liaison avec l'amour de sa vie.

En clôture de ce qui semble être le meilleur album brésilien de l'année 2015 (Rolling Stone Brazil), Elza se retrouve à nouveau seule , nous offrant un second acapella touchant, surgi d'une nappe électronique cacophonique et angoissante. "Comigo" est un hommage à la mère, qui malgré sa disparition reste présente auprès de ses enfants... Des mots qui résonnent de façon particulière pour la diva qui perdit un fils quelques mois avant le lancement du disque fin 2015. 
Bien que les textes soient écrits par d'autres, l'artiste se les approprie et se raconte san jouer la comédie...
 

mercredi 17 février 2016

Around The World With… The (Hypothetical) Prophets (InFiné/Differ-Ant/Idol)


Around The World With… The (Hypothetical) Prophets (InFiné/Differ-Ant/Idol)

Paru originellement en 1982, le concept-album "Around The World With… The (Hypothetical) Prophets", œuvre oubliée de la scène new-wave hexagonale underground, est réédité aujourd'hui par InFiné, remettant en lumière l'œuvre minimaliste du pionnier des synthétiseurs Bernard Szajner (inventeur de la harpe laser). Le plasticien, scénographe et musicien français signait alors avec l'anglais Karel Beer, un projet singulier refusant tout étiquetage, où la technique du cut-up se frottait à un tas d'influences musicales allant de la synth pop à la noise en passant par l'indus, la cold-wave et le krautrock.

Parcouru de voix robotisées, de glitchs, d'annonces radio ou de bulletins météo détournés, le duo accouche d'un disque mystérieux, éphémère et anonyme (Joseph Weil et Norman D. Landing sont leurs noms d'emprunt), d'une fiction inspirée par le concert de protestation No Nukes organisé au Madison Square Garden suite à l'incident nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie.

Voulant nous faire croire à un brulot parvenu sous le manteau depuis un bloc soviétique amorçant son déclin, "Around The World With… The (Hypothetical) Prophets" donne l'illusion d'être le manifeste d'un peuple effrayé par les risques d'une catastrophe qui surgirait dans une de ses propres centrales (un trait d'humour prémonitoire puisqu'en 1986 le cœur d'un des réacteurs de Tchernobyl entrait en fusion conduisant à l'un des accidents atomiques majeurs enregistrés à ce jour).

La frontière séparant la dérision de l'engagement social et politique est mince chez nos deux bidouilleurs amateurs de synthés, de boites à rythmes et d'échantillonneurs. Alors leur opus n’est-il qu’une blague ?

Pas forcément, car le titre "Wallenberg" par exemple narre l'histoire de ce diplomate suédois accusé d'être à la solde des USA puis arrêté et envoyé par les russes au goulag alors qu'il avait sauvé un grand nombre de juif de la déportation à Auschwitz. Dans "Back To Siberia", « Dmitri, le narrateur russe, nomme tous les goulags (officiels et officieux) entre Moscou et Vladivostok et dans "Fast Food", Bernard et Karel illustrent la prolifération soudaine de la restauration rapide à Paris…

mardi 16 février 2016

Adriano Viterbini - Film O Sound (Bomba Dischi/Differ-Ant)


Adriano Viterbini - Film O Sound (Bomba Dischi/Differ-Ant)

Film O Sound démarre en trombe avec le titre Tubi Innocenti et ses saveurs mandingues rendues abrasives par un jeu de guitare tranchant aux sonorités saturées et vintages. Le guitariste italien Adriano Viterbini nous présente son second disque empli d'influences musicales rapprochant Memphis de Bamako et du Ténéré. S'y dévoile son admiration pour le blues ou plutôt les Blues (où la technique emblématique du slide guitar est largement privilégiée), celui roots et rugueux du Delta du Mississippi (Welcome Ada ou Bakelite), celui vibrant et révolté des touaregs du nord-Mali (Tunga Magni), enfin celui radieux et nuancé des îles hawaïennes (Sleepwalk). La soul minimaliste et torride de Sam Cooke y occupe aussi une place importante à l'image de la vibrante reprise du maïtre Bring It On Home To Me interprétée par le chanteur Alberto Ferrari. Dans le thème classique est-africain Malaika, immortalisé autrefois par Myriam Makeba, Adriano est rejoint par le trompettiste cubain josé Ramon Caraballo Armas et le joueur de mandoline Stefano Tavernese qui nous offrent un instant de douceur et de volupté aux reflets sud américains et romains… Ailleurs, nous croisons les notes singulières du guitariste nigérien Bombino, les rythmiques jazz fusion du batteur Fabio Rondanini et les lignes de basse apaisantes d'Enzo Pietropaoli

jeudi 4 février 2016

Deja Mu - The Work's All Done (Grandmas Records/Differ-ant)


Deja Mu - The Work's All Done (Grandmas Records/Differ-ant)

Deja Mu, projet mené pat le multi-instrumentiste Philippe Bellet, publie son second opus baptisé The Work's All Done. Rejoint par le musicien touche-à-tout Ludovic Montet, le duo guitare-batterie déjanté, coloré et parfois même un brin psyché, fusionne les sonorités vintage du rockabilly avec des éléments folk, country et jazzy, le tout rehaussé de reflets latins penchant vers la cumbia. Les deux acolytes chantent en anglais sur des mélodies joyeuses et fleuries mais souvent brinquebalantes. C'est précisément cette impression de fraîcheur qui donne au disque son côté touchant et attachant, comme si deux ados répétaient de vieux titres des années 50 dans la cave en désordre de mamie, en s'enregistrant sur un vieux magnétophone.

 

dimanche 6 décembre 2015

The James Hunter Six – Hold On! (Daptone Records/Differ-Ant)

The James Hunter Six – Hold On! (Daptone Records/Differ-Ant)

Daptone Records, vivier de la nouvelle vague retro soul, nous présente le 4ième opus du soulman anglais James Hunter. Hold On! succède à l'excellent Minute by Minute paru en 2013, il poursuit l'incursion du chanteur natif de Colchester et de ses 5 acolytes dans les sonorités rhythm & blues vintage dopées à un cocktail de cuivres brulants, à un swing ravageur et à ce grain old school, typique des enregistrements de Sam Cooke ou Otis Redding. La voix du crooner à ce "je ne sais quoi" de Ray Charles ou de Nat King Cole, une magie et une chaleur qui séduit d'emblée… Alternant des ballades aux reflets latins de rumbas et de mambos (This Is Where We Came In, Something's Calling), des morceaux au groove plus intense et urgent (If That Don't Tell You, (Baby) Hold On) et d'autres plus soft rock (Light Of My Life), le James Hunter Six nous délivre un son racé et authentique digne de ses nouveaux voisins d'écurie, les Dap Kings et autres Saun & Starr...

 

mercredi 2 décembre 2015

Med/Blu/Madlib - Bad Neighbor (Fat Beats/Differ-Ant)

Med/Blu/Madlib - Bad Neighbor (Fat Beats/Differ-Ant)

L'immense producteur Otis Jackson Jr alias Madlib (alias Quasimoto, alias Yesterdays New quintet, alias The Beat Konducta, alias Dj Rels), pierre angulaire du label californien Stone Throw Records nous propose son dernier opus intitulé Bad Neighbor, qu'il a réalisé en collaboration avec les figures emblématiques du hip-hop West Coast alternatif, le MC MED (anciennement Medaphoar) et le rappeur Blu.

Avant même de parler contenu, citons les noms de quelques invités : aux côtés de la légende anglaise du rap hardcore MF Doom ou du pâpe du G-funk le bien nommé Dam-Funk, trônent l'excellent Oh No (frangin de Madlib), l'imposant Phonte (membre de Little Brother et Foreign Exchange), le crooner soul Meyer Hawthorne ou encore le chanteur R&B Aloe Blacc.

Pas de doute possible, à l'écoute des instrus lo-fi désarticulées et chaotiques (comme dans Birds,  Streets ou Serving), on devine d'emblée la patte du maître des samplers, claviers et autres MPCs. Madlib impose une fois de plus sa touche de producteur si singulière, mais semble vouloir se rendre plus digeste pour les néophytes entrant dans son esthétique sonore organique, brinquebalante et crasseuse où le glitch est un motif prédominant.

En effet avec le premier single, Knock Knock, il nous immerge  d'entrée dans une vague funky des plus moites et accrocheuses, empruntée au I'll Be With You de Bernie Worrell (Parliament, Funkadelic), où la diction de MF Doom semble ressusciter le flow sensuel et posé de Notorius BIG. Ce Penchant pour les sonorités raw funk se remarque aussi dans les reflets soul 70's de The Buzz , les accents jazzy (délivrés par la divine Jimetta Rose) de Burgundi Whip ou bien avec les clins d'œil au gangsta rap des années 2000 de Drive In et du délicat Finer Things (où intervient Likewise). Ces tracks participent, avec leurs samples catchy triés sur le volet et leurs loops au groove contagieux, à rendre ce Bad Neighbor séduisant et redoutablement efficace.
Les addictifs The Stroll (avec AMG au mic) et Peroxide comptent aussi parmi les réussites de l'opus avec leurs beats bien lourds et leurs mélodies accrocheuses, il se pourrait bien qu'ils soient les deux bombes de la galette.
Madlib nous entraîne dans ses vestiges soniques de la blaxploitation, accompagné de Blu, Med et leurs invités de marque, il réconcilie le hip-hop underground et son vieux frère old school.