Thierry
Maillard – The Kingdom of Arwen (Naïve)
Il y a des disques qui mettent l’eau à la bouche avant même
de les avoir joué, The Kingdom of Arwen,
dernier opus du pianiste Thierry
Maillard, en fait partie avec son casting bluffant parmi lequel se dégagent
quelques invités prestigieux aux couleurs musicales singulières : le
guitariste Nguyên Lê, le
percussionniste Minino Garay ou le
joueur de doudouk Didier Malherbe.
Mais loin d’être arrivés au bout de nos surprises, lorsque Hiéroglyphes s’ouvre avec la cacophonie
du Prague Concert Philharmonic qui
s’échauffe, on entrevoit alors le projet chers au compositeur de rassembler dans
12 pièces épiques au lyrisme grandiloquent, un trio jazz et un orchestre
symphonique. Certes le concept n’est pas nouveau, mais la particularité de
ce dernier est d’y avoir adjoint une section
d’instruments ethniques. Entouré de Dominique
Di Piazza à la basse et de Yoann
Schmidt à la batterie, l’arrangeur n’en n’est pas à son coup d’essai
puisque l’an dernier il publiait The
Alchemist, enregistré avec un Orchestre de Chambre et des musiciens appartenant
à la sphère world music.
En toute logique l’étape suivante devait être son Kingdom
of Arwen et qui d’autre que Jan
Kucera aurait été plus à même de diriger l’orchestre ?
Ainsi jazz, musique
classique et musique du monde s’entremêlent avec maestria dans une épopée
fascinante dont les références sont aussi bien puisées chez Tolkien ou Franck Zappa (Zappa) que
dans l’Antiquité grecque (The Legend of Sparta’s King) égyptienne (Sphynx Part.1 et Part.2) ou le folklore
scandinave (Le Monde des Elfes).
Flûte chinoise, arménienne (doudouk) et irlandaise (whistle
par Neil Gerstenberg), luth grec
(baglama par Taylan Arikan)
percussions, violoncelle (par Olivia Gay)
et guitare électrique… Un ensemble qu’il faut accorder avec la rigueur d’un
orchestre symphonique et la créativité d’une formation de jazz. Il s’avère que
malgré tout ce petit monde à s’occuper, il manquait à Thierry un instrument plus organique, la voix céleste de Marta Klouckova s’imposa alors à lui dans
Sphinx Part.1, qui nous emmène en
Orient ou en terre Celte, difficile d’y accoler une étiquette.