Un bien bel effort que ce cinquième opus néo-soul (mais pas que !) intitulé The
Fun Rises, The Fun Sets du crooner et multi-instrumentiste Van Hunt. Natif de Dayton, il se met à
la musique dès l’âge de 7 ans, motivé par l’amitié nouant son père au batteur
des mythiques Ohio Players… On
comprend ainsi mieux d’où lui viennent ses sonorités
sexy et psychédéliques héritées de la black music des années 70 !
A la fin des 90’s, après avoir envoyé ses démos hip-hop à quelques maisons de disques
et rencontré plusieurs producteurs dont l’excellent Jermaine Dupri, le compositeur
se fait remarquer en écrivant le titre Hopeless
pour Dionne Farris (Arrested
Development) et une partie de l’album Love
In Stereo de Rahsann Patterson…
Après Van Hunt (2004)
et On The Jungle Floor (2006) parus chez Capitol Records, ses deux premiers albums plutôt bien accueillis
par la critique, le musicien déchante en étant notamment affligé par l’avortement
de son projet Popular qui devait sortir
chez Blue Note Records en 2008. Excédé
par l’industrie du disque, il s’en émancipe et fonde son propre label baptisé Godless Hotspot où paraîtront What Were You Hoping For ? en 2011
et The Fun Rises, The Fun Sets en
2015.
Influencé depuis ses débuts par des univers musicaux souvent
aux antipodes, rock, folk et country
d’un côté puis jazz, funk, soul et
R&B de l’autre, Van Hunt
distille avec brio l’héritage des icônes Iggy Pop, David Bowie, Neil Young et Curtis
Mayfield, Thelonious Monk, Serge Giansbourg… Souvent comparé avec raison à Prince, il s’empare de tout un pan de
la culture musicale américaine et la restitue dans une fusion proche de celle
qu’opérait déjà dès la fin des 60’s Sly
Stone et sa famille. Sa musique allie rythmiques
R&B, mélodies contagieuses et
psychédélisme, créant ainsi une identité pop/soul/rock hybride et débridée.
Dès l’ouverture avec le torride Vega (Stripes On), Van Hunt
nous annonce la teneur de l’album en mêlant une instrumentation funk digne des JB’s à sa voix gémissante
et caressante, qui rappellerait presque celle de Lenny Kravitz dans ses meilleures prestations.
Avec des morceaux comme Old
Hat, (Let It) Soak (N) ou French For Cloud (Cstbu) c’est le génie
de D’Angelo qui semble surgir de
cette soul moite et tourmentée, aux accents organiques de gospel, de blues ou de jazz.
Dans Pedestal, si la guitare acoustique semble entamer une
balade folk, c’est bel et bien dans un rock
électrifié obsédant et saturé façon Jimi
Hendrix que l’on pénètre un peu surpris mais rapidement conquis.
Teach Me A New
Language nous replonge dans une soul
cosmique et langoureuse où le groove nébuleux nous emmène rejoindre Curtis et sa voix délicate de ténor
aigue.
She Stays With Me
est dans la lignée des meilleures productions de Prince, avec une ligne de basse massive et ténébreuse, des synthés
80’s et une voix gavée de reverb…
Quant aux thèmes Headroom
et If I Wanna Dance With You, il est quasiment
question d’a cappella, le chanteur est juste accompagné par quelques accords pop joué au piano et nous offre
deux slows, deux ballades lentes et
aériennes que l’on s’attendrait à écouter dans une galette de R. Kelly !
Emotional Criminal
et le titre de clôture The Fun Rises, The
Fun Sets, sont conçues elles aussi comme deux ballades romantiques et
sensuelles, aux ambiances pop profondes
et un brin psychés mais qui, malgré leurs mélodies accrocheuses, ne capteront pas les ondes radio. Encore
heureux !
Parlons pour finir de la bombe funky …Puddin’,
prenant des airs d’Iggy Pop au chant, Van
Hunt nous livre le titre le plus dansant et le plus joyeux du disque.
A l’instar du Black
Messiah de D’Angelo paru il y a
peu, The Fun Rises, The Fun Sets nous
prouve que certains artistes surgis lors de l’explosion néo soul de la fin des
années 90, sont parvenus à se renouveler en conservant leur singularité. Van Hunt ne fait aucun compromis,
quitte à prendre des risques en s’aventurant dans des sonorités bien éloignées
des standards.
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