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vendredi 9 décembre 2016

Alexis Avakian - Hi Dream (Paris Jazz Underground/Absilone/Socadisc)

Alexis Avakian - Hi Dream (Paris Jazz Underground/Absilone/Socadisc)

Le saxophoniste franco-arménien Alexis Avakian nous présente son second opus intitulé Hi Dream, un disque de jazz métissé de sonorités traditionnelles qui succède à un premier Digging Chami, largement salué par la critique et nommé 'révélation française 2014' par Jazz Magazine. Toujours entouré de sa fine équipe composée du batteur Fabrice Moreau, du contrebassiste Mauro Gargano et du pianiste Ludovic Allainmat, il invite une nouvelle fois le doudoukiste Artyom Minasyan, déjà présent par le passé et composante essentielle d'un projet enraciné dans un folklore que la mère du leader (joueuse de Qanûn) lui transmis dès sa plus tendre enfance, passée d'ailleurs à Marseille, cité de la diversité par excellence.
Présente et palpable sur au moins 4 des 11 titres, cette mémoire n'est pourtant pas prédominante dans Hi Dream, en effet le jazzman (que l'on découvre aussi à la flûte et à la guitare) fervent admirateur d'Archie Shepp et formé auprès d'Eric Barret, Sylvain Beuf, Grant Stewart et Jerry Bergonzi, est très tôt tombé dans la marmite du jazz et s'est depuis converti à l'improvisation et aux jam sessions parisiennes, ville qu'il a rejoint en 2006 et où il s'est produit notamment avec Franck Amsallem, Remi Vignolo ou Philippe Soirat.
Hi Dream est un disque poignant, et si l'on frissonne au son du doudouk dans le nostalgique "Adieu mon Drôle" ou dans "Boulevard des Pins", titre témoin de l'exil arménien et de ses espérances, on se fait emporter par le swing trépidant de "Glendale" ou de l'hommage au mentor "Per Gonzi". Plus loin, l'artiste nous délivre les ballades nocturnes "Agnès" et "Minor Mood", qui font briller la tessiture accrocheuse, franche et massive de son saxophone ténor qui nous fait forcément songer à un autre de ses modèles, John Coltrane.

mercredi 19 octobre 2016

Jean-Philippe Scali Feat. Glenn Ferris - Low Down (Gaya Music/Socadisc)

Jean-Philippe Scali Feat. Glenn Ferris - Low Down (Gaya Music/Socadisc)


Originaire du sud de la France, plus précisément de Draguignan dans le Var, le saxophoniste baryton Jean-Philippe Scali nous présente chez Gaya Music son second disque intitulé Low Down.
Très tôt initié au jazz par son mentor Ivan Belmondo (père de la fameuse fratrie Lionel et Stéphane), il suit au début des années 2000 les cours de François Théberge, Riccardo Del Fra, Daniel Humair, Glenn Ferris et Hervé Sellin au CNSMDP de Paris, époque à laquelle il se frotte sur scène ou en studio à quelques pointures du milieu dont Martial Solal, Paolo Fresu, Charlie Haden ou encore Chris Potter.
Depuis ses classes, il n'a de cesse en tant que musicien, arrangeur et compositeur de participer ou de diriger une multitude de projets, le dernier en date doit paraître le 04 Novembre prochain. Entouré de son nouveau quintet formé par l'immense Glenn Ferris au trombone (autre de ses mentors, Frédéric Nardin aux claviers (orgue Hammond B3, piano, Fender Rhodes), Samuel Hubert à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie, il nous présente un recueil de 10 compositions originales et inédites empreintes des héritages de Charles Mingus et Duke Ellington. Succédant à son premier Evidence paru en 2012, Low Down est clairement dominé par la signature grave et rugueuse de son sax baryton et parcouru de sonorités blues, entre autres influences musicales afro-américaines. La participation de Glenn, référence incontestée du trombone, est elle-aussi déterminante dans les couleurs et les ambiances qu'élabore Jean-Philippe, guidé et obsédé par la recherche du groove.



La rondeur du trombone, le piqué du baryton, l'efficacité d'une section rythmique tout terrain font de cet album un concentré jouissif d'énergie et de jazz old-school. Jean-Philippe marie avec fougue et passion les tessitures imposantes aux grains bien épais, dans des morceaux vibrants et brulants mâtinés de New-Orleans, de bebop et de swing. Une pensée particulière pour le radieux "Reflections" et son changement de tempo en dernière partie...



jeudi 13 octobre 2016

Frédéric Viale - Les Racines du Ciel (Diapason/Absilone/Socadisc)

Frédéric Viale - Les Racines du Ciel (Diapason/Absilone/Socadisc)

L'accordéoniste originaire du sud-est de la France Frédéric Viale, véritable référence dans le paysage jazzistique hexagonal nous présente son nouveau projet baptisé Les Racines du Ciel (sortie prévue le 8 Novembre 2016).
Entouré d'une fine équipe qui le suit depuis son précèdent La Belle Chose paru en 2013, il nous offre 11 titres gorgés de ce soleil azuréen qui l'inspire depuis ses classes à Cannes chez Galliano père, ainsi que largement influencés par les couleurs latines apportées par la complicité qu'il nourrit depuis 5 ans avec les musiciens cariocas Natallino Neto à la guitare basse et Zaza Desiderio à la batterie, sans oublier le précieux bahianais Nelson Veras, guitariste exceptionnel que tout le monde s'arrache en ce moment.
Samba, valse musette, tango ou boléro... Autant d'éléments que Frédéric intègre à son jazz rayonnant, organique et envoutant, parcouru de mélodies épurées mais toujours accessibles et touchantes, parfois teintées de mélancolie. Il invite sa section rythmique gorgées de vitalité a développer en toute liberté un groove généreux ponctué d'accélérations et de silences.
L'artiste sensible et rêveur, rapproche avec maestria et mesure une musique dite 'savante' de la dimension populaire et festive que revêt habituellement son instrument de prédilection.

L'album se compose d'hommages intimes et vibrants, à son père berger tout d'abord "Lou Pastre", puis à son mentor Eddy Louiss "Le Roi Louiss", au pianiste Daniel Goyone "Canto" ou à un petit village du Piémont de ses origines "Ormea". Ailleurs il dédie "Ballade Automnale" à son ami contrebassiste Eric Fassio ou "Maine Clown" à son chat...! Bref un disque vivant chargé d'émotions, de joie, de partage et d'écoute... Le tout nous est adressé avec simplicité et humilité...




mardi 11 octobre 2016

Promise Land Presents We Free (Pomise Land/Socadisc)

Promise Land Presents We Free (Pomise Land/Socadisc)

Forcément avec un titre pareil, le dernier projet du pianiste Alexandre Saada ne peut que piquer notre curiosité... En effet, celui que nous découvrions lors de son duo Madeleine & Salomon avec la chanteuse Clotilde Rullaud dans l'album A Woman's Journey, revient avec We Free, un disque de 11 pistes enregistrées le 7 février 2016 au Studio Ferber à Paris, avec pas moins de 29 musiciens qui se retrouvaient ensemble pour la première fois. Un pari risqué mais après 5 heures d'une musique entièrement improvisée, le résultat est là, vivant, puissant et vibrant...

Le concept...jouer librement, sans point de départ, ni consigne, ni partition... La séance d'enregistrement débutée à 21h00 devait se clore à 02h00 du matin, après avoir arpenté les sentiers d'un jazz libéré aux reliefs tantôt swing tantôt groove, ponctués de traverses fusion, free, funk et blues, arborées de reflets ethno et psyché...
S'y sont côtoyés la crème des musiciens de jazz contemporain, habitués des scènes parisiennes et d'ailleurs... Un foisonnement de talents issus d'horizons divers et variés (Japon, Brésil, Canada, Arménie, les Balkans...) parmi lesquels on retrouve la pianiste/chanteuse Macha Gharibian, le trompettiste Julien Alour, le flutiste Jocelyn Mienniel, les batteurs Antoine Paganotti et Ichiro Onoe, le guitariste Olivier Louvel, le percussionniste Meta, le bassiste Chris Jennings ou encore le saxophoniste Olivier Temime...
Un casting de rêve soumis à une expérience unique...

Ci dessous un lien vers le We Free en formule ultra réduite, un trio composé du contrebassiste Chris Jennings et du batteur Antoine Paganotti:


mercredi 20 juillet 2016

Matthieu Marthouret Bounce Trio Feat. Serge Lazarevitch - Contrasts (WeSeeMusic Records/Absilone/Socadisc)

Matthieu Marthouret Bounce Trio Feat. Serge Lazarevitch - Contrasts (WeSeeMusic Records/Absilone/Socadisc)

Le Bounce Trio mené depuis sa création en 2012 par le virtuose des claviers Matthieu Marthouret nous invite à découvrir son second opus intitulé Contrasts. Dédié à toutes les "victimes innocentes de par le monde" il résonne forcément de façon particulière alors que nous nous relevons à peine du terrible choc engendré par l'infâme massacre de la Promenade des Anglais survenu à Nice la nuit du 14 juillet dernier.

Ce quatrième album que le jazzman grenoblois, spécialiste de l'orgue Hammond, dirige en tant que leader a été enregistré majoritairement en quartet avec le renfort de l'immense guitariste Serge Lazarevitch. Constitué de 6 compositions originales, 4 impros collectives et 2 reprises, il a vu le jour grâce à une campagne de financement participatif (ou crowdfunding) sur Kiss Kiss Bang Bang et sa sortie prévue le 03 Octobre 2016 officialise la naissance du tout nouveau label indépendant We See Music, créé par et pour les musiciens.

Le jazz de ce Bounce Trio augmenté y est puissant, inspiré et captivant notamment marqué par des improvisations libres et un sens du groove festif et envoutant capté sur le vif, dans des conditions "live". S'il est largement enraciné dans le hard-bop et les sonorités issues de l'âge d'or de Blue Note, Contrasts est nourri de la complicité de ses musiciens et de diverses influences comme le free jazz ("Rage"), le jazz funk ("Bounce One"), le cosmic jazz ("Innocent Victims"), le latin jazz ("Keepin' It Quiet") ou le modern jazz ("Kind Folk"). Matthieu y évoque ainsi avec créativité et passion ses idoles Zawinul, Shorter, Wheeler et Monk, faisant au passage un clin d'œil au groupe rock prog Pink Floyd, en se réappropriant leur immense tube "Shine On You Crazy Diamond".

L'assise rythmique construite en partie par le batteur Gautier Garrigue y est superbe, sophistiquée, légère et musclée à la fois, elle est propice au jeu incisif et précis du saxophoniste bruxellois Toine Thys, figure emblématique de la clarinette basse en Europe. Les lignes de basse nous sont livrées par l'organiste manitou, qui assurent autant dans l'élaboration d'atmosphères sombres et solennelles ("It Should Be A Normal Day") que radieuses et entraînantes ("J.Z"). Il réunit les conditions idéales pour que chacun des protagonistes s'y expriment librement, avec rigueur et souplesse à la fois, laissant toujours le dernier mot à la mélodie et aux émotions. On notera l'intervention fantomatique au chant du saxophoniste belge Nicolas Kummert dans le poignant "Innocent Victims".

Sur la pochette du disque figure une reproduction de la fameuse sculpture monumentale Cadillac Ranch conçue en 1974 à Amarillo dans le Texas. Située au bord de l'ancienne Route 66 dans un paysage désertique, elle consiste en un alignement de 10 épaves de voitures Cadillac plantées dans le sol que les visiteurs peuvent taguer... Un choix que chacun interprètera à sa manière...!

jeudi 9 juin 2016

Madeleine & Salomon - A Woman's Journey (Tzig'Art/Promised Land/Socadisc)

Madeleine & Salomon - A Woman's Journey (Tzig'Art/Promised Land/Socadisc)

Deux musiciens à la sensibilité à fleur de peau s'unissent pour nous offrir A Woman's Journey, un recueil délicat et poignant de 15 chansons engagées et magiques, immortalisées jadis par les immenses Nina Simone, Billie Holiday, Joséphine Baker ou Janis Joplin. La chanteuse et flutiste Clotilde Rullaud, accompagnée du pianiste Alexandre Saada nous invitent en effet à apprécier leur approche singulière de l'American Songbook dans un décors musicale minimaliste et essentiel, où jazz et folk fusionnent pour le meilleur. Ils s'attèlent avec élégance et retenue à rendre un hommage vibrant aux chanteuses engagées et à leurs textes souvent féministes, révoltés et humanistes. La voix grave, vaporeuse et quasiment fantomatique de Clotilde flotte au dessus de somptueux paysages qu'Alexandre élabore avec maestria, domptant les silences et les zones de réserve de manière à toucher le cœur autant que l'esprit. Leurs interprétations des standards "Image", "Strange Fruit", "Four Women" ou encore "Vous Faites Partie De Moi" sont aussi vibrantes et marquantes que les enregistrements originaux passés à la postérité. Nous retiendrons entre autres l'émouvante berceuse "All The Pretty Horses" et l'hypnotique "Save The Children", une chanson que Marvin Gaye publiait en 1971 dans son célèbre What's Going On.

jeudi 12 mai 2016

Sam Mangwana - Galo Negro (Grounded Music/Socadisc)


Sam Mangwana - Galo Negro (Grounded Music/Socadisc)

L'une des plus belles voix de la rumba congolaise, le chanteur angolais Sam Mangwana dit 'Le Petit Django Reinhardt', voit l'un de ses plus beaux disques Galo Negro être réédité grâce à l'entremise de Grounded Music. Pour la petite histoire, le projet naquit à Paris en 1996 sous l'impulsion de Cyril Dohar des Editions Levallois et du guitariste/producteur Nkouka Batenda. Un an plus tard, entouré de vieux complices (dont le guitariste Nedule Montswet dit Papa Noel R.I.P.) et d'une belle brochette de musiciens panafricains, débutent les enregistrements sous la direction détendue de Christian Pollini (Papa Wemba, Alpha Blondy). Y sont invités Murray Head sur le langoureux "Manjani" aux couleurs sud-africaines et Nilda Fernandez sur la ballade folk aux airs de morna frenchy "La Sentence" (brulot adressé à l'ONU soulignant son incompétence à régler les problèmes du Tiers Monde). Paru en Février 1998, le disque reçoit un accueil chaleureux qui le propulsera jusqu'aux USA grâce à Dan Storper et son célèbre label Putumayo. Sam y interprète des textes engagés (contre la corruption, la violence, la xénophobie…) en français, swahili, anglais, portugais, kikongo ou lingala sur des mélodies inspirées des traditions de la République Démocratique Congo, du Cap Vert ou de l'Angola. Voyageur cosmopolite, il les pare de sonorités afro-caribéennes et afro-cubaines, tissant ainsi avec une élégance chaloupée et nonchalante des liens solides et évidents entre les continents bordant l'Océan Atlantique, le berceau de l'humanité d'un côté et le nouveau monde de l'autre. Il est le digne représentant de ces rythmes importés d'Afrique vers les Amériques qui reviennent à leur point d'origine pour repartir une nouvelle fois vers la mer des Caraïbes…

Cette réédition est enrichie du duo avec Nilda et de 6 inédits enregistrés par le bassiste français Vincent Hamamdjian.

vendredi 11 mars 2016

Julien Alour - Cosmic Dance (Gaya Music/Socadisc)


Julien Alour - Cosmic Dance (Gaya Music/Socadisc)

Le jazzman originaire de Quimper Julien Alour nous présente son second opus baptisé Cosmic Dance. Succédant à l'excellent Williwaw, il réunit à nouveau François Théberge au saxophone ténor, Adrien Chicot au piano, Sylvain Romano à la contrebasse et Jean-Pierre Arnaud à la batterie. Le quintet mené par le trompettiste à l'écriture subtile et inventive, nous invite à travers 9 compositions originales et un standard à pénétrer dans un jazz acoustique aux couleurs chaudes et aux mélodies rassurantes.

Si le titre éponyme semble être extrait du répertoire d'Ibrahim Maalouf avec ses reflets orientalisant si reconnaissables, "Super Lateef" et son swing hard-bop nous inonde dès les premières mesures de cette lumière radieuse et essentielle qui découle bien sûr d'une formation à l'entente parfaite, mais aussi et surtout du jeu si juste, simple et jouissif de son leader, qui alterne à l'instar de ses illustres aînés, Miles Davis et Freddie Hubbard, trompette et le bugle.

Cette impression d'être au plus près des musiciens et de vivre leur jazz incandescent en live, amplifie cet état de béatitude dans lequel Cosmic Dance nous plonge, il semble être tout entier bâti sur l'idée de partage, d'échange et d'instantanéité, abattant les frontières et les distances, se jouant de l'histoire et des styles.

"Solstice" nous berce avec ses accents latins, "Le Bal des Panthères" nous titille les gambettes avec son afro-groove hypnotique et "Black Hole in D" nous impose son tempo énergique qui déboule à plus de 100km/h manquant de nous provoquer un arrêt cardiaque… "Think Of One" est l'unique reprise de l'album, Julien l'emprunte au répertoire de Thelonious Monk et le fait sonner avec grande classe, sans fioriture ni esbroufe.

Julien Alour et ses fidèles acolytes signent une nouvelle fois un effort de grande qualité que l'on ne se lasse pas d'écouter et de réécouter, tel les grands classiques du genre !
 

mercredi 17 février 2016

David Voulga – Inner Child (Absilone/Socadisc)


David Voulga – Inner Child (Absilone/Socadisc)

Comme il est agréable et stimulant de découvrir de nouveaux talents, des artistes inconnus jusqu’au moment où leur univers musical singulier se dévoile au cours d’une première écoute… Le guitariste d’origine grecque David Voulga produit à 41 ans son tout premier opus baptisé Inner Child. Il nous offre 10 compositions radieuses nous invitant à voyager au gré de ses sonorités afro-cubaines ("So Yellow" ou "Mongo Clave"), sénégalaises ("Bee Love" et "Saint-Louis, Sénégal"), brésiliennes ("Elis") et gréco-turques ("Kourabiedes", "Albassia") dans un jazz coloré, gorgé de tendresse et de chaleur où le groove s'exhibe allègrement ("Abeba") gonflant parfois même le torse comme dans le très funky "The 27th".

Le quintet que David a monté pour l'occasion - et avec qui il a répété dans une yourte mongole en pleine nature - est constitué du pianiste Christophe Cravero, du bassiste Kevin Reveyrand, du batteur Frédéric Huriez et du percussionniste Gilbert Anastase, on remarquera entre autres quelques invités notables comme Didier Ithursary à l'accordion et Frédéric Couderc au sax et flutes... Tous y occupent une place déterminante, provenant d’horizons bien distincts, ils créent une alchimie parfaite entre « structure et organicité, composition très étudiée et improvisation libérée ».

Un bien bel ouvrage !

lundi 25 janvier 2016

Abaji - Route&Roots (Absilone/Socadisc)

Abaji - Route&Roots (Absilone/Socadisc)
Né au Liban et d'origine arménienne, le multi-instrumentiste gréco-turc Abaji s'exile en France en 1976 fuyant une guerre civile qui déchirera son pays jusqu'au début des années 90. Passionné par les médecines chinoises, la musique sera finalement la voie qu'il empruntera, explorant les sonorités d'instruments traditionnels de sa région natale et s'abreuvant au gré de ses voyages d'influences variées allant de la musique indienne ou sud-africaine au blues en passant bien sûr par la musique orientale notamment gnawa.
Il publie aujourd'hui son 6° opus intitulé Route&Roots, un titre qui résume à merveille l'esthétique du projet dans lequel l'artiste convie les joueurs de doudouk Vardan Grigoryan et de kakak kemane Mahmut Demir. Respectivement d'Arménie et de Turquie, ces deux musiciens participent à ce retour aux sources voulu par Abaji qui, au chant, au oud, à la flûte, au bouzouki et autres cordes ou percussions, rend les frontières perméables et réconcilie deux peuples aux relations tendues.
En 2009, son retour au Liban lui avait inspiré Origine Orients dans lequel il s'exprimait dans les 5 langues de sa famille (français, turc, arménien, grec et arabe). Enregistrés aussi en polyglottie et toujours en une seule prise, les 17 morceaux de Route&Roots nous proposent à nouveau une immersion intimiste dans l'univers acoustique teinté de folk, de blues et de world d'un globetrotteur invétéré, qui remonte cette fois-ci le temps à la découverte des racines parentales.
Sans artifice, le disque a été réalisé grâce à son studio mobil, composé du minimum pour accéder à un maximum d'authenticité dans la captation des sons et le traitement des ambiances et des espaces.
Ses chants fédérateurs et universels sont emplis de nostalgie, une saudade orientale poétique et touchante orchestrée par "un métèque poreux à tous les souffles du monde".

 

lundi 30 novembre 2015

Michael Felberbaum – Lego (Fresh Sound New Talent/Socadisc)


Michael Felberbaum – Lego (Fresh Sound New Talent/Socadisc)

Le guitariste italo-américain Michael Felberbaum nous présente son cinquième opus jazz baptisé Lego. Entouré du pianiste Pierre de Bethmann, du bassiste Simon Tailleu et du batteur Karl Jannuska, il nous invite à pénétrer son puzzle sonore sophistiqué qui, pièces après pièces, dévoile une identité musicale complexe au lyrisme économe mais hypnotique voire psychédélique. S'il fallait décrire son jeu, il faudrait alors le confronter à celui des deux maîtres de la guitare jazz moderne, Jim Hall d'un côté et John Scofield de l'autre. Deux techniques aux sonorités opposées, l'une est sensuelle, délicate et fluide, l'autre plus rugueuse et bluesy. Malgré cette dualité et une élaboration savante de ses 9 compositions faites de motifs rythmiques et mélodiques qui s'entrelacent et se superposent, Michael a su insuffler des nuances rassurantes et captivantes de groove (Variations), de bossa nova (Now), de blues et de rock (Mint) voire même quelques reflets andalous, dans sa ballade poignante Nostalgia.

lundi 16 novembre 2015

Jonathan Orland – Small Talk (PJU/Absilone/Socadisc)


Jonathan Orland – Small Talk (PJU/Absilone/Socadisc)

Mêlant son esprit d’aventure inspiré par le jazz moderne aux sonorités d’Europe de l’Est et klezmer, le jeune saxophoniste alto Jonathan Orland publie son second opus intitulé Small Talk. Entouré du contrebassiste Yoni Zelnik, du batteur Donald Kontomaou (fils de la diva Elizabeth) et du guitariste prodige originaire de Salvador de Bahia Nelson Veras, il interprète avec éloquence, exigence mélodique et qualité harmonique 12 titres, dont 8 compositions et 4 reprises.

Après son premier Homes, enregistré en quintet à New York avec d’anciens collègues de promo du Berkelee College of Music où il a étudié auprès de George Garzone et Joe Lovano, il organise régulièrement des sessions avec Yoni puis Donald et de la rencontre avec Nelson naîtra peu à peu l’envie de graver l’interaction et la complicité du quartet en studio d’enregistrement.

Comme l’indique le titre de l’album Small Talk qui se traduit par « conversation légère et spontanée », la liberté est un des maître-mots du projet, chaque musicien exprime sa créativité au travers de thèmes inspirés du répertoire traditionnel yiddish (Reysele de Mordechai Gebirtig) et du folklore des balkans (Be There). Cependant le swing et l’importance de l’improvisation demeurent omniprésents, nous n’avons qu’à écouter Played Twice de Thelonious Monk, For Heaven’s Sake immortalisé notamment par Chet Baker, ou bien Falling Grace du bassiste Steve Swallow.

vendredi 13 novembre 2015

Jean-Pierre Como – Express Europa (L’âme Sœur/Absilone/Socadisc)


Jean-Pierre Como – Express Europa (L’âme Sœur/Absilone/Socadisc)

Le pianiste parisien Jean-Pierre Como revient avec son 10° opus baptisé Express Europa. Après Boléro, son hommage aux musiques latines et méditerranéennes paru en 2013, le co-fondateur du groupe jazz fusion Sixun a choisi de redonner (comme à ses débuts avec l’album Padre 1989), une importance toute particulière au chant qui, depuis son enfance passée dans un milieu familiale marqué par la culture italienne, habite son œuvre et accompagne son processus créatif.

Toujours bien entouré, on retrouve près du jazzman ses fidèles acolytes comme le saxophoniste Stefano Di Battista, le guitariste Louis Winsberg (également membre de Sixun) et le batteur Stéphane Huchard, qui figuraient déjà en 1995 dans le projet initial Express Paris Roma, que l’artiste considère encore comme l’un des plus beaux moments de sa carrière. Rejoint par le bassiste Jérôme Regard, le quintet est largement enrichi des voix exceptionnelles de deux crooners, l’anglais Hugh Coltman (The Hoax, Nouvelle Vague, China Moses ou encore Eric Legnini) de l’italien Walter Ricci (David Sauzay, Lucas Santaniello).

Les deux premières plages Stars In Daylight - part 1 et part 2 introduisent les timbres vibrants des chanteurs, ils nous offrent une ballade jazzy aux reflets soul doux et délicats, une splendide chanson survolée par les phrasés puissants et inspirés du saxophoniste italien, habillée des accords acoustiques du guitariste marseillais aux multiples facettes, ainsi que de le touché léger et toujours impeccable de l’immense batteur niçois André Ceccarelli (ici les deux batteurs sont présents !).

Si Hugh Coltman est à l’origine des textes interprétés en anglais, c’est à Walter que l’on doit l’écriture des charmantes Raccontami et Mio Canto, s’alignant avec le penchant naturelle de Jean Pierre Como pour ses racines, une Italie tout autant sublimée dans Musica et Io Che Amo Solo Te, où l’inconditionnel de Sinatra, Bennett et Fitzgerald y exprime toute sa sensualité et son romantisme.

Mandela Forever vient raffermir le swing d’Express Europa avec son tempo soutenu, son efficacité mélodique empruntée au So What de Miles Davis et sa chaleur latine au Samba de Uma Nota So d’Antonio Carlos Jobim.

Le chanteur natif de Bristol nous offre ensuite You Are All et Turn And Turn, deux instants suspendus et intimistes où se rencontrent esprit pop et magie jazz.  Sa voix de velours qu’il module avec brio et sensibilité inonde les compositions de Jean Pierre d’une fragilité touchante, la finesse des arrangements de Pierre Bertrand (Raccontami, You Are All, Musica et Mio Canto) participent bien sûr à rendre ces moments d’écoute uniques et inoubliables !

Louis Winsberg a composé Silencio, aux accents flamenco et Alba, aux saveurs brésiliennes, deux titres où la guitare acoustique omniprésente ajoute une note chaleureuse et conviviale, où chaque instrument trouve sa place entre improvisation et mélodie accrocheuse.

Une citation de Jean Pierre Como en personne résume assez bien Express Europa, décrivant simplement l’ambition du disque :

« J’ai voulu un projet musical ouvert, aux influences multiples. Ce qui me touche dans la pop music, dans la soul, c’est la voix. Je pense à Stevie Wonder, à Peter Gabriel, à Caetano Veloso, à Sting, à Joni Mitchell, à Ricky Lee Jones…»

Magique !



vendredi 6 novembre 2015

Luca Nostro - Are You OK ? (Via Veneto Jazz/Socadisc)


Luca Nostro - Are You OK ? (Via Veneto Jazz/Socadisc)

Le guitariste et compositeur romain Luca Nostro nous présente son dernier opus baptisé Are You OK ? Enregistré à New York avec un quartet du cru composé de l’épatant Donny McCaslin au saxophone, du très classieux John Escreet au Fender Rhodes, de l’élégant Joe Sanders à la contrebasse et du pilier Tyshawn Sorey à la batterie, le disque est clairement orienté jazz contemporain, avec ses combinaisons complexes et répétitives, ses changements brutaux d’humeurs, de couleurs et de rythmiques, ses allées-retour entre phrasés incisifs et passages plus fluides. L’improvisation et l’interaction entre les musiciens y jouent un rôle prépondérant, faisant naître de mélodies simples des entrelacs sophistiqués à la manière de Steve Coleman et des sonorités brulantes parfois psychédéliques héritées de Franck Zappa, artiste qui compte parmi ses influences majeures avec entre autres Steve Reich.

Ameen Saleem - The Groove Lab (Via Veneto Jazz/Socadisc)


Ameen Saleem - The Groove Lab (Via Veneto Jazz/Socadisc)

Le nom du bassiste/contrebassiste originaire de Washington DC, Ameen Saleem, ne vous dira peut être rien, il est pourtant loin d’être un inconnu. Officiant notamment depuis plus de 6 ans aux côtés du trompettiste Roy Hargrove dans son Roy Hargrove Quintet et son RH Big Band, il est l’artisan d’un groove élégant, puissant et contagieux. Installé à New York, le musicien impose d’emblée sa versatlité, oeuvrant dans différents registres il matine son swing de sonorités néo-soul et de beats funky.

Homme de l’ombre, il publie aujourd’hui sur le label italien Via Veneto Jazz (qui tente une perçée en France), son premier album solo baptisé The Groove Lab. Le disque porte bien son titre puisqu’on y devine toute l’effervescence du mode de vie de Brooklyn, qui devient peu à peu le vivier du jazz américain aux dépens de Manhatan, où les loyers exorbitant chassent les clubs.

Ce laboratoire du groove débordant d’énergie et de raffinement se décline en 13 compositions qu’Ameen a choisi d’interpréter avec la crème des musiciens new-yorkais, on note alors la présence de l’époustouflant saxophoniste Stacy Dillard, de l’excellent pianiste Cyrus Chesnut, des batteurs Jeremy “Bean” Clemons et Gregory Hutchinson, du guitariste Craig Magnano et de l’immense Roy en personne. Bien évidemment ce casting demeurerait incomplet sans citer les chanteuses Mavis “Swan” Poole et Ramona Dunlap, qui inondent d’une puissante vibe soul/R&B les vibrants et sensuels Don’t Walk Away, For My Baby et Best Kept Secret.

The Groove Lab renoue avec le son que Roy Hargrove nous proposait du temps de son terrible RH Factor, un projet jazz/funk efficace et prenant qu’Ameen Saleem emmène, avec créativité et fluidité, fricotter avec les travaux de RobertGlasper et autres Esperanza Spalding.
 

vendredi 13 mars 2015

Pascal Schumacher - Left Tokyo Right (Laborie Jazz/Socadisc)


Pascal Schumacher - Left Tokyo Right (Laborie Jazz/Socadisc)

Dès l’ouverture de son Left Tokyo Right avec le morceau  Nambu-Tekki, le vibraphoniste luxembourgeois Pascal Schumacher nous plonge dans un univers musical somptueux, subtil et raffiné, à la croisée des cultures nippones et européennes. Le compositeur y décrit ses impressions urbaines ressenties lors d’une résidence à Tokyo. Le disque reflète sa vision d’une ville de contrastes, celle d’un Japon traditionnel et d’une culture pop super-moderne et kitsch. Entouré des excellents Franz Von Chossy au piano/Fender Rhodes, Jens Düppe à la batterie et Pol Belardi à la basse/contrebasse, Pascal a convié la harpe d’Aliénor Mancep, la flûte de Magic Malik (prenant des reflets de Shinobue), la trompette de Verneri Pohjola et le saxophone de Sylvain Rifflet. Il fusionne les ambiances jazz, pop et classiques au japonisme, arborant quelques accents électriques où le groove surgit parfois au gré d’une mélodie chatoyante comme dans le sublime Matcha Desire et se mue ailleurs en déferlement quasi psychédélique de sonorités qui s’éparpillent pour mieux se confondre (Wabi-Sabi). Empruntant le titre Lilia au répertoire du brésilien Milton Nascimento pour un duo intimiste flûte/vibraphone poignant et Merry Christmas Mr Lawrence (extrait de la BO de Furyo) à Ryuichi Sakamoto pour un exercice en quartet étourdissant de douceur et d’éloquence, l’artiste nous dévoile 7 autres morceaux inédits orchestrés avec brio, se découvrant comme les pages d’un carnet de voyage, tantôt griffonnées à tout va, tantôt renseignées avec précaution.

S’il fallait ne choisir qu’un seul des joyaux de Left Tokyo Right, alors j’opterais pour Sakura San, introduit par Aliénor et rejoint par l’ensemble des musiciens et guests. Après 1mn30s de montée vibrante, une rythmique hip-hop/jazz au cœur funky nous fait hocher la tête en cadence et claquer des doigts, Malik Mezzadri nous prouve (comme à son habitude) qu’il mérite bien son nom de scène et Verneri Pohjola qu’il est un nouveau talent à suivre de très près !

mercredi 21 janvier 2015

Olivier Sens + Juanjo Mosalini – Dicrete Time (ZAM/Socadisc)


Olivier Sens + Juanjo Mosalini – Discrete Time (ZAM/Socadisc)

Discrete Time est le produit d’une collaboration inédite de deux musiciens d’exception, le contrebassiste/programmeur français Oliver Sens et le bandonéoniste argentin Juanjo Mosalini. Les sonorités acoustiques de leurs instruments respectifs se mêlent à des nappes et des rythmiques électroniques sophistiquées mais discrètes. Le lyrisme virtuose du bandonéon s’appuie sur l’assise délicate et langoureuse de la contrebasse, la programmation venant théâtraliser avec finesse cet accord subtil mêlant la créativité et l’improvisation du jazz à l’expressivité et la sensualité du tango.