Sierra Leone’s
Refugee All Stars – Libation (Cumbancha/Pias)
Cette formation sierra léonaise est née en exil et dans la
souffrance pendant la guerre civile qui ravagea cet état d’Afrique de l’Ouest
pendant les années 90. Tristement réputée pour ses sous-sols riches des fameux
diamants de sang et ses enfants soldats, la Sierra Léone est l’un des pays les plus
pauvres au monde. C’est sur ce terreau que Sierra
Leone Refugee All Stars a bâti sa
musique festive et optimiste, empreinte de mélodies et de rythmiques traditionnelles
africaines joliment colorées d’accents reggae et caribéens. Leur quatrième
disque Libation est une chaleureuse
invitation à partager les sonorités
roots et acoustiques d’un groupe désormais culte!
Da Cruz –
Disco e Progresso (Boom Jah Records/Broken Silence)
Le combo helvético-carioca Da Cruz nous revient avec un quatrième opus nommé Disco E Progresso. Basés à Berne, la
chanteuse Mariana Da Cruz et le
producteur Ane H. s’évertuent à mixer le disco/funk brésilien des années 70
aux sonorités rugueuses et percussives du break beat. A l’instar d’une
formation comme Zuco 103, Da Cruz construit son univers musical autour des
rythmes sacrosaints de la samba et de
la bossa nova, y ajoutant des notes electronica, new wave, pop, kuduro et
dance hall. Sous forme d’un double album, Disco E Progresso s’articule en deux entités bien distinctes et
opposées, l’optimisme édulcoré du Bright
Side venant se heurter au réalisme tranchant du Dark Side. À voir en live !
Arto
Lindsay – Encyclopedia Of Arto (Ponderosa/Harmonia Mundi)
Figure emblématique de la scène alternative brésilienne, l’étonnant
Arto Lindsay publie une compilation
sous forme d’un double album intitulée Encyclopedia
Of Arto. Cette dernière ponctue une carrière musicale longue de 35 ans et
rassemble dans un premier volet une sélection de 12 titres composés entre 1996
et 2004, exprimant une touche subtile
métissant sa folk de tropicalisme, de bossa nova, de pop-rock et d’électro.
Le second CD est un live rugueux et brutal enregistré en solo à Berlin en 2011
avec une guitare 12 cordes désaccordée. Expérimentale et barrée, la performance
est une suite de 12 morceaux défigurés et incisifs où la mélodie disparaît au
profit d’un rythme déshabillé de toutes fioritures. Avec son Encyclopedia, Arto nous dévoile les deux facettes de son univers, l’une populaire et
ancrée dans les traditions du Brésil, l’autre plus sombre et tourmentée, issue
des influences de la scène No Wave new-yorkaise de la fin des années 70.
Le premier album éponyme de la chanteuse anglaise Hollie Cook nous avait agréablement
surpris en 2011 avec ses sonorités
reggae héritées du Kingston des 70’s et du Birmingham des 80’s. La fille du
batteur des Sex Pistols Paul Cook nous revient avec Twice et ses neuf titres aériens et envoutants aux saveurs
tropicales. Produit à nouveau par Prince
Fatty, Hollie Cook enrichit sa
palette musicale, notamment d’accents
brésiliens (« 99 ») et
dub (« Twice »). Les sections de cordes, les steel drums et
les tablas viennent agrémenter un disque gorgé de douceur et de légèreté, où la
voix sensuelle et cristalline d’Hollie
est délicatement portée par la guitare de Joe
Price, les claviers syncopés de Sung
Jee Lee, la basse voluptueuse de James
Mckone et la batterie de Ben Mckone.
Addictif !
"Milk & Honey" extrait de son premier opus paru en 2011
La formation anglaise Magic
Drum Orchestra s’apprête à publier son premier album baptisé MDO. En attendant sa sortie prévue
courant Avril 2014 sur le label de Brighton TruThoughts Recordings, l’ensemble de percussions basé au
Royaume-Unis nous dévoile l’EP MDO
Sessions 1,rassemblant 5 titres révélateurs de leur addiction pour
la musique afro-brésilienne et leur passion pour les rythmes urbains.
Autant influencé par le dubstep, la drum & bass ou le le hip-hop que par la
batucada, la samba et l’afrobeat, Magic
Drum Orchestra s’amuse à reprendre le sulfureux hit de Snoop Dogg et
Pharrell « Drop It Like It’s
Hot », puis matraque un « Ragga
Samba » enflammé et festif, annonciateur de la prochaine coupe du
monde de foot au Brésil.
Paru en 2012 sur l’excellent label Brainfeeder basé à Los Angeles et piloté par le Dj/producteur/rappeur
Flying Lotus, l’album Totem est un manifeste abstract hip-hop bardé de samples lourds
et crasseux, survolés par la voix
fantomatique deRyat, largement
inspirée des accents nordiques policés de Björk.
Des arrangements de cordes évoquant les immenses steppes islandaises viennent parfois
caresser les instrus urbaines brutales et syncopées de la jeune compositrice,
héritées du glitch-hop et de la drum & bass. Chacun des titres
représente un animal spirituel, le cinématique « Hummingbird » (colibri), « Howl » (hibou) et ses sonorités jungle ou bien « Invisibly
Ours » et sa folk aérienne,
la onzième piste au titre éponyme closant un Totem hanté de bruits, de craquements, de vrombissements, de
gémissements électroniques et autres grésillements organiques ou minéraux. La
chanteuse déploie donc des atmosphères variées, on note ainsi les accents fusion jazz d’« Object Mob » réaffirmant le caractère hybride et composite de sa musique. Difficilement
accessible dès la première écoute, le disque sonne comme un enchevêtrement brouillon de textures sonores et de rythmiques
chaotiques. Dans ce dédale digital un seul fil conducteur demeure : la
voix fragile, fine et sensuelle de Christina
Ryat.
Benjamin Stefanski,
alias Raffertie, est un
jeune Dj/producteur basé à Londres. Dénicheur de talents, il a découvert le sublime duoAlunaGeorge, qui a marqué l’année 2013 avec la
sortie de Body Music dont est extraite la pépite R&B futuriste « Your Drums, Your Love », et dirige aussi l’exigent label Super,
apprécié par la scène club underground.
Sleep Of Reason,
paru sur Ninja Tune, est un premier
opus prometteur rassemblant toutes les sensibilités d’un artiste inspiré par
les musiques électroniques, la soul et la pop. Les textures que Benjamin
déploie sont sombres, parfois même angoissantes mais toujours organiques et
sensuelles. À celles-ci, vient s’ajouter une écriture mélancolique et touchante,
où l’artiste évoque son village natal sur les côtes britanniques. L’équilibre
fragile qui se dégage entre ses expérimentations sonores azimutées et ses sons
de cordes pincées ou frappées met en valeur une force mélodique plus qu’appréciable
pour l’auditeur.
Il s’approche singulièrement de la house, de la drum &
bass, de l’abstracthip-hop ou de l’electronica, usant de rythmiques narcoleptiques, de lignes de basse
envoutantes, de glitchs, de voix fantomatiques, de guitares et de synthés gavés
de réverbe. Raffertie abreuve les 13 titres du disque d’un élixir qui, comme l’écrit
Les Inrocks, « redéfinit la pop
anglaise en la requinquant de sons et de sang neufs ».
On pense ici et là à James Blake, Flume, Radiohead ou même Jamie
Lidell…
Des combinaisons savantes à découvrir et à redécouvrir à
chaque nouvelle écoute !