Invité tout récemment à participer aux albums de Michael Felberbaum (Lego) et Olivier Bogé (ExpandedPlaces), le batteur canadien Karl
Jannuska est devenu depuis qu'il s'est installé dans l'hexagone en 2000 une
figure incontournable de la scène jazz
française. C'est pourtant un répertoire flirtant avec l'indie pop qu'il nous présente dans son
5° opus intitulé Midseason. Conviant
la chanteuse Sienna Dahlen et le
chanteur Denzal Sinclaire, Karl exprime ici pleinement ses talents
d'auteur et de compositeur, élaborant 13
chansons délicates aux ambiances éthérées ("Sleeplessness") et
aux arrangements sophistiqués parfois dissonants ("Montreal
Ballet"). Le groove y est toujours présent et parfois même électrisant ("Dear In Headlights"), l'artiste
le met en valeur par des rythmiques de batteries et de percussions singulières
qu'il renforce par de solides lignes de basse orchestrées par Julien Herné. Ainsi se forme une assise
rassurante où viennent s'étreindre les voix tendres de ses compatriotes, les
claviers aérés de Tony Paeleman et
les guitares versatiles de Pierre
Perchaud. Entre éloge de la lenteur ("Selective
Memory") et tempo plus soutenu ("Earlybird"),
ombre ("Canada Famous") et
lumière ("My Head Is A Musci
Box"), Midseason déploie des mélodies pop tantôt accrocheuses
("Greener Grass") tantôt
oppressantes voire psychédéliques ("Do
I Hear Happiness Here?")…
"MUSIC CREATES ORDER OUT OF CHAOS" (Yehudi Menuhin) hiko.events@gmail.com www.mixcloud.com/hikoevents
mercredi 4 mai 2016
Karl Jannuska – Midseason (Shed Music/Absilone)
Karl
Jannuska – Midseason (Shed Music/Absilone)
mardi 3 mai 2016
Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (April 16 Week 04)
Quelques titres extraits des toutes récentes actualités abordées dans mon blog Les Chroniques de Hiko... Ask Koosha, Idris Ackamoor & The Pyramids, M.A.K.U. Soundsystem, Mor Karbasi, Son Of Dave, Mélanie de Biasio, nOx.3.
Banda Black Rio – Maria Fumaça (Mr Bongo)
Banda Black
Rio – Maria Fumaça (Mr Bongo)
Toujours à nous régaler avec ses ré-éditions de galettes improbables, oubliées et devenues
rarissimes, le label Mr Bongo publie
aujourd'hui un classique du funk
brésilien des années 70, l'album Maria
Fumaça, paru en 1977 et premier des 6 efforts de la formation carioca Banda Black Rio. Adeptes du groove soul/funk des grands frères nord-américains tells
qu'Earth Wind & Fire, Kool And The Gang ou Headhunters, les musiciens Barrosinho à la trompette, Cristovao Bastos aux claviers, Claudio Stevenson aux guitares, Jamil Joanes à la basse, Oberdan Magalhaes au saxophone et Lucio Silva au trombone ont développé, à
l'instar de leur immense compatriote le Godfather Tim Maia, une savoureuse fusion aux reflets
tropicalistes, intégrant aux sons de la Stax et de la Motown quelques
ingrédients locaux empruntés à la samba.
10 titres essentiels comptant, selon le magazine Rolling Stone Brazil, parmi les 100 meilleurs albums brésiliens de tous les temps.
A noter l'excellent titre "Mr Funky Samba"... Incontournable!
vendredi 29 avril 2016
Ash Koosha - I Aka I (Ninja Tunes)
Ash Koosha
- I Aka I (Ninja Tune)
L'écurie anglaise Ninja Tunes nous présente le dernier obus sonore du producteur iranien Ash Koosha. Installé à Londres après s'être fait emprisonner pour avoir donné un concert de rock dans son pays natal, cet as de l'échantillonnage maltraite, étire, découpe et déforme un tas de samples dans des compositions électroniques expérimentales et barrées, répondant pourtant à des structures rythmiques et mélodiques inspirées par la musique classique, aussi bien perse qu'occidentale.
L'écurie anglaise Ninja Tunes nous présente le dernier obus sonore du producteur iranien Ash Koosha. Installé à Londres après s'être fait emprisonner pour avoir donné un concert de rock dans son pays natal, cet as de l'échantillonnage maltraite, étire, découpe et déforme un tas de samples dans des compositions électroniques expérimentales et barrées, répondant pourtant à des structures rythmiques et mélodiques inspirées par la musique classique, aussi bien perse qu'occidentale.
Les expérimentations electronica d'Aphex Twin et la violence sonique du post-rock de Mogwai ne sont pas étrangères au
travail du beatmaker, qui avoue
aussi avoir été touché par les ambiances trip-hop de Portishead et Massive Attack.
Mais davantage intéressé par la
fréquence et la présence physique et visuelle du son, il va traiter son
vaste répertoire d'échantillons comme un tas d'objets qu'il doit assembler et
articuler dans un certain ordre, c'est alors qu'entre en jeu la rigueur acquise
lors de ses classes au Conservatoire de Téhéran, histoire de donner un sens
musical à cette débauche de bruits, de
notes et de matières audibles.
Ce second opus intitulé I
Aka I succède à GUUD paru en
juin 2015 et qu'il façonna en
écoutant les maîtres Vivaldi, Wagner et Chopin. L'artiste y remplaça les instruments traditionnels que sont
le piano, les violons, violoncelles et cuivres par des glitchs et autres sons
inconnus ou méconnaissables. A l'instar d'un alchimiste, il désassemble,
mélange puis réassemble. Hip hop, rythmes jamaïcains, pop et folklores se frottent aux breakbeat,
dubstep, ambient et autres musiques
électroacoustiques un peu à la manière des héros du genre comme Prefuse 73 ou Fourtet. Si des titres down-tempo
comme "Eluded", "Buitiful" et "Growl" s'écoutent assez
facilement avec leurs mélodies plus ou moins discernables et leurs nappes de
synthés atmosphériques réconfortantes, il en est tout autrement avec les ambiances post-apocalyptiques et dissonantes
ou les rythmiques fragmentées,
fulgurantes et saturées de "Ote",
"In Line", "Fool Moon" ou "Too Many" (où l'on devine en
filigrane la "Sonate au Clair de
Lune" de Beethoven). On
notera les influences manifestes du
Moyen-Orient, qui transparaissent au travers de quelques bribes mélodiques
dans "Shah", "Mudafossil" ou "Make It Fast"…
Ash Koosha
accouche d'un disque détonnant, un objet sonore non-identifiable qui se laisse
approcher difficilement! Peut-être sa
vision musicale d'un Cubisme expressionniste?
Idris Ackamoor & The Pyramids – We Be All Africans (Strut Records/Differ-Ant)
Idris
Ackamoor & The Pyramids – We Be All Africans (Strut Records/Differ-Ant)
Pulsations afro, sophistication jazz, magie funk et reflets psychédéliques ont fait bon ménage aux USA et en Afrique dans
les années 70, puis le filon s'est tari peu à peu… Devenus rares et collectors,
ces projets gravés sur vinyle et influencés par les travaux de quelques gourous
tels que James Brown, George Clinton, Sly Stone pour le funk et Sun Ra, Alice Coltrane ou Pharoah Sanders pour le jazz/fusion,
s'échangent aujourd'hui à prix d'or. Autour de cet engouement toujours
croissant pour ces sonorités vintages
dont le Ghana, le Nigeria, le Congo ou le Sénégal ont été de grands pourvoyeurs,
les maisons de disques se sont mises à rechercher ces trésors oubliés, rééditant
des perles disparues ou participant à la reformation d'anciens groupes
mythiques.
Strut Records
s'est ainsi rapproché du groupe légendaire The
Pyramids, fondé dans l'Ohio en 1972 et affiné à Paris sous l'impulsion de son
leader charismatique et mystique, Idris
Ackamoor. Héritier d'une lignée de musiciens nés au Etats-Unis mais ayant
effectué un retour aux sources dans le berceau de l'humanité, le saxophoniste
multi-instrumentiste accompagné de ses acolytes Margo Simmons à la flûte et Kimathi
Asante à la basse, a bâtit une musique
spirituelle, consciente et militante aux accents afrobeat, P-funk, free, éthio et cosmic jazz.
Séparés en 1977 après avoir sorti 3 albums emblématiques et
avant-gardistes qui succédèrent à leur voyage initiatique en Afrique (Lalibela en 1973, King Of Kings en 1974 et Birth/Speed/Merging
en 1976), The Pyramids reprennent du
service en 2010 et publient en 2012 Otherwordly. Gilles Peterson salue alors l'ensemble
de leur œuvre en décernant à Idris
un Lifetime Achievement Award lors
de sa fameuse cérémonie annuelle des Worldwide
Awards.
Le 27 Mai prochain paraîtra We Be All Africans, dernier opus de ces légendes de l'afro jazz/funk, enregistré à l'ancienne
au Studio Philophon de Berlin avec
la collaboration du batteur Max
Weissenfeldt. Grâce à ce dernier les musiciens se plient au son analogique, à sa chaleur et à son
grain… On y retrouve la tendance astrale
et psychédélique de leurs débuts, comme s'ils reprenaient les choses là où
ils les avaient laissées il y a 40 ans, avec la même énergie, la même fougue et
un désir d'aventure et de partage toujours omniprésent. On notera la présence
solaire de la chanteuse indienne Bajka
dans le mélancolique "Silent
Days", single à venir très bientôt!
‘We
Be All Africans’ is a message of survival. A message of renewal. A message that
we are all brothers and sisters. We are all one family, the human family and we
need one another in order to survive on this planet that we all share.
Idris Ackamoor
Idris Ackamoor
jeudi 28 avril 2016
M.A.K.U Soundsystem – Mezcla (Glitterbeat/Differ-Ant)
M.A.K.U
Soundsystem – Mezcla (Glitterbeat/Differ-Ant)
C'est dans une débauche
de cuivres et de percussions assommantes que la formation new-yorkaise M.A.K.U Soundsystem nous invite à
partager ses racines musicales solidement ancrées dans l'afrobeat et les rythmes afro-colombiens. Les huit musiciens nous
présentent leur 3° opus intitulé Mezcla
et composé de 9 titres endiablés, ils y expriment leur origine colombienne,
commune à la plupart d'entre eux (Barranquilla et Bogota), tout en intégrant des sonorités explosives empruntées au punk,
au funk et au hip-hop dans un
discours engagé et optimiste, traitant autant de quête d'identité que du
quotidien ou de politique. Ses reflets jazzy
de fanfare New-Orleans boostée à
l'afro-groove sont largement enrichis de cumbia et de ska, dégageant
une énergie vitale rare et contagieuse!
Mor Karbasi - Ojos de Novia (Alama Rec./Harmonia Mundi)
Mor Karbasi - Ojos de Novia (Alama Rec./Harmonia Mundi)
La chanteuse native de Jérusalem Mor Karbasi publie son 4° opus intitulé Ojos De Novia. S'entourant de musiciens d'exception (Joe Taylor et Jorge Bravo aux guitares trompettes et saz, Antonio Miguel à la basse, Yshai
Afterman aux percussions et Orel Oshrat
au piano), elle exprime ses origines marocaines, perses et israéliennes à
travers une collection de 13
compositions captivantes, où le ladino côtoie les traditions andalouses et
berbères. Accents flamenco, fougue gitane, arrangements de cordes et sophistication
jazzy sont donc au rendez-vous dans ce voyage
initiatique et enchanteur entre Méditerranée et Moyen-Orient, où l'auditeur
est guidé par la voix cristalline et
bouleversante de sensualité d'une diva solaire et resplendissante. On ne
boude non plus pas notre plaisir d'écouter jouer ses invités de marque, les
bassistes Richard Bona, Kai Eckhardt et le guitariste Tomatito. Ojos de Novia est un disque touchant et rare!
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