mercredi 28 août 2013

Interview Erik Truffaz (Novembre 2008) - "Rendez-Vous Paris-Benares-Mexico"


Erik Truffaz situe son jazz au carrefour des musiques ethniques, populaires, rock et électroniques. Echappant à tout étiquetage, le trompettiste multiplie ses projets d’ouverture vers l’autre, il conçoit ainsi une identité musicale à part et flexible, qui s’accorde à merveille avec sa conception du partage et de l’échange.

 

 
 
- « Rendez-vous », réunissant trois enregistrements illustrant tes grandes rencontres musicales de ces deux dernières années, marque-t-il une étape particulière dans ta carrière ?
 

Chaque album est une étape particulière, une nouvelle marche à gravir, qui me permet d’entrevoir de nouveaux horizons. Ceci dit, c’est la première fois que j’ai la possibilité de sortir 3 projets différents en même temps et j’en suis très heureux.

Je n’aurais jamais pu réaliser « Rendez-vous » tout seul, il s’agit là de collaborations (Sly Johnson, Malcolm Braff, Murcoff, Indrani & Apurba Mukherjee), d’une rencontre avec toute la matière créative résultant de l’échange....


- Comment envisages-tu une collaboration ?
 

J’attends la rencontre, et de cet échange jaillit une étincelle qui sera le fil conducteur de mon processus créatif.


- Sur « Paris », on découvre une nouvelle facette de Sly Johnson, qu’est ce qui t’a attiré chez ce jeune rappeur ?
 

Ce qui m’attire chez Sly c’est sa multiplicité, il peut être tour à tour une basse ou une batterie, et ce, juste avec sa voix. Il a un groove parfait, sa tessiture est gigantesque, il peut chanter des leads vocaux époustouflants.


- Pour « Bénarès », décris-nous une séance d’enregistrement (avec Malcolm, Indrani et Apurba). L’Inde semble t’inspirer tout particulièrement… ?
 

Il faut très longtemps avant qu’une séance d’enregistrement débute à Calcutta, on boit du thé au lait, l’accordeur de piano arrive en retard et l’ingénieur du son se perd dans ses fichiers informatiques...

Une fois que tout est en place, on règle la tempura, on accorde les tablas et on enregistre, souvent en une seule prise.

Je suis inspiré par l’Inde et par tous ces pays qui ont la tête tournée vers l’avenir et les pieds encrés dans des traditions spirituelles millénaires encore pratiquées. L’Inde est un mélange parfait de ce paradoxe qui fait que notre monde peut être merveilleux et horrible à la fois.

 

- Suite à ta collaboration électronique avec Murcof sur « Mexico », envisagerais-tu un second « Revisité » comme en 2003 ?
 

Je n’envisagerai pas un second « Revisité », mon principe est de me renouveler, de me remettre en question avec d’autres influences, d’autres formats…

 

- Peux-tu donner ta définition du Jazz… Et si tu devais décrire ta musique ?
 

Le Jazz est en mouvement qui existe depuis plus de 150 ans, je n’en ai aucune définition précise si ce n’est qu’il est une des représentations de la mixité : Blues, Polka, Hard bop, musique classique, variété française du début du siècle, Groove et rock… Le jazz est musique.

Ma musique est une musique savante et populaire à la fois, donc « Popjazz »


- Quelle est la place de l’improvisation dans ta pratique ?
 

J’improvise sur scène, en relation avec les musiciens qui m’entourent. J’amène un cadre que nous avons auparavant travaillé et nous peignons un tableau dont le reflet des couleurs nous est communiqué par l’émotion du public. 

A la maison je pratique beaucoup d’exercices qui me donnent de la liberté pour improviser en live....

 

- Les voix sont de plus en plus présentes à tes côtés, depuis Nya jusqu’à Sly, en passant par Christophe…qu’est ce qu’elles t’apportent ?
 

La voix m’apporte l’évidence de la musique, c’est à vrai dire l’instrument de communication le plus immédiat...

 

- Avec toutes ces formations et ces projets différents, tu nous donnes l’impression de chercher quelque chose…une quête de l’accord parfait ?
 

Je cherche à donner le meilleur de moi-même en présentant des scénarios différents tel un cinéaste ou un écrivain. L’accord parfait n’existe pas, tout est en mouvement, et nous ne sommes qu’un élément de l’univers.

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- Tu as déclaré en parlant de ce qui a inspiré à Joe Zawinul « In A Silent Way » que « le rapport à la solitude et aux espaces, on peut le retrouver dans ton jeu, un jeu assez aérien, plus espacé que fourni.» Est-ce que ce jeu cache un solitaire ? Donne-nous quelques clés pour comprendre la touche Truffaz.
 

J’aime être seul, je suis assez ami avec moi-même, les grands espaces me fascinent, la haute montagne, le désert, la mer…

J’adore retrouver au travers du son la sensation de ces grands espaces...

Enfin seul je ne suis rien, donc je vis avec ma famille, mes amis, mes musiciens…


- Qui t’inspire, quel est le musicien que tu admires le plus aujourd’hui ?
 

J’admire entre autres Bjork, Anouar Brahem, Jon Hassell, keith Jarrett et Miles biensûr, ou encore Peter Gabriel, Gabriel Faure, Erik Satie… Des musiciens inventifs et passionnants. 


- Qui tu écoutes en ce moment ? Ton dernier cd acheté et ton dernier concert en tant que spectateur ?
  j écoute en ce moment  Keith Jarrett solo a la Scala de Milan .....

 

Mon dernier cd acheté est une compilation de Nino Ferrer, que j’adore. Textes, musiques, esprit et ton… Une merveille d’humour et de groove.

 

- Des idées, des envies pour le futur ?

J’aimerais enregistrer avec Anouar Brahem en trio et avec Richard Galliano en duo.

Je souhaiterais aussi composer des musiques de film et partir, pour ce faire, au sommet d’une montagne ou au bord d’un désert pendant 6 mois...

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