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dimanche 28 octobre 2018

The Black Eyed Peas - Masters Of The Sun Vol.1 (Interscope Records)

The Black Eyed Peas - Masters Of The Sun Vol.1 (Interscope Records)


Histoire de fêter dignement ses 23 années d’existence et de célébrer son parcours sans faute, le mythique trio californien aux 40 millions d'albums vendus dans le monde, The Black Eyed Peas, publiait ce vendredi 26 Octobre 2018 un septième opus baptisé Masters Of The Sun Vol.1, une remise au point du crew hip-hop, presque 10 ans après la sortie de leurs immenses succès pop The END (2009) et The Beginning (2010), produits en collaboration avec le DJ français David Guetta. 
Véritables invitations à la danse et à la fête, The END et The Beginning nous livraient leurs refrains accrocheurs, riches de décharges électroniques et de beats hypnotiques, mais étaient dépouillés, hélas, de profondeur et de consistance. Le leader historique de la formation Will I am, entouré de ses fidèles acolytes Taboo et Apl.de.ap, a donc souhaité pour l'occasion revenir aux fondamentaux. Il alimente ainsi ce denier effort en sonorités boom bap 90’s et hip-hop old school, l'agrémentant de synthétiseurs savamment dosés et de lignes de basse au groove vibrant, d’échantillons vintage inspirés, d’accents jazzy et de reflets soul. 

La pop star Fergie ayant quitté la formation, elle permet à nos 3 larrons de s’exprimer avec le brio de leurs débuts. Laissant derrière lui les hits taillés pour le dancefloor, The Black Eyed Peace revient en force avec des titres urgents et engagés, renouant avec une conscience sociale et politique qui avait été mise en sourdine. Le trio retrouve ainsi l'énergie et la fraîcheur de ses deux premiers Behind The Front et Bridging The Gap, respectivement sortis en 1998 et 2000. 
Les percutants "Street Livin’" et "Ring The Alarm" donnaient d’emblée le ton, lors de leurs parutions sur YouTube il y a quelques mois, appuyés par une mise en image remarquable et parlante. Y sont dénoncés à la fois les brutalités policières, la prolifération des armes à feu, la stigmatisation des immigrés et des réfugiés. Avec une entrée en matière intitulée "Back 2 Hip-Hop", l’auditeur est prévenu dès les premières mesures de l'opus, et si certains passeront leur chemin, d’autres redécouvriront le flow assassin et incisif des 3 rappeurs, s’illustrant sur des instrumentations simples et efficaces, forgées dans la culture musicale d’une population afro-américaine récemment ébranlée par de funestes événements.

Titre d’un roman graphique pensé initialement par Will i Am et publié par Marvel Comics, Masters of The Sun est une allégorie évoquant les problèmes sociaux et la culture urbaine de Los Angeles. L’histoire se déroule dans les quartiers Est de la ville, un groupe de rap doit lutter contre un dieu antique extra-terrestre, envoyé ici-bas pour transformer les dealers et autres gangsters du ghetto en zombies. Son adaptation en réalité virtuelle et augmentée fut mise en musique par le géant Hans Zimmer, il signa une bande son aux vibrations soul et jazz qui sont omni-présentes dans les 12 morceaux de Masters of The Sun Vol.1. En plus de nous servir un hip-hop à l'ancienne classieux et militant, la galette nous déballe un casting d’invités prestigieux, s'y côtoient les immenses Nas, Slick Rick, Phife Dawg (RIP), Ali Shaheed Muhammad, Posdnuos, CL et Esthero, ou encore celle qui était pressentie avant Fergie, Nicole Scherzinger. 
Masters of The Sun Vol.1 s’inscrit dans la liste des albums hip-hop emblématiques d’une Amérique contemporaine divisée, à l’instar de Black Messiah (D’Angelo), To Pimp A Butterfly (Kendrick Lamar) ou encore de Black America Again (Common). Plus récemment, c’est l’excellent titre "This Is America" de Childish Gambino qui mettait brillamment en avant le profond malaise occasionné par l’accession de Trump à la présidence des États-Unis. Mais malgré la gravité de la situation, The Black Eyed Peas persiste tout de même à vouloir transmettre un message positif et rassembleur, le premier single "Big Love" avec son ton enjoué et festif est LE moment pop de l'album, il semble avoir survécu à l'éviction de Fergie...

Une belle surprise!

jeudi 19 juillet 2018

Soulsearcher - Can’t Get Enough! (Remixes) (Soulfuric Deep)

Soulsearcher - Can’t Get Enough! (Remixes) (Soulfuric Deep)

Soulseacher, projet piloté par le célèbre producteur Marc Pomeroy, moitié de l'immense Jazz-N-Groove et fondateur avec Brian Tappert de Soulfuric Recordings ainsi que de la plateforme de téléchargement Traxsource, accouchait en 1998 d'un titre qui allait trôner dans les anales de la house music comme un classique absolu et incontournable de la scène club: "Can't Get Enough!", sublimé par les vocaux surpuissants de la diva R&B Donna Allen.
20 ans après sa sortie initiale, le tube est de nouveau éditée par l'écurie Soufuric Deep sous la forme d'un recueil de 5 remixes de qualité, orchestrés par le duo écossais Illyus & Barrientos, l'australien Dr Packer et l'italien Angelo Ferreri. Les trois protagonistes tentent avec succès d'ouvrir la palette de ce hit soulful à des sonorités plus adaptées au dancefloor d'aujourd’hui.

lundi 19 mars 2018

Angelo Ferreri - Want To Say EP (Soulfuric Recordings)

Angelo Ferreri - Want To Say EP (Soulfuric Recordings)

Après nous avoir offert le captivant "Don't You Worry" de The Joi Fuhl Feat. ShezAr en début d'année, le légendaire label basé à Miami Soulfuric Recordings repointe le bout de son nez avec une nouvelle réalisation aux saveurs house 90's, l'EP Want To Say, orchestré avec maestria par l'italien  Angelo Ferreri, Dj/producteur et patron de maisons de disques originaire de Sicile. Avec ses 3 titres punchy aux sonorités soulful fédératrices, regorgeant d'accents jazzy et disco ("I'm Talking To You"), l'artiste impose d'emblée une signature musicale chaude et funky! Nous retiendrons notamment l'excellent "The Real Ghetto (Extended Mix)", reprenant le fameux solo de guitare du mythique Georges Benson qu'il enregistrait en 2000 dans sa reprise incontournable de "The Ghetto", chanson initialement écrite par Donny Hathaway en 1970. Le très jackin house "Want To Say" rappellera surement à certains quelques bons moments de la french touch...

 

mercredi 15 novembre 2017

Folamour - Umami (Classic Music Compagny)

Folamour - Umami (Classic Music Compagny)

"L'umami est un mot japonais se traduisant généralement par savoureux, il est l’une des cinq saveurs de base avec le sucré, l’acide, l’amer et le salé."

Le Dj/producteur lyonnais nous mettait l'eau à la bouche en Aout dernier, publiant sur Glitterbox un EP fort remarqué aux sonorités disco/funk baptisé The Power Of The Blessing Of Unity. Co-fondateur de Moonrise Hill Material et boss de FHUO Records (For Heaven Use Only), Folamour nous revient par l'entremise du label de Luke Solomon et Derrick Carter, Classic Music Compagny, avec l'album Umami, un précieux recueil de 9 titres absolument accrocheurs et poétiques, nous délivrant une house soulful raffinée, gorgée d'un groove organique, de grains analogiques et de vibrations positives.


Largement empreinte d'accents discoïdes ("Devoted To U"), afro latin ("Ivoire") ou broken beat ("Jah Love"), de vocaux soul ("Y'all Right’"), de claviers jazzy ("Look At Me Or I'll Steal Your Eyes"), de lignes de basse funky ("Kickflipin' That Stuff’") et de sensibilité hip-hop ("Petit Prince du Macadam"), la touche de Folamour consiste en quelques samples bien sentis, choisis et découpés avec maestria, puis montés sur des mécaniques d'orfèvres envoutantes et fédératrices.

On retiendra entre autres - car absolument rien n'est à jeter dans cet opus - deux moments particuliers, l'excellente ouverture "Night Of Desirable Objects", citant le monumental "Spanish Joint" que le nusoul héro D'Angelo nous offrait en 2000 dans son mémorable Woodoo, mais aussi l'apaisant "Oyabun", où le français nous immerge dans une atmosphère chill romantique, ponctuée de cordes délicates et de loops captivants.

jeudi 23 mars 2017

Miles Mosley - Uprising (World Galaxy/Alpha Pup Records)

Miles Mosley - Uprising (World Galaxy/Alpha Pup Records)

Nous évoquions il y a peu la sortie de l'excellent triptyque The Epic du saxophoniste californien Kamasi Washington, nouvelle sensation jazz aux accents expérimentaux gravitant dans l'entourage du producteur Flying Lotus. C'est au tour de l'un de ses acolytes du West Coast Get Down (collectif de jazzmen novateurs basé à Los Angeles), de s'illustrer dans un album puissant affichant des sonorités clairement urbaines teintées de jazz bien sûr, mais aussi de soul, de blues, de funk, de pop et de rock psychédélique. Il s'agit du contrebassiste, compositeur et chanteur Miles Mosley et de son magistral Uprising. Composé de 11 titres aux orchestrations riches et cuivrées, ce disque mérite sa place dans le palmarès des plus belles oeuvres récentes en ligne avec l'héritage musical afro-américain, au même titre que Black Messiah de l'immense D'Angelo ou To Pimp A Butterfly du génial Kendrick Lamar. Tout en élaborant d'intenses arrangements de cordes, de cuivres et de chœurs gospel, Miles a choisi de tirer le maximum de textures et d'émotions de son instrument de prédilection, en lui appliquant des filtres et des effets, nous faisant penser au détour de quelques solos enflammés au lyrisme d'un Page ou Hendrix.
C'est son premier single "Abraham" relayé en France par la radio TSF en 2016, qui frappa le premier l'oreille des auditeurs amateurs d'un jazz vocal racé empreint de soul et de gospel façon Grégory Porter. Son second extrait "Young Lion", paru à la sortie de l'album le 27 Janvier dernier, conforte les premières impressions laissées par "Abraham", imposant sur un rythme effréné une énergie vitale vigoureuse et fédératrice qu'un certain Lenny Kravitz pouvait, à l'âge d'or de sa carrière, nous communiquer.
Autour du contrebassiste se retrouvent les exceptionnels Tony Austin à la batterie, Ryan Porter au trombone et Kamasi au saxophone, Cameron Graves au piano et Brandon Coleman aux claviers... Ils sont la fine fleur d'un jazz américain bousculant ses frontières et ses carcans.

lundi 19 décembre 2016

Moonchild - The Truth (Dj Jazzy Jeff & James Poyser Remix) (Single) (Tru Thoughts)

Moonchild - The Truth (Dj Jazzy Jeff & James Poyser Remix) (Single) (Tru Thoughts)

Le trio néo soul basé à Los Angeles Moonchild (dont le titre "Don't Wake Me" figurait au menu de CETTE mixtape enregistrée en décembre 2015) nous présente via le label de Brighton Tru Thoughts son troisième single intitulé "The Truth (Dj Jazzy Jeff & James Poyser Remix)" enrichi du délicat "Nobody", tous deux extraits de son dernier opus baptisé Please Rewind paru l'an dernier.
Remarqué par Gilles Peterson et recommandé par Huey Morgan, Robert Glasper et Jamie Callum, "The Truth" est retravaillé par le producteur anglais, claviériste et membre de The Roots, James Poyser, ainsi que par le maître incontesté du son de Philadelphie Dj Jazzy Jeff, dans une veine future jazz des plus douces et sensuelles. Le duo revisitait déjà "Be Free", une autoproduction que Moonchild publiait en 2013. En face B, le formation nous offre le luxueux "Nobody" riche de ses arrangements de cordes et de ses harmonies exaltantes. La voix envoutante de la chanteuse et saxophoniste ténor Amber Navran inonde de sensualité une musique douce et captivante, influencée par les icônes Erykah Badu, Jill Scott, Jay Dilla, D'Angelo et autres Lauryn Hill.

vendredi 24 juin 2016

Con Brio - Paradise (V2 Records)

Con Brio - Paradise (V2 Records)

Le décapant septet soul/funk basé à San Francisco, Con Brio, annonce la sortie de leur premier opus Paradise sur V2 Records. Composé de 12 titres brulants aux sonorités psychédéliques, le disque fait suite à l'EP Kiss The Sun paru l'an dernier. Menée par le jeune chanteur charismatique Zieck McCarter - dont le sex appeal, la puissance vocale et l'énergie peuvent se mesurer à celles d'un Robert Plant, Mickael Jackson ou James Brown - la formation s'est rapprochée du producteur légendaire David Caldato (Seu Jorge, Beastie Boys, Beck...). Ensemble ils nous proposent un cocktail explosif et euphorique habité d'une sensualité à toute épreuve. Salué par Meshell Ndégéocello ou Trombone Shorty, Con Brio dépoussière un genre trop souvent teinté de reflets vintages, interprétant des textes engagés louant la révolution et rejetant l'injustice et les pressions sociales.

Ca joue dure, ça chante fort, ça groove diablement mais lorsque la fougue du funk cède sa place à la profondeur de la soul, on obtient des ballades étourdissantes comme "My Love", "Honey" ou encore "Paradise Outro", d'où semble surgir le spectre de Marvin Gaye. Naturellement on pense aux immenses D'Angelo et Maxwell (notamment dans "Can't Get Enough"), mais l'alchimie du groupe est belle et bien singulière, portée par les chœurs de Kelly McFarling et Lady Chi, les guitares de l'excellent Benjamin Andrews, les cuivres de Brendan Liu et Marcus Stephens, les claviers de Patrick Glynn, les lignes de basse de Jonathan Kirchner et la batterie d'Andrew Laubacher.

Une belle découverte!

mardi 10 novembre 2015

Angie Stone – Dream (Shanachie)


Angie Stone – Dream (Shanachie)

La diva Angie Stone, une des figures emblématiques de la scène néo-soul depuis 1999 et la parution de Black Diamond, nous revient avec un septième opus intitulé Dream. Né sous l’impulsion du producteur Walter W. Millsap III (Mariah Carey, Jennifer Lopez, Alicia Keys ou Brandy), le projet veut remettre en lumière la vie d’une artiste (aux 2 disques d’or et aux 3 nominations aux Grammy Awards) hors paire et son lègue souvent déprécié au monde de la black music. Rappelons à ce sujet qu’à la fin des années 70 elle comptait parmi les pionnières du hip-hop féminin avec son trio The Sequence et leurs titres old school comme Funk You Up paru sur le label de Sugar Hill Gang en 1979, Monster Jam en 1980 ou Funky Sound (Tear The Roof Off) l’année suivante.

Dream se compose de 10 titres aux reflets soul sucrés et délicats, la voix puissante et sensuelle d’Angie (qui baigna toute son enfance dans le gospel) est toujours aussi touchante et efficace, on en prend conscience dès l’ouverture très orientée R&B Dollar Bill, qui nous convie sur le dancefloor en mode ondulations et petits pas langoureux.

Dave Hollister la rejoint sur le brulant Begin Again dont l’ambiance ouatée ne s’apprécie pleinement qu’en position horizontale (comme le titre éponyme d’ailleurs), puis le rythme s’accélère avec Clothes Don’t Make a Man, révélant la facette rétro-soul de l’ex de D’Angelo (un retour aux sources audible aussi dans l’énergique Quits). C’est justement de sa relation avec le chanteur qu’elle traite dans la touchante ballade Forget About Me, où comme dans Magnet, Think It Over ou 2 Bad Habits elle ré-explore les sonorités et le groove de ses débuts, que Mahogany Soul en 2001 et Stone Love en 2004 ont indélébilement gravés dans l’histoire de la soul contemporaine.

Angie Stone, auteur, interprète, productrice et actrice revient donc sur le devant de la scène, plus apaisée et sereine que jamais ! Ses relations houleuses avec sa fille Diamond se normalisent et son fils Michael (dont D’Angelo est le père), décrit comme un excellent rappeur, se promet à une belle carrière. Sa foi inébranlable et sa force de caractère l’ont aidé à surmonter les épreuves de la vie, abimée par des émissions de téléréalité, la cinquantenaire pourrait être très prochainement le sujet d’un biopic produit par Jamie Foxx !

mardi 30 juin 2015

DâM Funk - Invite The Light (Stones Throw Records/Differ-Ant)


DâM Funk - Invite The Light (Stones Throw Records/Differ-Ant)

Le messie du modern funk, DâM Funk aka Damon G. Riddick, n’aura pas tardé à refaire parler de lui après son excellente collaboration avec le prince du G-Funk, Snoop Dogg en 2013, sur l’album 7 Days Of Funk, qui nous replongeait dans les sonorités West Coast des 90’s. Il nous offre en téléchargement gratuit un EP de 4 titres baptisé STFU, plantant un décor instrumental nous rendant nostalgique du gangsta rap classieux de Warren G et Nate Dogg (RIP) dans Regulate.

 
 
 
Snoop & DâM FUNK
Le producteur californien annonce ainsi l’imminence de la sortie de son nouveau long format intitulé Invite The Light, à paraître début septembre 2015 et dans le lequel il invite une pléiade d’artistes incarnant l’essence même du hip-hop et du funk d’hier et d’aujourd’hui. On note bien sûr la présence de Snoopzilla, mais aussi celle de l’immense rappeur new-yorkais Q-Tip (Tribe Called Quest), du mythique Junie Morrisson (The Ohio Players, P-Funk, Funkadelic), de la légende Leon Sylvers III (The Sylvers), de la chanteuse électro Nite Jewel, du surprenant Ariel Pink, du bassiste Flea (Red Hot Chili Peppers) ou encore du beatmaker natif de Los Angeles Computer Jay et de la chanteuse emblématique Jody Watley (Shalamar)…

D’habitude assez rare, Dâm-Funk était fin Mai 2015 en tournée US avec une de ses idoles, le rocker Todd Rundgren et Il est prévu qu’il contribue à un documentaire nommé Finding The Funk (si la campagne de financement via Kickstarter aboutit) dirigé par le tandem Nelson George/Arthur Baker et qui raconte la genèse du funk. Il serait narré par ?ueslove (The Roots) et inclurait les participations de Nile Rodgers, Bootsy Collins, D’Angelo, Peanut Butter Wolf (boss de Stone Throw), Mike D (Beastie Boys), Bernie Worrell et Sheila E. Personnellement j’ai hâte !


Nite Jewel & DâM FUNK
Mais revenons à notre objet d’étude, Invite The Light nous offre donc une musique sur laquelle le temps n’a plus aucune emprise, le funk est mort à la fin des années 80 mais n’a jamais été aussi vivant, il continue d’évoluer au travers du hip-hop et son art du sampling ou bien des scènes modern funk/future funk/electro funk dont notre serviteur est l’un des acteurs majeurs. N’acceptant aucun compromis, « son approche musicale est pure » comme le précise Nite Jewel, peu importe si elle ne lui remplie pas les poches grassement tant que la reconnaissance et l’intégrité sont là !

Dâm-Funk, qui a commencé sa carrière comme batteur dans une formation jazz de Pasedena, a pensé ce second album studio comme un disque estival gorgé de lumière, de légèreté et de sensualité, mais aussi et surtout de larmes et de sourires, qui d’après lui sont des composants essentiels du funk. Il l’a écrit avec les tripes et enregistré dans l’intimité d’une chambre avec un pc portable et quelques claviers aux accents vintage, puis a accordé une place significative aux voix, plus présentes que dans ses précédents travaux, l’idée de raconter une histoire et d’écrire une chanson l’a séduit.


DâM FUNK
L’Ambassadeur du Boogie Funk de Los Angeles est clairement orienté vers une esthétique à la D-Train ou Earth Wind & Fire, avec des orchestrations sophistiquées où les mélodies sont reines.

Si We Continue nous immerge dans le funk des 80’s avec son potentiel dancefloor contagieux, Somewhere, Someday nous fait prendre de la hauteur avec ses synthés aériens et son rythme plus lent et langoureux, sa ligne de basse ronflante et prédominante nous maintient cependant un pied sur la piste de danse.
Q-Tip

Q-tip dépose son flow si reconnaissable sur I’m Just Tryna’ Survive (In The Big City), on s’imagine alors longeant la côte au volant d’une Pontiac Grand Prix de 1970…

Surveillance Escape est plus tranchant et rapide, une sorte de psyché funk urgent et haletant.

Flea et Computer Jay collaborent ensuite sur un Floating On Air enivrant aux saccades breakbeat, suivi d’un HowUGon’Fu*kAroundAndChooseABusta ?DâM Funk prend des airs de Prince et George Clinton.

Le titre instrumental The Hunt & Murder Of Lucifer est suivi de It Didn’t Have 2 End This Way et Missing U, deux titres jumeaux où le producteur déploie ses talents au vocoder.

Ariel Pink & DâM FUNK
La pépite du disque est sans doute Acting, dans lequel Ariel Pink dévoile une présence presque fantomatique sur une prod. aux hit hats comme désynchronisés.

O.B.E (deuxième bijou du LP), son format maxi de 8 mn 29s et ses accents nu-disco nous mènent sur un sentier balisé jadis par le duo new-yorkais Metro Area, dont la moitié Storm Queen a le vent en poupe depuis son succès de 2010, Look Right Through.

Leon Sylvers III
 
Leon Sylvers III rejoint DâM dans un Glyde 2nyte aux saveurs R&B torrides, tandis que Snoop Dogg et Joi nous proposent un hymne à la décontraction et à l’apaisement avec Just Ease Your Mind From All Negativity, on imagine sans mal les nuages de fumée qui devaient planer dans le studio d’enregistrement…
 
 
Novena Carmel
Enfin, le très féminin Virtuous Progression, avec en guests les charmantes Nite Jewel, Jody Watley, Novena Carmel (fille de Sly Stone !!!), Jane Jupiter et Jimi James déborde forcément de sensualité et de douceur, jusqu’à ce que Scatin’ (toward The Light) (troisième trésor de l’opus) à la rythmique plus qu’explicite, clôt notre parcours dans l’univers passionnant de DâM Funk, grand défenseur du son old school. Il déclare d’ailleurs que « le funk est l’outsider de la black music, son bateau noir ».

DâM FUNK
Artiste visionnaire travaillant toujours dans l’émotion, il revendique son amour du funk comme un style de vie. Nous gratifiant de 3 bonus tracks portant le nombre des pistes à 20, ce passionné et généreux DâM Funk nous balance ses ondes positives sans nous faire quitter la réalité, on garde ainsi les pieds sur terre pour entamer quelques pas de danse et l’esprit serein mais alerte pour ne pas perdre le nord ni la valeur de la vie.






mercredi 24 juin 2015

Robert Glasper - Covered (The Robert Glasper Trio recorded Live At Capitol Studios) (Blue Note)


Robert Glasper - Covered (The Robert Glasper Trio recorded Live At Capitol Studios) (Blue Note)

L’excellent pianiste jazz Robert Glasper a enflammé la critique et séduit un large public grâce à ses deux précédents albums largement orientés R&B, Black Radio paru en 2012 et Black Radio 2 sorti l’année suivante.

Proche des milieux hip-hop et néo-soul, il côtoie et collabore avec des artistes d’horizons divers tels que Meshell Ndegeocello, Bilal, Erykah Badu, Q-Tip, Jay-Z, Maxwell ou Common ainsi que les jazzmen Chris McBride, Roy Hargrove, Terence Blanchard…

De retour chez Blue Note avec le même trio qu’en 2005 et 2007 lorsqu’il publiait ses opus Canvas et In My Element, le musicien nous offre un projet jazz acoustique d’une élégance rare, intitulé Covered (The Robert Glasper Trio recorded Live At Capitol Studios).

Nous retrouvons donc ses fidèles acolytes, Vincente Archer à la contrebasse et Damion Reid à la batterie enregistrant avec lui en Décembre dernier une session live intimiste devant un public ultra restreint, dans les mythiques Studios Capitol d’Hollywood.

Comme son nom l’indique, l’enregistrement se compose de reprises chères à Robert, piochées dans son propre répertoire (I Don’t Even Care, In Case You Forgot) ou issues de ceux de Radiohead (Reckoner, premier single de l’album), Joni Mitchell (Barangrill), Musiq Soulchild (So Beautiful), Jhene Aiko (The Worst), John Legend (Good Morning) ou encore Kendrick Lamar (I’m Dying Of Thirst)…

Parmi ces covers qui exposent ses talents d’arrangeur et sa virtuosité discrète, empruntant indifféremment aux scènes pop rock , électro, folk, R&B, hip-hop et néo soul, le pianiste a choisi d’interpréter l’immense standard de jazz Stella By Starlight (écrit par Victor Young), une ode somptueuse où l’influence des rythmes urbains apparaît dans le jeu expert du batteur.

Malgré le fait qu’il compose toujours en pensant à la manière qu’un chanteur ou MC pourrait déposer son flow sur ses mélodies, Covered est un album uniquement instrumental, exception faite d’une courte intervention d’Harry Belafonte dans le vibrant et engagé Got Over. L’ancien crooner y déploie un texte touchant qu’il récite d’une voix fragile et usée, décrivant une journée dans la peau d’un afro-américain… Sur I’m Dying Of Thirst, des voix d’enfants énoncent le nom des victimes de violences policières aux US, issues des minorités certains de ces martyrs ont été rendus tristement célèbres en partie grâce à la mobilisation de stars telles que Nas, Derrick Rose, D’Angelo, ?uestlove ou Kendrick Lamar (qui est d’ailleurs l’auteur du thème).

Le ton est donc donné, Covered est un live de jazz engagé socialement mais aussi artistiquement, en effet le trio nous balance, au-delà de ses sublimes reprises, son étonnant In Case You Forgot, unique titre au format réellement jazz, qui s’étale sur 13 minutes et où les trois musiciens improvisent en totale liberté s’acoquinant même à certains moments au free jazz.

Robert Glasper, avec son doigté délicat tantôt véloce tantôt cool exprime une telle décontraction qu’il captive d’emblée, que ce soit dans le cadre d’un concert privé ou d’un festival. Aussi adroit dans tous les répertoires de la black music, il s’impose peu à peu comme une figure emblématique du paysage musicale américain, fusionnant comme personne la sophistication du jazz et l’efficacité du hip-hop/R&B.

Un bien bel effort !

vendredi 19 juin 2015

Space Captain - Easier/Remedy (Single) (Tru Thoughts Recordings)

Space Captain - Easier/Remedy (Single) (Tru Thoughts)

Tru Thoughts nous régale une fois de plus avec le single de sa toute nouvelle signature nommée Space Captain. La formation basée à Brooklyn est un collectif de jeunes musiciens plutôt orientés néo-soul.

Easier/Remedy paraîtra fin juillet 2015 annonçant (peut-être) un album dans un futur proche.
Le titre Easier fut lancé en 2013 via Bandcamp, son succès donna lieu un an après à la parution de Remedy sur la même plateforme.

Leur musique étant une subtile combinaison de sonorités R&B, hip-hop, soul et électro, il est logique que Space Captain soit tombé dans l'escarcelle de la maison de disque anglaise, comptant déjà dans ses rangs les fameux QuanticAlice Russell ou Harleigblu.

La voix de la chanteuse Maralisa Simmons-Cook hypnotise littéralement son auditoire tandis que la section rythmique dirigée par le producteur/guitariste Alex Pyle (co-fondateur du groupe) distille un son délicat et ouaté, largement imprégné d'accents jazzy, que nous délivrent par simonie la trompette de Lessie Vonner. Influencé par les beats de Madlib et Jay Dilla, les mélodies et les arrangements d'Erikah Badu, Jill Scott ou D'Angelo (dans sa période Brown Sugar), Space Captain se réclame tout autant d'un héritage plus classique, à chercher du côté du blues de Taj Mahal et du jazz de Nina Simone.

A suivre de très près !

vendredi 29 mai 2015

Royce Wood Junior - The Ashen Tang (37 Adventures)


Royce Wood Junior - The Ashen Tang (37 Adventures)

Omar n’en finit pas de faire des émules outre-manche, en effet la scène néo soul britannique accouche d’un nouveau prince du groove nommé Royce Wood Junior. Aperçu aux manettes de l’excellent Mirrorwriting de Jamie Woon en 2011 (et aux guitares pendant la tournée), l’artiste multi-instrumentiste dévoile aujourd’hui son premier LP intitulé The Ashen Tang. En 2014, ses deux premiers EPs Rover et Tonight Matthew avaient déjà capté l’attention de la critique et du public, annonçant l’arrivée imminente d’un nouveau Jamie Liddle – rien que ça ! -  avec sa voix gorgée de soul et de velours, ses rythmiques granuleuses et asymétriques, ses synthés vintage obsédants, ses guitares saturées de rock’n’roll et ses lignes de basse contagieuses.

Sincèrement les 12 plages de l’album sont autant de claques, ou plutôt de crochets funky lancés au travers de nos figures tuméfiées affichant un sourire béat de satisfaction. 

L’artiste a assimilé le génie de ses deux héros Stevie Wonder et Prince, il a très vite compris qu’avec sa voix il devait assumer pleinement son statut de crooner et ne pas uniquement rester dans l’ombre avec les musiciens, confiné dans les studios d’enregistrement ou planté derrière l’écran de son ordinateur.  


C’est ainsi que dès l’intro Remembrance (Part I) l’artiste plante le décor, après 30 secondes d’une orchestration cinématique (ensemble de cordes et piano) il entame au chant une complainte monotone sur les rythmes d’une marche militaire syncopée, agrémentée de glitchs et autres accidents sonores puis survolée d’une nappe vaporeuse qui s’épaissit progressivement jusqu’à l’ouverture de la seconde piste, le majestueux Midnight.

Taillé pour le dancefloor, Midnight est la synthèse parfaite du son de Royce en mode up-tempo et glamour. Il y distille une énergie pop et electro-funk des plus chics à l’image du tube Baby I’m Yours du français Breakbot (Ed Banger).

Jodie déploie une soul profonde, intense et organique sur une assise rythmique désarticulée et brinquebalante, nous faisant songer à la rencontre du brulant D’Angelo et du producteur Flying Lotus.

Clanky Love est un clin d’œil aux 70’s, il fusionne les reflets soul d’autrefois à l’efficacité pop d’aujourd’hui, conduisant l’auditeur nostalgique à se trémousser langoureusement le sourire aux lèvres et les yeux entrouverts.

Honeydripper est la suite logique de Jodie, nous immergeant plus profondément dans une néo soul moite aux accents psychédéliques.

Avec le titre central Stand, l’artiste change légèrement les couleurs de sa palette optant pour une dominante plus pop  voire même piano rock à la Rufus Rainwright. En effet durant les 5 mn de cette ballade flamboyante, le chanteur nous berce tendrement avec sa voix éthérée, son arrangement de cordes envoutant et dramatique ainsi que son piano gavé de reverb. Le morceau nous rappelle l’immense succès mainstream A Full Of Stars de Coldplay

Poursuivant l’exploration de son penchant pop, Royce signe les très 80’s Bees et Nuther Bruther, proches des sonorités dance-pop-R&B de Stevie Wonder.

Nouvelle ballade cette fois-ci plus intimiste, à presque nous en tirer les larmes des yeux, le touchant Midas Palm (évoquant un amour perdu) étend son arpège à la guitare acoustique et sa ligne de basse sonnant comme le son d’un tuba étouffé sur plus de 4 mn où nous demeurons suspendus à la voix caressante du crooner aux airs mélancoliques de Chris Isaak.

Twiggin’ nous délivre un groove subaquatique accueillant le flow sensuel de Royce qui prend des allures de Prince dans les refrains au funk contagieux. Remembrance (Part II) complète et achève l’exploration techno et garage amorcée dans l’intro Remembrance (Part I), l’instru y est plus barrée mais aboutie après 2 mn au même texte extrait d’un poème de Sir Thomas Wyatt entonné, la encore, à la manière du Kid de Minneapolis.

Enfin pour clore cette véritable pépite, Stickin’ répand une electronica lyrique et sophistiquée comme sait si bien les faire James Blake

Royce Wood Junior publie une œuvre aboutie et censée, son approche singulière de la pop music passée au travers du crible des sons mythiques de Stax et Motown ainsi que d’une électro ouvrant les champs du possible, est d’une efficacité et d’une accessibilité déconcertante, frisant parfois la perfection.

mercredi 20 mai 2015

Van Hunt - The Fun Rises, The Fun Sets (Godless Hotspot)

Van Hunt - The Fun Rises, The Fun Sets (Godless Hotspot)

Un bien bel effort que ce cinquième opus néo-soul (mais pas que !) intitulé The Fun Rises, The Fun Sets du crooner et multi-instrumentiste Van Hunt. Natif de Dayton, il se met à la musique dès l’âge de 7 ans, motivé par l’amitié nouant son père au batteur des mythiques Ohio Players… On comprend ainsi mieux d’où lui viennent ses sonorités sexy et psychédéliques héritées de la black music des années 70 !

A la fin des 90’s, après avoir envoyé ses démos hip-hop à quelques maisons de disques et rencontré plusieurs producteurs dont l’excellent Jermaine Dupri, le compositeur se fait remarquer en écrivant le titre Hopeless pour Dionne Farris (Arrested Development) et une partie de l’album Love In Stereo de Rahsann Patterson

Après Van Hunt (2004) et On The Jungle Floor (2006) parus chez Capitol Records, ses deux premiers albums plutôt bien accueillis par la critique, le musicien déchante en étant notamment affligé par l’avortement de son projet Popular qui devait sortir chez Blue Note Records en 2008. Excédé par l’industrie du disque, il s’en émancipe et fonde son propre label baptisé Godless Hotspot où paraîtront What Were You Hoping For ? en 2011 et The Fun Rises, The Fun Sets en 2015.

Influencé depuis ses débuts par des univers musicaux souvent aux antipodes, rock, folk et country d’un côté puis jazz, funk, soul et R&B de l’autre, Van Hunt distille avec brio l’héritage des icônes Iggy Pop, David Bowie, Neil Young et Curtis Mayfield, Thelonious Monk, Serge Giansbourg… Souvent comparé avec raison à Prince, il s’empare de tout un pan de la culture musicale américaine et la restitue dans une fusion proche de celle qu’opérait déjà dès la fin des 60’s Sly Stone et sa famille. Sa musique allie rythmiques R&B, mélodies contagieuses et psychédélisme, créant ainsi une identité pop/soul/rock hybride et débridée.

Dès l’ouverture avec le torride Vega (Stripes On), Van Hunt nous annonce la teneur de l’album en mêlant une instrumentation funk digne des JB’s à sa voix gémissante et caressante, qui rappellerait presque celle de Lenny Kravitz dans ses meilleures prestations.

Avec des morceaux comme Old Hat, (Let It) Soak (N) ou French For Cloud (Cstbu) c’est le génie de D’Angelo qui semble surgir de cette soul moite et tourmentée, aux accents organiques de gospel, de blues ou de jazz.

Dans Pedestal, si la guitare acoustique semble entamer une balade folk, c’est bel et bien dans un rock électrifié obsédant et saturé façon Jimi Hendrix que l’on pénètre un peu surpris mais rapidement conquis.

Teach Me A New Language nous replonge dans une soul cosmique et langoureuse où le groove nébuleux nous emmène rejoindre Curtis et sa voix délicate de ténor aigue.

She Stays With Me est dans la lignée des meilleures productions de Prince, avec une ligne de basse massive et ténébreuse, des synthés 80’s et une voix gavée de reverb…

Quant aux thèmes Headroom et If I Wanna Dance With You, il est quasiment question d’a cappella, le chanteur est juste accompagné par quelques accords pop joué au piano et nous offre deux slows, deux ballades lentes et aériennes que l’on s’attendrait à écouter dans une galette de R. Kelly !

Emotional Criminal et le titre de clôture The Fun Rises, The Fun Sets, sont conçues elles aussi comme deux ballades romantiques et sensuelles, aux ambiances pop profondes et un brin psychés mais qui, malgré leurs mélodies accrocheuses, ne capteront pas les ondes radio. Encore heureux !

Parlons pour finir de la bombe funky …Puddin’, prenant des airs d’Iggy Pop au chant, Van Hunt nous livre le titre le plus dansant et le plus joyeux du disque.

A l’instar du Black Messiah de D’Angelo paru il y a peu, The Fun Rises, The Fun Sets nous prouve que certains artistes surgis lors de l’explosion néo soul de la fin des années 90, sont parvenus à se renouveler en conservant leur singularité. Van Hunt ne fait aucun compromis, quitte à prendre des risques en s’aventurant dans des sonorités bien éloignées des standards.


samedi 16 mai 2015

Bootleggaz – Liquid (Los Angers City Soul Recordz)


Bootleggaz – Liquid (Los Angers City Soul Recordz)

Issue de l’association des producteurs K.rlo et LordGéo, Bootleggaz nous livre Liquid, un premier opus nu soul aux flaveurs french west-coast des plus efficaces. Originaire de Los Angers City, le crew y distille savamment un groove sensuel et assassin digne de celui de leurs compatriotes Hocus Pocus. En effet, d’un bout à l’autre de cet objet musical qui nous veut que du bien, le duo égraine ses influences extraites des scènes soul, funk, jazz, hip-hop, electro et R&B, n’en retenant que la substantifique moelle, un essentiel positif et gorgé de chaleur. Suspendu aux lèvres charnues d’une ligne de basse voluptueuse et aux accords jouissifs d’un Rhodes funky, l’auditeur en sueur se laisse embobiner par un déballage de sonorités live douces et sirupeuses, marquées du sceau des icônes J. Dilla, Maxwell, Beat Assailant, Bilal, 9th Wonder et autres D’Angelo.

Au fil de ses 15 titres, Bootleggaz nous ballade entre Détroit, Londres, Philadelphie, New York et la Nouvelle Orléans, ne manquant pas de faire escale à Toulouse pour enrôler le crooner Gimenez E (que nous écoutions il y a peu sur l'excellent projet The Empire Of Sound), à Paris pour solliciter les services de la diva Jaleenah Birdland, à Oakland pour amadouer le flow old school du rappeur Raashan Ahmad ou encore à Guyana cueillir le blues du rasta Ras Mac Bean… Un voyage initiatique autour du monde et à travers les époques où les cuivres d’un big band cohabitent avec les scratchs d’une technics sl1200 et les beats d’une MPC…

Bref, un disque qui ne vous veut que du bien !!!


 

dimanche 22 mars 2015

Marcus Miller – Afrodeezia (Blue Note Records)


Marcus Miller – Afrodeezia (Blue Note Records)

Chaque disque de Marcus Miller est un évènement, chacun d’eux est une immersion dans son univers en fusion qu’il nous dépeint à grand renfort de slap et de lignes de basse massives au groove assassin. Après Renaissance paru en 2012, il publie Afrodeezia  sur le prestigieux label Blue Note, entouré d’un quintet exceptionnel : le saxophoniste Alex Han, le trompettiste Lee Hogans, le pianiste Brett Williams, le guitariste Adam Agati et le batteur Louis Cato. Nommé artiste de l’Unesco  pour la paix en 2013 et porte-parole du programme éducatif La Route De l’Esclavage, Marcus entreprend avec ce nouvel opus de « remonter à la source des rythmes qui font la richesse de son héritage musicale », de l’Afrique aux Etats-Unis , en passant par la France, le Brésil ou les Caraïbes.

Débutant son voyage initiatique en Afrique, il s’abreuve de culture mandingue au Mali, passe prendre le chanteur Alune Wade au Sénégale puis poursuit son exploration de l’ouest africain vers le Ghana berceau du Highlife, tout proche du Nigeria et plus précisément de Lagos terre de l’afrobeat et de Fela Kuti. Hylife est la première étape de son pèlerinage et constitue par la même le premier single d’Afrodeezia.

Dans B’s River, inspiré par sa femme Brenda au retour d’un trip en Zambie, Marcus au guembri (ainsi qu’à la basse et à la clarinette basse), Cherif Soumano à la kora, Guimba Kouyaté à la guitare, Adama Bilorou Dembele aux percussions et Etienne Charles à la trompette, nous invitent en Afrique Australe pour une ballade où jazz, mélodie pop et sonorités ancestrales font bon ménage autour d’une rythmique hypnotique, avant de descendre en Afrique du sud écouter les chœurs interpréter du gospel.

Dans Preacher’s Kid (Song For William H), dédicacé à son père William, Marcus troque en effet sa guitare basse pour une contrebasse et rassemble autour de lui l’organiste Cory Henry (Snarky Puppy) et une chorale d’exception composée des voix d’Alune, Lalah Hathaway (oui oui, vous ne rêvez pas !), Julia Sarr et Alvin Chea des Take 6.

Traversons l’Atlantique maintenant, les rythmes chaloupés de la samba font leur entrée avec un titre coécrit par un héro de la MPB Djavan, We Were There. Le pandeiro et autres percussions de Marco Lobo servent d’écrin à une bassline ‘millerienne’ tonique, rejointe par le solo du pianiste de génie Robert Glasper au Fender Rhodes (pincez vous une nouvelle fois !) et par les chœurs d’inspiration brésilienne menés par le scat brulant de Lalah.

Dans un thème plus classique, Mr Miller et sa bande nous livre un Papa Was A Rolling Stone des plus funky, si vous êtes pris de tremblements et de vertiges pas d’inquiétude, ce doit être à cause des riffs de guitares électriques et acoustiques du légendaire Wah-Wah Watson (présent dans la version originale des Temptations) et du bluesman Keb’ Mo’, ou bien du souffle électrisant de l’excellent trompettiste Patches Stewart.


C’est le violoncelliste classique Ben Hong, notamment remarqué au côté de Bobby McFerrin et de l’orchestre philarmonique de Los Angeles, qui nous fait prendre de la hauteur grâce à sa délicate interprétation d’une composition du français George Bizet, I Still Believe I hear (Je Crois Entendre Encore). Guitare basse et violoncelle semblent évoluer en apesanteur, jouant à l’unisson une mélodie faite d’arabesques.

Son Of Macbeth et ses accents caribéens nous plonge ensuite dans une mer au bleu azur, le genre de paysage idyllique où le calypso s’anime sur les sonorités métalliques des tambours d’acier, ici domptés par le joueur de steel drums Robert Greenridge. Ce titre est un hommage au percussionniste originaire de Trinidad et Tobago Ralph Macdonald, qui débuta sa carrière dans la troupe du crooner Harry Belafonte.

L’intermède alléchante Prism nous fait songer, le temps de ses 30s, à la magie du groove nusoul d’un Woodoo de D’Angelo, sensuel et addictif. Il semble être extrait d’une jam session enregistrée sur un vieux dictaphone par Marcus et ses réguliers.

 
Xtraordinary et ses reflets pop est une autre de ces sublimes ballades évoquant l’habileté qu’a le compositeur à fusionner les genres musicaux, un peu à la manière du bassiste et chanteur camerounais Richard Bona. Alvin Chea y fredonne avec son timbre de voix très bas une mélodie enivrante tandis que Marcus, à la guitare basse gémissante, se met aussi à la kalimba, instrument africain 3 fois millénaire.

Water Dancer porte bien son nom, hymne à la danse et à la fête porté par une énergie débordante, il pourrait être le thème joué par un brass band électrifié de la Nouvelle Orléans. A noter la participation d’Ambrose Akinmusire à la trompette, Michael Doucet au violon et Roddie Romero à l’accordion.

En clôture d’Afrodeezia, Marcus a convié le beatmaker Mocean Worker et la moitié de Public Enemy Chuck D, pour un I Can’t Breathe electrojazz s’ouvrant avec une ritournelle gnawa interprétée au guembri  par notre serviteur en personne, bientôt rejoint par les séquences du producteur, bassiste et chanteur natif de Philadelphie et le flow revendicateur d’un des piliers du hip-hop engagé et politique.

Marcus Miller voulait à travers ce projet célébrer la musique afro-américaine et montrer qu’elle pouvait donner de la voix à ceux qui n’en n’avait pas, à l’instar des esclaves arrachés à leur terre natale et enchaînés à une autre, qui ont ainsi fait naître malgré l’oppression de nouvelles formes d’expressions hybrides et syncrétiques, comme l’ont été le gospel, le blues puis le jazz et la soul... 
 
 
 
 
 
… Good Job !