Uptake - So
Far So Good (Jazz Village/Harmonia Mundi)
Le tout jeune quartet lyonnais Uptake (lauréat en 2014 RéZZo
Jazz Focal de Vienne) mené par le tromboniste Robinson Khoury (récemment sacré meilleur instrumentiste lors du Tremplin Jazz de la Défense) nous
présente son premier opus intitulé So
Far So Good et composé de 9 compositions inspirées des piliers de la
nouvelle scène jazz américaine. Ils citent notamment les pianistes Robert Glasper et Jason Lindner ou le tromboniste de Philadelphie Eugène Eubanks. La fusion qu’a opérée Joe Zawinul avec le Weather Report n’est sans doute pas non
plus étrangère à la construction de leur identité musicale, forgée autour d’un
groove solide marqué par leurs influences rock, pop et hip-hop…
Autour de Robinson
Khoury et de ses sonorités chaudes, rondes et amples (qu’il agrémente
occasionnellement d’FXs), se dévoilent l’excellent claviériste Bastien Brison (qui a largement participé
à l’écriture de l’album), le bassiste Pierre
Gibbe et le batteur Paul Berne.
Cette fine équipe distille un jazz frais,
aéré et sensuel, sa virtuosité certaine n’a besoin d’aucune esbroufe pour
toucher un auditoire captivé par des atmosphères épurées et changeantes, faites
de transitions, de rebondissements et de soubresauts sans fioritures.
Awake, qui ouvre
magistralement le disque, détermine d’emblée le niveau de jeu du quartet, ainsi
que sa manière d’aborder un thème qui évolue graduellement. Ici, les 3
premières minutes mettent en avant l’écriture, le piano et le trombone, puis
soudain la basse se fait plus insistante, le Fender Rhodes entre dans la danse et la batterie s’active, le jazz s’électrifie avec l’impro de Bastien au Wurlitzer, le swing devient
groove et se déploie avec énergie jusqu’à une outro qui se dépouille petit
à petit de son rythme, avant de finir par un échange intimiste piano/trombone.
Dans Mood les accords
de Rhodes gavés de reverb sont rapidement rejoints par Robinson qui laisse un temps son trombone au profit du vocoder, la mélodie subtile, délicate et
chargée d’émotions me rappelle alors celles du saxophoniste Casey Benjamin qu’il interprète dans le
projet Urbanus de Stefon Harris & Blackout. Le titre
est comme suspendu, flottant en apesanteur, le groove y est nébuleux et la
basse, dodue et voluptueuse, omniprésente.
Nighthawk, parés
de ses accents psychédéliques et de ses
reflets hypnotiques, trompe son
monde avec son air faussement calme, la basse semble se prélasser, le piano
retient ses marteaux, la batterie ses coups et le trombone ne demande qu’à
partir en vrille… ça bouillonne mais n’explose pas.
Bref So Far So Good
est une belle entrée en matière pour ces tout jeunes musiciens rhodaniens, une
découverte à ne pas manquer !
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