Madison McFerrin - I Hope You Can Forgive Me (MADMCFERRIN MUSIC)
Dans la dynastie McFerrin, je demande Madison, fille de l'illustre chanteur et chef d'orchestre Bobby, sœur du talentueux Taylor (DJ/beatboxer/compositeur/producteur) et de Jevon,l'acteur. Il y a quelques semaines elle annonçait la sortie prochaine de son premier opus au long format, I Hope You Can Forgive Me, un disque solaire et saisissant introduit par les singles "(Please Don't) Leave Me Now" et "Stay Away (From Me)", tous deux largement parcourus de sonorités néo soul délicieusement langoureuses. La diva à la voix de velours publiait en 2019 l'EP You + I, une collection de 6 titres captivants, où douceur R&B, chaleur soul et textures électroniques servaient déjà d'écrin majestueux à un chant hypnotique et pénétrant. Auteure-compositrice, vocaliste, bassiste, claviériste, arrangeuse et productrice, Madison connaît toute les ficelles du métier et peut ainsi maitriser chaque aspect et peaufiner chaque détail de sa musique, de l'idée à sa réalisation. Dans le vibrant et sensuel "God Herself", nouvel extrait dévoilé il y a peu d'I Hope You Can Forgive Me, l'artiste engagée renoue avec son amour du gospel et du chant acapella, univers qu'elle avait déjà exploré en 2016 et 2018 à l'occasion des EPs Finding Foundations, Vol.I & II. Le titre est somptueusement mis en image par Sam Cannon dans une mise en scène qui n'est pas sans rappeler le sulfureux clip "Untitled (How Does It Feel)" de D'Angelo.
Bref, avec ces 3 premiers morceaux, Madison nous met l'eau à la bouche, il nous tarde de découvrir l'effort dans son intégralité!
C'est avec une énergie folle et fédératrice que le collectif canadien The Brooks vient nous balancer en pleine face son funk outre-Atlantique brulant et jouissif, hérité des tauliers du genre bien sûr (James Brown en tête), mais s'inscrivant également dans la lignée d'artistes emblématiques plus actuels, tels qu'Omar, D'Angelo ou Jamiroquai.
The Brooks, formation pilotée par son fondateur Alexandre Lapointe (bassiste incontournable de la scène black music montréalaise)et l'américain Alan Prater (chanteur à la voix éraillée originaire de Jacksonville en Floride et tromboniste d'expérience qui s'est notamment illustré auprès de Michael Jackson, Millie Jackson, The O.J’s, et Cameo), est une véritable machine à danser, un mastodonte à la cocotte facile rassemblant des instrumentistes d'exception, des requins de studio qui affichent tous un passif musical plus que respectable. S'y côtoient en effet Maxime Bellavance à la batterie, Philippe Look à la guitare et au chant, Daniel Thouin aux claviers, Sébastien Grenier au saxophone, Hichem Khalfa à la trompette et Philippe Beaudin aux percussions... Un casting XXL taillé pour les festivals !
Any Day Now, son troisième album, se compose de 12 titres stupéfiants d'efficacité et d'authenticité, où un groove syncopé alliant à la perfection minutie, rigueur et puissance, se marie pour le meilleur à des riffs cuivrés et des orchestrations pour cordes inspirées. Affichant haut et fort ses influences, mais revendiquant clairement ses propres couleurs, le groupe célèbre à sa manière la musique funk jouée dans les années 60 et 70 par les immenses Funkadelic, The Funk Brothers, The Headhunters et The Meters, mais aussi la soul aux envolées orchestrales léguée par Isaac Hayes, Ray Charles et Sam Cooke.
Un cocktail de sonorités jazz-rock, rhythm and blues, P-funk et néo soul qui fait des étincelles !
Jay Dee aka J Dilla Presents Welcome 2 Detroit The 20th Anniversary Edition (BBE Records)
Welcome 2 Detroit est sans doute l'un des disques les plus fascinants de la scène hip-hop US de ces 20 dernières années. Publié via Barely Breaking Even le 27 Février 2001 par l'emblématique beatmaker James Dewitt Yancey alias Jay Dee - puis J Dilla - il était le premier d'une série d'albums incontournables, dédiés aux piliers de l'Urban Underground. En effet, allaient lui emboiter le pas les immenses DJ Jazzy Jeff, Pete Rock (une de ses influences majeures), DJ Spinna, Marley Marl ainsi que will.i.am... Mais la barre étant placée si haute, aucun ne parvint à surpasser le jeune prodige de 27 ans à l'époque. Lui qui, dans les années 90 collaborait avec Amp Fiddler (qui lui mit sa première MPC entre les mains), formait Slum Village, œuvrait pour Janet Jackson, Pharcyde, De La Soul, Busta Rhymes, A Tribe Called Quest, Q-Tip et bien d'autres, ne se place véritablement sous le feu des projecteurs qu'à partir de l'an 2000, avec notamment le projet The Soulquarians, collectif qu'il imagine avec le concours de Questlove des Roots, D'Angelo et James Poyser. Signant dans la foulée des productions mémorables pour la diva néo soul Erykah Badu, les MCs Talib Kweli et Common,il se fait enfin un nom auprès d'un large public de non-initiés, subjugués par ses pulsations décalées et ses accords irréguliers.
Disparu à l'âge de 32 ans le 06 Février 2006 à LA, des suites d'une grave maladie, l'artiste originaire du Michigan demeure l'un, sinon LE, maître incontesté de l'art du sampling. Artisan d'un groove barré, underground et minimaliste, parfois crasseux ("Give it Up") et parfois d'une classe isolante ("Think Twice"), Jay Dee accouchait avec Welcome 2 Detroit de son premier opus solo, une œuvre magistrale marquant également ses débuts en tant que J Dilla (pseudo créé afin de se différencier de Jermaine Dupri,qui se faisait aussi appeler J.D).
Invitant une pléiade de jeunes talents à venir s'exprimer sur ses rythmiques brinquebalantes et inspirées, il a su grâce à la subtile alchimie du disque, marquer son temps d'une esthétique singulière sans pareil, où s'alignent tour à tour de manière brute et sophistiquée à la fois, des sonorités afro ("African Rhythms") et electro ("Big Booty Express"), des réminiscences bossa et jazzy ("Rico Suave Bossa Nova"), des lignes de basse funky ("The Clapper") ou des beats boom bap assassins ("It's Like That"). J Dilla avait le don pour échantillonner et flairer les bons flows: la présence de Dwele, Blu, Beej, Big Tone, Elzhi, Frank N Dank et Phat Kat en est la preuve!
Pour célébrer son 20ième anniversaire, le label BBE Records - qui avait laissé carte blanche à l'intéressé en 2001 - publie une édition spécialement remasterisée de ce légendaire Welcome 2 Detroit, avec un nouveau remix étonnant de "Think Twice", orchestré par le japonais Muro, ainsi qu'une version stellaire de "Rico Suave Bossa Nova", offerte par Azymuth, chantres brésiliens du jazz-funk. S'ajoute à l'ouvrage des versions alternatives nouvellement découvertes et des enregistrements inachevés, le tout reproduit méticuleusement à partir de cassettes inestimables, enregistrées par le producteur lui-même. Un texte de l'écrivain et cinéaste britannique John Vanderpuije raconte la génèse de l'album, alimenté par les précieux témoignages d'Amp Fiddler, Ma Dukes (la mère du génie) et tous les principaux contributeurs musicaux de l'album.
Le coffret vinyle de luxe et la version numérique sortiront le 5 février 2021 lors de la célébration annuelle #DillaMonth.
John 'Julius' Knight - Find a Friend (Remixes) (Soulfuric Trax)
Le spectre de la légende John 'Julius' Knight, auteur du classique "Larry's Jam"qui fut la toute première réalisation du tout récent Soulfuric Traxen 2018, plane une nouvelle fois sur l'écurie de Brian Tappert et Marc Pomeroy avec un autre de ses succès d'antan, l'excellent "Find a Friend", monument intemporel de la house music initialement paru en 2002 sur le mythique Soulfuric (premier du nom). Ce petit bijou, qui n'a rien perdu de sa splendeur, est emballé avec le re-work aux cuivres jazzy de l'incontournable Dr Packer - figure emblématique de Glitterbox - et celui aux accents discoïdes prononcés d'Angelo Ferreri, un habitué de la maison de disque de Miami. L'italien Babert nous livre quant à lui sa vision balearic house du standard, avec ses percussions latino et ses vibrations funk.
Originaire de Dunkerque et actuellement basé à Amsterdam, François Przybylski alias Awir Leon publiera le 28 Septembre prochain son second opus baptisé Man Zoo. Artisan d'une soul électronique immersive et hypnotique qui n'a rien a envier à celle de l'anglais James Blake, le jeune auteur, compositeur et interprète (également danseur émérite) nous livre un recueil vibrant et intimiste de 12 compositions inspirées, mêlant tendrement ses premières amoursmusicales à savoir la néo soul de D'Angelo ou d'Erykah Badu et le hip-hop de J-Dilla ou Mos Def aux influences, plus tardives, de l'electronica, du post dubstep, de la néofolk ou encore de l'indie pop. L'univers rythmique et mélodique plutôt futuriste, voire expérimental, qu'il élabore, hanté de nappes pop nébuleuses et de sonorités organiques raffinées, brille par son dépouillement et sa fragilité qui ne sont en fait qu'apparents et passagers, en effet quelques passages exultent avec un lyrisme nous faisant parfois songer aux héros Jamie XX, Woodkid ou encore Radiohead. Entouré d'une garde rapprochée talentueuse composée de son frère Sylvain Przybylski (basse) et de Floyd Shakim (piano), J.Kid (sampler), Ikaz Boi, Sébastien Forrester et Damien Rice (sur "Feathers"), Awir Leon captive d'emblée grâce à sa voix légère et aérienne parfaitement maîtrisée et son groove filtré richement orné de textures orchestrales enveloppantes. Un disque poignant!
The Black Eyed Peas - Masters Of The Sun Vol.1 (Interscope Records)
Histoire de fêter dignement ses 23 années d’existence et de célébrer son parcours sans faute, le mythique trio californien aux 40 millions d'albums vendus dans le monde, TheBlack Eyed Peas, publiait ce vendredi 26 Octobre 2018un septième opus baptisé Masters Of The Sun Vol.1, une remise au point du crew hip-hop, presque 10 ans après la sortie de leurs immenses succès pop The END (2009) et The Beginning (2010), produits en collaboration avec le DJ français David Guetta.
Véritables invitations à la danse et à la fête, The END et The Beginning nous livraient leurs refrains accrocheurs, riches de décharges électroniques et de beats hypnotiques, mais étaient dépouillés, hélas, de profondeur et de consistance. Le leader historique de la formation Will I am, entouré de ses fidèles acolytes Taboo et Apl.de.ap,a donc souhaité pour l'occasion revenir aux fondamentaux. Il alimente ainsi ce denier effort en sonorités boom bap 90’s et hip-hop old school, l'agrémentant de synthétiseurs savamment dosés et de lignes de basse au groove vibrant, d’échantillons vintage inspirés, d’accents jazzy et de reflets soul. La pop star Fergie ayant quitté la formation, elle permet à nos 3 larrons de s’exprimer avec le brio de leurs débuts.Laissant derrière lui les hits taillés pour le dancefloor, TheBlack Eyed Peace revient en force avec des titres urgents et engagés, renouant avec une conscience sociale et politique qui avait été mise en sourdine.Le trio retrouve ainsi l'énergie et la fraîcheur de ses deux premiers Behind The Front et Bridging The Gap, respectivement sortis en 1998 et 2000.
Les percutants "Street Livin’" et "Ring The Alarm" donnaient d’emblée le ton, lors de leurs parutions sur YouTube il y a quelques mois, appuyés par une mise en image remarquable et parlante. Y sont dénoncés à la foisles brutalités policières, la prolifération des armes à feu, la stigmatisation des immigrés et des réfugiés. Avec une entrée en matière intitulée "Back 2 Hip-Hop", l’auditeur est prévenu dès les premières mesures de l'opus, et si certains passeront leur chemin, d’autres redécouvriront le flow assassin et incisif des 3 rappeurs, s’illustrant sur des instrumentations simples et efficaces, forgées dans la culture musicale d’une population afro-américaine récemment ébranlée par de funestes événements.
Titre d’un roman graphique pensé initialement par Will i Am et publié par Marvel Comics, Masters of The Sun est une allégorie évoquant les problèmes sociaux et la culture urbaine de Los Angeles. L’histoire se déroule dans les quartiers Est de la ville, un groupe de rap doit lutter contre un dieu antique extra-terrestre, envoyé ici-bas pour transformer les dealers et autres gangsters du ghetto en zombies. Son adaptation en réalité virtuelle et augmentée fut mise en musiquepar le géant Hans Zimmer, il signa une bande son aux vibrationssoul et jazz qui sont omni-présentes dans les 12 morceaux de Masters of The Sun Vol.1. En plus de nous servir un hip-hop à l'ancienne classieux et militant, la galette nous déballe un casting d’invités prestigieux, s'y côtoient les immenses Nas, Slick Rick, Phife Dawg (RIP), Ali Shaheed Muhammad, Posdnuos, CL et Esthero, ou encore celle qui était pressentie avant Fergie, Nicole Scherzinger. Masters of The Sun Vol.1 s’inscrit dans la liste des albums hip-hop emblématiques d’une Amérique contemporaine divisée, à l’instar de Black Messiah (D’Angelo), To Pimp A Butterfly (Kendrick Lamar) ou encore de Black America Again (Common). Plus récemment, c’est l’excellent titre "This Is America" de Childish Gambino qui mettait brillamment en avant le profond malaise occasionné par l’accession de Trump à la présidence des États-Unis. Mais malgré la gravité de la situation, The Black Eyed Peas persiste tout de même à vouloir transmettre un message positif et rassembleur, le premier single "Big Love" avec son ton enjoué et festif est LE moment pop de l'album, il semble avoir survécu à l'éviction de Fergie...
Soulsearcher - Can’t Get Enough! (Remixes) (Soulfuric Deep)
Soulseacher, projet piloté par le célèbre producteur Marc Pomeroy, moitié de l'immense Jazz-N-Grooveet fondateur avec Brian Tappert de Soulfuric Recordings ainsi que de la plateforme de téléchargement Traxsource, accouchait en 1998 d'un titre qui allait trôner dans les anales de la house music comme un classique absolu et incontournable de la scène club: "Can't Get Enough!", sublimé par les vocaux surpuissants de la diva R&B Donna Allen.
20 ans après sa sortie initiale, le tube est de nouveau éditée par l'écurie Soufuric Deep sous la forme d'un recueil de 5 remixes de qualité, orchestrés par le duo écossais Illyus & Barrientos, l'australien Dr Packeret l'italien Angelo Ferreri. Les trois protagonistes tentent avec succès d'ouvrir la palette de ce hit soulful à des sonorités plus adaptées au dancefloor d'aujourd’hui.
Angelo Ferreri - Want To Say EP (Soulfuric Recordings)
Après nous avoir offert le captivant "Don't You Worry" de The Joi Fuhl Feat. ShezAr en début d'année, le légendaire label basé à Miami Soulfuric Recordings repointe le bout de son nez avec une nouvelle réalisation aux saveurs house 90's, l'EP Want To Say, orchestré avec maestria par l'italien Angelo Ferreri, Dj/producteur et patron de maisons de disques originaire de Sicile. Avec ses 3 titres punchy aux sonorités soulful fédératrices, regorgeant d'accents jazzy et disco ("I'm Talking To You"), l'artiste impose d'emblée une signature musicale chaude et funky! Nous retiendrons notamment l'excellent "The Real Ghetto (Extended Mix)", reprenant le fameux solo de guitare du mythique Georges Benson qu'il enregistrait en 2000 dans sa reprise incontournable de "The Ghetto", chanson initialement écrite par Donny Hathaway en1970. Le très jackin house"Want To Say" rappellera surement à certains quelques bons moments de la french touch...
"L'umami est un mot japonais se traduisant généralement par savoureux, il est l’une des cinq saveurs de base avec le sucré, l’acide, l’amer et le salé."
Le Dj/producteur lyonnais nous mettait l'eau à la bouche en Aout dernier, publiant sur Glitterbox un EP fort remarqué aux sonorités disco/funk baptisé The Power Of The Blessing Of Unity. Co-fondateur de Moonrise Hill Material et boss de FHUO Records (For Heaven Use Only), Folamour nous revient par l'entremise du label de Luke Solomon et Derrick Carter, Classic Music Compagny, avec l'album Umami, un précieux recueil de 9 titres absolument accrocheurs et poétiques, nous délivrant une house soulful raffinée, gorgée d'un groove organique, de grains analogiques et de vibrations positives.
Largement empreinte d'accents discoïdes ("Devoted To U"), afro latin ("Ivoire") ou broken beat ("Jah Love"), de vocauxsoul ("Y'all Right’"), de claviersjazzy ("Look At Me Or I'll Steal Your Eyes"), de lignes de bassefunky ("Kickflipin' That Stuff’")et de sensibilité hip-hop ("Petit Prince du Macadam"), la touche de Folamour consiste en quelques samples bien sentis, choisis et découpés avec maestria, puis montés sur des mécaniques d'orfèvres envoutantes et fédératrices.
On retiendra entre autres - car absolument rien n'est à jeter dans cet opus - deux moments particuliers, l'excellente ouverture "Night Of Desirable Objects", citant le monumental "Spanish Joint" que le nusoul héroD'Angelo nous offrait en 2000 dans son mémorable Woodoo, mais aussi l'apaisant "Oyabun", où le français nous immerge dans une atmosphère chill romantique, ponctuée de cordes délicates et de loops captivants.
Miles Mosley - Uprising (World Galaxy/Alpha Pup Records)
Nous évoquions il y a peu la sortie de l'excellent triptyque The Epic du saxophoniste californien Kamasi Washington, nouvelle sensation jazz aux accents expérimentaux gravitant dans l'entourage du producteur Flying Lotus. C'est au tour de l'un de ses acolytes du West Coast Get Down (collectif de jazzmen novateurs basé à Los Angeles),de s'illustrer dans un album puissant affichant des sonorités clairement urbaines teintées de jazz bien sûr, mais aussi de soul, de blues, de funk, de pop et de rock psychédélique. Il s'agit du contrebassiste, compositeur et chanteur Miles Mosley et de son magistral Uprising. Composé de 11 titres aux orchestrations riches et cuivrées, ce disque mérite sa place dans le palmarès des plus belles oeuvres récentes en ligne avec l'héritage musical afro-américain, au même titre que Black Messiah de l'immense D'Angelo ou To Pimp A Butterfly du génial Kendrick Lamar. Tout en élaborant d'intenses arrangements de cordes, de cuivres et de chœurs gospel, Miles a choisi de tirer le maximum de textures et d'émotions de son instrument de prédilection, en lui appliquant des filtres et des effets, nous faisant penser au détour de quelques solos enflammés au lyrisme d'un Page ou Hendrix.
C'est son premier single "Abraham" relayé en France par la radio TSF en 2016, qui frappa le premier l'oreille des auditeurs amateurs d'un jazz vocal racé empreint de soul et de gospel façon Grégory Porter. Son second extrait "Young Lion", paru à la sortie de l'album le 27 Janvier dernier, conforte les premières impressions laissées par "Abraham", imposant sur un rythme effréné une énergie vitale vigoureuse et fédératrice qu'un certain Lenny Kravitz pouvait, à l'âge d'or de sa carrière, nous communiquer.
Autour du contrebassiste se retrouvent les exceptionnels Tony Austin à la batterie, Ryan Porter au trombone et Kamasi au saxophone, Cameron Graves au piano et Brandon Coleman aux claviers... Ils sont la fine fleur d'un jazz américain bousculant ses frontières et ses carcans.
Moonchild - The Truth (Dj Jazzy Jeff & James Poyser Remix) (Single) (Tru Thoughts)
Le trio néo soul basé à Los Angeles Moonchild (dont le titre "Don't Wake Me" figurait au menu de CETTE mixtape enregistrée en décembre 2015) nous présente via le label de Brighton Tru Thoughts son troisième single intitulé "The Truth (Dj Jazzy Jeff & James Poyser Remix)" enrichi du délicat "Nobody", tous deux extraits de son dernier opus baptisé Please Rewind paru l'an dernier.
Remarqué par Gilles Peterson et recommandé par Huey Morgan, Robert Glasper et Jamie Callum, "The Truth" est retravaillé par le producteur anglais, claviériste et membre de The Roots,James Poyser, ainsi que par le maître incontesté du son de Philadelphie Dj Jazzy Jeff, dans une veine future jazz des plus douces et sensuelles. Le duo revisitait déjà "Be Free", une autoproduction que Moonchild publiait en 2013. En face B, le formation nous offre le luxueux "Nobody" riche de ses arrangements de cordes et de ses harmonies exaltantes. La voix envoutante de la chanteuse et saxophoniste ténor Amber Navran inonde de sensualité une musique douce et captivante, influencée par les icônes Erykah Badu, Jill Scott, Jay Dilla, D'Angelo et autres Lauryn Hill.
Le décapant septet soul/funk basé à San Francisco, Con Brio, annonce la sortie de leur premier opus Paradise sur V2 Records. Composé de 12 titres brulants aux sonorités psychédéliques, le disque fait suite à l'EP Kiss The Sun paru l'an dernier. Menée par le jeune chanteur charismatique Zieck McCarter - dont le sex appeal, la puissance vocale et l'énergie peuvent se mesurer à celles d'un Robert Plant, Mickael Jackson ou James Brown -la formation s'est rapprochée du producteur légendaire David Caldato (Seu Jorge, Beastie Boys, Beck...). Ensemble ils nous proposent un cocktail explosif et euphorique habité d'une sensualité à toute épreuve. Salué par Meshell Ndégéocello ou Trombone Shorty, Con Briodépoussière un genre trop souvent teinté de reflets vintages,interprétant des textes engagés louant la révolution et rejetant l'injustice et les pressions sociales.
Ca joue dure, ça chante fort, ça groove diablement mais lorsque la fougue du funk cède sa place à la profondeur de la soul, on obtient des ballades étourdissantes comme "My Love", "Honey" ou encore "Paradise Outro", d'où semble surgir le spectre de Marvin Gaye. Naturellement on pense aux immenses D'Angelo et Maxwell (notamment dans "Can't Get Enough"), mais l'alchimie du groupe est belle et bien singulière, portée par les chœurs de Kelly McFarling et Lady Chi, les guitares de l'excellent Benjamin Andrews, les cuivres de Brendan Liu et Marcus Stephens, les claviers de Patrick Glynn, les lignes de basse de Jonathan Kirchner et la batterie d'Andrew Laubacher.
La diva Angie Stone,
une des figures emblématiques de la scène néo-soul
depuis 1999 et la parution de Black
Diamond, nous revient avec un septième opus intitulé Dream. Né sous l’impulsion du producteur Walter W. Millsap III (Mariah Carey, Jennifer Lopez, Alicia Keys ou
Brandy), le projet veut remettre en lumière la vie d’une artiste (aux 2 disques d’or et aux 3 nominations aux
Grammy Awards) hors paire et son lègue souvent déprécié au monde de la black music. Rappelons à ce sujet qu’à
la fin des années 70 elle comptait parmi les pionnières du hip-hop féminin avec son trio The Sequence et leurs titres old
school comme Funk You Up paru sur
le label de Sugar Hill Gang en 1979,
Monster Jam en 1980 ou Funky Sound (Tear The Roof Off) l’année
suivante.
Dream se compose
de 10 titres aux reflets soul sucrés et
délicats, la voix puissante et sensuelle d’Angie (qui baigna toute son enfance dans le gospel) est toujours aussi touchante et efficace, on en prend
conscience dès l’ouverture très orientée R&BDollar Bill, qui nous convie sur le
dancefloor en mode ondulations et petits pas langoureux.
Dave Hollister la
rejoint sur le brulant Begin Again dont
l’ambiance ouatée ne s’apprécie pleinement qu’en position horizontale (comme le
titre éponyme d’ailleurs), puis le rythme s’accélère avec Clothes Don’t Make a Man, révélant la facette rétro-soul de l’ex de D’Angelo
(un retour aux sources audible aussi dans l’énergique Quits). C’est justement de sa relation avec le chanteur qu’elle
traite dans la touchante ballade Forget
About Me, où comme dans Magnet, Think It Over ou 2 Bad Habits elle ré-explore les sonorités et le groove de ses
débuts, que Mahogany Soul en 2001 et
Stone Love en 2004 ont
indélébilement gravés dans l’histoire de la soul contemporaine.
Angie Stone,
auteur, interprète, productrice et actrice revient donc sur le devant de la
scène, plus apaisée et sereine que jamais ! Ses relations houleuses avec
sa fille Diamond se normalisent et son
fils Michael (dont D’Angelo est le père), décrit comme un
excellent rappeur, se promet à une belle carrière. Sa foi inébranlable et sa
force de caractère l’ont aidé à surmonter les épreuves de la vie, abimée par des
émissions de téléréalité, la
cinquantenaire pourrait être très prochainement le sujet d’un biopic produit
par Jamie Foxx !
Le messie du modern funk, DâM Funk aka Damon G.
Riddick,n’aura pas tardé à
refaire parler de lui après son excellente collaboration avec le prince du G-Funk, Snoop Dogg en 2013, sur l’album 7 Days Of Funk, qui nous replongeait dans les sonorités West Coast des 90’s. Il nous offre en téléchargement
gratuit un EP de 4 titres baptiséSTFU,
plantant un décor instrumental nous rendant nostalgique du gangsta rap classieux
de Warren G et Nate Dogg (RIP) dans Regulate.
Snoop & DâM FUNK
Le producteur californien annonce ainsi l’imminence de la
sortie de son nouveau long format intitulé Invite
The Light, à paraître début septembre 2015 et dans le lequel il invite une pléiade
d’artistes incarnant l’essence même du hip-hop
et du funk d’hier et d’aujourd’hui.
On note bien sûr la présence de Snoopzilla,
mais aussi celle de l’immense rappeur new-yorkais Q-Tip (Tribe Called Quest), du mythique Junie Morrisson (The Ohio Players, P-Funk, Funkadelic), de la
légende Leon Sylvers III (The Sylvers),
de la chanteuse électro Nite Jewel,
du surprenant Ariel Pink, du
bassiste Flea (Red Hot Chili
Peppers) ou encore du beatmaker natif de Los Angeles Computer Jay et de la chanteuse emblématique Jody Watley (Shalamar)…
D’habitude assez rare, Dâm-Funk
était fin Mai 2015 en tournée US avec une de ses idoles, le rocker Todd Rundgren et Il est prévu qu’il contribue
à un documentaire nommé Finding The Funk
(si la campagne de financement via Kickstarter aboutit) dirigé par le tandem Nelson George/Arthur Baker et qui raconte la genèse du funk. Il serait narré
par ?ueslove (The Roots) et
inclurait les participations de Nile
Rodgers, Bootsy Collins, D’Angelo,
Peanut Butter Wolf (boss de Stone Throw), Mike D (Beastie Boys), Bernie
Worrell et Sheila E.
Personnellement j’ai hâte !
Nite Jewel & DâM FUNK
Mais revenons à notre objet d’étude, Invite The Light nous offre donc une musique sur laquelle le temps
n’a plus aucune emprise, le funk est
mort à la fin des années 80 mais n’a jamais été aussi vivant, il continue
d’évoluer au travers du hip-hop et son
art du sampling ou bien des scènes modern
funk/future funk/electro funk dont notre serviteur est l’un des acteurs
majeurs. N’acceptant aucun compromis, « son approche musicale est pure » comme le précise Nite Jewel, peu importe si elle ne lui
remplie pas les poches grassement tant que la reconnaissance et l’intégrité
sont là !
Dâm-Funk, qui a
commencé sa carrière comme batteur dans une formation jazz de Pasedena, a pensé
ce second album studio comme un disque estival
gorgé de lumière, de légèreté et de sensualité, mais aussi et surtout de
larmes et de sourires, qui d’après lui sont des composants essentiels du funk. Il l’a écrit avec les tripes et enregistré
dans l’intimité d’une chambre avec un pc portable et quelques claviers aux accents
vintage, puis a accordé une place significative aux voix, plus présentes que
dans ses précédents travaux, l’idée de raconter une histoire et d’écrire une
chanson l’a séduit.
DâM FUNK
L’Ambassadeur du
Boogie Funk de Los Angeles est clairement orienté vers une esthétique à la D-Train ou Earth Wind & Fire, avec
des orchestrations sophistiquées où
les mélodies sont reines.
Si We Continue
nous immerge dans le funk des 80’s avec son potentiel dancefloor contagieux, Somewhere, Someday nous fait prendre de
la hauteur avec ses synthés aériens et son rythme plus lent et langoureux, sa ligne de basse ronflante et prédominante
nous maintient cependant un pied sur la piste de danse.
Q-Tip
Q-tip dépose son
flow si reconnaissable sur I’m Just
Tryna’ Survive (In The Big City), on s’imagine alors longeant la côte au
volant d’une Pontiac Grand Prix de
1970…
Surveillance Escape
est plus tranchant et rapide, une sorte de psyché
funk urgent et haletant.
Flea et Computer Jay collaborent ensuite sur un
Floating On Air enivrant aux saccades
breakbeat, suivi d’un HowUGon’Fu*kAroundAndChooseABusta ?
où DâM Funk prend des airs de Prince et George Clinton.
Le titre instrumental The
Hunt & Murder Of Lucifer est suivi de It Didn’t Have 2 End This Way et Missing U, deux titres jumeaux où le producteur déploie ses talents
au vocoder.
Ariel Pink & DâM FUNK
La pépite du disque est sans doute Acting, dans lequel Ariel
Pink dévoile une présence presque fantomatique sur une prod. aux hit hats
comme désynchronisés.
O.B.E (deuxième
bijou du LP), son format maxi de 8 mn 29s et ses accents nu-disco nous mènent sur un sentier balisé jadis par le duo
new-yorkais Metro Area, dont la
moitié Storm Queen a le vent en
poupe depuis son succès de 2010, Look
Right Through.
Leon Sylvers III
Leon Sylvers III
rejoint DâM dans un Glyde 2nyte aux saveurs R&B torrides, tandis que Snoop Dogg et Joi nous proposent un hymne à la décontraction et à l’apaisement
avec Just Ease Your Mind From All
Negativity, on imagine sans mal les nuages de fumée qui devaient planer
dans le studio d’enregistrement…
Novena Carmel
Enfin, le très féminin Virtuous
Progression, avec en guests les charmantes Nite Jewel, Jody Watley,
Novena Carmel (fille de Sly
Stone !!!), Jane Jupiter et Jimi James déborde forcément de
sensualité et de douceur, jusqu’à ce que Scatin’
(toward The Light) (troisième trésor de l’opus) à la rythmique plus
qu’explicite, clôt notre parcours dans l’univers passionnant de DâM Funk, grand défenseur du son old school. Il déclare d’ailleurs que « le funk est l’outsider de la black
music, son bateau noir ».
DâM FUNK
Artiste visionnaire travaillant toujours dans l’émotion, il revendique son amour du funk comme un
style de vie. Nous gratifiant de 3
bonus tracks portant le nombre des pistes à 20, ce passionné et généreux DâM Funk nous balance ses ondes
positives sans nous faire quitter la réalité, on garde ainsi les pieds sur
terre pour entamer quelques pas de danse et l’esprit serein mais alerte pour ne
pas perdre le nord ni la valeur de la vie.
Robert
Glasper - Covered (The Robert Glasper Trio recorded Live At Capitol Studios)
(Blue Note)
L’excellent pianiste jazz Robert Glasper a enflammé la critique et séduit un large public grâce
à ses deux précédents albums largement orientés R&B, Black Radio paru en 2012 et Black
Radio 2 sorti l’année suivante.
Proche des milieux hip-hop et néo-soul, il côtoie et
collabore avec des artistes d’horizons divers tels que Meshell Ndegeocello,
Bilal, Erykah Badu, Q-Tip, Jay-Z, Maxwell ou Common ainsi que les jazzmen Chris
McBride, Roy Hargrove, Terence Blanchard…
De retour chez Blue
Note avec le même trio qu’en 2005 et 2007 lorsqu’il publiait ses opus Canvas et In My Element, le musicien nous offre un projet jazz acoustique d’une élégance rare, intitulé Covered (The Robert Glasper Trio recorded
Live At Capitol Studios).
Nous retrouvons donc ses fidèles acolytes, Vincente Archer à la contrebasse et Damion Reid à la batterie enregistrant
avec lui en Décembre dernier une session
live intimiste devant un public ultra restreint, dans les mythiques Studios Capitol d’Hollywood.
Comme son nom l’indique, l’enregistrement se compose de reprises chères à Robert, piochées dans son propre répertoire (I Don’t Even Care, In Case
You Forgot) ou issues de ceux de Radiohead
(Reckoner, premier single de l’album),
Joni Mitchell (Barangrill), Musiq Soulchild
(So Beautiful), Jhene Aiko (The Worst), John Legend (Good Morning) ou encore Kendrick
Lamar (I’m Dying Of Thirst)…
Parmi ces covers qui exposent ses talents d’arrangeur et sa virtuosité discrète, empruntant
indifféremment aux scènes pop rock , électro, folk, R&B, hip-hop et néo
soul, le pianiste a choisi d’interpréter l’immense standard de jazzStella By
Starlight (écrit par Victor Young),
une ode somptueuse où l’influence des rythmes
urbains apparaît dans le jeu expert du batteur.
Malgré le fait qu’il compose toujours en pensant à la manière
qu’un chanteur ou MC pourrait déposer son flow sur ses mélodies, Covered est un album uniquement instrumental, exception faite d’une
courte intervention d’Harry Belafonte
dans le vibrant et engagé Got Over. L’ancien
crooner y déploie un texte touchant qu’il récite d’une voix fragile et usée,
décrivant une journée dans la peau d’un afro-américain… Sur I’m Dying Of Thirst, des voix d’enfants énoncent
le nom des victimes de violences policières aux US, issues des minorités certains
de ces martyrs ont été rendus tristement célèbres en partie grâce à la mobilisation
de stars telles que Nas, Derrick Rose, D’Angelo, ?uestlove ou Kendrick Lamar (qui est d’ailleurs l’auteur
du thème).
Le ton est donc donné, Covered
est un live de jazz engagé socialement
mais aussi artistiquement, en effet le trio nous balance, au-delà de ses sublimes
reprises, son étonnant In Case You Forgot,
unique titre au format réellement jazz, qui s’étale sur 13 minutes et où les
trois musiciens improvisent en totale liberté s’acoquinant même à certains
moments au free jazz.
Robert Glasper,
avec son doigté délicat tantôt véloce tantôt cool exprime une telle
décontraction qu’il captive d’emblée, que ce soit dans le cadre d’un concert
privé ou d’un festival. Aussi adroit dans tous les répertoires de la black
music, il s’impose peu à peu comme une figure emblématique du paysage musicale
américain, fusionnant comme personne la sophistication du jazz et l’efficacité
du hip-hop/R&B.
Space Captain - Easier/Remedy (Single) (Tru Thoughts)
Tru Thoughts nous régale une fois de plus avec le single de sa toute nouvelle signature nommée Space Captain. La formation basée à Brooklyn est un collectif de jeunes musiciens plutôt orientés néo-soul.
Easier/Remedy paraîtra fin juillet 2015 annonçant (peut-être) un album dans un futur proche.
Le titre Easierfut lancé en 2013 via Bandcamp, son succès donna lieu un an après à la parution de Remedysur la même plateforme.
Leur musique étant une subtile combinaison de sonorités R&B, hip-hop, soul et électro, il est logique que Space Captain soit tombé dans l'escarcelle de la maison de disque anglaise, comptant déjà dans ses rangs les fameux Quantic, Alice Russell ou Harleigblu.
La voix de la chanteuse Maralisa Simmons-Cook hypnotise littéralement son auditoire tandis que la section rythmique dirigée par le producteur/guitariste Alex Pyle (co-fondateur du groupe) distille un son délicat et ouaté, largement imprégné d'accentsjazzy, que nous délivrent par simonie la trompette de Lessie Vonner. Influencé par les beats de Madlib et Jay Dilla, les mélodies et les arrangements d'Erikah Badu, Jill Scott ou D'Angelo (dans sa période Brown Sugar), Space Captain se réclame tout autant d'un héritage plus classique, à chercher du côté du blues de Taj Mahal et du jazz de Nina Simone.
Royce Wood
Junior - The Ashen Tang (37 Adventures)
Omar n’en finit
pas de faire des émules outre-manche, en effet la scène néo soul britannique accouche d’un nouveau prince du groove nommé Royce Wood Junior. Aperçu aux manettes de
l’excellent Mirrorwriting de Jamie Woon en 2011 (et aux guitares
pendant la tournée), l’artiste multi-instrumentiste dévoile aujourd’hui son
premier LP intitulé The Ashen Tang.
En 2014, ses deux premiers EPs Rover
et Tonight Matthew avaient déjà capté
l’attention de la critique et du public, annonçant l’arrivée imminente d’un nouveau
Jamie Liddle – rien que ça ! - avec sa voix gorgée de soul et de velours, ses
rythmiques granuleuses et asymétriques, ses synthés vintage obsédants, ses
guitares saturées de rock’n’roll et ses lignes de basse contagieuses.
Sincèrement les 12 plages de l’album sont autant de claques,
ou plutôt de crochets funky lancés
au travers de nos figures tuméfiées affichant un sourire béat de satisfaction.
L’artiste a assimilé le génie de ses deux héros Stevie Wonder et Prince, il a très vite compris qu’avec sa voix il devait assumer pleinement
son statut de crooner et ne pas
uniquement rester dans l’ombre avec les musiciens, confiné dans les studios
d’enregistrement ou planté derrière l’écran de son ordinateur.
C’est ainsi que dès l’intro Remembrance (Part I) l’artiste plante le décor, après 30 secondes
d’une orchestration cinématique (ensemble
de cordes et piano) il entame au chant une complainte monotone sur les rythmes
d’une marche militaire syncopée, agrémentée de glitchs et autres accidents sonores puis survolée d’une nappe
vaporeuse qui s’épaissit progressivement jusqu’à l’ouverture de la seconde
piste, le majestueux Midnight.
Taillé pour le dancefloor, Midnight est la synthèse parfaite du son de Royce en mode up-tempo
et glamour. Il y distille une énergie
pop et electro-funk des plus chics à l’image du tube Baby I’m Yours du français Breakbot
(Ed Banger).
Jodie déploie une soul profonde, intense et organique sur
une assise rythmique désarticulée et brinquebalante, nous faisant songer à la
rencontre du brulant D’Angelo et du
producteur Flying Lotus.
Clanky Love est un
clin d’œil aux 70’s, il fusionne les reflets soul d’autrefois à l’efficacité pop d’aujourd’hui, conduisant l’auditeur nostalgique à se
trémousser langoureusement le sourire aux lèvres et les yeux entrouverts.
Honeydripper est
la suite logique de Jodie, nous
immergeant plus profondément dans une néo
soul moite aux accents psychédéliques.
Avec le titre central Stand,
l’artiste change légèrement les couleurs de sa palette optant pour une
dominante plus popvoire même piano rock à la Rufus
Rainwright. En effet durant les 5 mn de cette ballade flamboyante, le
chanteur nous berce tendrement avec sa voix éthérée, son arrangement de cordes envoutant
et dramatique ainsi que son piano gavé de reverb. Le morceau nous rappelle l’immense
succès mainstream A Full Of Stars de
Coldplay…
Poursuivant l’exploration de son penchant pop, Royce signe les très 80’s Bees
et Nuther Bruther, proches des
sonorités dance-pop-R&B de Stevie Wonder.
Nouvelle ballade cette
fois-ci plus intimiste, à presque nous en tirer les larmes des yeux, le
touchant Midas Palm (évoquant un
amour perdu) étend son arpège à la guitare acoustique et sa ligne de basse sonnant
comme le son d’un tuba étouffé sur plus de 4 mn où nous demeurons suspendus à
la voix caressante du crooner aux
airs mélancoliques de Chris Isaak.
Twiggin’ nous
délivre un groove subaquatique
accueillant le flow sensuel de Royce
qui prend des allures de Prince dans
les refrains au funk contagieux. Remembrance
(Part II) complète et achève l’exploration techno et garage amorcée
dans l’intro Remembrance (Part I), l’instru
y est plus barrée mais aboutie après 2 mn au même texte extrait d’un poème de Sir Thomas Wyatt entonné, la encore, à
la manière du Kid de Minneapolis.
Enfin pour clore cette véritable pépite, Stickin’ répand une electronica lyrique
et sophistiquée comme sait si bien les faire James Blake…
Royce Wood Junior
publie une œuvre aboutie et censée, son approche
singulière de la pop music passée au travers du crible des sons mythiques
de Stax et Motown ainsi que d’une électro ouvrant les champs du possible, est d’une
efficacité et d’une accessibilité déconcertante, frisant parfois la perfection.