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mercredi 14 septembre 2016

Rosario Giuliani, Luciano Biondini, Enzo Pietropaoli, Michel Rabbia - Cinema Italia (Via Veneto Jazz & Jando Music/Socadisc)

Rosario Giuliani, Luciano Biondini, Enzo Pietropaoli, Michel Rabbia - Cinema Italia (Via Veneto Jazz & Jando Music/Socadisc)

Comment aurions-nous perçu les films majeurs du cinéma italien comme La Dolce Vita8 e 1/2 et La Strada de Federico Fellini sans les airs de Nino Rota, ou encore Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone sans le génie d'Ennio Morricone ? Même portés par d'immenses acteurs (Mastroianni, Cardinale, Aimée, Bronson, Quinn...) auraient-ils été les chefs d'oeuvre qu'ils sont et demeureront à jamais?

Le projet Cinema Italia se propose de rendre hommage au 7ième art italien à travers 9 titres empruntées et inspirées par ce patrimoine unique qui fit rayonner en son temps la culture d'un pays tout entier. Il fallait pour l'occasion réunir un casting de jazzmen à la hauteur et c'est ainsi que le saxophoniste Rosario Giuliani, l'accordéoniste Luciano Biondini, le contrebassiste Enzo Pietropaoli et le batteur Michel Rabbia se réunirent autour de ces thèmes inoubliables qu'ils enrichirent de deux compositions originales "Bianco e Nero" de Giuliani et "What is there What is not" de Biondini. L'ambiance du disque est classieuse et intimiste, le point de vue contemporain de notre quartet ne trahit en rien la beauté, la profondeur et le pouvoir de suggestion de ces mélodies passées à la postérité. L'accordéon et le saxophone brillent par leur précision respectueuse et la section rythmique joue sobrement son rôle d'assise délicate et bienveillante... Un opus touchant et vibrant qui dégage un charme à l'italienne légendaire et avéré !


mardi 13 septembre 2016

Neil Cowley Trio - Spacebound Apes (Hide Inside Records)

Neil Cowley Trio - Spacebound Apes (Hide Inside Records)

Nouveau coup de maître pour le pianiste anglais de 43 ans Neil Cowley, avec son concept album aux réverbérations cosmiques Spacebound Apes. De formation classique il s'oriente rapidement vers la soul et le funk en participant aux projets de Zero 7 ou de Brand New Heavies, puis se met à accompagner des artistes pop tels qu'Adele, Birdy, Emili Sandé ou Professor Green. Son goût pour les mélodies accrocheuses et envoutantes lui permet ainsi tous les écarts, il n'est donc pas étonnant de le retrouver avec ses fidèles acolytes (Evan Jenkins à la batterie, Rex Horan à la basse et Leo Abrahams à la guitare) à errer sur des chemins de traverses où jazz, pop, rock, musique de film ou marche militaire se rencontrent dans des ambiances tantôt abyssales et cinématiques tantôt électrisantes et pétillantes. Loin d'être un extra-terrestre ou un gars haut-perché, Neil manie avec élégance, précision et efficacité les cordes sensibles qui mènent droit à nos âmes de mélomanes en mal d'émotions et de grands espaces.
...Il a tout compris!

vendredi 24 juin 2016

Melingo - Anda (World Village/Harmonia Mundi)

Melingo - Anda (World Village/Harmonia Mundi)

Une voix éraillée et une posture de vieux dandy à la silhouette de bad boy, le clarinettiste argentin aux multiples casquettes Daniel Melingo n'en finit pas de réinventer son tango si singulier, alimenté par les expériences d'une vie bien remplie et le désir de dépoussiérer les genres, de bousculer les codes et de repousser les frontières.

L'acteur, auteur, compositeur et interprète mêle à ses incursions punk sa passion pour les sonorités premières du folklore argentin, corrosives et subversives, interdites au même titre que le rock par la dictature, lorsque les militaires prennent le pouvoir à la fin des années 70.

Le 26 septembre prochain, "El Turco", comme il est surnommé dans son quartier de Buenos Aires à cause de sa couleur de peau, publiera sur World Village son dernier opus baptisé Anda, un recueil de 10 chansons racées, magnifiques, vibrantes et grinçantes. Digne héritier de Carlos Gardel, l'artiste parvient à maintenir son tango noir et crasseux en équilibre précaire entre arty-rock et cabaret surréaliste, son chant fragile déambule sur des instrumentations acoustiques dépouillées et essentielles, animées par des mélodies baroques, chaloupées, sensuelles et évocatrices. A la façon d'un Morricone, le crooner des bas fonds élabore la bande son d'un film confondant réalité et hallucinations, où Gainsbourg, SatieCave et Waits crèvent l'écran dans leurs costumes de sombres héros.

mardi 10 mai 2016

Baeshi Bang - Baeshi Bang (Buda Music)


Baeshi Bang - Baeshi Bang (Buda Music)

Le saxophoniste et producteur Etienne de la Sayette nous avait habitué à ses incursions afro groove avec les projets Akalé Wubé (éthiojazz) ou Maputo Queens (afrojazz)… Mais c'est dans un hommage risqué au crooner sud coréen Bae Ho qu'on le retrouve aujourd'hui, entouré de son nouveau groupe parisien Baeshi Bang. L'idée étant de rependre instrumentalement les compositions du chanteur populaire disparu en 1971 et totalement oublié depuis, le quintet composé de Victor Michaud (cor et orgue), françois Chesnel (piano), Loïc Réchard (guitare) et Stefano Lucchini (batterie) se permet de les réarranger à sa propre sauce où jazz, rythm'n'blues, musique de film et K-pop vintage se mêlent habilement sans jamais tomber dans le kitsch. Baeshi Bang nous offre la relecture subtile, tendre et délicate d'un répertoire qui ne nous est absolument pas familier, un cocktail exotique de toute beauté !

mercredi 20 avril 2016

Rosemary Standley - A Queen of Hearts (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Rosemary Standley - A Queen of Hearts (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le projet A Queen of Hearts est d'abord l'histoire d'une voix, intemporelle et reconnaissable entre toutes, devenue si familière depuis quelques années grâce au succès de la formation franco-américaine Moriarty (on se souvient de leur sublime single "Jimmy" extrait de l'album Gee Whiz But This Is a Lonesome Town paru en 2007). En effet la chanteuse Rosemary Standley, qui jusque là nous avait habitué à un registre plutôt blues, country et rock acoustique, nous plonge ici dans le répertoire glamour du "tour de chant" à l'américaine, cette tradition du cabaret grande époque plus ou moins perdue, que les divas Monroe, Holiday, Dietrich, Simone et autres Rita Hayworth ont indélébilement marqué de leur empreinte.

Beauté, élégance, décadence et mélancolie font partie de ces ingrédients nécessaires qui tamisent le timbre d'une voix, la rendent vibrante et profonde. Les 23 titres que Rosemary interprète accompagnée du pianiste Sylvain Griotto sont largement imprégnés de jazz, de musique classique et de chansons populaires influencées par le cinéma des années 40, 50 et 60. On y retrouve les standards incontournables du XX° siècle écrits, joués ou composés par Gershwin, Nina Simone, Lennon et McCartney, Kurt Weill, Henry Purcell mais aussi Margueritte Duras, Alain Bashung ou Francis Poulenc.

A Queen of Heats est à l'origine un spectacle de music-hall mis en scène par Juliette Deschamps et qui tourne depuis déjà 3 ans. Ce CD est complété d'un DVD permettant de découvrir ou redécouvrir cet hommage à ces héroïnes insatisfaites et malheureuses qui connurent le firmament, mais finirent empoisonnées par la solitude…  
 


En duo sur scène, Rosemary et Sylvain sont épaulés par le bassiste Vincent Talpaert et le batteur/percussionniste Eric Dubessay en studio.

lundi 18 avril 2016

Arthur Verocai - Arthur Verocai (Mr Bongo)

Arthur Verocai - Arthur Verocai (Mr Bongo)

Les têtes chercheuses du label anglais Mr Bongo sont allées nous débusquer une oeuvre magistrale et pourtant quasiment disparue des écrans radars d'Arthur Verocai, multi-instrumentiste, compositeur et arrangeur brésilien originaire de Rio de Janeiro, qui s'est notamment illustré aux côtés des divas Maria Creuza, Gal Costa ou Ellis Regina.

Souvent comparé à Tim Maia et Jorge Ben, le chef d'orchestre méconnu publiait en 1972 son album éponyme de 10 titres, où la fusion des genres folk, classique, jazz, samba, funk, bossa nova (Tom Jobim), soul et tropicalisme dénotait un esprit d'aventure d'une grande sophistication.

Osant même bousculer les codes de l'époque en explorant les sonorités électroniques et psychédéliques ("Karina"), Arthur a su éviter la censure militaire en employant un style d'écriture imagée:
Si les ambiances soul/funk 70's étasuniennes transparaissent dans "Presente Grego", c'est en effet pour mieux critiquer le pouvoir en place et ses fausses apparences, il fait allusion à l'épisode du Cheval de Troie et du piège tendu aux troyens par les grecs.

S'inspirant autant d'artistes nord-américains tels Shuggie Otis, David Axelrod et Charles Stepney ou Miles Davis, Bill Evans, Oscar Peterson et Herbie Hancock que de ses compatriotes précurseurs comme H. Villa Lobos, Milton Nascimento et Tom Jobim, il avait déjà imposé sa marque par le passé en arrangeant les cordes pour Jorge Ben ou en produisant Agora d'Ivan Lins (1971) et 2 albums pour Célia (chanteuse d'ailleurs présente dans son projet). Sa réussite fut telle que Continental lui offrit la possibilité d'enregistrer ses propres compositions, défi qu'il accepta en imposant le choix de ses musiciens. Au casting figurent donc12 violonistes, 4 altos et 4 violoncelles, des percussionnistes, batteurs, guitaristes, bassistes, trompettistes, flutistes et claviéristes... On y croise entre autres les pointures Pedro Santos (percussions) Toninho Horta (guitare), Edson Maciel et Paulo Moura (saxophone) ou Pascoal Meireles (batterie)... sans oublier les chanteurs Carlos Dafe et Oberdan.

Bien que l'opus soit court, une trentaine de minutes à peine, Arthur Verocai a su traduire le large spectre musical qui inondait le Brésil à l'époque, il témoigne ainsi d'une effervescence féconde, qui prend ici des allures de bande-son orchestrale psych-funk. La musique de film l'ayant toujours attiré, c'est pour son travail à la télévision qu'il sera finalement récompensé avec entre autres les musiques pour les pubs de Brahma, Fanta ou Petrobra's.

Le disque, dont une version originale peut se vendre autour des 2000$, a été échantillonné par les piliers de la scène hip-hop US dont MF Doom, Ludacris & Common, Little Brother ou encore Action Bronson. L'immense Madlib déclare même à son sujet "I could listen to the album everyday for the rest of my life"!




vendredi 15 avril 2016

Hareton Salvanini - S.P. / 73 (Mr Bongo)

Hareton Salvanini - S.P. / 73 (Mr Bongo)

Le label Mr Bongo est une nouvelle fois allé nous dénicher une petite pépite musicale oubliée... Il s'agit du premier opus (et accessoirement chef d'oeuvre) S.P. / 73 du multi-instrumentiste, compositeur et arrangeur brésilien Hareton Salvanini (RIP). Paru initialement en 1973 chez Continental, le disque est aujourd'hui réédité pour le plus grand bonheur des amateurs d'un jazz-funk orchestral aux reflets carioca, façon Eumir Deodato dans son illustre reprise du théâtral "Also Sprach Zarathoustra" de Richard Strauss.

Directeur musical de TV Record (Sao Polo) à la fin des années 90, il demeure un auteur méconnu de jingle publicitaire et de musique de film. Véritable crooner à la voix d'ange (qui remporta le 1er prix de chant lors du festival universitaire de TV Tupi), il nous régale de 11 titres symphoniques interprétés par la quarantaine de musiciens de l'Orchestre Municipal du Théâtre de Campinas qu'il dirige avec maestria. Son frère Ayrton, qu'il considère comme son bras droit, signe quant à lui les textes de chansons qui alternent avec des plages exclusivement instrumentales à rapprocher de celles de Lalo Schifrin ou d'Henry Mancini. Entre bossa nova, BOF, jazz, MPB et musique classique, Hareton nous livre un disque emblématique et rare... Qui reçu à l'époque le prix du meilleur album étranger au Japon.

vendredi 18 mars 2016

Fred Pallem & Le Sacre du Tympan Présentent François de Roubaix - Et Si On Invitait James Dean ? (Train Fantôme/L'Autre Distribution)

Sacre du Tympan Présentent François de Roubaix - Et Si On Invitait James Dean ?

Fred Pallem et son Sacre du Tympan nous présentaient il y a peu leur dernier opus rendant hommage à l'oeuvre du compositeur de musique de film François De Roubaix. En bonus, le bassiste nous offrait le single "Et Si On Invitait James Dean" enregistré en 2007 et tiré de la bande originale de La Grande Lessive, que Jean-Pierre Mocky a réalisé en 1968 avec Bourvil dans le rôle d'Armand Saint Juste. François avait à l'époque envisagé d'écrire des paroles, sans donner suite...
Fred ayant redécouvert cette version inachevée dans les archives, fît donc appel à la chanteuse Juliette Paquereau pour compléter le texte et l'interpréter à ses côtés. Répondant à sa complice comme Birkin le faisait avec Gainsbourg et jouant les parties de basse, de synthétiseur et de guitare, il invite le batteur Nicolas Mathuriau pour assurer l'assise rythmique.
Il en ressort une jolie chanson gorgée de tendresse et d'accents retros des plus touchants.


vendredi 22 janvier 2016

Goldmund – Sometimes (Western Vinyl)

Goldmund – Sometimes (Western Vinyl)

Le compositeur et multi-instrumentiste américain Keith Kenniff alias Goldmund nous présente son nouveau projet baptisé Sometimes. Ce disque tendre et touchant se compose de 17 plages ambient plutôt courtes, au cours desquelles le producteur élabore de subtiles nappes musicales postclassiques où des mélodies dépouillées et interprétées sur un piano réverbéré s'évaporent dans des brouillards électroniques aux sonorités organiques. Moins acoustique qu'une pièce de Ludovico Einaudi, Sometimes déploie cette même force évocatrice d'images. L'auditeur, happé par ces textures immatérielles, erre dans un espace aux contours flous et habité de mélancolie. Malgré que la lumière y soit faible voire quasi absente, il est guidé par quelques notes délicates suspendues comme en apesanteur et quelques emprunts sonores familiers (la pluie, un courant d'eau qui ruisselle, une brise dans les feuillages ou encore quelques échos indiscernables…). Le seul ingrédient qui pourrait s'apparenter à un élément rythmique est le bruit a demi étouffé que font les doigts de Keith en martelant les touches de son instrument, ces petits riens presque inaudibles font la qualité indéniable de ce disque d'hiver aux allures de bande-son invitant à la rêverie et au repos.
A noter l'intervention du maître japonais Ryuichi Sakamoto sur le titre A World I Give dont les premières notes nous rappellent étrangement l'illustre Love Theme de Spartacus, devenu depuis la sortie du film de Stanley Kubrick en 1960 le standard de jazz par excellence.

jeudi 3 décembre 2015

Julian Julien - Terre II (A Bout de Son)

Julian Julien - Terre II (A Bout de Son)

Artiste multi-instrumentiste et globe trotter, Julian Julien est le genre de musicien qui n'entre dans aucune case bien définie, rompu à la musique classique lors de ses classes au CNR de Paris, il s'essaie au jazz et au rock puis s'abreuve des pulsations world glanées lors de voyages en Asie.

Il publie aujourd'hui le second volet d'un polyptique entamé en 2000 avec Terre. Largement dominé par un esprit chill aux reflets électroniques délicats, l'univers musical métis de Julian se déploie à la lisière de plusieurs genres. Si la liberté d'improvisation et la sophistication du jazz transparaît en filigrane dans des titres comme Iris IV, porté par les phrasés du saxophoniste Michaël Havard et du flûtiste Siegfried Canto, on devine aisément les influences de compositeurs de musique de film tels que Nino Rota ou John Barry, à qui il dédie même son sensuel et groovy Mr John Barry. Un Terre II très cinématique donc mais pas que, puisque le Syrinx de Claude Debussy plane au dessus d'un Ailleurs aux accents éthiojazz et que Non Sens batifole avec les sonorités krautrock.

Tenant son rôle de chef d'orchestre très à cœur, Julian se fait assez discret. A l'origine des 13 compositions de l'album il y distille savamment et avec retenue ses qualités de percussionniste, sound designer et claviériste, mettant ainsi en avant les interventions de ses invités et acolytes. On notera alors le chant ensorceleur d'Hélène Argo dans Une Attente enivrante épaulée par la violoncelliste Adeline Lecce, ou bien la souplesse et la virtuosité du cornettiste Médéric Collignon dans les Iris III et IV. Rémi Dumoulin impose quant à lui sa puissante clarinette basse dans l'inquiétant Prélude et dans sa suite très jazzy Terre II.

vendredi 20 novembre 2015

Fred Pallem & Le Sacre du Tympan – François de Roubaix (Train Fantôme/L'Autre Distribution)


Fred Pallem & Le Sacre du Tympan – François de Roubaix (Train Fantôme/L'Autre Distribution)

Déjà salué mainte fois et notamment dans l’excellente compilation Cinemix Vol.1 paru en 2003 et qui rassemblait une série de reworks de célèbres titres extraits de BOF françaises des années 70 , le répertoire du compositeur de musique de film François de Roubaix ne cesse de faire des émules, on se souvient entre autres du remix des cultissimes Dernier Domicile Connu ou La Mer est Grande que nous offraient respectivement Gonzales et Carl Craig, c’est aujourd’hui au tour du bassiste Fred Pallem de rendre hommage à l’emblématique compositeur disparu tragiquement en 1975 à l’âge de 36 ans.

Entouré de sa fameuse formation Le Sacre du Tympan, qu’il crée en 1998 sur les bancs du Conservatoire Supérieur de Musique de Paris, sa démarche artistique est de fusionner les musiques dites "populaires" (pop, rock) et celles considérées comme "savantes" (jazz, musique contemporaine). Dans son premier projet intitulé Le Sacre du tympan sorti en 2003, Fred Pallem croisait les influences des jazzmen Charles Mingus et Duke Ellington à celles du chansonnier Georges Brassens, du groupe rock anglais The Shadows, du compositeur américain Charles Ives et de l'italien Nino Rota. Ce mélange de sonorités et de références et cette volonté de convoquer des images allaient façonner l'identité musicale décapante du big band décalé et énergique, qui s'attaque aujourd'hui à un monument parmi les compositeurs du 7° art. L'aspect cinématographique ayant toujours été une dominante chez Fred, son précédent Soundtrax en est la preuve, relire l'œuvre d'un pionnier de l'électro et du home studio comme François de Roubaix est pour lui une aubaine et l'occasion de déballer ses vieux synthés vintages et autres instruments plugged.

Pour fêter l'anniversaire de sa disparition en mer voilà 40 ans, le Sacre du Tympan s'attèle, avec un penchant électronique, à revisiter ses thèmes les plus parlants comme celui du chef d'œuvre de Serge Korber L'Homme Orchestre ou des génériques de l'émission d'Elizabeth Tessier Astralement Vôtre et de la série policière Commissaire Moulin.

Si Un Tank Pour l'Aventure est traité comme un standard de jazz, L'Altelier l'est comme un tube psyché rock et Je Saurais Te Retenir une ballade aux reflets folk sublimée par les voix d'Alexandre Chatelard et Alice Lewis (habituée du Sacre).

Dans le très beau Boulevard du Rhum, titre d'un film de 1971 joué par Lino Ventura et BB, Fred a convié une autre chanteuse, elle aussi singulière dans le paysage de la nouvelle chanson française, Barbara Carlotti, qui interprétait en 2012 Mon Dieu, Mon Amour avec un autre invité de marque, le fantaisiste et génial Philippe Katerine qui intervient ici dans Chapi Chapo, un air semblant lui être prédestiné, qui était le générique de la série d'animation culte de la deuxième chaîne de l'ORTF. Juliette Paquereau (elle aussi régulière du Sacre), de Diving With Andy groupe pop anglophone, apparaît quant à elle dans le très aquatique Ariadne Thread.

Bref, un casting pointu particulièrement bien fourni comme d'habitude, on se souvient du plateau de guests dans La Grande Ouverture avec Sébastien Tellier, Piers Facini, Matthieu Chedid ou Sansévérino. Mais que serait le Sacre sans son ossature, composée du batteur Vincent Taeger, du saxophoniste Remi Sciuto, des claviéristes Vincent Taurelle et Arnaud Roulin ?

Le Sacre du Tympan parvient une fois de plus à souligner les mélodies intemporelles, fortement marquées par l'esprit clairvoyant et innovant de compositeurs hors normes, ainsi François de Roubaix revient d'outre-tombe grâce à l'inventivité et aux arrangements d'un musicien décomplexé.

jeudi 19 novembre 2015

Olivier Bogé – Expanded Places (Naïve)

Olivier Bogé – Expanded Places (Naïve)
Le multi-instrumentiste français Olivier Bogé nous offre son troisième opus baptisé Expanded Places. Pianiste converti au saxophone depuis la fin de son adolescence, il affiche un certain nombre de collaborations prestigieuses avec des acteurs majeurs de la scène jazz contemporaine dont la dernière en date avec l’arménien Tigran Hamasyan dans The World Begins Today.
Nous livrant un jazz cinématique très aérien et aéré, le musicien trentenaire a pris soin de composer 9 titres aux reflets impressionnistes qui malgré leurs ambiances respectives se complètent et s’harmonisent. Accompagné de Nicolas Moreaux à la contrebasse et de Karl Jannuska à la batterie, il forme un trio équilibré et vigoureux aussi bien à l’aise dans des variations rythmées au lyrisme puissant (Beyond The Valley Of Fears) que dans des flâneries au tempo lent et aux mélodies plus intimistes parfois baignées d’une douce mélancolie (What People Say). La formation est enrichie des participations discrètes mais essentielles  de Guillaume Bégni au cor et de Manon Ponsot au violoncelle.
Olivier y a enregistré toutes les parties de saxophone, mais aussi de piano, de fender rhodes et de guitare (remarquable dans le radieux The Fairy & The Beard Man), il se mue même parfois en choriste comme dans l’ouverture Red Petals Disorder, morceau qui annonce d’emblée la teneur de l’album, mêlant au jazz les sonorités envoutantes et métalliques de la folk et les combinaisons orchestrales et majestueuses de la musique classique (je pense à certains travaux de Keith Jarrett ou de Brad Mehldau).
A l’image des noms qu’il a donnés à ses pistes, l’artiste nous invite à un voyage hors du temps, le long d’une route où défilent de vastes panoramas à la beauté touchante et hypnotique. Expanded Places s’immisce alors dans nos esprits à la manière de la bande originale d’un film imaginaire, dont sa mise en scène serait déterminée par l’auditeur.
Sublime coup de coeur !
 



 

jeudi 12 novembre 2015

David Krakauer – The Big Picture (Label Bleu/L’Autre Distribution)


David Krakauer – The Big Picture (Label Bleu/L’Autre Distribution)

Le dernier projet mené par le clarinettiste David Krakauer nommé The Big Picture se propose de revisiter des thèmes de musiques de films célèbres composés par les géants du genre, les mélodies immuables de Nicola Piovani (dans Life Is Beautiful), Randy Newman (dans Avalon) ou Mel Brooks (dans The Producers), trônent ainsi aux côtés de titres tout aussi emblématiques légués par Sidney Bechet (Si Tu Vois Ma Mère du film Midnight In Paris de Woody Allen, véritable idole pour le musicien), Serguei Prokofiev (March From The Love Of Three Oranges) ou encore Johnny Green (Body And Soul). Mêlant comme à son habitude les sonorités de la musique classique au jazz et au klezmer, l’artiste novateur explore l’identité juive à travers le cinéma moderne américain.

Willkommen, extrait du film Cabaret de Bob Fosse, ouvre The Big Picture et donne le ton, évoquant avec une légèreté apparente et un swing communicatif la montée du fascisme dans les années 30. David aime jouer avec la charge émotionnelle que dégagent ces mélodies touchantes, confrontant souvent l’horreur au comique (Keep It Gay), le déracinement à l’espoir (The Family)… Entouré d’un quintet efficace et réactif, il rend hommage aux icônes juives américaines comme Barbara Streisand dans People tiré de Funny Girl ou Roman Polansky avec Moving From The Ghetto issu du cultissime The Pianist.

A noter la participation dans l’excellent réarrangement de Si Tu Vois Ma Mère, de la contrebassiste Nikki Parrott (Michel Legrand, Randy Brecker, Clarke Terry…), de la guitariste Sheryl Bailey (Richard Bona, Irene Cara…) et du Dj Keepalive.
 

vendredi 16 octobre 2015

Ludovico Einaudi – Elements (Ponderosa/Harmonia Mundi)


Ludovico Einaudi – Elements (Ponderosa/Harmonia Mundi)

Le désormais illustre compositeur italien Ludovico Einaudi nous revient avec son 13° album studio baptisé Elements, où il déploie son lyrisme romantique à l’italienne que le grand public découvrait en 2011 dans le film d’Eric Toledano Les Intouchables. En effet le pianiste turinois séduit grâce à de subtiles orchestrations de cordes enrichies d’un soupçon de percussions et de matières électroniques, il élabore d’enivrantes mélodies avec à l’esprit le souci d’émouvoir son auditoire en réconciliant de fait les univers aussi distincts que ceux de Bach, Satie, Reich, Eno, Pink Floyd, Radiohead ou des Beattles.

Cet opus s’appuie sur une étude des 4 éléments de la nature (eau, terre, vent, feu), de la géométrie euclidienne (droite, plan, longueur, aire) et de l’œuvre du peintre théoricien Vassily Kandinsky (qui réalisa la première peinture abstraite où formes et couleurs se libéraient de la figuration et de la représentation du réel). Ludovico s’attèle au projet depuis 2012, année durant laquelle il se produisit à Rome avec une pièce dédiée à son mentor Luciano Berio intitulée The Elements. Cherchant toujours à renouveler sa palette (sans pour autant vouloir prendre des risques et faire le grand écart), il s’est attelé à réexaminer des notions qu’il n’avait plus abordé depuis ses études, mais loin de nous adresser une musique indigeste et complexe, l’alchimiste accouche d’un disque à la beauté saisissante et immédiate, où les moments suspendus et mélancoliques succèdent aux passages plus tendus et rythmés. A la manière d’une BO de film bien pensée, Elements nous tient en haleine durant plus de 60 minutes nous narrant une épopée aux contours flous et variables que chacun interprète selon son humeur, son ressenti et son expérience de la vie.

Entouré de musiciens d’exception parmi lesquels figurent l’excellent violoncelliste Redi Hasa, l’ensemble de cordes bataves du Amsterdam Sinfonietta et le percussionniste brésilien Mauro Refosco, l’artiste nous immerge à travers ses 12 titres dans son monde singulier, à la fois foisonnant et épuré, sobre et baroque, enjoué et mélancolique, acoustique et électronique, mais assurément trop convenu ! Dommage.

jeudi 6 août 2015

Kamasi Washington – The Epic (Brainfeeder)




Kamasi Washington – The Epic (Brainfeeder)
Né en 1981 et déjà considéré comme une légende de la nouvelle sphère jazz américaine, le saxophoniste californien Kamasi Washington nous présente son triptyque The Epic, publié par Brainfeeder, label underground de l’immense producteur Flying Lotus, qui lui a donné toute latitude pour la réalisation de cet album hors norme !
La particularité de ce musicien qui mérite d’entrer dans l’arène des géants du jazz, c’est la facilité avec laquelle il passe d’un répertoire hard bop, fusion voire free jazz à des projets aux sonorités plus urbaines, comme le hip-hop, l’electro, la nu soul ou le G-funk. En jetant un coup d’œil à sa bio on entrevoit cette versatilité, aussi bien présent aux côtés des légendes Wayne Shorter, George Duke ou Herbie Hancock, que d’artistes non moins talentueux mais dans des registres  plus populaires Quantic, Lauryn Hill, Snoop Dogg, Raphael Saadiq ou encore Kendrick Lamar… Une liste non exhaustive qui n’est pas prête de se clore !
Kamasi est devenu une référence incontournable de la nouvelle scène jazz expérimental, clairement redevable aux monstres sacrés que sont  les époux Coltrane (John et Alice), Miles Davis, Pharoah Sanders, Fela Kuti, Guru, Marvin Gaye ou Malcom X (pour ne citer qu’eux), il réinvente le modern jazz en remettant notamment au goût du jour les arrangements magistraux pour big band orchestral et en nourrissant ses compositions et ses reprises d’influences gospel, soul, impressionniste européenne et blaxploitation.
L’album se divise en 3 actes : The Plan, The Glorious Tale et The Historic Repetition.
Dans ce triple disque en forme de célébration sincère et passionnée AUX jazz, qu’il enregistra fin 2011 lors de séances marathon avec sa formation habituelle basée à Los Angeles West Coast Get Down (constituée d’amis de longue date voire d’enfance : le claviériste Brandon Coleman, le tromboniste Ryan Porter, le trompettiste Dontae Winslow, les batteurs Tony Austin et Ronald Bruner Jr, le frère de ce dernier l’exubérant bassiste Thundercat aka Stephen Bruner, le pianiste Cameron Graves, le contrebassiste Miles Mosley, la chanteuse R&B Patrice Quinn), le compositeur engagé et multi-instrumentiste militant s’offre la direction d’un orchestre de 32 musiciens et d’un chœur de 20 chanteurs, décloisonnant les styles et les genres, prenant des risques et menant sa barque là où on ne l’attend pas.
The Epic, même s’il ne révolutionne pas le genre jazz, fait forcément figure d’ovni dans le répertoire de Brainfeeder plutôt orienté abstract hip-hop et électro. Dans ce concert explosif et jouissif de 172 minutes enrobées de cordes et de voix, l’artiste ose le hors format, le hors cadre et impose sa vision d’une musique sophistiquée mais décomplexée et plurielle, empreinte d’un héritage prestigieux parcouru d’un désir féroce de liberté et d’avant-gardisme.
Le rappeur Common dit au sujet du saxophoniste ténor visionnaire et de son crew (qui se nomme aussi The Next Step) que « ces jeunes gars lui rappellent pourquoi il aime la musique ! », le journal anglais The Independant affirme quant à lui que « The Epic est la chose la plus excitante du moment, propulsant le jazz hors de sa pénombre pour au moins une dizaine d’années ! » et en effet, plus qu’une simple immersion dans la grande tradition du jazz, Kamasi lui rend hommage en nous proposant une voie alternative, une tambouille personnelle emplie de spiritualité, d’émotions, d’expressivité, de virtuosité et de surprises. Il nous livre une odyssée captivante même auprès d’un public peu enclin à se plonger dans l’univers parfois savant du jazz. 
On notera bien sûr la sublime reprise de Clair de Lune de Claude Debussy, aussi inattendue qu’enivrante, ainsi que le standard Cherokee de Ray Noble immortalisé entre autres par Charlie Parker et ici illuminé par la voix gracieuse de Patrice Quinn et le groove délicat de la section rythmique…
A découvrir d’urgence !
 
 

mardi 21 juillet 2015

Armel Dupas – Upriver (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Armel Dupas – Upriver (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le jeune pianiste nantais Armel Dupas nous offre son très intime Up River, où il résume avec élégance et nostalgie ses 10 dernières années de recherches, de tâtonnements, de découvertes et d’inspirations. Attaché aux sonorités imparfaites du Legnica (piano droit polonais) de son enfance, l’artiste y joue un jazz cinématique résolument contemporain, alimenté d’éléments et de traitements sonores électroniques subtils (orchestrés par son arrangeur Mathieu Penot) ainsi qu’imprégné d’une culture classique bien française (on pense à Erik Satie ou Maurice Ravel).

Rejoignant en 2011 la formation de la chanteuse Sandra Nkaké à l’occasion de sa tournée pour l’album Nothing For Granted, il intègre en 2014, entre autres projets, le prestigieux Sky Dancers Quintet du contrebassiste Henri Texier et de là se voit programmé dans les salles et les festivals comptant parmi les plus illustres de la sphère jazz.

Egalement très actif dans le milieu du cinéma, il compose pour Michel Gondry ou Arnaud Desplechin… Cette capacité à plonger son auditoire dans des paysages imaginaires à grand renfort d’un son minimaliste captivant s’exprime dans Up River à travers 11 pièces pour piano arborant comme le dit Texier un « jazz figuratif » gorgé d’émotions et de délicatesse. Armel nous ballade ainsi dans un espace électro-acoustique où se côtoient pop, ambient, chanson, puis jazz et musique classique bien sûr.

On remarquera dans un Aujourd’hui Il a Plu vibrant et touchant, la présence de la chanteuse Chloé Cailleton et de la saxophoniste alto Lisa Cat-Berro!

mercredi 22 avril 2015

Surnatural Orchestra - The Lost Tapes EP

Surnatural Orchestra - The Lost Tapes EP

Composé d'une vingtaine de jeunes musiciens le Surnatural Orchestra est un peu notre Dirty Dozen Brass Band hexagonal, un big band fougueux et créatif au son puissant et contemporain. Accordant un large espace à l'improvisation collective dirigée par signe (technique du Soundpainting venue des U.S.), l'orchestre n'en finit pas d'étaler ses sonorités cuivrées obsédantes autour d'un répertoire écrit en commun, puisant ses influences dans un tas de styles allant du klezmer au tango en passant par le funk, la musique de film, l'éthiojazz mais aussi les musiques populaires anciennes et modernes, d'ici et d'ailleurs.

The Lost Tapes EP se compose de deux titres, Happy Doggy qui déploie pendant presque 6 minutes les accents enjoués d'une northern soul éthiopique et Petit Duc, évoquant dès son ouverture l'univers des B.O. de Lalo Schifrin du temps des 60's (époque de la série Mission Impossible)... Bref un jazz expressif, débridé, vivace et visuel.

Ci-dessous un lien vers leur site:

mardi 7 avril 2015

Sacri Cuori – Delone (Glitterbeat/Differ-Ant)


Sacri Cuori – Delone (Glitterbeat/Differ-Ant)
Nous parlions il y a peu du quartet La Batteria, qui rendait hommage à l’âge d’or de la musique de film de l’Italie des années 60 et 70… Leurs compatriotes de Sacri Cuori, originaires de Romagne, nous proposent eux aussi leur B.O. imaginaire influencée par celles des immenses Rota, Morricone ou  Ortolani et agrémentée de sonorités empruntées à la cumbia mexicaine et façonnée d’accents psychédéliques, folk-rock et blues. Pour leur nouveau projet intitulé Delone, ‘’les 3 enfants bâtards de Fellini’’, comme ils aiment se définir, menés par le guitariste et compositeur Antonio Gramentieri, ont invité quelques guests prestigieuses parmi lesquelles on compte le guitariste américain Marc Ribot, le batteur de Sonic Youth Marc Shelley ou la diva Carla Lippis. Un titre nous a touchés plus particulièrement, il se nomme Serge et fait un clin d’oeil non dissimulé à l’album que notre génial Gainsbourg composa en 1971, l’Histoire de Mélody Nelson.

Voici le clip...

ci-dessous un extrait de leur album Rosario enregistré en 2012

samedi 4 avril 2015

DJ Cam - Miami Vice (Inflamable Records)

DJ Cam - Miami Vice (Inflamable Records)



L'un des producteurs français les plus appréciés de la scène électronique depuis ses débuts dans l'abstract Hip-Hop avec Underground Vibes en 1994 et surtout The Beat Assassinated en 1998, nous revient, après son dernier LP sorti en 2011, avec la bande originale imaginaire de la série culte des années 80, Miami Vice oú Deux Flics à Miami.

Abreuvé des 5 saisons de nos deux super flics campés par Don Johnson (dans le rôle de Sonny Crockett) et Philip Michael Thomas (dans celui de Ricardo Tubbs), Laurent Daumail aka DJ Cam a choisi, 25 ans après, de composer sa propre vision musicale des aventures du duo plongé dans des intrigues de trafiques de drogue et de meurtres sordides, au centre d'un décors de rêve et sous un soleil rayonnant où seuls les palmiers et les silhouettes de sublimes déesses à moitié nues pouvaient leur offrir un peu d'ombre et de répit. 

Nous remémorant les 50 mn par épisode d'immersion oú plages de sable fin, bikinis et grosses sportives rythmaient les pérégrinations du couple de playboys, les beats et les nappes de Dj Cam font insidieusement leur office en proposant un road-trip gorgé de sensualité hip-hop instrumental, lignes de basse bien rondesboucles classieuses, scratchs bien placés, samples bien trouvés et influences G-funk old-school nous bercent délicieusement. Le spectres des Warren G. et Snoop Doggy Dog des 90's nous y accompagnent bien sûr, mais le beatmaker nourrit aussi son hommage de sonorités footwork, trap, dubstep, jazzy et deep house plus qu'appréciables.
Qui ne se souvient pas de son excellent projet house baptisé Soulshine paru en 2002, dont le titre Summer In Paris interprété par la chanteuse pop Anggun avait embrasé les ondes. C'est ce fameux single qui constitue d'ailleurs la seconde actualité de Dj Cam en ce début d'année 2015, avec sa réédition enrichie des remix de Pablo Valentino, Vect, Reflex, Nikitch et Lifelike.
 
La musique était omniprésente dans la série, alternant scènes d'action et longues séquences musicales défilant dans une ville de lumière et de paillettes qui est devenue la terre d'accueil de notre vétéran de la team de Bob Sinclar, à l'époque où feu le label Yellow Productions illuminait la french touch.
 
Tout n'était pas rose dans la vie de nos deux héros sapés de leurs costumes amples et filmés à la manière des pop-stars d'un clip vidéo, en effet malgré les couleurs rose flamant, vert citron oú bleu des Caraïbes du sud de la Floride, le cinéaste Michael Mann portait un intérêt tout particulier à l'humain, à ses travers, à ses angoisses et ses névroses. Cam y fait aussi allusion dans sa manière de construire ses textures, arborant souvent des reflets dark et mélancoliques, apportant gravité et épaisseur à l'image idylique souvent véhiculée par Miami Vice.

L'artiste produit un disque aux ambiances cinématiques que l'on découvrait déjà en 2011 - quoiqu'en un peu plus ensoleillées - avec le radieux Seven. Il invite au détour d'un sample au ralenti de l'hymne In The Air Tonight de Phil Collins, Earl Davis (aucune info sur lui à ce jour) et plus loin le pionnier du gangsta rap MC Eiht sur Music To Drive et Street Life, inondant de son flow à l'ancienne un Miami Vice plus que crédible dans son rôle de score pour - pourquoi pas - une prochaine adaptation au cinéma des aventures de Crockett et Tubbs.