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jeudi 6 octobre 2016

Dj Click - Labesse Club (No Fridge)

Dj Click - Labesse Club (No Fridge)

Pour fêter les 10 ans du projet musicale centré sur les cultures du pourtour méditerranéen Labesse initié en 2006, l'aventureux Dj Click nous présente sur son propre label No Fridge un second volume intitulé Labesse Club. Réunissant 14 titres inédits dont 4 sont accompagnées de leur radio edit et 1 d'une version remixée, le disque nous offre un instantané de la scène electro dub orientale. S'y enchaînent les productions de Sofiane Saïdi, Kasba ou encore d'Hamadcha de Fès, arborant chacune à sa manière la richesse des folklores d'Afrique du nord ("Mohal"), de Turquie ou de l'extrême sud des balkans ("Greek Salad"). Toutes combinent les sonorités acoustiques des instruments traditionnels (nay, guembri, oud, darbouka et autres percussions orientales...) à celles électroniques des boites à rythmes, synthés et autres échantillonneurs. L'ensemble est bien entendu une invitation à la danse et à la fête, au rassemblement et au partage d'ondes positives comme en témoigne le premier single "Lila Club". On est bien loin des compilations chill et lounge de Claude Challe, Dj Click se positionne sur un segment autrement plus authentique et nettement moins ornemental que la série des Buddha Bar... A découvrir!

lundi 26 septembre 2016

Naïssam Jalal & Rhythms Of Resistance - Almot Wala Almazala (Les Couleurs du Son/RFI Talents & Métisse Music/L'Autre Distribution)

Naïssam Jalal & Rhythms Of Resistance - Almot Wala Almazala (Les Couleurs du Son/RFI Talents & Métisse Music/L'Autre Distribution)

Je découvrais le jeu de l'envoutante Naïssam Jalal, flutiste parisienne engagée d'origine syrienne, dans son précédent Osloob Hayati paru en 2015. De nouveau entourée de son quintet groovy Rhythms Of Resistance formé par Mehdi Chaïb aux saxophones et percussions, Karsten Hochapfel à la guitare et au violoncelle, Matyas Szandai à la contrebasse puis Arnaud Dolmen et Francesco Pastacaldi à la batterie, elle publie une nouvelle oeuvre baptisée Almot Wala Almazala. "La mort plutôt que l'humiliation" est le cri de ralliement scandé en 2011 lors des révoltes du Printemps Arabe par le peuple syrien assommé par le régime autoritaire, il résonne bien sûr de façon particulière avec les violences qui troublent le pays depuis lors et la crise diplomatique qui anime les débats entre Russie d'un côté et "monde libre" de l'autre...

Les 9 titres de l'album rendent hommage au courage d'une population meurtrie, prise en étau entre deux forces obscures: la dictature d'un président vissé à son trône et le joug d'un prétendu état, engendré par un groupe de terroristes incultes. La jeune résistante oppose à l'horreur la beauté profonde de ses compositions, faites d'influences diverses piochant autant dans les répertoires traditionnels arabes, qu'elle a apprivoisé à Damas, au Liban et en Egypte, que dans le jazz, avec un penchant manifeste pour l'éthiogroove si chers à Mr Astatké.

Enivrant, hypnotique, grave, sombre et radieux à la fois, Almot Wala Almazala est une ode à la liberté d'expression et de pensée gorgée de sensibilité et menée avec force et créativité. Cette liberté est celle qui inspire l'improvisation du jazzman mais aussi celle qui guide l'interprétation des maqamat (ces différents modes que l'on retrouve dans la musique orientale). Ainsi l'univers musical intimiste de Naïssam Jalal se dévoile entre Orient et Occident, entre jazz et musique classique orientale.


lundi 19 septembre 2016

Speed Caravan - Big Blue Desert (World Village/Harmonia Mundi)

Speed Caravan - Big Blue Desert (World Village/Harmonia Mundi)

Le oud hero algérien Mehdi Haddab nous présente le dernier opus de son projet jazz-rock mâtiné de world Speed Caravan, intitulé Big Blue Desert. Conçu et enregistré à Dakar en compagnie d'artistes emblématiques du cru et des alentours, Abulaye Lo (batteur de Youssou N'dour), Khadim M'Baye et Alioune Seck (respectivement percussionnistes de Cheick Lô et Omar Pène), ses fidèles acolytes Pasco à la basse et Skander Besbes aux claviers/guitare, sans oublier Julien Perraudeau (Rhodes, synthés et piano), le disque mêle avec frénésie et jubilation mbalax sénégalais et heavy metal, grooves afro et rock psyché, sonorités orientales et funk. Armé de son oud électrique, ses riffs fulgurants et abrasifs font échos à ceux de Jimi Hendrix ou Frank Zappa, tandis que les atmosphères qu'il élabore rappellent ici celles d'AC/DC ou de Led Zeppelin et là de Queens Of Stone Age ou King Crimson. On notera la participation de la chanteuse franco-marocaine Hindi Zahra dans l'hypnotique "Desert Trip" et du chanteur Pape Diouf dans le sombre et tourmenté "The Warriors".

mardi 13 septembre 2016

Tamer Abu Ghazaleh – Thulth (Mostakell/Differ-ant)


Tamer Abu Ghazaleh – Thulth (Mostakell/Differ-ant)

Artiste complet et engagé, sans doute le plus doué de sa génération et pour certains considéré comme le plus novateur d'un monde arabe moderne, le palestinien Tamer Abu Ghazaleh nous présente son troisième opus intitulé Thulth. Né au Caire, il étudie le oud, le buzuq, la musicologie, la composition, l'orchestration et la performance à Ramallah sous la houlette de l'immense Khaled Jubran.

Le chanteur, multi-instrumentiste crée en 2008 une plate-forme créative dédiée à la nouvelle scène indépendante du monde arabe nommée eka3, promouvant autant des artistes issus du rock que de la musique électronique ou instrumentale plus traditionnelle. Outre le label Mostakell, il fonde dans la foulée une agence de booking et de licence, puis un magazine de musique. En découle ce dernier album qu'il imagine comme une compilation de ces 8 années d'échanges et de collaborations.

Au chant, aux chœurs, au oud et aux effets, il est entouré du batteur Khyam Allami, du claviériste Shadi El-Hosseiny, du bassiste Mahmoud Waly et du percussionniste Khaled Yassine. Ensemble ils élaborent de riches textures sonores, complexes et hypnotiques lorgnant souvent sur le rock et mêlant habilement sonorités moyen-orientales et FXs. La formation alterne temps calmes aux ambiances douces voire radieuses et moments de fureur, de brutalité et de frénésie. A l'image du titre "Takhabot" où humour et légèreté (avec un clin d'œil à la panthère rose) se heurtent soudainement à un mur de son rageur et frénétique, les prouesses vocales de Tamer se montrent pour le moins vertigineuses ("Namla").

vendredi 9 septembre 2016

Mohamed Abozekry - Karkadé (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Mohamed Abozekry - Karkadé (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Je découvrait début 2015 l'étonnant musicien égyptien Mohamed Abozekry alors qu'il publiait, entouré du Heejaz Extended, son second projet baptisé Ring Road. Sa manière de croiser les influences arabo-andalouses, moyen-orientales, latines, indiennes et tziganes faisait alors sortir la pratique du oud de la tradition... Dans son dernier Karkadé, à paraître le 23 septembre prochain, le jeune musicien installé en France renoue avec ses racines égyptiennes, rendant hommage aux différentes écoles musicales de son pays natal. Entouré du violoniste Lofty Abaza, du percussionniste Hany Bedair et du flutiste Mohammed Farag, l'artiste a divisé son disque en 3 thèmes, la musique classique et son traditionnel maqâm, la musique soufie évoquant la danse des fameux derviches et enfin la musique populaireMohamed nous offre ici un portrait complet et vibrant d'une Egypte riche et sophistiquée à la culture multiséculaire et mystérieuse.

jeudi 8 septembre 2016

Alsarah and The Nubatones - Manara (Wonderwheel Recordings/L'Autre Distribution/Grounded Music)

Alsarah and The Nubatones - Manara (Wonderwheel Recordings/L'Autre Distribution/Grounded Music)

La diva nubienne Alsarah, originaire du Soudan mais installée à Brooklyn avec sa formation The Nubatones, nous offre son second opus baptisé Manara. Puisant ses influences dans les musiques arabes et est-africaines datant notamment de l'âge d'or de la pop des années 70, la chanteuse engagée nous invite dans son univers musical atemporel et enivrant où le oud, les percussions et les lignes de basse s'entrelacent et s'entremêlent joyeusement à sa sublime voix et aux chœurs enchanteurs de sa sœur Nahid. Le disque généreux se compose de 11 titres et de 3 interludes, les thèmes abordés évoquent le bonheur d'être avec ses proches, la séparation et le manque, la mer et ses pouvoirs, le Nil et ses mythes... Mais le groupe se penche aussi sur des problématiques plus urgentes telles que le sort des réfugiés soudanais ou la manière dont les gouvernements, le FMI ou encore la Banque Mondiale affligent l'humanité.
Auteure, compositrice et ethnomusicologue, la charismatique Alsarah est considérée à juste titre comme le nouvel étendard de la rétro-pop est-africaine!

lundi 13 juin 2016

Bey.Ler.Bey – Mauvaise Langue (Cok Malko)


Bey.Ler.Bey – Mauvaise Langue (Cok Malko)

C'est dans une frénésie de sonorités fusionnant l'héritage et l'énergie du free jazz, des musiques orientales, klezmer et Est européennes que s'ouvre l'album Mauvaise Langue, un recueil hypnotique de 4 compositions dominées par l'improvisation fougueuse et inspirée des 3 solistes, Florian Demonsant à l'accordéon, Laurent Clouet à la clarinette turque et Wassim Halal aux percussions. Refusant à raison d'être catalogué dans la case jazz trop souvent considérée comme fourre-tout, Bey.Ler.Bey élabore une identité sonore singulière basée sur le désir de mélanger, entre autres, les codes des folklores tziganes, turcs et bulgares. Inventif, aventureux et complice, le trio balaye d'un souffle les carcans délimitant les musiques dites savantes et populaires, écrites et improvisées, jazz et world…

jeudi 28 avril 2016

Mor Karbasi - Ojos de Novia (Alama Rec./Harmonia Mundi)


Mor Karbasi - Ojos de Novia (Alama Rec./Harmonia Mundi)

La chanteuse native de Jérusalem Mor Karbasi publie son 4° opus intitulé Ojos De Novia. S'entourant de musiciens d'exception (Joe Taylor et Jorge Bravo aux guitares trompettes et saz, Antonio Miguel à la basse, Yshai Afterman aux percussions et Orel Oshrat au piano), elle exprime ses origines marocaines, perses et israéliennes à travers une collection de 13 compositions captivantes, où le ladino côtoie les traditions andalouses et berbères. Accents flamenco, fougue gitane, arrangements de cordes et sophistication jazzy sont donc au rendez-vous dans ce voyage initiatique et enchanteur entre Méditerranée et Moyen-Orient, où l'auditeur est guidé par la voix cristalline et bouleversante de sensualité d'une diva solaire et resplendissante. On ne boude non plus pas notre plaisir d'écouter jouer ses invités de marque, les bassistes Richard Bona, Kai Eckhardt et le guitariste Tomatito. Ojos de Novia est un disque touchant et rare!   

mardi 19 avril 2016

Basel Rajoub Soriana Project - The Queen Of Turquoise (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Basel Rajoub Soriana Project - The Queen Of Turquoise (Jazz Village/Harmonia Mundi)



Le compositeur et saxophoniste Basel Rajoub est originaire de la ville d'Alep en Syrie, aujourd'hui sinistrée et toujours prise entre deux feux. C'est à Damas durant son adolescence que la trompette fixe toute son attention, le jazz de Miles Davis et Louis Armstrong s'impose alors à lui jusqu'à son immersion dans les musiques orientales et l'adoption (malgré lui) du saxophone ainsi que du duclar (instrument russo-allemand récent, se situant entre la clarinette et le doudouk).






Il publie en 2007 un premier disque Kamir (accompagné de la trinité piano, basse, batterie) et, souhaitant s'investir davantage dans les sonorités propres à l'héritage musical de son pays natal, amorce en 2009 son projet Soriana ("notre Syrie") avec Asia, second effort qu'il enregistre en trio avec le percussionniste Khaled Yessin et Feras Charestan, virtuose du qanûn. C'est véritablement à cette période que l'artiste se plonge dans le folklore syrien en composant notamment pour cet instrument perse de la famille des cithares sur table. "Il combine ainsi les myriades de modes mélodiques et les subtilités micro-tonales de la musique arabe traditionnelle à son écriture contemporaine", enrichie de son expérience de jazzman.

Toujours entouré de Feras Charestan au qanûn, il fait cette fois-ci appel au joueur de oud Kenan Adnawi, au percussionniste Andrea Piccioni et à la chanteuse Lynn Adib, pour nous offrir The Queen Of Turquoise, traduction littérale du nom de son épouse Malika Fairouz. L'improvisateur nous invite à le suivre à travers 9 compositions aérées et inspirées, où le silence est d'or, laissant flotter des notes surgies d'un autre temps. La voix de Lynn, poignante dans les enivrants "Hamam" et "Ya Tha Elqawam", est bouleversante de pureté, convoquant bien sûr le souvenir de ses illustres aînées d'Egypte, du Liban et d'ailleurs. Les percussions d'Andrea nous mettent en transe dans l'excellent "11:11" qui s'ouvre pourtant très lentement par quelques notes en suspension de Basel. Rejoint par Kenan et sa virtuosité, le rythme s'accélère, le tambourin entame alors sa ronde hypnotique virevoltant côte à côte avec le saxophone…

Une très belle ballade dans la Syrie imaginaire d'un esprit rêveur et surement mélancolique.

vendredi 25 mars 2016

Sandra Rumolino et Kevin Seddiki - Tres Luceros (Wildner Records/L'Autre Distribution)

Sandra Rumolino et Kevin Seddiki - Tres Luceros (Wildner Records/L'Autre Distribution)

La chanteuse argentine Sandra Rumolino, diva du Tango, et le guitariste/percussionniste français Kevin Seddiki nous offrent leur sublime Tres Luceros, une aventure poétique et acoustique inspirée et vibrante, reliant les sonorités et les sensibilités des Suds d'ici et d'ailleurs. S'y écoutent forcément les influences latines de Buenos Aires d'où Sandra puise son langage musical et dont les harmonies et les rythmes sud-américains ont largement déteints sur le jeu de Kevin, qui partage d'ailleurs régulièrement les scènes des jazzmen Dino Saluzzi et Al Di Meola. Leur origine italienne est aussi un dénominateur commun aux deux complices qui se côtoient depuis maintenant 5 ans et à celle-ci s'ajoutent l'Algérie du concertiste, ici compositeur et arrangeur de l'album, ainsi que l'Andalousie et l'Iran, qui transparaît à travers sa pratique du zarb (instrument de percussion perse), transmise par l'illustre famille Cheminari.

Chants et folklores d'Amérique du sud, jazz, musique classique et rythmes orientaux se mêlent et s'entrelacent dans une ambiance tamisée et colorée à l'instar de la voix, de la guitare et des percussions qui s'accompagnent tendrement dans un concert sonore intimiste où l'émotion prime.

mardi 23 février 2016

Omer Avital - Abutbul Music (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Omer Avital - Abutbul Music (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le contrebassiste israélien Omer Avital nous revient après son excellent New Song paru chez Plus Loin Music durant l’été 2014, avec son brulant Abutbul Music. Compositeur raffiné et arrangeur émérite, Omer nous offre, encore plus qu’à aucun autre moment auparavant, un pur moment de jazz nourri d’influences free et new-orleans, savamment agrémenté de mélodies orientales, de reflets blues, gospel et soul. L’artiste y mène une lutte au corps à corps avec son instrument, martelant, grattant et pinçant ses cordes, pour lui extirper un vocabulaire expressif à l'intonation prononcée et à l’accentuation fortement marquée. Son swing,  il le doit au be-bop et au hard-bop que Charles Mingus a su dompter et se réapproprier, quant à son groove, il le tient de son feu intérieur mais aussi de la scène innovante de New-York qu’il côtoie depuis plus de 20 ans (Roy Haynes, Nat Adderly, Kenny Garret, Brad Mehldau ou Joshua Redman) !

Mis à part son fidèle acolyte le pianiste Yonathan Avishai, Abutbul Music rassemble autour de « ce poète de la contrebasse » une nouvelle équipe de jeunes musiciens new-yorkais, Alexander Levin et Asaf Yuria aux saxophones et Ofri Nehemya à la batterie. Enregistré à Paris et masterisé près d’Avignon, ce nouvel opus accrocheur est un condensé d’énergie et d’inventivité à fort rayonnement d’ondes positives, comme peut en témoigner l’ouverture radieuse "Muhammad’s Market" et sa mélodie captivante qui convoque d’emblée les spectres de monstres sacrés tels qu’Horace Silver et autres Art Blakey
A travers ses 9 compositions puissantes, Omer Avital nous donne une véritable leçon de jazz et d'ouverture... Le titre "Afrik" en est un exemple frappant!
 
Un coup de cœur !

lundi 25 janvier 2016

Abaji - Route&Roots (Absilone/Socadisc)

Abaji - Route&Roots (Absilone/Socadisc)
Né au Liban et d'origine arménienne, le multi-instrumentiste gréco-turc Abaji s'exile en France en 1976 fuyant une guerre civile qui déchirera son pays jusqu'au début des années 90. Passionné par les médecines chinoises, la musique sera finalement la voie qu'il empruntera, explorant les sonorités d'instruments traditionnels de sa région natale et s'abreuvant au gré de ses voyages d'influences variées allant de la musique indienne ou sud-africaine au blues en passant bien sûr par la musique orientale notamment gnawa.
Il publie aujourd'hui son 6° opus intitulé Route&Roots, un titre qui résume à merveille l'esthétique du projet dans lequel l'artiste convie les joueurs de doudouk Vardan Grigoryan et de kakak kemane Mahmut Demir. Respectivement d'Arménie et de Turquie, ces deux musiciens participent à ce retour aux sources voulu par Abaji qui, au chant, au oud, à la flûte, au bouzouki et autres cordes ou percussions, rend les frontières perméables et réconcilie deux peuples aux relations tendues.
En 2009, son retour au Liban lui avait inspiré Origine Orients dans lequel il s'exprimait dans les 5 langues de sa famille (français, turc, arménien, grec et arabe). Enregistrés aussi en polyglottie et toujours en une seule prise, les 17 morceaux de Route&Roots nous proposent à nouveau une immersion intimiste dans l'univers acoustique teinté de folk, de blues et de world d'un globetrotteur invétéré, qui remonte cette fois-ci le temps à la découverte des racines parentales.
Sans artifice, le disque a été réalisé grâce à son studio mobil, composé du minimum pour accéder à un maximum d'authenticité dans la captation des sons et le traitement des ambiances et des espaces.
Ses chants fédérateurs et universels sont emplis de nostalgie, une saudade orientale poétique et touchante orchestrée par "un métèque poreux à tous les souffles du monde".

 

mardi 19 janvier 2016

Ozlem Bulut – Ask (MDC/Harmonia Mundi)

Ozlem Bulut – Ask (MDC/Harmonia Mundi)


La chanteuse kurde Ozlem Bulut, originaire d'un petit village dans l'Est de la Turquie, nous présente son nouvel opus intitulé Ask. Si les rythmes et les mélodies traditionnelles d'Anatolie habitent ce second disque, le jazz, le chant lyrique et la pop s'y frottent allègrement. La voix puissante et cristalline de la cantatrice (qui fît ses armes au Vienna State Opera et au Vienna Volksoper en Autriche ainsi qu'à l'Opéra Bastille de Paris) impose un style qui allie subtilement, et avec une grande liberté, les saveurs orientales aux richesses harmoniques de la musique aux notes bleues. Elle est entourée depuis 2008 de son Ozlem Bulut Band, mené par le claviériste et compositeur autrichien Marco Annau, l'ensemble propose une effusion de sonorités éthnojazz joyeuses et pétillantes illustrant des textes et une posture engagés et résolument modernes pour un pays dans lequel demeure encore des courants archaïques et rétrogrades.

 

mardi 8 décembre 2015

Sofiane Saidi - El Mordjane (Quart de Lune/Rue Stendhal)


Sofiane Saidi - El Mordjane (Quart de Lune/Rue Stendhal)

Le chanteur algérien Sofiane Saidi nous présente son premier opus solo baptisé El Mordjane (Le Corail). Si le raï fait partie intégrante de sa culture musicale depuis ses débuts sur scène à l'âge de 12 ans, l'artiste originaire de Sidi Bel Abbes n'a de cesse de le mâtiner de sonorités urbaines, électroniques et jazzy. Repéré par Natasha Atlas, il collabore avec Tim Whelan de l'incontournable Transglobal Underground, enregistre et joue aux côtés de grands noms de la scène orientale, apparaissant parallèlement auprès de projets aux ambitions bien distinctes comme le groupe breton Startijenn ou la formation aux tendances klezmer, Yoksotot...

El Mordjane marque le renouveau d'un genre qui perça en France à la fin des années 80 grâce aux aînés Cheb Khaled, Cheb Mami et Rachid Taha. S'imprégnant à l'origine des styles rock, pop, funk, reggae et disco, le raï dont Sofiane fait usage est aussi nappé de UK beat aux reflets chill (Kifache Bnadem), électro chaabi (Kallimatte, Bahr El Wsaya), jazz (Al Jazair Black Out) voire trip-hop (Kirani) et psyché blues (Gasbah Ya Moul Taxi). Malgré cette fusion singulière, il demeure profondément ancré dans l'héritage des orchestrations orientales traditionnelles (Mektoub, Taali), où la voix envoûtante, grave et puissante du chanteur s'allie à celle de la diva et complice Natasha Atlas, aux mélodies et aux rythmiques raffinées de ses acolytes Smadj (au oud), Grégoire Florent (aux percussions) et tant d'autres qu'il a croisé au cours de ses pérégrinations avec Raïna Raï, Naab ou encore L'Orchestre National de Barbès.

Un titre caché reprend l'hymne de Joe Dassin Si tu n'existais pas interprétée en français avec tendresse et orchestrée à l'orientale, avec ses cordes et ses percussions enivrantes, rehaussée de beats électroniques délicats et discrets.

jeudi 29 octobre 2015

Antiquarks – KÔ le libre album (Mustradem/InOuie Distribution)


Antiquarks – KÔ le libre album (Mustradem/InOuie Distribution)

La compagnie Antiquarks est à l’initiative depuis sa création il y a une dizaine d’années d’une quinzaine d’œuvres originales et de plus de 300 performances artistiques, concerts, spectacles, conférences ou workshop, délivrés en France et à travers le monde. Le collectif humaniste, tentaculaire et à géométrie variable, nous présente son dernier projet intitulé (« corps » en créole), une œuvre musicale, graphique et poétique se dressant avec vigueur, humour et folie contre une industrie du disque standardisée et omnipotente.

Offert comme un « humanifeste du corps ordinaire » sous la forme d’un livret de près de quarante pages, d’un disque de 8 titres et d’un show anticonformiste et débridé, convie son public devenu auditeur, spectateur et lecteur dans un univers singulier où se « rassemblent une pluralité de mondes musicaux ». La chanteuse tuscarora militante Pura Fé (Western Dark Side) côtoie ainsi la cantatrice de l’orchestre national de Lyon Sophie Lou (Papageno Papagena), le percussionniste Ismael Mesbahi (Aman) et le danseur/chanteur burkinabé Bouréima Kiénou (Rockya Couba) dans une musique « interterrestre » comme le dit l’un des piliers d’Antiquarks, l’artiste-sociologue chanteur, percussionniste et compositeur, Richard Monségu. Entre les rythmes d’Afrique de l’ouest, le punk/rock (Pigs Bridge), la musique orientale, le world jazz (Shake It) ou les ambiances créoles (Dyab), se joue des codes, prend le risque d’être une œuvre foisonnante et plurielle, sans à priori mais gorgée de convictions.

mardi 6 octobre 2015

Natacha Atlas - Myriad Road (Mi'ster Productions/Decca/Universal)

Natacha Atlas - Myriad Road (Mi'ster Productions/Decca/Universal)

Le trompettiste hyper-productif Ibrahim Maalouf, qui nous offrait il y a peu ses deux derniers Kalthoum et Red & BlackLight nous invite à présent à redécouvrir une des divas orientales des plus emblématiques de ces dernières années, l'anglo-égyptienne Natacha Atlas. Bien loin des clichés orientalistes que la chanteuse a nourri pendant des années, le duo nous propose avec son sublime Myriad Road un album de jazz délicieusement teinté de reflets orientaux délicats et authentiques. Plus de la moitié de l'opus est interprétée en anglais, mais l'ensemble des 10 titres est pourtant habité de ces ondulations lascives et enivrantes propres au chant maqam, les envolées vocales de Natacha sont parfois reprises par la trompette micro-tonale d'Ibrahim dans un concert de swing élégant, métisse et entêtant.

On reconnait bien sûr l'écriture du musicien libanais, sa patte si sensuelle et inspirée est ici mise au service de la voix étonnante et puissante de l'ancienne égérie d'une scène electro/pop orientale qui ne lui permît finalement jamais de s'épanouir artistiquement. Le trompettiste a réuni pour l'occasion un quintet jazz pensé autour du batteur niçois André Ceccarelli et a convié des guests d'exception telles que le violoncelliste Vincent Ségal (Bumcello) et le tromboniste Robinson Khoury (Uptake).

Myriad Road est donc une renaissance, l'affirmation que Natacha Atlas est une artiste libre désormais extirpée du carcan dans lequel elle s'était enfermée depuis le début des années 90 avec l'ethno techno du fameux Transglobal Underground ou le trip-hop du producteur Nitin Sawhney, pionnier de la scène underground asiatique.


mercredi 9 septembre 2015

Oum - Zarabi (Lof Music-MDC/Harmonia Mundi)

Oum - Zarabi (Lof Music-MDC/Harmonia Mundi)

La chanteuse marocaine d’origine saharienne Oum El Ghaït Benessahraoui nous revient, après son sublime Soul Of Morocco paru en 2013, avec l’émouvant Zarabi. Enrichissant ses influences majeures que sont la culture Hassani et les rythmes gnaouas d’accents soul, latins et jazz, elle rend hommage, dans le dialecte marocain darija, aux tisseuses de tapis originaires de la ville de M’hamid El Ghizlane (village bordant le Sahara). Sa voix sensuelle et pétillante, forgée durant son adolescence grâce à sa passion pour le gospel, est délicieusement accompagnée par les mélodies enivrantes du oud de Yacir Rami (Naïssam Jalal…), les percussions sophistiquées de Rhani Krija (Omar Sosa, Sting…), les lignes de basse chaloupées du contrebassiste Damian Nueva et la trompette latin-jazz de Yelfris valdes. A l’origine de tous les textes mis à part quelques emprunts et adaptations, Oum a souhaité enregistrer à M’hamid, en extérieur à même le sable afin « de rester fidèle à un son naturel », restituant ainsi la beauté et la vulnérabilité du lieu. Zarabi est un disque d’émoi, vibrant et touchant !