Bonobo –
The North Border (Ninja Tune/Pias)
Douceur, équilibre et volupté… Voici quelques mots qui
pourraient introduire une approche sensitive du nouveau chef d’œuvre de Bonobo « The North Borders ». Immanquablement, comme pour ses quatre
précédents efforts, le bassiste, DJ/producteur et compositeur britannique, Simon Green, excelle dans l’élaboration
de ses textures sonores riches, profondes et chargées d’émotions. Toujours sur
le mode Down-Tempo, l’atout majeur
de l’écurie Ninja Tune expose en
treize titres somptueux sa vision charnelle de la musique électronique, un
savant mélange de mélodies touchantes et enivrantes nappées sur une assise
rythmique Glitch faite d’assemblages
ingénieux et solides.
Le disque se dévoile avec une ouverture quasi subaquatique, « First Fires » pose les
jalons du véritable travail d’orfèvre qu’a réalisé Bonobo. Ce subtil alliage de
beats et de synthés aériens, accompagnés d’un ensemble à cordes vibrant en
apesanteur, offre une belle plage instrumentale au chanteur folk de Brooklyn, Grey Reverend (remarqué par The Cinematic Orchestra), qui vient délicatement
y déposer sa voix fascinante. Rappelant Woodkid
dans son sublime « Iron »,
ce premier titre dégage une sorte de nonchalance poétique bouleversante ! « Emkay »
et sa rythmique 2-Step typiquement
anglaise nous replonge dans les ambiances Drum
& Bass et Jungle des années
90, tandis que le single « Cirrus »
et son doux carillon entêtant nous prépare aux Before Deep-House des beach parties azuréennes. Puis vient le morceau
phare de l’album, avec la participation de la magnifique Erykah Badu, pionnière de la scène NuSoul avec son « Baduizm » sorti en 1997. « Heaven For The Sinner » est
un pur bijou Electronica,
atmosphérique et tendre, riche en sonorités ouatées et synthés triturés :
une prestation délicate de la diva et une production minutieuse de l’architecte
sonore. Bonobo a le chic pour découvrir et lancer de nouveaux talents, on se
souvient d’Andreya Triana dans le précédent opus « Black Sands », c’est au tour de la ravissante chanteuse
anglaise Szjerdene de faire ses
preuves dans deux titres « Towers »
et « Transits ». Sa voix suave
et soulful est apaisante ; bien qu’en retrait, elle déploie une sensualité
proche de celle de l’immense Sade. C’est Cornélia
qui a l’honneur de clore le disque avec « Pieces »,
la jeune chanteuse pop a écrit les paroles et a participé à sa production. Déjà
remarquée lors de ses apparitions notamment sur le sublime
« Sleepless » du Portico Quartet, elle brille à nouveau dans une
ambiance Trip-Hop aux accents
intimistes que seules les samples de Green savent produire. Simon semble nous
adresser une synthèse de tout ce qui se fait mieux dans la musique électronique
actuelle, en Angleterre comme ailleurs : de l’Abstract Hip-Hop de « Ten
Tigers » ou « Jets »,
à la NuDisco d’ « Antenna », en passant par
le Dubstep de « Sapphire », la Balearic
Deep-House de « Don’t
Wait » sans oublier le Cinematic
Breakbeat de « Know You ».
Elégance et maestria sont donc une fois de plus au
rendez-vous dans cette dernière mouture made in UK de Simon Green, artiste
discret et au combien précieux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire