Lapalux – Nostalchic (Brainfeeder)
Autre Petit Prince de la musique électronique, Lapalux aka
Stuart Howard aurait pu n’être qu’un bidouilleur de plus, seulement voilà,
comme certains alchimistes de sa génération, il a trouvé ce subtil mélange, cet
équilibre si rare qui fait d’un disque une pierre philosophale.
Le jeune anglais publie son premier opus intitulé
« Nostalchic » signé sur le label de Flying Lotus Brainfeeder, basé à
Los Angeles. D’autres choisissent le craquement du vinyle comme toile de fond
pour leur tissu sonore, mais Lapalux lui a préféré le souffle et les
irrégularités de la cassette. Cette fragilité du son enregistré sur bande
magnétique, ce côté éphémère presque volatile, permet au producteur de
manipuler les textures et de dompter à souhait les sonorités qu’il emprunte à
la Black Music et aux musiques électroniques de pointe (IDM).
Tout y passe, de la House down tempo sur « Swallowing Smoke »,
au Glitch-Hop de « IAMSYS », en passant par la Soul sensuelle et adipeuse
de « One Thing » ou au post Dubstep de « Flower ». La patte
du patron FlyLo est présente bien sûr, mais on devine aussi l’influence des
maîtres du genre Glitch, Machinedrum ou Prefuse 73.
Et dans ce dédale de beats et de samples, de clic et de
clac, d’expérimentations en tout genre et de voix déformées par un dictaphone
torturé, se distinguent trois titres essentiels, « Guuurl », «Without
You » et « Walking Words ».
« Guuurl » s’ouvre avec une petite ritournelle
enivrante plaquée sur un synthé épuisé, puis vient une voix auto-tunée façon
R&B, un loop discret de Darbuka et enfin une explosion subaquatique de
beats sensuels qui nous éloignent du dancefloor en nous accompagnant jusqu’au
pied du lit.
« Without You », quant à lui, nous transporte dans
un univers proche de celui de James Blake dans son album éponyme de 2011, où
mélancolie, douceur et chaleur d’une Soul mis au ralenti se marient à
l’implacable rigueur synthétique et inquiétante de la machine. Ressemblant à un
vieil enregistrement ayant pris l’eau, le titre met l’auditeur en apesanteur, bercé
par la voix d’ange de la moitié du duo folk Peter & Kerry, la belle Kerry
Leatham.
Enfin « Walking Words » nous replonge dans la
riche tradition Broken Beat de la scène anglaise, Stuart y pousse la
chansonnette de sa voix fragile et délicate, nous rendant nostalgique de la fin
des années 90, quand la Jungle faisait encore vibrer nos tweeters.
Bref, « Nostalchic » est une véritable réussite et
un premier essai au long format plutôt concluant pour Lapalux.
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