mercredi 18 février 2015

Mohamed Abozekry & Heejaz Extended – Ring Road (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Mohamed Abozekry & Heejaz Extended – Ring Road (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le jeune musicien d’origine égyptienne et sacré meilleur joueur de oud du monde, Mohamed Abozekry, nous propose dans son second opus intitulé Ring Road 7 titres-fleuves riches et somptueux, à la croisée des influences arabo-andalouses, des traditions classiques et modernes du Moyen Orient, du jazz et des musiques latines, tziganes et indiennes. Dès la première écoute, virtuosité et qualité d’improvisation mènent la danse, puis les mélodies enivrantes d’un Orient sublimé et métis font leur œuvre et nous accompagnent dans un univers coloré et moderne. Les tablas y côtoient la darbouka (Anne-Laure Bourget), le oud le piano (Ludovic Yapoudjan) et le saxophone (Benoît Baud) la contrebasse (Hugo Reydet), dans un répertoire de compositions aux rythmiques soutenues dont le groove magistral nous est servi par un Heejaz Extended inventif et magique !
 
 
 

mardi 17 février 2015

Push Up! – The Day After (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Push Up! – The Day After (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Lancé par le flutiste Jî Dru, la diva Sandra Nkaké et le claviériste varois Jean Phi Dary, le collectif Push Up ! prend forme en 2009 avec pour objectif de rendre hommage à la black music. Touchant à plusieurs de ses registres dont le reggae/dub, le hip-hop, la soul, l’ethio jazz, le rock ou le funk, The Day After regorge d’accents psychédéliques vintage au groove décapant et festif, en partie délivrés par les accords saturés du guitariste Matthieu Ouaki. Narrant l’histoire au passé trouble d’un personnage de fiction nommé Quincy Brown, The Grand Day Of Quincy Brown paru en 2010, posait déjà les bases musicales et scéniques de cette aventure black soul rock. Ce dernier opus confirme l’efficacité et l’énergie de Push Up !, renforcées par les lignes de basse de Toscano Jeanniard, la batterie de Nico Rajao et les voix du poète Allonymous et du chanteur Karl The Voice.

 
ci-dessous un extrait de leur précédent album "The Grand Day Of Quincy Brown"

lundi 16 février 2015

Justin Kauflin – Dedication (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Justin Kauflin – Dedication (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Jeune prodige du jazz, le pianiste américain Justin Kauflin publie Dedication, son premier opus d’envergure internationale signé par Quincy Jones ! Atteint de cécité à l’âge de 11 ans, le piano devient son instrument de prédilection au dépens du violon. Remarqué et formé par le trompettiste mythique Clark Terry (né en 1920 et disparu ce 22 février 2015) , le virtuose installé à New York depuis 2008 nous offre 12 compositions originales, interprétées en quartet et en trio, dont 7 rendent hommages à ses mentors les pianistes John Toomey et Liz Barnes ou à ses amis les batteurs Billy Williams (présent sur l’album) et Jay Sinnett. Ses ballades comme ses titres aux rythmes plus soutenus se nourrissent du son des légendes - Art Tatum, Bud Powell, Herbie Hancock Mulgrew Miller ou encore Dave Brubeck - et attestent d'une construction spacieuse et élégante, mettant en avant l'écriture de Kauflin mais aussi l'interprétation qu'en font ses musiciens. Le jeu de Justin est ample, aérien, raffiné et fluide; entouré du contrebassiste Christopher Smith ainsi que des guitaristes Matt Stevens (dont la présence est radieuse) et Etan Haziza (à la guitare acoustique), il élabore des ambiances où les mélodies sont enivrantes et accrocheuses, déployant un groove soyeux et communicatif rappelant la force tranquille d’un Bill Evans (son modèle). Dedication est un disque charmant et accessible qui ravira par ses accents délicats les amateurs de jazz scandinave.

vendredi 13 février 2015

Kyle Eastwood – Time Pieces (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Kyle Eastwood – Time Pieces (Jazz Village/Harmonia Mundi)

L’immense bassiste et contrebassiste qui nous avait enthousiasmé avec son précédent The View From Here paru en 2013, revient avec un magistral Time Pieces, sonnant comme un hommage aux maîtres du hard bop. Toujours en quintet, il a conservé le tandem Andrew McCormack au piano et Quentin Collins à la trompette, puis s’est entouré du batteur cubain Ernesto Simpson et du saxophoniste Brandon Allen. Kyle Eastwood nous livre un disque au groove élégant et inspiré, l’artiste reprend avec classe le Dolphin Dance d’Herbie Hancock et le Blowin’ The Blues Away d’Horace Silver, ancrant définitivement l’esthétique de l’album dans le registre jazz du tournant des 60’s. Avec Caipirinha et Prosecco Smile sa musique se pare d’accents latins, tandis que la reprise de sa propre composition pour le film de son père Letters From Iwo Jima et le titre Nostalgique nous offrent un jazz atmosphérique aux mélodies touchantes et aériennes. Eduqué au son des vinyles de Duke Ellington ou Count Basie que son père passait et fasciné par ses aînés Ray Brown et John Clayton, qui lui transmirent le vice de la contrebasse, le compositeur poursuit son aventure musicale amorcée en 1998 avec son From There To Here, alternant ses album et ses compositions pour le cinéma (Mystic River, Gran Torino ou encore Invictus réalisés par Clint).

 

jeudi 12 février 2015

La Batteria – La Batteria (Penny Records/Differ-Ant)


La Batteria – La Batteria (Penny Records/Differ-Ant)

Le quartet La Batteria rend hommage à l’âge d’or de la colonna sonora italiana en publiant son premier opus instrumental au titre éponyme chez Penny Records. Emanuele Bultrini (guitares, mandoline), David Nerattini (batterie, percussions), Stefano Vicarelli (claviers) et Paolo Pecorelli (basse) nous y exposent leur univers sonore largement influencé par la musique du cinéma italien des années 60 et 70 écrite et dirigée, entre autres, par des légendes telles qu’Ennio Morricone. Issus d’horizons variés, les musiciens se la réapproprient en y incorporant des sonorités empruntées aux scènes post-rock, indie-pop, jazz expérimental, hip-hop et afro beat. Les 12 titres alternent ainsi les ambiances krautrock cosmiques, italo-disco et funky, agrémentées d’accents vintage et psychédéliques.

lundi 9 février 2015

Xiomara Laugart - Tears And Rumba (Chesky Records)


Xiomara Laugart - Tears And Rumba (Chesky Records)

La chanteuse cubaine Xiomara Laugart fait partie de cette diaspora exilée aux US qui partage et fait vivre la culture musicale d’une ile qui s’apprête enfin à sortir de plus de 50 ans d’embargo. Respectée pour sa maîtrise du répertoire classique de Cuba - guajira, son, rumba -  et de la nueva trova (chansons engagées des années 50 et 60), la diva a décidé pour son dernier Tears And Rumba de rendre hommage à l’âge d’or de la musique poético-romantique cubaine des années 20 et 30 - la trova - avec des reprises incontournables de pionniers tels que Maria Teresa Vera et Miguel Matamoros. Etonnamment ressemblante à celle de son aînée CeliaCruz, la voix de Xiomara, authentique et vibrante, nous accompagne durant 12 titres sensuels sur des rythmes enivrants de la rumba afro-cubaine, combinant les traditions ouest africaines, caribéennes et européennes.

vendredi 30 janvier 2015

Boubacar Traoré – Mbalimaou (Lusafrica)


Boubacar Traoré – Mbalimaou (Lusafrica)

Il est des sonorités qui touchent et s’adressent à tous, sans distinction de culture,  de situation géographique ou temporelle… Le blues fait partie de ces langages musicaux universels traversant les âges et les continents, le chanteur, guitariste et compositeur malien Boubacar Traoré nous le prouve une fois de plus avec son nouveau Mbalimaou. A 73 ans, Kar Kar signe 12 titres acoustiques poignants et roots nous immergeant dans la culture mandingue et l’univers poétique nostalgique et mélancolique d’un septuagénaire qui n’a de cesse d’affiner son chant et son jeu de guitare depuis ses débuts dans les 60’s. Devenu une référence incontournable au Mali, Boubacar a, pour la première fois, intégré le traditionnel n’goni (violon africain) et l’incontournable kora, interprétée ici par l’immense Ballaké Sissoko, que l’on retrouve d’ailleurs à la production de ce disque sobre et vibrant.

dimanche 25 janvier 2015

The Avener - The Wanderings Of The Avener (96 Music/Universal Music Division Capitol Music France)


The Avener - The Wanderings Of The Avener (Universal Music Division Capitol Music France)

Auteur d’un track internationalement salué par un public aficionado d’un son deep-house délicat et gorgé de vibes pop, folk, soul, jazz, blues et rock, le français The Avener, nom de scène de Tristan Casara, publie son premier disque intitulé The Wanderings Of The Avener. Le niçois a fait ses premières armes de Dj au sein du High Club - appartenant au comique Franck Dubosc - campant face à la Promenade des Anglais (…ça c’était pour la petite anecdote !).

Le succès de son premier single Fade Out Lines (emprunté au répertoire de Phoebe Killdeer and the Short Straws), s’inscrit dans la continuité des productions en vogue de Wankelmut, Alle Farben, Fritz Kalkbrenner, Claptone ou encore Route 94. À sa sortie il laissait déjà présager un goût prononcé pour l’art du rework raffiné et radieux.

La découverte de l’album ne nous déçoit pas puisqu’on y retrouve les beats ouatés mid-tempo, les samples aux sonorités chaudes et les lignes de basse lourdes et entrainantes qui avaient fait leurs preuves auprès du dancefloor. The Avener vise forcément l’efficacité et la bonne réception de ses ondes positives par un large auditoire, cependant on ne peut que constater l’étendue d’une culture musicale de bon goût, étoffée et variée, allant du blues roots de John Lee Hooker (auquel il rend hommage dans son remix de It Serves You Right to Suffer ) au rock indie 90’s de Mazzy Star (avec Fade Into You), en passant par la folk des canadiennes de The Be Good Tanyas (Waitin' Round to Die) ou la soul sensuelle d’Andy Bey (Celestial Blues).



Le jeune Tristan a bien digéré l’impact d’artistes comme Moby ou appartenant à la mouvance french touch et leur rayonnement sur la scène électro actuelle, il accouche ainsi d’un disque réussi, déclinant en 14 titres cohérents une recette bien éprouvée (certes, mais au combien efficace) consistant en un mélange habile de séquences électroniques, d’instruments, de voix naturelles et d’accents acoustiques… Il projette d’ailleurs, pour de futurs enregistrements, de faire intervenir plus de musiciens et moins de claviers, histoire d’humaniser encore un peu plus sa vision de l’EDM !
 


Björk - Vulnicura (One Little Indian)

Björk - Vulnicura (One Little Indian)

La grande prêtresse islandaise, Björk, sortait discrètement ce mercredi 21 Janvier 2015 son 8ième album studio intitulé Vulnicura.
Ce qui rassure à l'ouverture de ce disque qui clôt un chapitre important de sa vie affective, c'est que la musicienne n'a rien perdu de son génie, de cette force à imaginer des ambiances, des mélodies, des arrangements hybrides et sensuels.
Vulnicura met en musique l'assaut des spectres menaçants qu'une séparation amoureuse peut engendrer. Ce déferlement des passions les plus troubles et les plus sombres alimente pourtant un réservoir créatif sans limite, que Björk annonce d'emblée dans son titre en forme de mot valise résumant les 3 étapes de la déception sentimentale: Vulnérable Volcanique Cure.

Son précédent Biophilia nous plongeait dans un univers technoïde conceptuel et barré qui, pour ma part, allait trop loin dans les expérimentations... Ici, nous retrouvons les orchestrations de cordes sophistiquées et épiques que nous écoutions dans l'immense Homogenic, son 5ième opus paru en 1997 (Björk a d'ailleurs déclaré être devenue "une nerd du violon" pour parer sa détresse).

Sa voix, si sublime et si unique habite les 9 titres de Vulnicura avec la clarté cristalline de ses débuts. Elle erre dans des décors magistraux et grandioses, où les productions électroniques bourdonnantes, faites d'abstract, d'indus et d'ambient, brossées par le vénézuélien Arca (Kanye West, FKA Twigs...) et l'anglais The Haxan Cloak, nous conduisent droit vers l'asphyxie, l'angoisse, la perte de connaissance, où tous repères se dissolvent dans des entrelacs soniques complexes et parfois futuristes (sans pour autant devenir inaudibles et indigestes). Sa rencontre avec les deux producteurs aura heureusement fait de "ce disque étrange, l'album à la fois le plus douloureux et le plus magique de sa carrière !"

Björk se livre corps et âme et on ne peut que saluer la forme, sans retenue elle étale ses émotions, avec langueur ces complaintes enivrantes deviennent radieuses (Lion Song), abrasives (History Of Touches) ou glaçantes (Black Lake), frôlant parfois le dubstep (Quicksand).

L'artiste conçoit ses chansons avec dramaturgie en leur édifiant différents mouvements, l'angoissant Family par exemple, nous fait croire être un temps victime d'acouphènes, puis au bout de 3 minutes se remet en ordre en s'apparentant à un extrait pour quatuor à cordes de musique de chambre, avant d'entamer une montée au violon oppressante et théâtrale, pour finalement mourir et se répandre dans un abysse électronique.

L'incisif Not Get et sa mélodie orientalisante nous happe dans un enchainement progressif de beats et de drones assourdissants, Björk  y déploie une voix à la fois lente, monotone et pugnace !

Le chanteur new-yorkais Anthony Hegarty (Anthony & the Johnsons, Hercules & Love Affair...) vient apporter un chœur soul à la délicieuse ballade Atom Dance, rythmée par des cordes pincées somptueuses et la marche militaire d'une caisse claire syncopée. On se surprend à repenser dans les premières secondes à cette reprise mémorable de It's Oh So Quiet, immortalisé en 1951 par Betty Hutton, que seule Björk a su mener avec justesse... Shhhh Shhhh...!






Vulnicura est curatif, il marque la renaissance d'une icône de la musique électronique. Elle y signe des textes comme tirés du journal intime d'une ado en souffrance, marquée par "la rupture la plus douloureuse de son existence". Elle était mariée au plasticien américain Matthew Barney - une idylle qui vit naître leur fille Isadora - mais elle ne l'est plus et la vie doit continuer !

vendredi 23 janvier 2015

Silk Rhodes – Silk Rhodes (Stones throw Records)


Silk Rhodes – Silk Rhodes (Stones throw Records)

Silk Rhodes publiait en Décembre 2014 son premier opus au titre éponyme sur le prestigieux label californien Stones Throw - l’exigeante maison de disque orientée hip-hop underground a signé de véritables légendes du beatmaking comme Jay Dilla (RIP), Madlib, Dudley Perkins, MF Doom ou encore Percee P - Peanut Butter Wolf (patron du l’écurie) a véritablement eu le coup de cœur pour leurs sonorités sensuelles et racées, aux accents psychédéliques, funky et méditatifs surgis d’un autre temps.

Le duo originaire de Baltimore et composé du producteur Michael Collins et du chanteur Sasha Desree, nous présentait alors leur soul cosmique au groove minimaliste renouant avec la tradition classique des 70’s, dont The Delfonics de Philadelphie ou encore l’immense Al Green figurent parmi les piliers.

Si leur son est dépouillé, leur look s’avère l’être beaucoup moins ! En effet nos deux dandies arborent un style kitsch-vintage semblant tout droit sortie d’un film de Tarantino ou d’un clip de Prince (qui semble être une de leurs références musicales). Vêtus de chemises à jabot, de colliers de perles, de blazers et de pantalons à taille haute et pattes d’éléphant, l’un porte de longs cheveux bouclés et une fine moustache, l’autre une barbe bien taillée et un chignon lâche…

Pour l’anecdote, l’album est né sur la route, dans une voiture, un Honda CR-V 97’ exactement ! Une pédale pour harmoniser, auto tuner et faire des boucles, un micro, le radiocassette pourri du bolide et la voix de Sasha, douce, langoureuse, dramatique et captivante, formée au chant classique.

En résultent 12 ballades aux atmosphères romantiques, organiques et suaves… Sauf 2 peut être, habitées d’un groove plus assassin et ensorceleur que les autres, le très sexy Face 2 Face et Personal Use, plus electro funk…presque deep house !

Les productions épurées de Michael sont parfaitement élaborées pour évoquer les arrangements magiques et efficaces de Sly And The Family Stone sans pour autant donner l’impression d’en être de vulgaires plagiats. Les influences bien actuelles du R&B et de la nusoul sont perceptibles, comme celles de la pop et du rock, ce qui fait de  Silk Rhodes une entité bien différente des signatures vintage de Daptone Records (que j’apprécie par ailleurs).

C’est en état d’apesanteur que l’auditeur parcourt donc ces 30 minutes de pur bonheur, bien au chaud dans l’univers soul soyeux et délicat d’un tandem à suivre de près !

mercredi 21 janvier 2015

Olivier Sens + Juanjo Mosalini – Dicrete Time (ZAM/Socadisc)


Olivier Sens + Juanjo Mosalini – Discrete Time (ZAM/Socadisc)

Discrete Time est le produit d’une collaboration inédite de deux musiciens d’exception, le contrebassiste/programmeur français Oliver Sens et le bandonéoniste argentin Juanjo Mosalini. Les sonorités acoustiques de leurs instruments respectifs se mêlent à des nappes et des rythmiques électroniques sophistiquées mais discrètes. Le lyrisme virtuose du bandonéon s’appuie sur l’assise délicate et langoureuse de la contrebasse, la programmation venant théâtraliser avec finesse cet accord subtil mêlant la créativité et l’improvisation du jazz à l’expressivité et la sensualité du tango.


Giovanni Mirabassi Quartet – No Way Out (CAM Jazz/Harmonia Mundi)


Giovanni Mirabassi Quartet – No Way Out (CAM Jazz/Harmonia Mundi)

Considéré comme l’un des plus jeunes musiciens de la génération des « italiens de Paris », le pianiste et compositeur autodidacte Giovanni Mirabassi publie son nouveau projet personnel intitulé No Way Out. Souvent remarqué en tant qu’accompagnateur dans le milieu de la chanson, il s’illustre aussi dans différentes formations jazz aux côtés de Louis Moutin, Flavio Boltro ou encore Leon Parker. Ici le quadragénaire, accompagné du batteur cubain Lukmil Perez Herrera et du contre-bassiste Gianluca Renzi, invite l’excellent vibraphoniste de Los Angeles Stefon Harris. Le quartet nous propose 8 compositions pleines de fraîcheur et d’élégance, aux mélodies exquises et ensorceleuses. Le disque sonne très jazz américain moderne et évoque immanquablement l’âge d’or de Blue Note des années 60.
Ci-dessous un extrait de son opus Cantopiano paru en 2006, dans lequel Giovanni rendait hommage à la chanson française.


lundi 19 janvier 2015

Mark Ronson – Uptown Special (Columbia/Sony Music)


Mark Ronson – Uptown Special (Columbia/Sony Music)

En ce début d’année plutôt troublée (on évitera de s’étendre sur le sujet !), voici un remède efficace contre les maux de tête et les crises d’angoisse, l’album Uptown Special… En effet le beatmaker anglais Mark Ronson, guitariste, chanteur et Dj, qui s’est illustré aux côtés de Robbie Williams, Adele, Amy Winehouse (RIP), Maroon 5, Duran Duran ou encore Nate Dogg (RIP), nous propose son 4° disque aux influences disco, funk, jazz-rock, soul, britpop, hip-hop et R&B.

Largement inspiré et influencé par son mentor, son « number 1 hero » comme il dit, Stevie Wonder présent à l’harmonica dans l’intro et l’outro, Ronson s’est entouré de véritables pointures, toutes inattendues comme à son habitude.

Il a judicieusement fait appel au chanteur australien Kevin Parker de Tame Impala qui inonde de sa voix douce et de son aura psyche pop 3 titres somptueux, convoquant avec une certaine nostalgie les souvenirs de John Lennon d’un côté (Leaving Los Feliz)et des Delfonics de l’autre grâce à des productions sonnant très philly soul (Summer Breaking).

L’américain Andrew Wyatt de la formation indie-pop suédoise Miike Snow, nous replonge quant à lui dans les plus beaux moments de la carrière de Stevie, lorsqu’il nous enivrait de ballades au groove sensuel (Uptown First Finale et Heavy And Rolling)… Dans Crack In The Pearl où le spectre de Frank Ocean semble planait, Mark invente une nappe instrumentale nébuleuse et planante sur laquelle Andrew déploie une soul étourdissante et profonde.

Avec Feel Right, le rappeur de la Nouvelle Orléans Mystikal (on se souvient de son sulfureux Shake Ya Ass) prend les allures d’un géant à l’organe de James Brown et au flow de Busta Rhymes, le maestro lui concocte une instru des plus funky, digne d’un arrangement de Fred Wesley pour les JB’s.

Uptown Funk n’est quant à lui plus à présenter, l’artiste l’a voulu comme un clin d’œil à ses débuts en tant que DJ, alors qu’il officiait pour le gotha de La Grosse Pomme ! Premier single et énorme succès, on y écoute un Bruno Mars au sommet de son art, Prince, Earth Wind & Fire et Marcus Miller paraissent s’être donnés rendez-vous pour un moment d’anthologie… A noter la présence du guitariste Tommy Brenneck des Dap Kings… dans le genre rythmique sexy au groove contagieux il n’y a pas mieux !

Dans la même veine, Ronson poursuit son immersion dans le funk des années 80 avec I Can’t Lose, autre tube en puissance où la toute jeune Keyone Starr prend des airs de France Joli lorsqu’elle interprétait en 1981 le fabuleux Gonna Get Over You.

In Case Of Fire, interprété par Jeff Bhasker, producteur, pianiste et compositeur américain (Alicia Keys, Beyoncé, Kanye West) ayant coécrit une grande partie d’Uptown Special avec la complicité d’Emilie Haynie (Eminem, Lana Del Rey) et de l’écrivain essayiste Michael Chabon, est un savoureux mélange de pop, de R&B et de soft rock. Mark a créé son riff de guitare en s’appuyant sur une ligne de violoncelle qu’avait pensé Rufus Wainwright pour Jericho, extrait de son dernier album. L’anglais l’a adapté en s’inspirant du texte de Chabon, il en résulte ses sonorités si familières qui personnellement me rappellent Bad et notamment The Way You Make Me Feel, réalisé par Michael Jackson (RIP) en 1987.

Bref, autant dire que Mark Ronson nous balance du lourd, les puristes diront qu’il s’est fourvoyé, se laissant tomber dans le confort et l’ivresse du mainstream… C’est certain que le son d’Uptown Special n’a pas la pureté brute du Back To Black d’Amy Winehouse, qu’il avait produit en 2006, mais on ne peut que tomber sous le charme de ce disque à l’énorme potentiel dancefloor et aux couleurs fluorescentes des 80’s.





vendredi 16 janvier 2015

Noëmi Waysfeld & Blik – Alfama (Awz Records/L’Autre Distribution)


Noëmi Waysfeld & Blik – Alfama (Awz Records/L’Autre Distribution)

Le fado chanté en yiddish…! Qui aurait pensé un jour écouter la fusion de ces deux univers à priori aux antipodes l’un de l’autre ? Le portugais ne serait donc plus la langue officielle de cet enivrant chant mélancolique immortalisé par son ambassadrice Amalia Rodrigues ? La jeune parisienne Noëmi Waysfeld et son groupe Blik (« regard » en yiddish) réunissent dans leur dernier projet, baptisé Alfama, la saudade portugaise et la nostalgia polonaise. Le chant de Noëmi sorti tout droit des quartiers juifs d’Europe de l’est se nourrit de la tradition musicale des bars lisboètes, il aborde le thème inlassable des amours perdues, déchirées, éloignées et maudites. Succédant à Kalyma, qui ressuscitait la complainte des prisonniers sibériens et se réappropriait les traditionnels yiddish, Alfama sera suivi d’un ultime volet, évoquant l’histoire des migrants russes fuyant vers les Etats-Unis. Un triptyque sur l’exil…  
 

Antonio Castrignano - Fomenta – Ilenu De Taranta (Ponderosa/Harmonia Mundi)


Antonio Castrignano - Fomenta – Ilenu De Taranta (Ponderosa/Harmonia Mundi)

Nous découvrions il y a peu le dernier opus de la chanteuse Maria Mazzotta, qui faisait un clin d’œil à sa région natale du Salento avec le violoncelliste Redi Hasa, c’est au tour d’un autre natif des Pouilles dans le sud de l’Italie de nous transmettre la vitalité de ce folklore enjoué datant du XVII° siècle et baptisé Tarantelle. Le chanteur Antonio Castrignano est un de ces rares artistes à interpréter ces rythmes effrénés et ces mélodies endiablées. Avec Fomenta – Ilenu De Taranta, il nous montre la musicalité, l’énergie et l’esprit festif que dégage cette tradition qui donnait lieu à de grandes fêtes païennes où la danse « Pizzica » conduisait à la transe ! On y retrouve ces sonorités fougueuses de nos médiévales farandoles, colorées d’accents orientaux et balkaniques.

 

Wang Li – Past . Present . Future (Zaman Prod/Buda Musique)


Wang Li – Past . Present . Future (Zaman Prod/Buda Musique)

 
 

Il est des projets musicaux qui, au premier abord, semblent bien éloignés de ce que l’on considère, la plupart du temps, comme chose musicale. Past . Present . Future, du musicien basé à Paris Wang Li, est un de ces projets aux accents expérimentaux qui surprend et repousse pour finalement happer l’auditeur au gré de ses explorations méditatives entre tradition et avant-garde… En effet, ce spécialiste de la guimbarde chinoise et de la flûte à calebasse nous plonge dans un espace sonore aux frontières floues, les ambiances y sont sombres et mystérieuses, parasitées par des effets électroniques diaphoniques aux résonnances à la fois intimistes et hypnotiques. La musique de Wang Li rappelle parfois celle des aborigènes australiens et leurs didgiridoo, mais évoque aussi la diphonie des chants tibétains… Les pulsations sourdes et amplifiées émises par les vibrations de la guimbarde dans la bouche de l’artiste engendrent même des beats métallisés proches de ceux de certaines productions électro minimal.


jeudi 15 janvier 2015

Raphaël Faÿs - Circulo De La Noche (Label Ouest/L’Autre Distribution)


Raphaël Faÿs - Circulo De La Noche (Label Ouest/L’Autre Distribution)

Raphaël Faÿs est un musicien virtuose qui anime les nuits parisiennes depuis le début des années 70, faisant sonner sa six-cordes dans les bars et restaurants prestigieux de la capitale. Il excelle aussi bien dans le répertoire jazz hérité de son père, que dans celui de son idole Paco De Lucia (RIP) ou encore des maîtres classiques. Le guitariste nous présente son nouveau projet intitulé Circulo De La Noche, distribué sous la forme d’un triple album. Passionné très tôt par la musique de Django Reinhart, il s’abandonne au flamenco à la fin des années 80 se faisant notamment remarquer par sa technique véloce au médiator dite « poua ». Synthétisant les styles manouche et hispano-andalou, le guitar-héro, habitué aux pièces jouées en solo, donne ici au chant « cante » et à la danse « baile » une dimension bien plus importante, enracinant davantage sa vingtaine de compositions dans la grande tradition flamenca.
Enregistré courant 2014, c'est suite au décès de Paco que Raphaël décida de lui dédier sa laborieuse trilogie, clôturant son troisième volume avec le fameux Concierto d'Aranjuez de Joaquin Rodrigo, repris brillamment en 1991 par Paco lui-même et immortalisé auparavant par Miles Davis dans son fabuleux Sketches Of Spain, arrangé par Gil Evans rn 1960.
 
 

jeudi 8 janvier 2015

Pura Fé – Sacred Seed (Nueva Onda Records/Harmonia Mundi)


Pura Fé – Sacred Seed (Nueva Onda Records/Harmonia Mundi)

Pura Fé est une chanteuse américaine issue d’un peuple amérindien nommé Tuscanora. Artiste complète, activiste écologiste militant pour la survie de son patrimoine culturel, elle publie sur le label français Nueva Onda Records son cinquième opus baptisé Sacred Seed. Influencée par le blues de Charley Patton ou Taj Mahal (Spirit In The Sky), la musique folk de Joni Mitchell (My People My Land), le jazz de Duke Ellington (In A Sentimental Mood) et la soul de la Motown (Hiyo Stireh), Pura Fé nous livre un recueil de 12 titres largement imprégnés du chant et des rythmes des Native Peoples (Pigeon Dance), « ayant fait partie de l’évolution de la musique américaine ». A noter la participation des français Jean Jacques Milteau à l’harmonica et Mathis Haug aux guitares et à la production.

 

Redi Hasa & Maria Mazzotta – Ura (Finis Terre/Orkhêstra)


Redi Hasa & Maria Mazzotta – Ura (Finis Terre/Orkhêstra)

Voulant bâtir des passerelles entre la musique populaire d’Italie du sud et le folklore des balkans, la chanteuse Maria Mazzotta et le violoncelliste Redi Hasa en revisitent les fondamentaux, de manière singulière et profondément moderne, y intégrant des ingrédients empruntés à la musique de chambre et au jazz. Le duo formé en 2010 nous présente leur dernier projet baptisé Ura (se traduisant par « pont » en albanais). Véritable voyage sonore, on y (re)découvre par exemple un traditionnel de la région des Pouilles Maria, sublimé par un dialogue de cordes complices tissées entre les deux virtuoses et l’enivrant Ederlezi, un classique du folklore rom, imprégné de l’expressivité naturelle du violoncelle et de la fluidité cristalline d’une voix au vibrato maîtrisé à la perfection. Tous deux parviennent en effet à traduire en mélodies et en rythmes tous les paysages, toutes les couleurs et les émotions que dégage leur univers onirique, bâti à partir de leurs racines respectives.

 

mercredi 7 janvier 2015

Hommage aux victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo



Un acte sidérant perpétré contre un symbole de la liberté de penser et de s'exprimer... Les mots aujourd'hui ne seront malheureusement pas à la hauteur... Mais demain l'intelligence, l'humour et la caricature devront reprendre leur combat contre l'obscurantisme !

Manu Théron, Youssef Hbeisch, Grégory Dargent – Sirventès (Occitan Protest Songs) (Accords Croisés/Harmonia Mundi)


Manu Théron, Youssef Hbeisch, Grégory Dargent – Sirventès (Occitan Protest Songs) (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Le sirventès est un texte en vers chanté par les troubadours du XIII° siècle en Provence, il s’agit d’une poésie contestatrice à caractère satirique s’en prenant aux puissants et à l’église de l’époque. L’art poétique du Trobar, redécouvert au XIX° par des auteurs tels que Mistral ou Mallarmé, nous est présenté ici par Manu Théron, considéré comme un pilier du renouveau musical de l’héritage occitan. Le chanteur est accompagné du joueur de oud et arrangeur Grégory Dargent ainsi que du percussionniste Youssef Hbeisch. S’inspirant des mélodies médiévales originales, le trio nous livre un recueil de 10 poèmes incisifs et enragés du Pays d’Oc, extraits du patrimoine populaire d’une société rebelle.

mardi 6 janvier 2015

Alireza Ghorbani – Eperdument… (Accords Croisés/Harmonia Mundi)


Alireza Ghorbani – Eperdument… (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Eperdument… nous plonge dans l’ivresse et la beauté du chant persan, bien loin de l’influence musicale occidentale audible dans le paysage sonore contemporain en Iran. Le chanteur virtuose Alireza Ghrorbani et le jeune compositeur Saman Samimi nous présentent 9 titres enivrants, où la poésie des grands maîtres soufis alliée à la richesse de la musique classique persane aborde le thème de l’amour et des vertiges qu’il engendre. Les textes de poètes mystiques médiévaux comme Rûmi ou Abusa’id Abolkhayr figurent aux côtés de ceux, plus modernes, d’Aaref Qazvini ou Fereydun Moshiri. 1000 ans d’histoire sont ainsi réunis dans un recueil de chants d’amour transcendés, interprétés avec brio par une voix enracinée dans la tradition et désireuse de partager un patrimoine essentiel.
Ci-dessous en live au Théatre de l'Atelier en Octobre 2010, avec Dorsaf Hamdani sur un extrait de son précédent album intitulé Ivresses :