Arat Kilo - Visions Of Selam (Accords Croisés/Pias)
Je découvrais la formation parisienne d'inspiration éthiojazz, Arat Kilo, à l'occasion de la sortie de son troisième opus, Nouvelle Fleur, qu'il était aisé de rapprocher des sonorités cuivrées d'un autre collectif hexagonal, Akalé Wubé. Il y a peu, sur son Mistakes On Purpose, ce dernier invitait la légende oubliée de la musique éthiopienne des années 60 et 70, l'organiste Girma Bèyènè, plus connu en ses temps de gloire que le vénérable Mulatu Astatké.
Le 16 Mars dernier, Arat Kilo publiait sur Vox Populi (Label Accords Croisés) son dernier album intitulé Visions Of Selam, un recueil de 13 titres aux tonalités world, hip-hop, funk et ethno-jazz, où les sonorités d'Afrique de l'Est s'entremêlent avec la musique mandingue de l'Ouest, incarnée ici par la divine Mamami Keita. S'y télescopent également le spoken word engagé de Boston, incarné par le rappeur/poète nord-américain Mike Ladd, ainsi que quelques réminiscences pop, dub et soul, qui jaillissent des entrelacs psychédéliques d'un groove ensorceleur made in Addis-Abeba.
Whitesquare - Traces To Nowhere EP (Freerange Records)
Le 16 Février dernier, Whitesquare, Dj/producteur romain qui nous avait déjà tapé dans l'œil avec ses EPs Ride On Time et Reflection parus respectivement en 2016 et 2017 sur DFTD,nous revenait par l'entremise du prestigieux Freerange Records avec Traces To Nowhere, un recueil de 3 titres où l'artiste a manifestement mis de côté ses orientations tech-house, pour se concentrer sur des sonorités afro-house hypnotiques, qui siéent particulièrement à l'esthétique d'un label que l'on peut rapprocher de Yoruba Records en terme de qualité et d'exigence. L'italien amorce son aventure avec le titre "Traces To Nowhere", son approche minimaliste et sa tendance à supprimer tout superflu est contrebalancée par l'usage d'une palette sonore chaude et organique, l'ensemble dégage une atmosphère deep-house envoutante et très aérée, profonde et jouissive. "Understand" est fait du même acabit, mis à part l'emploi d'un échantillon vocal entêtant. Le groove y est captivant et accrocheur, tout comme dans "Suivre" et sa rythmique percussive mêlant congas et batterie jazzy. Le chant tribal mêlé à son beat entraînant en font une pure invitation à la danse et à la transe, généreuse et fédératrice! Un petit bijou.
Alune Wade - African Fast Food (10H10/Sony Music Entertainment)
Impressionnant auprès du pianiste cubain Harold Lopez-Nussa, dans leur projet commun Havana-Paris-Dakar paru en 2015, remarquable la même année dans l'Afrodeezia de Marcus Miller et un an après dans La Comédie des Silences de Fred Soul... Où qu'il intervienne, le bassiste et chanteur sénégalais Alune Wade ne passe pas inaperçu.
Le compositeur désormais installé à Paris nous revient le 23 Février prochain avec un troisième opus en tant que leader, African Fast Food, un recueil de 10 compositions riches et raffinés, exprimant les différentes influences et expériences musicales d'un artiste précieux. Chantant en anglais, français et wolof, s'illustrant à la basse sur des orchestrations aux grooves intenses, d'inspiration afrobeat ("African Fast Food", "Brown Sugar", "Afua"), jazzfusion ("How Many Miles"), oriental jazz ("Pharoah's Dance", "Mame Fallou"), funk mandingue ("Mali Den"), R&B ("La Nuit Des Lombards"), jazz ballad ("Demna") ou encore jazz rock ("Boisterous City"), l'artiste surprend par sa virtuosité, sa subtilité et sa sensibilité, largement marquée par l'Afrique, dans sa pluralité bien sûr (et des artistes avec qui il a d'ailleurs joué : Ismael Lo, Youssou Ndour, Cheick Tidiane Seck, Aziz Sahmaoui,...), mais aussi emprunte du jazz nord-américain de ses idoles Jaco Pastorius, Stanley Clarke et son mentor Marcus Miller, sans oublier les pionniers Charles Mingus, Duke Ellington, Miles Davis et John Coltrane...
Autour de lui, Alune a réuni un casting internationale 4 étoiles, composé des voix de Kuku et du slameur Oxmo Puccino, du claviériste Leo Genovese, du trompettiste Renaud Gensane, des batteurs Mokhtar Samba et Francisco Mela, du percussionniste Adriano Tenorio DD, du saxophoniste Daniel Blake et de Brian Landrus à la bass clarinet.
Une ode au métissage et à la diversité culturelle...
Le producteur d'origine italienne et portugaise, Dario Rohrbach alias Dario Rosa, membre du collectif suisse Alma Negra(également composé des frangins Figueira et Mario Robles alias Miajica) publiait en Janvier dernier sur le prestigieux label Yoruba Records, son EP No Ede, une collection de 2 titres absolument hypnotiques, alignant des sonorités deep-house aux forts accents afro/minimal pour le titre éponyme et retro house pour "Something", un petit bijou electro jazzy à la ligne de basse envoutante, accompagné de sa version "Musapella". Dario vient ainsi grossir les rangs d'une excellente signature, qui dévoilait il y a peu les réalisations de Carlos Mena, Demuir, Sunlightsquare, Nomumbah, Toto Chiavetta ou encore de Mike Stevaet du boss en personne,Osunlade.
Femi Kuti - One People One World (Partisan Records/Knitting Factory/Pias)
La sortie d'un disque de Femi Kuti est toujours un évènement, en effet le fils du Black President incarne l'âme de l'afrobeat moderne, genre musical apparu au Nigéria dans les années 70 sous l'impulsion du tandem Fela/Tony Allen et qui s'est rapidement répandu dans toute l'Afrique, pour se démocratiser jusqu'à aujourd'hui dans le monde entier.
Sur son dixième opus baptisé One People One World, le petit prince de l'afrobeat nous adresse un message d'espoir et de réconciliation, il nous lance un appel gorgé de sincérité et d'optimisme aux airs de plaidoyer pour l'unité mondiale. Accompagné de son mythique Positive Force, le porte parole de l'UNICEF pour la défense des droits des enfants revient tout naturellement aux racines africaines de la musique, ponctuant les 12 titres de son effort de délicieuses notes juju, reggae, soukous, highlife, jazz, funk, soul et R&B, mais aussi de saveurs latines envoutantes.
Les rythmiques effrénées parées de puissantes lignes de cuivres ont en grande partie été enregistrées à Lagos, ces orchestrations riches et jubilatoires accompagnent les visées politiques des textes pugnaces de Femi, mais pour la première fois elles servent aussi d'écrins à des chansons d'amour et à des célébrations festives de l'humanité. A coup de décharges électrisantes et up-tempo, One People One World propose un afrobeat plus exaltant que jamais, entraînant l'auditoire vers la piste de danse, l'interaction et le partage de vibrations positives.
Le chanteur congolais Bumba Massa, vétéran emblématique de la rumba zaïroise nous présente V70, un nouvel opus enregistré à Paris qui célèbre sa 54ième année de carrière. Déclarant humblement que "sa voix est comme le bon vin : plus elle vieillit, meilleure elle est”, l'artiste septuagénaire combine avec toujours autant d'aisance et d'élégance, les couleurs latines de la Havane aux rythmes sulfureux de Kinshasa. Depuis la formation de son premier groupe en 1963 nommé Cubana Jazz, son projet Kékélé pensé par l'illustre Ibrahim Sylla en 2000 et bien sûr son passage dans l'OK Jazz du prolifique Franco Luambo, Bumba n'a eu de cesse de mélanger les genres, flirtant avec la salsa cubaine, le kwasa kwasa, le zouk et la fameuse rumba congolaise, fruit d'un étrange aller-retour de l'histoire entre les Caraïbes et l'Afrique dans les années 30.
4 To the Floor presents Faya Combo (4 To The Floor)
C'est une autre de ces signatures légendaires que 4 To The Floor met en lumière dans le tout dernier volet de sa série d'hommages aux labels pionniers de la scène house. En effet, après s'être intéressé à Fourth Floor Records, Movin' Records, Classic Music Compagny, Sub-Urban Records, Slip'n'Slide Records et Soulfuric, Luke Solomon a choisi de nous faire redécouvrir l'univers d'un des héros absolus de la scène underground internationale, le français DJ Gregory. Ce dernier entamait ses explorations électroniques dès le début des années 90 avec la naissance Radio FG et l'émergence de monstres sacrés tels qu'Alex From Tokyo, DJ Deep, Julien Jabre et Pedro Winter. Sa culture musicale était alors largement alimentée par les sonorités house de Todd Terry, Tommy Musto, Frankie Bones, Victor Simonelli et Osunlade... Des cadors qu'il a côtoyé lors d'un pèlerinage de 2 ans à New-York entre 98 et 2000. Fort de ce background, il retournait en France et fondait Faya Combo en 2002, remportant un franc succès notamment grâce à son projet Africanism,élaboré en collaboration avec Bob Sinclar pour Yellow Productions. Naquit alors une marque de fabrique disco house imprégnée d'accents afro et de saveurs latines, qui allait marquer toute une génération d'artistes de la French Touch, et qui inspire encore aujourd'hui bon nombre de producteurs.
La sélection 4 To the Floor presents Faya Combo réunit 25 titres incluant des remixes devenus classiques de Kerri Chandler, Kenny Dope, Dimitri From Paris, Louie Vega ou Karizma. On y retrouve bien sûr l'intemporel succès "Elle", avec ses percussions accrocheuses et sa ligne de basse envoutante, mais aussi l'énorme "Tropical Soundclash", hymne afro-house fédératrice et festive à souhait. Tout comme "Attend 1", "Don't Panic" ou "Afrommobile", les sonorités emblématiques de DJ Gregory n'ont rien perdu de leur superbe, affichant encore la même fraicheur et insufflant toujours la même envie de danser.
David "Mr Bongo" Buttle nous présente, via le label qu'il a fondé en 1989, le second volet d'une série de compilations intitulée The Original Sound Of. En Mars dernier, le Mali était à l'honneur dans The Original Sound Of Mali, c'est aujourd'hui au tour du Burkina Faso d'être mis sous le feu des projecteurs avec une collection de titres rares aux saveurs 70's, affichant dessonorités folk, funk, blues, highlife, disco, psyché, latin, rock et soul...
Le Burkina Faso est sans doute l’un des pays les moins connus de l’Afrique de l’Ouest, pourtant son histoire et sa musique sont d’une grande richesse. Quelques années avant que le président Thomas Sankara ne change le nom du pays en 1984, un nouveau son a émergé, véritable bande originale de la révolution culturelle. The Original Sound Of Burkina Faso rassemble ainsi la musique d'artistes emblématiques tels qu'Abdoulaye Cissé, Amadou Balaké, Pierre Sandwidi & Super Volta, Tidiani Coulibaly & Dafra Star, Bozambo, Youssouf Diarra et bien d'autres...
Baja Frequencia - Catzilla EP (Chinese Man Records/Differ-Ant)
Le duo marseillais Baja Frequencia publie chez Chinese Man Records son nouvel EP baptisé Catzilla. Succédant à Tropicat, autoproduit en 2015, il est un clin d'œil au célèbre personnage Godzilla, monstre emblématique du cinéma japonais. Composé de 7 titres puissants combinant sonorités latino et bass music, il croise une tripotée d'influences musicales, allant de la cumbia ("El Palo") au trap ("Piranha"), en passant par le ragga/dancehall ("Ride On"). Les deux Djs dénommés Azuleski et Goodjiu,naturellement proches des collectifs locaux Massilia Hi-Fi et Chinese Man, saupoudrent leurs productions électro détonantes de folklores afro ("Know Who You Are"), sud-asiatiques ("Shenhai Dance") et caribéens ("Badman A Badman").
Ils élaborent ainsi des univers sonores fédérateurs et bariolés, imprégnés de turntablism et habités des voix racées de La Dame Blanche, Blimes Brixton, Skarra Mucci et Taiwan MC.
C'est du lourd et même du très lourd que nous livre via DFX le producteur anglais Ray Foxx, en effet celui à qui l'on doit notamment les énormes tubes "La Musica (The Trumpeter)" (Defected) et"Boom Boom (Heartbeat)" (Strictly Rhythm) parus respectivement en 2011 et 2013, publie une reprise du classique"Gabriel" de Roy Davis Jr. & Peven Everett, initialement sorti en 1997 chez XL Recordings. Comme on pouvait s'y attendre, le résultat est une vrai réussite, un hommage au titre original bien sûr, mais aussi le fruit d'une production méticuleuse où oeuvre la trompette de John Thirkwell et les percussions afro du légendaire Shovell. Combinant le cuivre jazzy à une rythmique hypnotique, chaude, puissante et entraînante, Ray parvient à recomposer une véritable bombe house, un hit soulful en puissance déjà joué dans tous clubs qui se respectent.
Gasandji - Le Sacré (Label Glass/Jazz Family/Socadisc)
Après un premier opus éponyme paru en 2013, la chanteuse congolaise Gasandji ("celle qui éveille les consciences" en langue Pendé) nous revient avec Le Sacré, très bel écrin riche de 9 titres envoutants et engagés, combinant sonorités urbaines, folklore afro, reflets jazz/soul et accents blues. En France depuis ses 13 ans, elle trouve rapidement sa voix et sa voie dans l'art et notamment la danse et la musique. Après quelques rencontres décisives (Lokua Kenza entre autres), un premier projet prend forme en 2006 (mais demeure confidentiel) puis un second, qui recevra outre la reconnaissance de ses paires, diverses distinctions (album Coup de Cœur de l’Académie Charles Cros, Talent Edition RFI…).
Pour ce troisième effort, la diva à la voix pure et vibrante est partie faire le vide et se ressourcer auprès des pygmées Aka dans la région d’Impfondo (Congo-Brazzaville), elle s'est imprégnée de leur culture millénaire et fut touchée par la puissance de leurs chants polyphoniques. Lors de ce voyage initiatique, elle a su capter avec le concours de son complice Pierre Blanchi, l'essence-même de ce peuple nomade, les sons de leur forêt, des animaux qui les entourent et de leur quotidien de chasseurs-cueilleurs. Embarquant dans sa quête de dialogue et d'universalité des musiciens d'exception dont l'incontournable batteur/percussionniste Cyril Atef (Bumcello, CongopunQ), elle a su enregistrer son disque en un temps record au studio Opus Grestain en Normandie. Proposant à ses compagnons de route de jouer la carte de l'intuition et de la spontanéité, Gasandji accouche d'un Le Sacré qui porte bien son nom, débordant d'énergie positive et de vibrations humanistes. Elle parvient agilement à mêler enregistrements studio et field recordings, modernité respectueuse et savoirs ancestraux.
Girls Of The Internet - When U Go (Classic Music Compagny)
Véritable petite pépite deep-house au charme envoutant et immédiat, le titre "When U Go" constitue l'une de ses ballades électroniques intemporelles et captivantes qui marquent les esprits durablement. Girls Of The Internet est un des nombreux projets pilotés par l'anglais Tom Kerridge, pilier des labels RAMP, Fourth Wave et Brainmath. Influencé par la disco et la house music, Girls Of The Internetnous offre ici, via l'excellent Classic Music Compagny, un subtil mélange de sonorités soulful, d'harmonies exquises et de rythmiques organiques, enrichi considérablement par la voix chaude et suave de la délicate Seglilola Jolaosho, touchante et enivrante dans son rôle de diva mystérieuse.
L'italien MoBlack, grand ponte de l'afro house et dénicheur de nouveaux talents pour le site Traxsource, nous livre en complément du single un "remix" et une version "dub", tous deux doux et sucrés à souhait, mettant en valeur les percussions et leurs vibrations acoustiques. Il ajoute par ailleurs quelques nappes de synthé hypnotiques, projetant ainsi l'auditeur dans une ambiance estivale chill et classieuse que l'on peine à quitter.
Ron Trent, Zepherin Saint,
Larry Heard, Teddy Douglas, Alex Finkin, Oral Deep, Sai & Ribatone, Nathan
Adams, Timmy Regisford, Tyrone Francis, Khenzo-Lee, Quewin Jayd, Arnold Jarvis,
Liquideep, Sean McCabe - The Dub I Lost (Tribe Records)
L'excellent label Tribe du
producteur anglais Zépherin
Saint, nous présente une collection de 10 titres absolument
indispensables extraits de son précieux catalogue orienté afro-house et
soulful house.
Intitulée The Dub I Lost, la compilation a pour dessein de
nous replonger dans quelques uns des meilleurs moments de la maison de disques.
S'y croisent aux remixes ou à la production, des figures emblématiques de la
scène house parmi lesquelles on compte les pointures Ron Trent, Larry Heard
et Danny Krivit, ainsi que les légendes Timmy
Regisford et Arnold Jarvis. Outre des piqures de
rappel nécessaires, l'album nous délivre aussi quelques perles inédites, proposées
par Sean McCabe ou bien Alex Finkin...
Exigeant et intransigeant sur la qualité de ses réalisations, Tribe
Records nous invitent à un voyage musical envoutant, gorgé de sonorités
organiques chaudes et sensuelles.
Le Dj/producteur canadien Demuirnous présente sur l'excellent label d'Osunlade, Yoruba Records, son nouveau titre "Discover", livré dans un pack généreux incluant les remixes de signatures plus prestigieuses les unes que les autres. Sur une rythmique accrocheuse au groove afro-deep, l'artiste convie la diva Cynthia Amoah à poser ses vocaux sensuels et soulful, élaborant ainsi un pur moment house aux sonorités profondes et vibrantes.
Son illustre compatriote Nick Holder s'empare du bijou et nous le livre dans une version plus planante et envoutante, tandis que la légende de Baltimore Karizma nous plonge tout entier dans son univers entêtant et old school, son "Kaytronik Treasure Dub" invitant l'auditeur à la danse bien sûr mais aussi à la luxure.
Le centre africain N'Dinga Gaba, lui aussi installé à Baltimore, offre quant à lui deux lectures du sublime "Discover", un "remix" suave et son "instrumental" délicate qui laisse apparaître tout le travail opéré sur la ligne de basse et les boucles de synthés, une vision deep-house tendre et hypnotique qui ravira les amateurs de Kerri Chandler. Demuir développe pour finir son "OG Dub", une plage encore une fois uniquement instrumentale, mettant en avant l'excellence d'une production qui s'intègre à merveille dans le catalogue racé de Yoruba Records.
Electric Vocuhila - Kombino Splinto (Capsule/L'Autre Distribution)
Le quartet français Electric Vocuhila nous livrait le 30 Mai dernier, son dernier opus intitulé Kombino Splinto. Il s'agit d'un recueil de 7 titres frénétiques et électriques, habités d'un jazz libre et de rythmiques hypnotiques d'inspirations africaines (afro-beat, rumba congolaise, tsapiky malgache et éthio-jazz). Joueuse et espiègle, la formation emmenée par Maxime Bobo (sax, claviers, composition) et le batteur Etienne Ziemniak s'appuie en partie sur la théorie musicale (harmolodie) du saxophoniste-trompettiste et violoniste Ornette Coleman, père du free-jazz. Elaborant, dans des ambiances estivales joyeuses et festives, de longues séquences brulantes, faites de phrasés sinueux, de motifs répétitifs, de riffs acérés et explosifs, Electric Vocuhila invite l'auditeur à la transe et à la danse. Les syncopes du batteur sont doublées par la basse généreuse de François Riffaud, tandis que la guitare vrombissante de Boris Rosenfeld, accompagnant le saxophone tonitruant de Maxime,vient ajouter sa touche psychédélique à un ensemble un peu fou et faussement bordélique.
Après un break de 7 ans, le producteur Glyne Brathwaite refaisait surface sur la scène house en 2014 sous un nouvel alias, ROOD. Il publiera le 09 Juin prochain sur le label anglais Tribe Records (José Marquez, Zépherin Saint, ...) sa nouvelle production aux sonorités afro house baptisée "4 Acres and a Mule". Inspiré par Les Couleurs Pourpres de Steven Spielberg, ROOD a échantillonné le passage d'une worksong entonnée dans le film par les esclaves noirs. Ces chants du travail, qui sont à l'origine du Negro Spiritual puis du jazz, étaient destinés à rythmer le pénible labeur dans les champs de coton, ils donnent ici une profondeur singulière à l'effort de Glyne qui se pare d'une certaine gravité et de reflets blues captivants.
Mr Bongo publiera le 09 Juin prochain, le troisième opus intitulé Spirit Reflection de la chanteuse et compositrice d'origine chilienne, Gaby Hernandez. Véritable bouffée d'air frais en ces jours de canicule précoce s'abattant sur l'hexagone, le disque affiche avec grâce et raffinement des sonorités latines radieuses, empreintes d'une douceur folk printanière rehaussée de quelques accents electronica délicats et discrets. Parcouru de nuances glitch, bossa, pop, jazzy et afro-caribéennes, l'album se compose de 10 plages précieuses, optimistes et sensuelles, flirtant parfois avec les ambiances fleuries des 60's et embrassant la quête spirituelle et mystique de l'electro et du jazz west-coast, frappés tous deux du sceau de la célèbre écurie Brainfeeder. Sont d'ailleurs conviés des figures emblématiques gravitant autour de Flying Lotus comme l'anglaisLapalux et les californiens Kamasi Washington, Miguel Atwood Ferguson ou encore Dexter Story, ainsi que des artistes ayant signés chez Ninja Tune, Stones Throw Records et Jazz Soul Records entre autres, comme Carlos Niño et Gabriel Reyes-Wittaker...
Un casting hors norme donc, pour un Spirit Reflection qui vaut le détour !
Réalisant une fusion électrisante mêlant sonorités afro et rythmes électro, le Dj/producteur de LA, Jose Marquez nous présente son excellent "Mali Blues", un titre rendant hommage au blues malien, mix édifiant entre folklore ouest-africain et musique du diable, apparue dans les champs de coton du sud des Etats-Unis au XIX° siècle.
Imprégné depuis tout jeune par les cultures afro-latines et caribéennes, puis intrigué plus tard par les possibilités infinies de la MAO, Joséa su allier avec succès couleurs world et maîtrise du dancefloor, débarquant sur la scène house en 2010 avec des remixes et des édits inédits de Célia Cruz, Nina Simone, Oumou Sangare et bien d'autres...
Rapidement repéré, il diffuse son concept via les prestigieuses plateformes que sont Tribe Records, Djoon Experience, Vega Records, Wonderwheel Recording, Yoruba Records (mené d'une main de maître par le sorcier Osunlade) et plus récemment par l'immense Fania Records, véritable référence en matière de salsa durant les années 60 et 70.
C'est à Paris que l'excellent Zepherin Saint, par l'intermédiaire de son british Tribe Records, organisa une rencontre entre Marquez et des musiciens maliens... La suite de l'histoire on la connaît, c'est le somptueux "Mali Blues" avec ses guitares mandingues et sa cadence deep-house... On espère que leur collaboration ne s'arrêtera pas là!
Les amateurs du dernier opus de Ludovic Navarre alias St Germain seront séduits.
C'est toujours avec plaisir que je découvre les nouvelles pépites electro du prêtre yoruba Osunlade, pilier de la scène afro-house et boss de l'excellent label basé en Grèce, Yoruba Records. Le 21 Avril dernier, le Dj engagé (socialement comme politiquement) publiait son dernier EP intitulé Dedication qui, comme à l'accoutumé, nous délivre des sonorités envoutantes et délicates, mêlant avec goût et maestria les ingrédients qui ont façonnés une signature musicale singulière, ayant fait école depuis ses débuts dans les années 90. Intégrant inlassablement une dimension spirituelle profonde à ses productions gorgées de percussions afro, d'accents jazzy, de rythmiquesmid-tempo, de vocaux spoken-wordsoulful, l'artiste poursuit sa route, visant toujours l'excellence et l'exigence. L'EP se compose de six titres incontestablement accrocheurs dont le groove nous entraîne dès la première mesure flirter sur le dancefloor, dans des ambiances sensuelles aux reflets disco/funk ("Give Thanks"), soul/jazz ("People First", "Unspoken") et deep house ("Cosmic Signs", "Shoe Shine Man").
Addictive TV - Orchestra Of Samples (OSi/!K7/Differ-Ant)
À l'initiative des anglais Graham Daniels et Mark Vidler, le projet Orchestra Of Samples nous invite à participer à un tour du monde musical singulier, bâti autour de l'art du sampling, fil conducteur d'une véritable épopée world centrée sur le dialogue des cultures.
Partageant leurs passions pour l'image et la musique, forts de leurs expériences de VJ et de DJ, les deux artistes formant l'Addictive TV ont profité, 5 années durant, de leurs tournées à travers près de 25 pays pour filmer plus de 200 musiciens (invités à participer à des sessions d'enregistrement individuelles) improvisant sur toutes sortes d'instruments, des plus anciens au plus contemporains (gambri, hang, ...).
Ayant composé leurs 11 titres à partir de ces précieux échantillons glanés entre le Brésil et les régions de l'Himalaya en passant par l'Europe, l'Egypte et le Sénégal, les 2 virtuoses du remix audio/video sont parvenus à mettre en forme une musique visuelle qui flirte, entre autres, avec le folk, la chill-out, le hip-hop, la deep house ou le rock psychédélique, confrontant des couleurs et des timbres insolites dans des productions sophistiquées un brin déjantées.
Le tandem à la tête de ce "super groupe digital intercontinental" fait ainsi se côtoyer des chanteurs du Bhoutan avec des joueurs de cornemuse, les sons futuristes du Cristal Baschet avec la batterie de Lucas Fox (Motörhead), la voix de Laetitia Sadier (Stereolab) avec la harpe acoustique automatique baptisée Sharpsichord de Henry Dagg, collaborateur de Björk dans Biophilia... Orchestra Of Samples est, en plus d'être un album studio, un projet destiné à la scène.
Les prestations live rassemblent autour du duo une pléiade d'invités 'en chair et en os', comme le percussionniste Paul Gunter, le guitariste Alejandro de Valera, la violoniste Shona Mooney ou les beatboxers du Beatbox Collective. Addictive TV a déjà présenté son show en Angleterre, en Espagne, au Brésil, en France, en Russie, au Mexique, en Ecosse et en Italie, dans le cadre de festivals de musique, de performances, d'installations et de showcases.