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lundi 18 juillet 2016

Meta Meta – MM3 (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Meta Meta – MM3 (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Loin, très loin de l'image d'Epinal convenue et exotique que l'on se fait du Brésil, la formation Meta Meta représente la nouvelle scène bouillonnante et engagée de Sao Paulo. Si son inspiration est puisée dans les traditions afro-brésiliennes, elle se nourrit surtout de la crise politique et sociale qui ronge actuellement un pays désinformé, où haine raciale, injustice et inégalité sèment le trouble. Il en résulte alors une fusion étrange faite de psychédélisme, d'avant-gardisme, de chants incantatoires, d'improvisations et d'harmonies rugueuses. La chanteuse Juçara Marçal, le guitariste Kiki Dinucci et le saxophoniste Thiago França nous présente aujourd'hui leur 3ième album intitulé MM3. Entourés du bassiste Marcelo Cabral et du batteur Sergio Machado, ils bousculent une nouvelle fois les codes en explorant pour l'occasion des contrées plus sombres qu'à l'accoutumé, dominées par des sonorités graves, urgentes, corrosives et saturées, où le langage réaliste et urbain s'articule autour du jazz, du rock voire du punk, alimenté de folklores issus du Maghreb ("Oba Kosô"), d'Ethiopie ("Corpo Vão") et du Mali ("Toque Certeiro").

lundi 27 juin 2016

Mamadou Barry & Afro Groove Gang – Tankadi (Label Bleu/L'Autre Distribution)


Mamadou Barry & Afro Groove Gang – Tankadi (Label Bleu/L'Autre Distribution)

Pour ceux qui se demandent encore ce qu'est l'afro groove, voici un disque qui comblera parfaitement leur curiosité, Tankadi, second opus du maître guinéen Mamadou Barry et véritable bijou musical, fusionnant à merveille le folklore mandingue, l'afrobeat nigérian, le highflife ghanéen, le jazz, le funk et la musique latine des Amériques. Il y a une dizaine d'années, le saxophoniste, multi-instrumentiste, chef d'orchestre et auteur-compositeur nous régalait de son premier Niyo, où notamment il reprenait dans son titre "Africa Five" le célèbre standard de Paul Desmond écrit pour Dave Brubeck en 1959. Aujourd'hui entouré de son Afro Groove Gang, regroupant la fine fleur des musiciens de Conakry, l'ancien patron de l'orchestre fédéral Kaloum Star, revisite avec élégance les chants traditionnels des peuples peulhs et des différentes ethnies de la Guinée forestière, y injectant son groove captivant, son énergie contagieuse et la singularité d'un style hérité de la légende du sax Momo Wandel.  

mardi 21 juin 2016

Lakuta - Bata Boy (Single) (Tru Thoughts)

Lakuta - Bata Boy (Single) (Tru Thoughts)

L'excellent label Tru Thoughts nous présente Bata Boy, premier single de la formation afrobeat basée à Brighton Lakuta. Annonçant la sortie prochaine de l'album Brothers And Sisters, prévue le 12 Aout 2016, le titre est accompagné de deux remixes, le premier aux reflets tropico-funk orchestré par Steve Cobby, co-fondateur du célèbre duo electronica/nu jazz Fila Brazillia et le second par Wrongtom, figure emblématique de la maison de disque anglaise, qui l'agrémente de sa touche reggae-dub magique.

Formé par la diva Siggi Mwasote et l'auteur/percussionniste Cicely Taylor, toutes deux gourmandes de fusion entre rythmes traditionnels issus d'Afrique ou d'Amérique latine et sonorités funk, jazz et soul, Lakuta nous délivre ici un titre engagé bourré d'énergie positive. S'ouvrant avec des percussions afro-cubaines (bata) rapidement débordées par une déferlante de cuivres, basse, batterie, guitare et clavier motivée par le maitre de l'afrobeat en personne Fela Kuti, "Bata Boy" est largement orienté dancefloor et aurait très bien trouvé sa place dans la programmation des soirées endiablées du Shrine à Lagos.



jeudi 26 mai 2016

Sunburst – Ave Africa / The Kitoto Sound of East Africa : 1973-1976 (Strut Records/Differ-Ant)


Sunburst – Ave Africa / The Kitoto Sound of East Africa : 1973-1976 (Strut Records/Differ-Ant)

Après nous avoir fait revivre le miracle cosmic/afro-jazz d'Idris Ackamoor & The Pyramids avec la publication de leur dernier We Be All Africans, le spécialiste de l'édition de vieilles perles Strut Records se propose de nous replonger dans les enregistrements de l'un des groupes les plus emblématiques de la Tanzanie des années 70, Sunburst. Formé autour du guitariste zaïrois Hembi Flory Kongo, il s'émancipe des tendances jazz, rumba et taarab de l'époque préférant privilégier un son plus singulier, influencé bien sûr par le raz-de-marée soul/funk débarqué des USA, mais aussi inspiré des caraïbes et du multiculturalisme de ses membres. La direction musicale que Sunburst empreinte, le Kitoto Sound, est une esthétique qui se rapprochera au milieu des 70's du zam-rock. Elle sera largement marquée par des textes engagés contre l'oppression coloniale. Grâce à sa rencontre avec Rikki Illonga, la formation publie son unique album Ave Africa en 1976, que le label anglais ressort de l'oubli enrichi d'une collection de 10 singles parus originellement chez Moto Moto et TFC entre 1973 et 1976 ainsi que de sessions radio inédites, captées en 1973.

jeudi 12 mai 2016

Sam Mangwana - Galo Negro (Grounded Music/Socadisc)


Sam Mangwana - Galo Negro (Grounded Music/Socadisc)

L'une des plus belles voix de la rumba congolaise, le chanteur angolais Sam Mangwana dit 'Le Petit Django Reinhardt', voit l'un de ses plus beaux disques Galo Negro être réédité grâce à l'entremise de Grounded Music. Pour la petite histoire, le projet naquit à Paris en 1996 sous l'impulsion de Cyril Dohar des Editions Levallois et du guitariste/producteur Nkouka Batenda. Un an plus tard, entouré de vieux complices (dont le guitariste Nedule Montswet dit Papa Noel R.I.P.) et d'une belle brochette de musiciens panafricains, débutent les enregistrements sous la direction détendue de Christian Pollini (Papa Wemba, Alpha Blondy). Y sont invités Murray Head sur le langoureux "Manjani" aux couleurs sud-africaines et Nilda Fernandez sur la ballade folk aux airs de morna frenchy "La Sentence" (brulot adressé à l'ONU soulignant son incompétence à régler les problèmes du Tiers Monde). Paru en Février 1998, le disque reçoit un accueil chaleureux qui le propulsera jusqu'aux USA grâce à Dan Storper et son célèbre label Putumayo. Sam y interprète des textes engagés (contre la corruption, la violence, la xénophobie…) en français, swahili, anglais, portugais, kikongo ou lingala sur des mélodies inspirées des traditions de la République Démocratique Congo, du Cap Vert ou de l'Angola. Voyageur cosmopolite, il les pare de sonorités afro-caribéennes et afro-cubaines, tissant ainsi avec une élégance chaloupée et nonchalante des liens solides et évidents entre les continents bordant l'Océan Atlantique, le berceau de l'humanité d'un côté et le nouveau monde de l'autre. Il est le digne représentant de ces rythmes importés d'Afrique vers les Amériques qui reviennent à leur point d'origine pour repartir une nouvelle fois vers la mer des Caraïbes…

Cette réédition est enrichie du duo avec Nilda et de 6 inédits enregistrés par le bassiste français Vincent Hamamdjian.

mercredi 11 mai 2016

Eloah – Os Orixas (Mr Bongo)


Eloah – Os Orixas (Mr Bongo)

Voici un autre petit miracle de la musique brésilienne ressuscité grâce à l'expertise de Mr Bongo. Os Orixas est un disque fondamental paru originellement en 1978 chez Som Livre et produit par Magno Salermo, il nous présente 12 titres inspirés par la religion du Candomblé, fruit des croyances exportées par les peuples yoruba d'Afrique de l'ouest vers les Amériques lors des traites négrières et de leur mélange avec le catholicisme du vieux continent.

La pochette est illustrée par le peintre Carybé qui a représenté un danseur en tenue folklorique honorant les divinités d'origine totémique et familiale, associées à un élément naturel. L'artiste sculpteur Mestre Didi Asipo a rédigé un glossaire au dos de la couverture traduisant des expressions typiquement yorubas, il rend ainsi les paroles accessibles au plus grand nombre. Quant à l'illustre écrivain Jorge Amado, il nous éclaire dans sa note sur l'ambition artistique du tandem à l'origine du projet.

Composées par l'immense auteur/ multi-instrumentiste Luis Berimbau et écrites par le poète/compositeur Ildasio Tavares, tous deux natifs de Salavador da Bahia, les chansons sont interprétées par la divine chanteuse pauliste Eloah (Aeluah Marize Souza Valle), placée sous la direction du chef d'orchestre Elcio Alvarez.

Cette voix chargée d'émotions habite une création poético-musicale dédiée aux entités du panthéon afro-brésilien et représentative de la polyrythmie des orixas animés de percussions traditionnelles suaves et enivrantes, on y entend par exemple à 5 reprises la fameuse rythmique cérémoniale Ijexa. L'opus tout entier est une subtile combinaison de l'héritage africain et de la richesse musicale d'un peuple vivant dans son temps, samba, funk, tropicalime, folk, jazz ou MPB (musica popular brasileira), guitare, basse, batterie, atabaque, agogo et cuivres y fusionnent alors pour le meilleur.

Une alchimie proche de la perfection!

 

mardi 10 mai 2016

Djelimady Tounkara – Djely Blues (Label Bleu/L'Autre Distribution)


Djelimady Tounkara – Djely Blues (Label Bleu/L'Autre Distribution)

Le bluesman malien Djelimady Tounkara, véritable légende de la guitare mandingue et membre éminent du Super Rail Band de Bamako qu'il rejoint en 1971, publie pour la première fois un album entièrement instrumental intitulé Djely Blues. Accompagné des jeunes Sékou Kanté à la basse, Sayon Camara à la guitare rythmique et Yacouba Sissoko aux percussions, le pionnier nous offre un recueil de 11 compositions subtiles aux mélodies maliennes délicates ("Niméra Syla", "Denandiya") et aux harmonies riches des influences caribéennes ("Dénibarika"), afro-portugaises ("Ankaben"), arabo-andalouses ("Diamana Mara Manssa") et afro-américaines ("Djeli Blues"). D'une précision redoutable, son jeu fluide et élégant déploie un swing chaloupé enivrant nous faisant traverser l'atlantique de Kita vers la Havane, en passant par Cordoue et les îles du Cap-Vert.

Véritable modèle pour toute une génération de musiciens ouest-africains, le virtuose y développe une technique inimitable, étant aussi bien à l'aise avec une guitare électrique ("Samakoun") qu'acoustique, comme l'exprime la ballade mélancolique "Sory Mankanbora".

Family Atlantica - Cosmic Unity (Soundway Records)


Family Atlantica - Cosmic Unity (Soundway Records)


Originaire de Londres, la formation ethno jazz/funk Family Atlantica nous présente chez Soundway Records son second opus baptisé Cosmic Unity. Remarqué par les Djs Gilles Peterson et Hugo Mendez lors de la parution d'un premier album éponyme en 2013, le groupe allie la voix puissante et racée de la chanteuse traditionnelle vénézuélienne Luzmira Zerpa (adoubée par Manu Chao) et les arrangements afro/tropico cosmiques de son compagnon, le producteur multi-instrumentiste Jack Yglesias (bongos, flûte,...).

Membre du fameux The Heliocentrics, qui a notamment collaboré avec le maître Mulatu Astaké dans Inspiration Information en 2009, Jack est passé par l'excellent Quantic Live Band de Will Holland avant de se concentrer sur ce projet transatlantique réunissant autour de la diva le percussionniste nigérian Kwame "Natural Power" Crentsil et le guitariste Adrian Owusu.

Renforcée par une section cuivre explosive, composée du saxophoniste alto Marshall Allen (leader du Sun Ra Arkestra affichant tout de même 91 printemps au compteur) et du saxophoniste ténor Orlando Julius (jeune nigérian septuagénaire, pionnier de l'afrobeat), la Family Atlantica affiche un tas d'influences, empruntant autant au highlife ghanéen qu'à la tradition nordestine du baiao brésilien, en passant par le blues éthiopien, le steel drum caribéen, la rumba cubaine, le calypso, le jazz fusion ou la tornada et le tambor vénézuéliens… Le tout baignant dans une mixture épicée parcourue de sonorités psychédéliques intergalactiques. Une diversité qui se reflète dans les textes engagés que Luzmira interprète en anglais, yoruba, espagnol et portugais.

A découvrir d'urgence!

vendredi 29 avril 2016

Idris Ackamoor & The Pyramids – We Be All Africans (Strut Records/Differ-Ant)


Idris Ackamoor & The Pyramids – We Be All Africans (Strut Records/Differ-Ant)

Pulsations afro, sophistication jazz, magie funk et reflets psychédéliques ont fait bon ménage aux USA et en Afrique dans les années 70, puis le filon s'est tari peu à peu… Devenus rares et collectors, ces projets gravés sur vinyle et influencés par les travaux de quelques gourous tels que James Brown, George Clinton, Sly Stone pour le funk et Sun Ra, Alice Coltrane ou Pharoah Sanders pour le jazz/fusion, s'échangent aujourd'hui à prix d'or. Autour de cet engouement toujours croissant pour ces sonorités vintages dont le Ghana, le Nigeria, le Congo ou le Sénégal ont été de grands pourvoyeurs, les maisons de disques se sont mises à rechercher ces trésors oubliés, rééditant des perles disparues ou participant à la reformation d'anciens groupes mythiques.

Strut Records s'est ainsi rapproché du groupe légendaire The Pyramids, fondé dans l'Ohio en 1972 et affiné à Paris sous l'impulsion de son leader charismatique et mystique, Idris Ackamoor. Héritier d'une lignée de musiciens nés au Etats-Unis mais ayant effectué un retour aux sources dans le berceau de l'humanité, le saxophoniste multi-instrumentiste accompagné de ses acolytes Margo Simmons à la flûte et Kimathi Asante à la basse, a bâtit une musique spirituelle, consciente et militante aux accents afrobeat, P-funk, free, éthio et cosmic jazz.

Séparés en 1977 après avoir sorti 3 albums emblématiques et avant-gardistes qui succédèrent à leur voyage initiatique en Afrique (Lalibela en 1973, King Of Kings en 1974 et Birth/Speed/Merging en 1976), The Pyramids reprennent du service en 2010 et publient en 2012 Otherwordly. Gilles Peterson salue alors l'ensemble de leur œuvre en décernant à Idris un Lifetime Achievement Award lors de sa fameuse cérémonie annuelle des Worldwide Awards.

Le 27 Mai prochain paraîtra We Be All Africans, dernier opus de ces légendes de l'afro jazz/funk, enregistré à l'ancienne au Studio Philophon de Berlin avec la collaboration du batteur Max Weissenfeldt. Grâce à ce dernier les musiciens se plient au son analogique, à sa chaleur et à son grain… On y retrouve la tendance astrale et psychédélique de leurs débuts, comme s'ils reprenaient les choses là où ils les avaient laissées il y a 40 ans, avec la même énergie, la même fougue et un désir d'aventure et de partage toujours omniprésent. On notera la présence solaire de la chanteuse indienne Bajka dans le mélancolique "Silent Days", single à venir très bientôt!

 

‘We Be All Africans’ is a message of survival. A message of renewal. A message that we are all brothers and sisters. We are all one family, the human family and we need one another in order to survive on this planet that we all share.
Idris Ackamoor

 

jeudi 7 avril 2016

Ebo Taylor – My Love And Music / Twer Nyame (Mr Bongo)


Ebo Taylor – My Love And Music  / Twer Nyame (Mr Bongo)

 L'illustre guitariste ghanéen Ebo Taylor, véritable chantre du highlife des années 70, est considéré comme une véritable légende de la musique d'Afrique de l'Ouest tant son apport a su moderniser ce style traditionnel apparu au début du 20ième siècle, en le combinant à l'afrobeat, au jazz et à la funk des icônes américaines.

Toujours à tourner alors qu'il fête cette année ses 80 printemps, l'artiste voit son œuvre être célébrée par l'excellent label Mr Bongo, qui republie deux de ses albums (dont les éditions originales se négocient à prix d'or), le premier de sa carrière solo My Love And Music paru en 1975 et Twer Nyame en 1978.

My Love And Music est largement dominé par l'influence du reggae (manifeste sur "Maye Omama" et le titre éponyme) on note bien sûr l'emprunte caribéenne du calypso (une des composantes essentielles du highlife), mais aussi celle de Fela Kuti sur le brulant "Odofo Nyi Akyiri Biara" et de la soul sur "Will You Promise".

Le second disque sonne plus roots, Ebo l'a composé et arrangé de façon plus classique, avec les accents latin-jazz radieux du titre éponyme, les cuivres afro-funky et la guitare électrique de "Peace On Earth", les claviers psychédéliques et les percussions entêtantes d'"Atwer Abroba".

De quoi réjouir les amateurs d'afro-groove férus de raretés…!

mardi 5 avril 2016

Camarao Orkestra - Camarao Orkestra (Clapson Records/L'Autre Distribution)


Camarao Orkestra - Camarao Orkestra (Clapson Records/L'Autre Distribution)

C'est à Paris, ville-étape située sur la route des grooves afro-brésiliens, entre Addis Abeba et Rio de Janeiro, que la formation Camarao Orkestra prend forme en 2008 autour du trompettiste Paul Bouclier. Largement influencés par les rythmes syncrétiques du Brésil, les 10 musiciens élaborent un savoureux mélange fusionnant les sonorités jazz/funk des années 70 aux traditionnels Maracatu du nordeste, Afoxé et autres Samba… Doté d'une section cuivre puissante et de percussionnistes aguerris à l'atabaque, à la cuica et au berimbau entre autres instruments propres aux rondes de capoeira ou aux rites religieux du Candomblé, l'Orchestre Crevette exprime à travers 8 titres syncopés et endiablés sa vision captivante du groove. Un groove qui swing dans "Saidera" ou qui se pare d'accents afrobeat dans "Afroben" et éthiojazz dans "Baravento".

A noter la présence d'une assise rythmique plutôt funky composée du bassiste Virgile Raffaëlli, du claviériste Florian Pellissier et du guitariste Farid Baha. Nous remarquerons aussi la prestation sensuelle des chanteuses Amanda Roldan et Agathe Iracema.

Ce premier opus au titre éponyme parait chez Clapson Records et mérite toute notre attention car il ne reprend pas les sempiternels relents festifs "sauce brésilienne" que nous servent souvent les batucadas et autres collectifs de rue, en effet Orkestra Camarao s'efforce de bâtir un répertoire original et réfléchi, une identité musicale singulière…

jeudi 3 mars 2016

Tribeqa – Experiment (Underdog Records)


TribeQa – Experiment (Underdog Records)

TribeQa nous veut du bien et il s'arme de toutes sortes d'onguents et autres mixtures pour nous le faire savoir!

Le compositeur et chanteur Josselin Quentin, également joueur de balafon a renouvelé la formule de son combo nantais aux accents world, jazz et hip-hop, il nous propose aujourd'hui son nouvel effectif réduit à un trio, dans lequel il fait appel à Jonas Le Fillastre aux platines et aux machines et Etienne Arnoux-Moreau à la guitare et au chant.

Ce troisième opus intitulé Experiment arbore ainsi de nouvelles nuances, fusionnant davantage les reflets acoustiques et électroniques tout en conservant son goût prononcé pour le groove et les sonorités afro. Garantissant un équilibre délicat entre musique traditionnelle du monde et esprit d'aventure, TribeQa allie à la perfection l'énergie du scratch et la précision des programmes aux mélodies organiques du balafon et à la chaleur intimiste de la guitare acoustique.

Si la dimension instrumentale hypnotise et captive notre attention avec ses lignes de basse langoureuses et ses rythmiques marquées et incisives, le chant et la voix n'en demeure pas moins des composantes essentielles de l'effort, avec les vibrations soul, funk et R&B de Josselin et Etienne ("Farafina", "Blow" ou "Zion") et les échantillons tribaux parfaitement découpés et sélectionnés de Jonas, qu'il balance par exemple dans l'ouverture "Never Stop" ou bien en clôture avec le très touchant "Tribute" aux couleurs brésiliennes.

Ayant dépassé la phase expérimentale, TribeQa prépare la diffusion de ses ambiances néo-soul radieuses et métissées prévue courant Avril 2016. A son écoute on pense irrémédiablement aux atmosphères d'Hocus Pocus (nantais eux aussi), de Chlorine Free ou même de la légende anglaise Omar

A découvrir d'urgence!


mardi 1 mars 2016

Chucho Valdés - Tribute To Irakere (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Chucho Valdés - Tribute To Irakere (Jazz Village/Harmonia Mundi)


L'adjectif "magique" s'impose ici de lui même, en effet Tribute To Irakere, dernier projet en date du musicien cubain Chucho Valdés (sacré "meilleur pianiste du monde" par son propre père Bebo, disparu il y a maintenant 3 ans) nous invite à un voyage enivrant au cœur d'une des entités musicales majeures de ces 40 dernières années à Cuba.

Le septuagénaire, entouré de ses jeunes Afrocuban Messengers (on devine en filigrane la référence à l'illustre formation d'Art Blakey), rend un hommage vibrant à son ancien combo de jazz Irakere qu'il fondait en 1973, en pleine période de Détente entre les blocs Est et Ouest. Le groupe fusionnait alors avec maestria les rythmes africains et latins au jazz. Sous les auspices caribéens, leur musique intégrait des éléments empruntés à d'autres régions du monde ainsi qu'à la grande tradition Classique. Festive et sophistiquée, elle invitait aussi bien le public à danser qu'à savourer ses sonorités révolutionnaires !

Mis en suspend par son créateur au début des années 2000 pour développer d'autres collaborations plus resserrées, l'entité devait renaître à Barcelone en 2014 lors d'un spectacle nommé Irakere 40. Revisitant ce répertoire détonnant et résolument moderne The Afrocuban Messengers y interprètent de nouvelles compositions ponctuées d'improvisations à grands frissons, sous l'œil béat d'un pianiste patriarche, directeur artistique et arrangeur bluffant de vitalité, pour qui les années n'ont en rien entamé son esprit d'aventure et son désir de partage.

Ce Tribute To Irakere, enregistré en live à Jazz In Marciac en Aout 2015 et masterisé courant septembre aux Sounid Studios de la Havane, nous en offre un avant-goût plus qu'alléchant, en partie grâce au renfort d'une section de cuivres imposante et brillante. La musique sacrée de la Santeria, ses percussions batà et ses chants Yoruba (servis par un Dreiser Durruthy Bombalé épatant), côtoie les cadences endiablées et vivifiantes de la rumba, du mambo, du tango, de la timba et même du funk… Le tout étant arrosé d'un swing ravageur façon Duke Ellington!

 

mercredi 17 février 2016

David Voulga – Inner Child (Absilone/Socadisc)


David Voulga – Inner Child (Absilone/Socadisc)

Comme il est agréable et stimulant de découvrir de nouveaux talents, des artistes inconnus jusqu’au moment où leur univers musical singulier se dévoile au cours d’une première écoute… Le guitariste d’origine grecque David Voulga produit à 41 ans son tout premier opus baptisé Inner Child. Il nous offre 10 compositions radieuses nous invitant à voyager au gré de ses sonorités afro-cubaines ("So Yellow" ou "Mongo Clave"), sénégalaises ("Bee Love" et "Saint-Louis, Sénégal"), brésiliennes ("Elis") et gréco-turques ("Kourabiedes", "Albassia") dans un jazz coloré, gorgé de tendresse et de chaleur où le groove s'exhibe allègrement ("Abeba") gonflant parfois même le torse comme dans le très funky "The 27th".

Le quintet que David a monté pour l'occasion - et avec qui il a répété dans une yourte mongole en pleine nature - est constitué du pianiste Christophe Cravero, du bassiste Kevin Reveyrand, du batteur Frédéric Huriez et du percussionniste Gilbert Anastase, on remarquera entre autres quelques invités notables comme Didier Ithursary à l'accordion et Frédéric Couderc au sax et flutes... Tous y occupent une place déterminante, provenant d’horizons bien distincts, ils créent une alchimie parfaite entre « structure et organicité, composition très étudiée et improvisation libérée ».

Un bien bel ouvrage !

mardi 16 février 2016

Adriano Viterbini - Film O Sound (Bomba Dischi/Differ-Ant)


Adriano Viterbini - Film O Sound (Bomba Dischi/Differ-Ant)

Film O Sound démarre en trombe avec le titre Tubi Innocenti et ses saveurs mandingues rendues abrasives par un jeu de guitare tranchant aux sonorités saturées et vintages. Le guitariste italien Adriano Viterbini nous présente son second disque empli d'influences musicales rapprochant Memphis de Bamako et du Ténéré. S'y dévoile son admiration pour le blues ou plutôt les Blues (où la technique emblématique du slide guitar est largement privilégiée), celui roots et rugueux du Delta du Mississippi (Welcome Ada ou Bakelite), celui vibrant et révolté des touaregs du nord-Mali (Tunga Magni), enfin celui radieux et nuancé des îles hawaïennes (Sleepwalk). La soul minimaliste et torride de Sam Cooke y occupe aussi une place importante à l'image de la vibrante reprise du maïtre Bring It On Home To Me interprétée par le chanteur Alberto Ferrari. Dans le thème classique est-africain Malaika, immortalisé autrefois par Myriam Makeba, Adriano est rejoint par le trompettiste cubain josé Ramon Caraballo Armas et le joueur de mandoline Stefano Tavernese qui nous offrent un instant de douceur et de volupté aux reflets sud américains et romains… Ailleurs, nous croisons les notes singulières du guitariste nigérien Bombino, les rythmiques jazz fusion du batteur Fabio Rondanini et les lignes de basse apaisantes d'Enzo Pietropaoli

jeudi 4 février 2016

Jeremy Loops - Trading Change (Jeremy Loops)

Jeremy Loops - Trading Change (Jeremy Loops)

Le musicien sud-africain Jeremy Loops nous présente son premier opus Trading Change, à paraître en France le 26 février prochain. L'intro de Sinner géo localise d'emblée la musique de ce jeune conteur des temps modernes, le chœur d'inspiration zoulou nous invite en effet à parcourir sa terre natale au sud d'une Afrique qu'il  protège ardemment avec son association GreenPop engagée contre la déforestation. Armé de sa guitare et de son looper, il bâtit son univers musical en juxtaposant rythmes urbains et folk mélodieuse aux accents corrosifs. Mêlant sonorités acoustiques afro-roots et reflets électroniques, Jeremy crée ses boucles, souffle dans son harmonica, gratte ses guitares et banjos, chante bien sûr mais scande aussi, tel un MC as du beatboxing. L'activiste emprunte autant à la country et à la pop qu'au hip-hop et au surf rock, maîtrisant l'art de l'homme orchestre tel un Ed Sheeran.

lundi 1 février 2016

Anchorsong - Ceremonial (Tru Thoughts)

Anchorsong - Ceremonial (Tru Thoughts)

Le label de Brighton Tru Thoughts a toujours le chic pour dégoter des producteurs de haut-vol captivants, ce second album d'Anchorsong en est la preuve! L'artiste Masaaki Yoshida né à Tokyo et basé à Londres depuis 2007 nous délivre, après ses excellents Chapters (LP) en 2011 et Mawa (EP) en 2014, le très attendu Ceremonial.

Elaborant des textures sonores sophistiquées inspirées par une Afrique sublimée, l'artisan fusionne les sonorités électroniques et traditionnelles dans un assemblage musical organique et accrocheur, où rythmes premiers, pulsions dancefloor et jeux de cordes enivrent un auditoire conquis. Masaaki déclare que sans son immersion dans la musique africaine des années 70, le highlife et l'afrobeat entre autres, Ceremonial n'aurait jamais vu le jour.

La touche 'ethno-electronica' du musicien atteint son paroxysme avec l'entêtant Last Feast et son beat répétitif tribal enrichi d'une ligne de basse entraînante et d'une mélodie aux accents caribéens brulants, pas étonnant que ce titre soit le premier single de l'opus.

mardi 5 janvier 2016

Baaba Maal - The Traveller (Marathon Artists/Pias)


Baaba Maal - The Traveller (Marathon Artists/Pias)

Le chanteur sénégalais Baaba Maal publie son 11ième opus baptisé The Traveller. Avec Youssou N'Dour et Ismaël Lô, il élève depuis plusieurs années la culture musicale de son Pays vers les plus hauts sommets des charts internationaux.

Porté par ses racines africaines et influencé par la pop occidentale, le musicien nous invite à partager sa vision positive du monde actuel dans une épopée riche en sonorités acoustiques et numériques où instruments traditionnels (kora, tama, …) côtoient boîtes à rythme, guitares et synthés dans un dédale de mélodies enivrantes et de nappes électroniques vaporeuses. Le tempo varie, tapageur dans l'ouverture Fulani Rock et tranchant dans l'hymne War (où le poète Lemm Sissay scande son texte engagé et militant), il s'assagit dans le chatoyant One Day ou la délicieuse ballade Kalaajo.

La contradiction entre tradition et modernité n'existant pas chez Baaba, la star sexagénaire devenu Emissaire pour la Jeunesse auprès des Nations Unis, a choisi pour la réalisation de son album de faire appel à l'expertise du jeune Dj/beatmaker Johan Karlberg Hugo, moitié de Radioclit qui forme avec le chanteur du Malawi Esau Mwamwaya, le combo électro/afro/pop The Very Best.

jeudi 3 décembre 2015

L'Etrangleuse - Memories To Come (MSMV/L'Autre Distribution)

L'Etrangleuse - Memories To Come (MSMV/L'Autre Distribution)

A n'en pas douter, l'oreille experte du multi-instrumentiste anglais John Parish, producteur entre autres de PJ Harvey, Tracy Chapman ou encore Arno et Dominique A, n'est pas étrangère à la magie que dégage le second opus de ce surprenant duo lyonnais nommé L'Etrangleuse (nom trouvé à la hâte avant le premier concert). Maël Solètes, guitariste du groupe L'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp et Mélanie Virot, harpiste classique, nous convient dans leur univers musical singulier traversé de sonorités folks, rock, afro et électroniques. Dans ce subtil Memories To Come, les riffs d'une guitare convertie à la culture mandingue et les arpèges d'une harpe qui se prend parfois pour une kora malienne nous plongent dans une vision envoutante de la musique africaine séculaire (Doesn't Matter, Drifting Around). L'Etrangleuse nous surprend même a faire sonner ses cordes à l'heure abyssinienne avec sa paisible ouverture Do I et ses reflets éthio jazz. Cependant les ambiances post-rock et psychédéliques de son premier album réapparaissent dans des titres comme Noise/Silence ou Who We Are. Si ED nous happe dans sa spirale trip-hop (notamment mise en forme par une section rythmique  entièrement réglée et jouée par l'homme orchestre John Parish lui-même), L'Un Languit et Then I Try avec leurs chants fragiles et lancinants nous font prendre de la hauteur, poussés par leurs cordes enivrantes et atmosphériques. En clôture de ce disque acoustico-électrique séduisant, le sensible Caged Bird, interprété par le chanteur G.W. Sòk, déroule son délicat duvet japonais et nous offre une ballade zen troublante et vibrante. 

Quelle belle surprise!