Bootleggaz –
Liquid (Los Angers City Soul Recordz)
Issue de l’association des producteurs K.rlo et LordGéo, Bootleggaz nous livre Liquid, un premier opus nu soulaux flaveurs french west-coast des
plus efficaces. Originaire de LosAngersCity, le crew y distille savamment un groove sensuel et assassin digne
de celui de leurs compatriotes Hocus
Pocus. En effet, d’un bout à l’autre de cet objet musical qui nous veut que
du bien, le duo égraine ses influences extraites des scènes soul, funk, jazz, hip-hop, electro et R&B, n’en retenant que la
substantifique moelle, un essentiel positif et gorgé de chaleur. Suspendu aux
lèvres charnues d’une ligne de basse voluptueuse et aux accords jouissifs d’un Rhodes
funky, l’auditeur en sueur se laisse embobiner par un déballage de sonorités live douces et sirupeuses, marquées
du sceau des icônes J. Dilla, Maxwell, Beat Assailant, Bilal, 9th Wonder et autres D’Angelo.
Au fil de ses 15 titres, Bootleggaz nous ballade entre Détroit, Londres, Philadelphie, New
York et la Nouvelle Orléans, ne manquant pas de faire escale à Toulouse pour enrôler
le crooner Gimenez E (que nous écoutions il y a peu sur l'excellent projet The Empire Of Sound), à Paris pour
solliciter les services de la diva Jaleenah
Birdland, à Oakland pour amadouer le flow
old school du rappeur Raashan Ahmad
ou encore à Guyana cueillir le blues
du rasta Ras Mac Bean… Un voyage initiatique
autour du monde et à travers les époques où les cuivres d’un big band
cohabitent avec les scratchs d’une technics sl1200 et les beats d’une MPC…
The Roots
Of Chicha (Vol.1) & Juaneco y Su Combo (Master Of Chicha 1) (Barbès
Records/Differ-Ant)
Il n’y a pas que les chefs étoilés, pâtissiers et vignerons originaires de l'hexagone qui réussissent à se faire une place sous le soleil états-unien… Le Club Barbès à Brooklyn a été créé par
deux musiciens français voilà plus de 10 ans et le label new-yorkais Barbès Records lui a emboité le pas en
se spécialisant dans des sonorités world
typées, issues du passage de styles musicaux populaires et traditionnels au
travers du prisme de la modernité et
de la singularité d’artistes engagés,
marginalisés ou oubliés. Ces créations hétéroclites hybrides, inspirées et
souvent barrées badinent avec le folklore des Balkans, du Méxique, du Pérou, du
Chili ou du Brésil…
La maison de disque nous présente sa double actualité prévue
pour fin Mai 2015.
The Roots Of Chicha
vol.1 rassemble les pionniers d’un genre apparu dans les années 70 avec l’arrivée
au Pérou de la guitare électrique et du rock psychédélique. Mélangeant la cumbia colombienne à la guaracha
cubaine, réhaussée d’accents criollo,
surf et de toutes sortes d’influences
locales et exotiques glanées au hasard des ondes radio, ces artistes
décomplexés et armés de leurs claviers électriques, percussions afro-latines et
pédales d’effets ont conçu un cocktail
postmoderniste devenu la fierté des péruviens défavorisés. On y
découvre ainsi une pléiade d’orchestres sortis de l’anonymat en 2007 avec la
première anthologie de chicha disponible
en dehors du Pérou, Los Mirlos, Los Hijos Del Sol, Los Dentellos, Los Diablos
Rojos ou encore Juaneco Y Su Combo.
La seconde actualité de Barbès Records est justement la publication d'une compilation de ce groupe qui pérît en grande partie dans un accident d'avion en 1977, Masters Of Chicha: Juaneco y Su Combo. Formation mythique de l'Amazonie péruvienne, elle prend forme dès 1966 sous l'impulsion de l'accordéoniste Juaneco et de son père saxophoniste. Cantonnée à reprendre des standards latino-américains dans ses débuts, elle s'électrifie au début des 70's et devient le premier groupe psychédélique d'Amazonie, boosté par la créativité du guitariste Noé Fachin nourrie par l'usage exagéré de psychotropes...
Ces 2 disques sont à mettre entre les mains de mélomanes amateurs du concept de sono mondiale oú autres aventuriers désireux de s'engager dans un trip décalé...
Alune Wade & Harold Lopez-Nussa - Havana-Paris-Dakar (World Village/Harmonia Mundi)
Lorsque que deux prodiges se rencontrent échangent et
partagent leur amour pour leur culture respective, le résultat ne peut qu’être enthousiasmant.
Dans le projet world jazzHavana-Paris-Dakar, à
paraître chez World Village, la
magie opère naturellement autour du jazz
et d’un feeling humain puis musical
rapprochant l’Afrique de l’Amérique latine, les rythmes du cha cha cha, de la rumba et de la salsa cubaines
à ceux de la morna cap-verdienne ou
du chaabi magrébin entre autres
influences sénégalaises, maliennes ou camerounaises.
Ainsi, après le live AtHome, qui rassemblait la diva malienne Fatoumata
Diawara et le pianiste de la Havane Roberto
Fonseca, nous découvrons une nouvelle œuvre fusionnant l’héritage des deux
continents, où le bassiste nomade et chanteur sénégalais Alune Wade a franchi l’Atlantique pour rejoindre le jeune virtuose
du piano cubain, Harold Lopez-Nussa.
Présent sur le dernier Afrodeezia
de Marcus Miller avec sa voix cristalline
et délicate (suivant les pas tracés par les immenses Salif Keita et Lokua
Kenza), Alune est aussi agile au
chant que sophistiqué à la guitare-basse, sa grâce et la douceur de son jeu nous
nous font forcément penser à son aîné camerounais Richard Bona. Son parcours et son talent le mènent à seulement 18
ans dans l’orchestre d’Ismael Lô puis d'Oumou Sangaré et
plus tard dans le studio d’enregistrement de Youssou N’Dour... Il est aujourd'hui installé à Paris.
Harold Lopez-Nussa,
auteur du splendid New Dayparuen 2013, est issu d'une grande famille de musiciens, il mène de front piano jazz, musique classique et traditions caribéennes, s'appropriant subtilement les répertoires de Maurice Ravel, Keith Jarrett ou Wayne Shorter, accompagnant sur scène la chanteuse Omara Portuondo ou parcourant le monde en égrenant ses propres compositions dans les plus prestigieux festivals (Montreux, Montréal, Sète...)
C'est en Allemagne que les deux hommes se rencontrent presque par accident, Alune remplace le bassiste d'Harold pour un concert donné dans un club en Avril 2012, l'alchimie est telle que naît l'envie d'aller plus loin. Tous deux ont été impressionnés et largement influencés par
la fusion des genres qu’ont initié les jazzmen légendaires des 70’s et des 80’s
tels que Joe Zawinul ou Herbie Hancock.
À leur tour ils élaborent un métissage scintillant et fédérateur des styles, rendant ainsi hommage aux racines africaines de la musique cubaine. Le tandem, enregistrant l'album à Cuba en décembre 2012, réinterprète une série de standards empruntés aussi bien au gambien leader de la scène salsa de Dakar Labah Sosseh (Aminata), qu'à l'héroïne aux pieds nus de Sao Vicente Cesaria Evora (Petit Pays), en passant par le succès immortalisé par un des chantres de la scène raï Rachid Taha (Yarahya) ou encore par une perle mandingue extraite de l'œuvre du griot malien Salif Keita (Seydou).
Ces titres, accompagnés des compositions inédites d'Alune (Sagô, Salimata, Dom), d'Harold (Nussa Solo) ou de son frère le batteur/percussionniste Ruy Adrian Lopez-Nussa (Guajira) sont tous une invitation à la danse et à la fête, à l'instar du sublime hymne à la liberté Ayé Africa de Manu Dibango trait d'union idéal entre l'île des Antilles et la terre-mère.
À noter qu'autour de nos deux leaders se sont greffés des artistes hors paires, une garde rapprochée composée de Ruy à la batterie, Adel Gonzalez aux percussions et Reinaldo Melian à la trompette, puis d'invités prestigieux comme les chœurs de l'Orquesta Aragon, les guitaristes Hervé Samb et Amen Viena ou la chanteuse cap-verdienne Sara Tavares.
Les arrangements de Havana-Paris-Dakar servent un dessein plus que respectable, celui de d'afficher un sourire radieux à ses auditeurs conquis par la découverte d'une Afrique colorée de 'cubanité' et de latin jazz...
The Alchemist & Oh No - Welcome to Los Santos (Mass Appeal Records)
Gangrene, duo hip-hop
de haut vol formé par les producteurs californiens The Alchemist alias ALC
(Mobb Deep, Dilated People, Eminem) et Oh
No issude la fameuse écurie
Stones Throw Records (puis accessoirement petit frère de l’immense Madlib),
nous présente son nouveau projet intitulé Welcome to Los Santos, conçu pour et inspiré par le célèbre jeu vidéo Grand Theft Auto V ou GTA V de Rockstar Games.
Les partenaires de longue date œuvrent en terrain connu
puisqu’en 2013 Ils collaboraient déjà à la création de la precédente bande-son du jeu avec
les compositeurs Edgar Froese de
Tangerine Dream et Woody Jackson.
Cette collection de morceaux dédiée à
l’univers violent de la citée de Los Santos (version fictive de Los Angeles),
où trois criminels complètement barrés fomentent une série de braquages
audacieux et dangereux sur fond de virées sauvages en grosses cylindrées, fait partie de la promotion d’une nouvelle version PC
de GTA V. Elle se compose de 14 titres aux reflets hip-hop West Coast bien sûr (Welcome To Los Santos,Bad News, Fetti), mais
aussi traversés d’influences soul 70's (Play It Cool, Trouble), pop (Speedline Miracle Masterpiece, Leave, Wanderer), dancehall (Fast Life, Born Bad), rock (Lock & Load), electro (K.Y.S.A.), G-Funk (California) et R&B (20's 50's 100's).
Gangrene a convié pour l'occasion une pléiade d'artistes notables dans la sphère hip-hop autant qu'électro pop/rock, dont Little Dragon, Aloe Blacc, Wavves, Phantogram, Popcaan, Freddie Gibbs, Sinkane, Dam-Funk, Kokane et autres Killer Mike ou Action Bronson...
Welcome To Los Santos est désormais disponible pour les utilisateurs de cette nouvelle version de GTA V depuis la station radio in-game The Lab...
Le peintre, producteur et multi-instrumentiste basé à New York Jason Drake nous revient sous l’identité
de Dfalt avec un premier album éponyme
succédant à l’EP Black Book paruen Avril dernier sur Plug Research (Amp Live, Bilal...). Connu comme étant l'artisan du projet electro/indie-rock Cassettes Won’t Listen où il s’est
notamment illustré en remixant RJD2, Daft Punk, Aesop Rock ou Morcheeba, le co-fondateur du label Daylight Curfew nous présente ici ses orientations abstract
hip-hop obsédantes qu'il distille dans des atmosphères vaporeuses et embrumées.
Dès son ouverture avec A
Few Began To Smoke, Dfalt nous plonge
dans la bande son crépusculaire d’un film imaginaire habité des craquements analogiques
d’un vieux vinyle et d’autres reflets glitchs électroniques. Les synthés lointains se déploient en nappes fantomatiques voguant à travers un paysage désertique battu par le vent. La rythmique est dépouillée, un clap et une bass drum assommante s'y enchaînent lentement dans un dub presque asséché.
Avec School, Dfalt nous accompagne en territoire trip-hop, la basse gronde, les cordes flottent et le clavier entonne une ritournelle inquiétante, le tout étant ponctué de scratchs crasseux nostalgiques de l'époque old-school, qu'il réalise grâce à sa mythique Technics 1200.
Jason a grandi au son hip hop du milieu des années 90, il cite volontiers les noms de Public Enemy, J Dilla, RZA ou DJ Premier comme piliers fondateurs de sa passion pour le beatmaking, passion renforcée par la puissance et les possibilités de sa MPC1000, instrument aujourd'hui vintage! Aphex Twin l'a aussi largement influencé, d'où peut être son goût prononcé pour les expérimentations ambient (Arrested Silence), les rythmiques bancales(We Use To Be Broken) et les ambiances electronica sombres.
Sunrise Soldier, qui pourrait être compilé par David Visan et Claude Challe dans une version 'face B' de leurs sélections Buddha Bar, confirme comme ailleurs dans l'album que si le down-tempo est une constante chez Dfalt elle se construit d'échantillons de batterie poussiéreux et d'FXs extirpés sous le torture de ses Korg Koass Pads.
Dans Light Bright Love Letters l'ancien directeur marketing du label hip-hop underground Definitive Jux Records (Run The Jewels)inclut des tonalités big beat voire pop, dans Fist 101 il flirte avec le grime et s'acoquine à un footwork décéléré dans Plastic Jungles et Bath Tub...
Bref, Jason Drake nous ballade dans les méandres des sous-genres electronica contemporains en s'inspirant aussi bien de la bass music anglaise et du trip hop des 90's que de la scènebeat expérimentale de L.A. Il s'attèle, comme dans son travail graphique, à explorer les nuances et les distinctions entre le monde analogique, physique, palpable et son équivalent digital, numérique et virtuel.
ci dessous un extrait de son EP Take datant de Janvier 2014:
L’afrobeat a le
vent en poupe depuis quelques années avec un impressionnant regain d’attention
du publique pour ses rythmes endiablés issus d’une habile fusion entre musiques
traditionnelles nigérianes (juju et highlife), funk, soul et jazz. Fela Kuti, instigateur de cette
nouvelle verve contestataire envers un pouvoir politique corrompu et Tony Allen, artisan de sa rythmique accrocheuse
et enivrante, ont posé les jalons de cette révolution musicale au début des
années 70 à Lagos.
Au début des années 80, Fela
forme son groupe Egypt 80 qui succède à Africa 70. C’est à cette époque
que le jeune Délé Sosimi, natif d'Hackney à l'est de
Londres (en 1963) mais ancré dans la culture de son Nigeria d’origine, rejoint le
mythique orchestre jusqu’à la création en 1986 du Positive Force avec Femi Kuti. La mort de Fela en 1997 motive le chanteur, directeur musical et claviériste à se concentrer sur sa carrière et à poursuivre de son côté l'œuvre militante du maître-mentor en y intégrant davantage de sonorités jazz, deep funk et latino. Devenu leader, Il fonde son propre orchestre et incorpore davantage le piano à son afrobeat bouillant et racé. En 2002, il publie son premier opus solo Turbulent Times, s'en suivront une quantité impressionnantes de projets et de collaborations jusqu'à la sortie en 2007 de son second LP Identity. Délé, fondant parallèlement à Londres la Dele Sosimi Afrobeat Foundation où il enseigne activement, se produit sur les scènes du monde entier et participe aux plus prestigieux festivals, de Montreux à Calgary en passant par Oslo et Vienne.
De retour au studio, il nous offre via l'exigent label Wah Wah 45 le brulant You No Fit Touch Am, un album engagé et servi aux petits oignons par le producteur Benedic Lamdin que l'on connaît mieux sous le nom de Nostalgia 77. Le disque fut enregistré dans la capitale britannique aux Fish Market Studios.
Les ingrédients inhérents à l'afrobeat et à son groove diablement infectieux sont de mise, si les précédents efforts de Délé lorgnaient de façon plus flagrante sur le funk et le jazz (on se souvient du titre Turbulent Times et ses accords de piano acoustique), l'artiste nous propose ici un retour aux sources à travers 7 pistes dont la plus courte dure 6mn10s !
Le format est imposé par la montée progressive de la machine à danser, You No Fit Touch Am s'ouvre avec la bombe E Go Betta où la guitare lance un phrasé puis une autre la rythmique typiquement highlife et ainsi entrent dans la vibe tous les instruments de l'Afrobeat Orchestra, batterie, basse, section cuivre massive puis clavier...
L'ambassadeur Délé Sosimi au chant y clame haut et fort ses opinions politiques, il exhorte les nigérians dans le second morceau (aussi second single) Na My Turn à reprendre les rennes de leur pays en œuvrant pour un vrai changement: "We no want government by soldiers... Government by self-determination...".
Dans le titre éponyme, Délé nous vend le pouvoir ensorceleur de l'afrobeat, une invitation à la danse et à la transe sur les rythmes fondateurs yoruba.
We Siddon We Dey Look (Straight Molin') nous renvoie dès l'intro de ses guitares à une autre référence musicale à laquelle Fela était aussi sensible, le funk écorché et tranchant de James Brown. Le chanteur explique qu'entre la fin des années 70 et aujourd'hui, les choses n'ont finalement pas tant changé dans son pays d'origine, la terreur a d'autres visages, il cite la tristement célèbre secte Boko Haram active depuis début 2000 et issue de la région nord-est du Nigéria.
Sanctuary est le premier single de l'opus, avec sa rythmique incisive et urgente il nous appelle à le suivre dans son sanctuaire, sans doute un ailleurs de plénitude, de liberté et de paix.
You No Fit Touch Am est un disque parfait, tant pour sa masterisation (l'expertise de Nostalgia 77 y est pour quelque chose) que pour son aspect artistique irréprochable, il vise autant à nous faire danser qu'à éveiller en nous une conscience militante endormie par un confort superficiel.
Le producteur électro Titeknots, issu de l'excellente écurie anglaise Tru Thoughts Records a réalisé un remix jouissif de Sanctuary, punchant le titre à grands renforts de beats house, dont ses fameux crochets bass drum foudroyants et autres clap assommants ! Un véritable obus chargé d'ondes positives à lâcher sur le dancefloor... ... Et à télécharger ICI
Le musicien compositeur et arrangeur polyglotte Daby Touré nous présente par
l’entremise du label Cumbancha son
5° opus baptisé Amonafi, qui
signifie en wolof « il était une
fois ». Né dans le désert mauritanien, il passe son enfance entre la
capitale Nouakchott et la Casamance sénégalaise avant de rejoindre la France à
la fin des années 80 avec un père musicien, préférant voir son fils étudier
plutôt que vaquer à sa passion pour la musique.
Imprégné des rythmes
et des folklores de son Afrique natale et abreuvé des airs de Bob Marley,
Police, Stevie Wonder et Michael Jackson, il développe une identité
musicale plutôt éclectique et se fait rapidement remarqué comme un chanteur multi-instrumentiste
doué. Depuis son projet afro-jazz Laddé enregistré
en 1992 avec son groupe de l’époque Touré
Touré (son cousin Omar en était
le co-leader) et son premier album solo Diam
paru en 2004 chez Real Wolrd (label
de Peter Gabriel) enregistré avec le producteur Cyrille Dufay (auteur de BOF), Daby a décidé de se concentrer sur un répertoire
plus personnel, explorant tour à tour son héritage culturel (Stereo Spirit en 2007), l’univers du
blues (Call My Name en 2009) et de
la chanson militante (Lang(u)Age en
2012). Invitant au passage des artistes qui comptent, comme Oxmo Puccino, Francis
Cabrel, Wise, Ours, Maxime Le Forestier ou encore Skip McDonald, Dafy a toujours su faire preuve
d’ouverture, mais la nouveauté d’Amonafi,
c’est qu’ilatteste d’une
réorientation radicale, un renouvellement profond après une « traversée du
désert » tant au niveau créatif que personnel.
Tout jeune papa, la parution de ce dernier opus célèbre
aussi sa rencontre avec Jacob Edgar,le boss de Cumbancha qui dit d’ailleurs de lui « qu'il est incapable
d’écrire une mauvaise chanson !». En effet ce dernier ne tarit pas d’éloge
à propos de ce citoyen du monde, vantant
son talent naturel de mélodiste et de guitariste.
Enregistré entièrement dans son home studio à Paris, Amonafi a été mixé avec la complicité
de Nicolas Diop, il se veut être une
invitation au voyage et au partage mais aussi une piqure de rappel concernant l’histoire
de l’esclavage et les challenges que l’Afrique moderne doit relever (faim,
guerres, gestion des ressources naturelles…). Presque tous les instruments sont
interprétés par Daby, la guitare y
tient bien sûr une part importante nous emmenant au gré de ses arrangements
captivants dans des contrées musicales luxuriantes et sophistiquées.
L’ouverture Woyoyoye
nous immerge d’emblée dans un univers radieux et coloré avec ses airs de ballade chaloupée capverdienne.
Kiba revêt quant à
lui des accents pop ensorceleurs à l’instar
de l’enjoué Oma et sa rythmique reggae tropicaliste, tandis que Little Song arbore des reflets folk.
Khone est un a cappella à la polyphonie vibrante, Amonafi et Kille deux petits bijoux mêlant jazz, guitare africaine et groove enivrant
rappelant la fusionjazz world du bassiste camerounais Richard
Bona.
Avec Debho, Daby nous invite dans la Guinée de Mory
Kanté et avec Mina et ses couleurs mandingues au Mali.
Le bluesNdema clôt un disque chargé d’émotions et
de beauté. A découvrir absolument !