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mardi 21 mars 2017

Porter Ray - Watercolor (Sub Pop/Pias)

Porter Ray - Watercolor (Sub Pop/Pias)

Le rappeur de Seattle Porter Ray nous adressait le 10 Mars dernier via le label (habituellement orienté indie rock) Sub Pop son premier long format aux ambiances hip-hop sombres et atmosphériques intitulé Watercolor. Absolument brillant et particulièrement abouti, l'album qui devait initialement paraître en 2015, invite au respect arborant un flow cool et posé, authentique et sans artifice, allié à de subtiles productions immersives, aux sonorités électroniques ambient.
Pourtant marqué par une adolescence difficile où mort, violence et maladie l'ont accompagné sans répits et le poursuivent encore aujourd'hui, Porter accouche d'un disque clairement séduisant et accrocheur.

La tragédie, la douleur et la perte d'êtres chers ont agit sur lui comme un catalyseur créatif, le plongeant dans la description de récits tragiques mais colorés.
Il aborde la mort n'hésitant pas à rouvrir de vieilles blessures et regrette parfois qu'elle ne l'ait pas fauché lui plutôt que d'autres (son père des suites d'une maladie ou son frère à cause d'une balle perdue). Ses textes emplis de mélancolie et de souffrance regorgent de réalisme et de vécu, mais loin de plomber un ensemble cohérent, ils se diluent dans des instrumentations captivantes et intimistes où plane le spectre bienveillant de Jay Dilla et où s'entendent les influences de Lauryn HillNas, Mos Def, Talib Kweli, Q Tip ou Common. L'artiste approche l'auditoire avec ses belles mélodies puis le touche en plein cœur avec ses messages poignants, souvent en forme d'hommages à ses proches incarcérés ou décédés. Il nous offre un disque de rap se voulant être un classique du genre, dans l'esprit des mythiques Black on Both Sides, Illimatic ou Reasonable Doubt datant de l'âge d'or.
A découvrir d'urgence!

jeudi 16 mars 2017

The Volunteered Slaves - Ripcord (Cristal Records/Pias)

The Volunteered Slaves - Ripcord (Cristal Records/Pias)

Collectif de musiciens issus d'horizons divers qui prit forme en 2002 à l'occasion du Festival Jazz In Marciac, The Volunteered Slaves nous proposera le 14 Avril prochain son quatrième opus baptisé Ripcord, un recueil de 13 titres inspirés aux sonorités urbaines et métissées, où le jazz s'acoquine au hip-hop, au spoken word, à la soul et à la pop, tout en se frottant à sa propre histoire africaine et au gospel. Traversé de notes orientales, afrobeat, électroniques et créoles, parcouru de chants engagés et revendicatifs exprimés en anglais, français, japonais, l'album est à l'image de ses artisans: riche, aventureux, ouvert d'esprit, spirituel, généreux et guidé par un groove multicolore.

Le saxophoniste Olivier Temime, le percussionniste Arnold Moueza, le pianiste Emmanuel Duprey, le bassiste Akim Bournane et le batteur Julien Charlet ont invité dans cette nouvelle aventure l'organiste Emmanuel Bex, le guitariste Hervé Samb, le contrebassiste Géraud Portal et le saxophoniste ténor Stepan Moutot. Ensemble ils tissent des plages instrumentales accrocheuses tantôt planantes tantôt dansantes, sur lesquelles les b-girls Indy Eka (d'origine camerounaise), Mafé (native à Montréal), Kiala Ogawa (de mère japonaise et de père d'origine angolaise), Raphaëla Cupidin (danseuse de jazz et de classique) et le poète de Chicago Allonymous, viennent déposer leurs flows ensorceleurs et réalistes.
3 morceaux retiendront sans doute votre attention, il s'agit de 3 reprises étonnantes de tubes emblématiques de la culture pop. Si "Us & Them" des Pink Floyd est métamorphosé en une jazz ballad nocturne, "God Only Knows" des Beach Boys devient une chanson hypnotique aux reflets electronica et "Video Killed The Radio Star" des Buggles un thème electrojazz syncopé aux accents R&B.

Ripcord est  définitivement un disque à retenir! Il fusionne brillamment le jazz à la poésie militante et aux musiques du monde...


jeudi 2 mars 2017

Shahin Novrasli - Emanation (Jazz Village/Pias)

Shahin Novrasli - Emanation (Jazz Village/Pias)

Basé à New-York, le brillant pianiste Shahin Novrasli s'apprête à nous offrir son nouvel album studio intitulé Emanation. Né à Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, en 1977, le musicien prodige a suivi une formation classique. S'attelant à l'interprétation des partitions de Bach, Beethoven ou Mozart il s'est ensuite orienté vers le jazz, étudiant alors les compositions de monstres sacrés tels que Bill Evans.

Télescopant l'univers du swing ternaire afro-américain au mugham traditionnel de la musique azérie, assez proche du maqâm arabe, l'artiste a su se créer une identité musicale singulière, riche, inspirée et innovante, à la croisée de l'Orient et de l'Occident.

Enregistré en à Paris courant Avril 2016, Emanation fut produit par Shahin lui-même, épaulé par la légende vivante du piano Ahmad Jamal. Entouré d'acolytes prestigieux appartenant eux aussi au panthéon du jazz contemporain, le contrebassiste américain James Cammack (fidèle d'Ahmad Jamal) et le batteur français André Ceccarelli, celui que l'on compare (en terme de destin) à l'arménien Tigran Hamasyan et à l'israélien Yaron Herman, apporte à son trio un supplément d'âme en invitant le percussionniste géorgien Irakli Koiava et le violoniste français Didier Lockwood.
Ensemble ils nous proposent 9 compositions élégantes et sophistiquées, flirtant ici avec la rigueur classique ou les ambiances envoutantes d'un Keith Jarrett et là avec les sonorités orientales d'un genre musical populaire extrêmement structuré, qui se prête à un haut degré d'improvisation... Bonne pioche pour nos instrumentistes virtuoses, amateurs de liberté et de rencontres atypiques!


 
 

mardi 21 février 2017

Hayes McMullan - Every Day Seem Like Murder Here (Light In The Attic/Pias)

Hayes McMullan - Every Day Seem Like Murder Here (Light In The Attic/Pias)

Reconnu comme une véritable sommité dans l'étude du Blues et de ses pionniers - notamment Robert Johnson, Willie Brown et Charlie Patton (son idole absolue) - l'historien américain Gayle Dean Wardlow nous présente grâce à l'entremise du label de Seattle Light In The Attic, un bluesman du delta du Mississippi à l'héritage et au talent malheureusement trop mésestimés, une mémoire vivante du blues originel née en 1902, devenu homme d'église dans les années 30 et militant pour le mouvement des Droits Civiques en 1966. Il s'agit de Hayes McMullan, guitariste et chanteur qui a disparu en 1986 et qui a, au cour de sa courte carrière de musicien, joué aux côtés des maîtres du delta blues.
C'est un heureux hasard qui mit Hayes sur le chemin de Gayle par un mois d'Aout 1967 à Summer, village du comté de Tallahatchie dans le Mississippi. Après quelques rencontres autour d'une bouteille de whisky et d'un enregistreur, le journaliste proposa au diacre de reprendre la guitare et c'est ainsi qu'à l'hiver 1968, quelques titres furent captés sur de vieilles bandes dans un petit studio de Jackson. En 2015, avec un autre historien John M. Miller, allait débuter le projet Every Day Seem Like Murder Here. Prenant la forme d'un disque largement enrichi de notes, l'hommage se compose de 21 chansons racées, dépouillées et inédites, remasterisées à partir des bandes originales, où s'exprime dans le plus simple appareil toute l'âme du blues rural. Un témoignage rare et vibrant entrecoupé de passages d'interviews mais aussi de moments où l'artiste présente lui-même ses reprises favorites de standards qu'il personnalise avec une approche technique et harmonique riche et sophistiquée.

jeudi 9 février 2017

Favia Coelho - Sonho Real (Pias)

Favia Coelho - Sonho Real (Pias)

Je découvrais la jeune brésilienne Favia Coelho en 2014 alors qu'elle publiait chez Discograph/Vagh & Weinmann Music son second opus intitulé Mundo Meu. Le 07 Octobre dernier paraissait son nouvel effort baptisé Sonho Real (Pias), un disque aux saveurs cariocas bien sûr mais pas que... En effet la chanteuse débarquée à Paris en 2006 a passée son adolescence dans la région du Nordeste, une période qui a largement influencé son univers musical parcouru de forro et de frevo. Mais le répertoire de Flavia ne se cantonne pas à ces seules aspects de la culture musicale brésilienne, il s'enrichit des rythmes urbains qui animent la jeunesse d'un pays aux multiples facettes, ainsi le baile funk, le raggamuffin, le ska, le reggae, le hip-hop ou l'afrobeat se côtoient avec légèreté dans des mélodies gorgées de soleil et animées de reflets caribéens importés directement de Kingston.

On retiendra tout particulièrement la touchante ballade interprétée en français "Témontou", une chanson d'amour radieuse à l'ambiance jamaïcaine accrocheuse et envoutante...

mercredi 8 février 2017

Brûle – The Bronx Mixtape (1973-1979) (Pias)

Brûle – The Bronx Mixtape (1973-1979) (Pias)

Pour son premier roman baptisé Brûle (Editions Don Quichotte), Laurent Rigoulet a souhaité revenir aux 'vraies' racines du hip-hop, prenant comme point de départ une date souvent écartée des annales, celle d'une fête, la première du genre, organisée un 11 Aout 1973 dans le South Bronx.

Fusion du Djing, de la danse, du graffiti et du rap, cette culture émergeante issue des ghettos new-yorkais en proie aux flammes et à la misère au début des années 70 - naissait en partie grâce à l'initiative d'un jeune graffeur, danseur et disc joker originaire de Kingston nommé Kool Herc, qui organisait avec sa sœur Cindy chez lui (au 1520 Sedgwick avenue) ou dans la rue (alimentant son installation avec les réverbères de la ville) des noubas mémorables, où il passait des disques de hard funk notamment de James Brown, tandis que sur des pistes de danse improvisées, les jeunes désœuvrés du quartier rivalisaient d'inventivité. Ils créaient un nouveau phénomène underground qui allait se répandre comme une trainée de poudre, dont un de aspects était la Breakdance.

Reprenant le principe des fameux sound systems du dancehall jamaïcain, le pionnier activiste va rapidement devenir un guide pour toute une génération de b-boys et de b-girls jusqu'à ce que le hip-hop se standardise à la fin des 70's avec la publication de hits radio comme "Rapper's Delight" du mythique The Sugarhill Gang.

Kool Herc (Herc pour Hercules, en rapport à sa carrure et à sa taille) mit au point certaines techniques de mix, dont celle de faire tourner en boucle les fameux breaks (parties rythmiques instrumentales) de ses vinyles, que les légendes Grandmaster Flash et Afrika Bambaataa peaufineront et enrichiront par la suite. Malgré l'importance de son héritage, Clive Campbell ne connaîtra malheureusement pas le même destin que ses consorts et sombrera rapidement dans l'oubli et la drogue.

C'est là que le travail de journaliste et de documentaliste du romancier mérite tout notre intérêt, il exhume un pan méconnu de l'histoire du hip-hop:
"Mon idée c’était de faire un roman qui soit véritablement un roman mais qui soit aussi très «sourcé» ; cette histoire n’a pas été racontée : les années 70 à 77 sont un angle mort de la culture populaire."

Afin d'étoffer son livre, l'auteur publie, avec le concours du label Pias, The Bronx Mixtape (1973-1979). Il s'agit de la bande son de Brûle, collectionnant de 16 titres phares de cette époque troublée, qui composent  véritablement "la matrice du hip-hop". S'y côtoient les succès emblématiques et engagés "Say It Loud (I'm Black And I'm Proud)" de James Brown, "Stand!" de Sly And The Family Stone ou encore "The Message" de Grandmaster Flash & The Furious Five.

jeudi 19 janvier 2017

Omar Sosa & Seckou Keita - Transparent Water (World Village/Pias)

Omar Sosa & Seckou Keita - Transparent Water (World Village/Pias)

Après ses excellents Ilé et Eggun, le pianiste cubain Omar Sosa nous revient avec un nouveau projet élaboré en collaboration avec le célèbre joueur de kora et chanteur sénégalais Seckou Keita. Intitulé Transparent Water, le disque "rend hommage à l'eau, l'un des éléments les plus précieux et les plus importants de la nature", "symbolisant la clarté de l'âme de chaque personne". Il rassemble 13 titres envoutants et hypnotiques aux sonorités cristallines mêlant avec maestria les traditions musicales mandingues, indiennes, afro-cubaines, chinoises et japonaises. Le rapprochement périlleux de toutes ces cultures aurait pu nous paraître risqué voire impossible seulement voilà, son instigateur épris de liberté est passé maître dans l'art du métissage et de l'innovation. Au gré de ses rencontres fortuites et de sa soif d'improvisation il a développé un goût particulier pour la conversation musicale, c'est ainsi qu'autour de lui il a invité des interlocuteurs virtuoses issus d'horizons bien distincts comme le maître du sheng (flute traditionnelle chinoise) Wu Tong, la joueuse de koto originaire de Tokyo Mieko Miyazaki, les percussionnistes Gustavo Ovalles (Venezuela) et Mosin Khan Kawa (Inde), le joueur de geomungo (sitar coréenne) E' Joung-Ju et le batteur Steve Argüelles. Ce périple initiatique à travers les musiques du monde se déploie avec douceur, chaleur, grace et volupté prenant parfois la forme de plages sonores chill dépouillées et zen, ou de moments d'exaltation contenue où voix et cordes s'entremêlent. L'auditeur ne peut alors que se sentir happé par ces ambiances apaisantes où s'accordent sérénité et spiritualité.



jeudi 5 janvier 2017

Richard Galliano - New Jazz Musette (Ponderosa/Pias)

Richard Galliano - New Jazz Musette (Ponderosa/Pias)

L'accordéon était à l'honneur fin 2016 avec Les Racines du Ciel de Frédéric Viale, il le sera aussi en ce début d'année 2017 avec le double album intitulé New Jazz Musette, du monstre sacré Richard Galliano . Afin de marquer les 30 ans d'une carrière bien remplie, la référence incontournable de l'accordéon - aussi bien à l'aise dans le jazz que dans la chanson, dans la musique classique (Bach sorti sur le prestigieux Deutsche Grammophon) que dans les rythmes brésiliens ou argentins - nous offre un aperçu du chemin parcouru depuis l'impulsion du maître Astor Piazzola. Ce que ce dernier fit au tango, Richard l'appliqua à la musette contre vents et marées, malgré les réticences et les à priori. Aujourd'hui comme à ses débuts, le musicien cannois s'entoure de la formation type du jazz-musette, un quartet composé de la trinité guitare-contrebasse-batterie. Il convie pour l'occasion ses fidèles acolytes, figures emblématiques du jazz hexagonal, le bassiste Philippe Aerts, le guitariste Sylvain Luc et le batteur André Ceccareli. Des complices de haut vol qui évoluent avec une spontanéité et une facilité déconcertante dans son monde musical varié et fédérateur.

Venant tout juste de souffler sa 66ième bougie, il était important pour lui de revisiter le répertoire new musette qu'il partagea au fil des années avec des sommités de la scène jazz internationale telles que Phillip Catherine, Aldo Romano, Biréli Lagrène, Jean-Marc Jafet, Daniel Humair, Michel Portal, Wynton Marsalis, Didier Lockwood, Toots Thielemans et j'en passe.
L'accordéoniste franco-italien qui fit ses classes au Conservatoire de Nice (où il obtint en 1969 le 1er prix d'excellence au trombone!) revient aussi sur un thème qu'il affectionne particulièrement: "Tango Pour Claude" composé pour son ami Claude Nougaro (RIP). Ailleurs, il aborde ses aventures avec Mino Cinelu, Gonzalo Rubalcaba et Charlie Haden à travers "Aurore", morceau extrait du disque Love Day datant de 2008.

Enregistrés en 3 jours, ces 18 titres expriment avec délicatesse, rondeur et légèreté toute la profondeur d'un artiste qui a su redoré le blason d'un instrument poussiéreux, intégrant les influences des vénérables Herbie Hancock, John Coltrane, Bill Evans et Chick Corea, écoutant les pionniers Marcel Azzola et Joss Baselli ou explorant les univers d'Edith Piaf, Jacques BrelBarbara, Nino Rota, Chet Baker ou bien des illustres Tchaîkovsky, Ravel, Vivaldi et Mozart...

Se dégage aussi de ce New Jazz Musette une chaleur des suds qui lui sont si chers et notamment celui de la France. On notera à cet égard l'unique morceau inédit: "Nice Blues" dédié aux niçois touchés en plein cœur par l'attentat du 14 juillet 2016.

lundi 12 décembre 2016

Aïda & Babak – Manushan (Accords Croisés/Pias)


Aïda & Babak – Manushan (Accords Croisés/Pias)

Elle se nomme Aïda Nosrat et lui Babak Amirmobasher, elle est chanteuse et violoniste lui est guitariste. Ils forment un couple dans la vie et dirigent Manushan sur scène, un groupe acoustique de musique contemporaine iranienne fondé à Téhéran en 2006. Reliés aux traditions musicales, spirituelles et philosophiques de la Perse ancienne, les auteurs-compositeurs sont aussi passionnés de flamenco et s'inventent un univers à part, habité de jazz manouche et américain, de musique classique iranienne et européenne, de sonorités celtes et des Balkans, de rythmes latins (Brésil, Espagne) et de mélodies intemporelles turcopersanes. Composé de 13 titres enchanteurs et vibrants, l'album est une invitation poignante au voyage vers un ailleurs sans nom, sans frontière et sans âge. Les cordes du duo sont rejointes par les percussions d'Habib Meftah Bousheri, la contrebasse d'Antonio Licusati, la clarinette basse de Denis Collin, le zarb et le tombak de Pablo Cuelho.
 
Ci-dessous l'extrait d'un de leurs concerts captés le 04/12/16 à Paris
 
Teaser de leur album précédent "Swing Me To Your Song"
 

lundi 28 novembre 2016

Robert Finley - Age Don't Mean A Thing (Fat Possum Records/Pias)

Robert Finley - Age Don't Mean A Thing (Fat Possum Records/Pias)


À seulement 63 ans, le tout jeune bluesman originaire de Louisiane Robert Finley publie son premier opus au titre plutôt évocateur: Age Don't Mean A Thing. L'auteur/compositeur a choisi pour ses débuts, le label Big Mess Legal Records, branche fertile du prestigieux Fat Possum Records. Ancien mécanicien aéronautique dans l'armée des U.S. reconverti à la menuiserie, il vendra finalement son âme au diable suite à une cécité précoce. Profondément marqué par les sonorités soul de ses aînés ("Snake In My Grass" en est un exemple admirable) et notamment par la signature deep soul de Memphis, le guitariste/chanteur nous ouvre les portes d'un univers musical vibrant, habité de sublimes ballades romantiques "It's Too Late" et "Make It With You" mais aussi de moments rhythm and blues "I Just Want To Tell You" et même rock'n'roll "Let Me Be Your Everything".

Au détour d'un "Come On" bouillonnant, il dote son blues généreux d'un groove puissant et fédérateur qui se pare volontiers d'accents funk old-school nous rappelant à bien des égards le son racé des JB's de la grande époque. Sa voix rugueuse, vigoureuse et sensuelle à la fois, nous renvoie au catalogue racé de la Stax. Empreint des traditions blues et gospel, son chant s'exprime avec force, sincérité et fragilité dans un langage universel qui traverse les âges depuis les années 50 sans prendre une ride.

Produit par Bruce Watson et Jimbo Mathus, le disque n'use d'aucun artifice et n'a pas besoin d'être étiqueté "enregistré et mixé tout en analogique" pour sonner vrai, Finley demeure simplement naturel, entouré de la crème des musiciens memphisiens, qui accompagnaient jadis les héros Solomon Burke, Al Green, BB King ou Buddy Guy...

 Age Don't Mean A Thing sortira en France le 03 Février 2017 grâce à la précieuse entremise de Pias.

lundi 21 novembre 2016

Saule - L'Eclaircie (Le Label/Pias)

Saule - L'Eclaircie (Le Label/Pias)

On a tous en tête l'immense tube "Dusty Men" extrait de l'album Géant paru en 2012 que Baptiste Lalieu alias Saule chantait en duo avec la star britannique Charlie Winston. Comme on le sait, suite à un succès commercial non négligeable il est toujours difficile et éprouvant de penser à l'après. Si à cela s'ajoute quelques remous sentimentaux et la crise de la quarantaine, il se peut alors que l'artiste ait un passage à vide: la fameuse traversée du désert tant redoutée. Elle n'aura duré que 4 années pour Saule, jusqu'à l'écriture de la ballade "L'Eclaircie", nouveau titre qui donnera son nom à l'album paru le 18 Novembre dernier chez Le Label.

Epaulé par le producteur américain Mark Plati (David Bowie, The Cure, Alain Bashung, Emilie Simon...), le géant poursuit son exploration d'une pop/rock épique et punchy influencée par ses muses anglo-saxonnes (Arcade Fire, Fleet Foxes...), lorgnant parfois sur le disco ("Respire (Breathe)"), le folk ("Et Pourtant le marche") et les 80's. Le soleil vient bien après la pluie et les 12 titres du disque le prouvent bien avec leurs sonorités positives et fédératrices, dopées aux guitares électriques vrombissantes. Les textes y sont touchants ("Quand les hommes pleurent") et parfois engagés, comme dans le vibrant "Nulle part chez moi", faisant écho aux migrants.

Retour en force, donc, pour un personnage sensible et polyvalent, qui tînt à l'automne 2016 son premier rôle au cinéma dans le film Une part d'ombre de Samuel Tilman.

mercredi 9 novembre 2016

Agnès Obel - Citizen Of Glass (Play It Again Sam /Pias)

Agnès Obel - Citizen Of Glass (Play It Again Sam /Pias)

Nous évoquions fin 2013 la sortie du délicieux Aventine de la compositrice danoise Agnès Obel. La chanteuse à la voix pure et vaporeuse nous dévoilait alors son univers musical intimiste et autobiographique sur des airs folk éthérés et mélancoliques. Le 21 Octobre dernier, paraissait chez Play It Again Sam son troisième opus intitulé Citizen Of Glass. Cette nouvelle aventure a débuté en 2015 dans son loft à Berlin, puis s'est poursuivie à Mitte dans les studios BrandNewMusic. Ecrit, enregistré, produit et mixé par ses soins, ce disque aux saveurs boisées riches et précieuses nous replonge dans ses textures oniriques délicates et envoutantes, où la profondeur des cordes est cette fois-ci renforcée par des clarinettes et clarinettes basses. Quelques samples de clavecins et de harpes médiévales apportent quant à eux leurs sonorités intemporelles et luxueuses. Se livrant avec retenue et pudeur, Agnès éclaire d'une lumière diaphane des ambiances nordiques contemplatives aux arrangements impeccables et aux mélodies d'une troublante beauté.

mercredi 19 octobre 2016

Sarathy Korwar - Day To Day (Ninja Tune/Pias)

Sarathy Korwar - Day To Day (Ninja Tune/Pias)


Une très belle découverte que ce premier opus paru en juillet 2016 du percussionniste, batteur et producteur américain Sarathy Korwar. D'origine indienne, il est issu de la communauté Sidi, descendante de populations d'Afrique de l'Est déplacées majoritairement entre le XV° et le XVII° siècle. Aujourd'hui installé à Londres avec une solide formation à la programmation et aux tablas - acquise auprès des maîtres Shri Rajeev Devasthali et Pandit Sanju Sahai - il ambitionne de marier ses 2 cultures, adaptant sa technique à la batterie occidentale: folklore indien, jazz et musique électronique communiquent ainsi dans un langage sophistiqué, élégant et poétique.

Imaginé pendant un périple dans la région rurale de Gujarat, suivi de séances aux Studios Dawn à Pune, Day To Day a été réalisé à partir d'enregistrements captés auprès de La Troupe Sidi de Ratanpur. Cette dernière dispose de cinq batteurs dont les polyrythmies reflètent son héritage africain, contrairement aux batteurs indiens traditionnels qui jouent à l’unisson. Leurs tours de chants hypnotiques (mélange de traditions bantu, gnawa et soufi) et leurs percussions répétitives constituent ainsi la substance, la matière première du disque que l'artiste enrichie ensuite de sonorités plus occidentales, glanées auprès des recherches free et cosmic jazz d'Alice Coltrane, de sessions avec la nouvelle scène jazz londonienne et nourries de rencontres musicales décisives, Karl Berger et Ingrid Sertso, Cara Stacey (Kit Records) ou encore Arun Gosh.


A la batterie, aux tablas et à la programmation, Sarathy s'entoure pour l'occasion du précieux saxophoniste Shabaka Hutchings (Sons of Kemet), du claviériste Al Mac Sween, des italiens Giuliano Modareli à la guitare et Domenico Angarano à la basse. Ensemble ils élaborent de sublimes textures sonores tantôt ambient ("Eyes Closed") et chill ("Dreaming"), tantôt jazz-rock ("Bhajan", "Indefinite Leave to Remain") aux accents free ("Mawra"), afro ("Bismillah"), astral ("Hail"), psychédéliques et organiques ("Lost Parade").
Un voyage initiatique au départ de l'Inde et à destination de l'Afrique, avec escales aux Etats-Unis et en Europe.

A noter que le projet est le fruit d'une collaboration entre le label Ninja Tune et la Fondation Steve Reid parrainée par Gilles Peterson, Four Tet, Floating Points, Emanative et Koreless.

jeudi 23 juin 2016

Roisin Murphy - Take Her Up To Monto (Play It Again Sam/Pias)

Roisin Murphy - Take Her Up To Monto (Play It Again Sam/Pias)

La chanteuse irlandaise Roisin Murphy est une figure incontournable de la scène électro depuis son fameux duo nommé Moloko formé en 1995 avec son ex-compagnon Dj Mark Brydon. Leur titre phare "Sing It Back" enflamme d'ailleurs toujours les dancefloors.

Amorçant sa carrière solo en 2005 après avoir collaboré avec Handsome Modeling School ou Boris Dluglosh, elle devient la muse du génial Matthew Herbert qui produit son premier Ruby Blue, album très bien accueilli par la critique mais assez peu vendu. Suivront Overpowered en 2007 et Hairless Toys en 2015, précédé de l'EP Mi Senti (recueil de 6 classiques de la chanson italienne) qui marqua une renaissance de l'artiste, disparue des écrans radar depuis 8 ans.

Le 8 juillet prochain paraîtra son dernier Take Her Up To Monto, un disque inventif bourré de fraîcheur et parcouru d'influences italo-disco ("Mastermind"), cabaret ("Pretty Garden"), pop ("Ten Miles High"), electronica ("Romantic Comedy") et même bossa ("Lip Service"), prenant ici des airs de berceuse ("Whatever") ou d'ambient UK bass ("Nervous Sleep") et là de ballade folk cosmique et magique ("Sitting And Counting").

Epaulée par son complice de longue date, le claviériste, compositeur et arrangeur anglais Eddie Stevens, la diva installée à Londres se livre et se réinvente, développant une esthétique musicale singulière, parfois expérimentale mais terriblement accrocheuse, habitée de nappes de synthés hypnotiques et réverbérées, de rythmiques syncopées, de mélodies désarticulées chargées d'émotions et d'une voix unique, souple et malléable qu'elle pousse avec une grande maîtrise dans les graves autant que dans les aigus.

L'album tout entier est une bénédiction, mais un titre se dégage tout de même de cette excellence, il s'agit de "Thoughts Wasted", une pépite qui rassemble à elle seule tout le spectre sonore de Murphy, fragilité, mélancolie, énergie, sophistication, efficacité et rigueur s'entremêlent dans une chanson délicieuse au groove suave et prenant.

Bravo!

mercredi 18 mai 2016

Brodka – Clashes (Play It Again Sam/Pias)


Brodka – Clashes (Play It Again Sam/Pias)

La popstar polonaise Monika Brodka, qui vit sa carrière décoller à 16 ans en remportant une émission de télé-crochet, publie chez Play It Again Sam son quatrième opus baptisé Clashes. Interprété en anglais, le disque fut enregistré entre la Pologne et Los Angeles sous la direction de Noah Georgeson (Adam Green, Cat Le Bon, …). Nous offrant une musique hybride, mêlant ballades rock atmosphériques, orchestrations pop majestueuses et sonorités folk mystiques, la chanteuse avoue être autant influencée par l'avant-garde new-yorkaise d'Arto Lindsay que par les explorations électroniques de Bjork ou l'indie rock de PJ Harvey.

Elle rédige des textes abstraits lui permettant d'aborder des thèmes communs (amour, désir, liberté…) tout en s'éloignant des clichés et compose puis arrange des combinaisons instrumentales insolites et contrastées, rapprochant par exemple un orgue d'église et une kalimbra ou une guitare saturée et un oboa… L'artiste, à la voix émouvante, a d'ailleurs choisi un terme plutôt évocateur pour ce dernier effort, en effet 'clash' laisserait présager d'un conflit ou d'une rupture brutale, mais il en est rien, tout s'accorde à merveille dans un écrin musical somptueux, constituant un voyage captivant et audacieux (pour reprendre les mots de la revue de presse).


Digitalism – Mirage (Magnetism Recordings/Pias)


Digitalism – Mirage (Magnetism Recordings/Pias)

Basé entre Hambourg et Londres, le duo allemand Digitalism avait plutôt bien été accueilli au milieu des années 2000, notamment grâce à ses hits "Zdarlight" , "Idealistic" et "Pogo" mêlant réminiscences French Touch, énergie punk, ambiances prog rock et rave… Mais il risque aujourd'hui d'en être autrement avec son troisième opus baptisé Mirage.

Hébergés par Magnetism Recordings, Jens Moelle et Ismael Tuefekci combinent les recettes de Daft Punk à celles de Cassius, assaisonnant le tout d'EDM mainstream et d'un zeste de Klaxon, The White Stripes ou The Strokes. Si ce mélange marchait il y a 10 ans, la sauce a depuis tourné… Leurs fans attendant du renouvellement, le tandem s'est donc remis au travail courant 2015, accouchant de 15 titres et totalisant une durée totale dépassant les 70 minutes… Un élan de générosité!

Digitalism décrit ce disque comme leur plus abouti à ce jour, considérant "Utopia" comme un succès en puissance, armé de progressions tendues, de breaks hypnotiques et de drops efficaces… Sa cadence  presque deep house, sa mélodie pop et ses synthés kitsch sont pourtant calqués sur les tubes radio du moment. Voulant retrouver leur panache d'antan, les deux Djs usent d'une formule malheureusement décevante, trop convenue et manquant de surprise.

mardi 26 avril 2016

Mélanie de Biasio - Blackened Cities (Pias)

La chanteuse et flutiste jazz originaire de Belgique Mélanie de Biasio, nous offre son dernier opus intitulé Blackened Cities. Il succède à l'excellent No Deal qui recevait en 2013 un très bon accueil, autant critique que public.

Cette longue et unique composition de 25 minutes lui fut inspirée par le décor des villes post-industrielles qu'elle a traversées durant sa tournée internationale de Détroit à Bilbao en passant par Manchester et bien sûr sa citée natale, Charleroi. Conçu de façon quasiment improvisée avec un staff de musiciens qui, pour quelques uns, partagent l'univers de la diva depuis plus de 15 ans, Blackened Cities fut enregistré un après-midi d'automne 2014 à Bruxelles et ne nécessita que le stricte minimum en post-production. Sombre mais aérien et aéré, les quelques accords réverbérés du claviériste Pascal Paulus rejoint par le contrebassiste Sam Gertsman et son archet plantent le décor dès les premières minutes. Bart Vincent diffuse un léger voile de white noise, comme une brise à laquelle la voix grave, fantomatique et planante de Mélanie et le piano de Pascal Mohy se fondent. Surgit ensuite un battement de cœur marqué par la grosse caisse de Dre Pallemaerts, de là une rythmique jazzy éclos accompagnée de sa ligne de basse rassurante et groovy qui gonfle, enfle et forcit. Tout s'enchaîne alors en crescendo, une progression hypnotique voire psychédélique menée avec virtuosité par un batteur maestro qui ralenti la cadence après le drop. Son swing devient alors atmosphérique, adoucissant les humeurs et laissant celle que Gilles Peterson considère comme l'artiste jazz la plus excitante du moment, déployer son phrasé délicat, sensuel et gorgé d'émotions.

jeudi 21 avril 2016

Sam Beam and Jesca Hoop - Love Letter For Fire (Sub Pop/Pias)



Sam Beam and Jesca Hoop - Love Letter For Fire (Sub Pop/Pias)

L'excellent label basé à Seattle Sub Pop (Nirvana, The Rapture, Cansei de Ser Sexy, Beach House…) nous présente le projet country/folk Love Letter For Fire, fruit de la collaboration des songwriters Sam Beam et Jesca Hoop. Tombé sous le charme de la voix cristalline de son acolyte (qui collabora avec Peter Gabriel sur l'album New Blood) le chanteur connu aussi sous son alias Iron & Wine, a souhaité l'inviter à partager la composition et l'écriture de chansons d'amour acoustiques, poursuivant ainsi la longue tradition américaine du duo notamment marquée par les collaborations de Dolly Parton & Kenny Rodgers ou encore George Jones & Tammy Wynette, dont les mélodies accompagnèrent son enfance. L'album distille au travers de ses 13 titres délicats et finement interprétés, une musique folk des plus intimistes et introspectives ("One Way To Pray" ou "Bright Lights And Goodbyes"), parcourue d'accents pop ("Every Songbirds Says" et "Chalk It Up to Chi") et country ("Kiss Me Quick", "Valley Clouds"). Dominée par le jeu des guitares acoustiques et la majesté de deux voix touchantes, l'ambiance de Love Letter For Fire est bucolique et paisible, un moment d'écoute en apesanteur pour une virée musicale dans les grands espaces ruraux de l'Amérique profonde.

jeudi 31 mars 2016

Sarah And Julian – Birthmarks (Pias/Rough Trade)


Sarah And Julian – Birthmarks (Pias/Rough Trade)

La nouvelle petite perle pop/folk à paraître chez PIAS fin Avril nous vient d'Allemagne et s'intitule Birthmarks. La fratrie Sarah et Julian Muldoon nous livre leur premier recueil de 11 chansons où mélancolie folk, peps et légèreté pop fusionnent, hameçonnant littéralement l'auditeur séduit par ses ambiances tantôt intimistes et dominées par les cordes mélancoliques de Julian ("White Lips", "Like A Letter" ou "Monster"), tantôt entraînantes et menées par les mélodies et les rythmiques indie de Sarah ("Elephants", "Slow" ou "Falling"). S'y devinent en filigrane les influences de Regina Spector, Agnes Obel ou Angus & Julia Stone ainsi que celles de Coldplay, Arcade Fire et même The Cure. Le premier single "Mayflies" expose assez bien cette habile combinaison de deux sensibilités distinctes qui se complètent à merveille...

mardi 22 mars 2016

Gazebos - Die Alone (Hardly Art/Pias)

Gazebos - Die Alone (Hardly Art/Pias)

Emanation du label Sub Pop, qui signait à leurs débuts des groupes emblématiques comme Nirvana, Soundgarden et autres acteurs de l'effervescente scène rock alternative de Seattle, Hardly Art nous présente une nouvelle formation aux sonorités prog punk nommée Gazebos. Le quatuor indie rock et tape-l'oeil, composé de la chanteuse ultra tatouée Shannon Perry, du guitariste TV Coharan, du bassiste Shane Herrell et du batteur Jordan Y. Adams, décrit lui-même sa musique de "whoa pop". Il publie son premier opus intitulé Die Alone qui rassemble les compos, démos et sensibilités de chacun des membres, retravaillées, captées et enregistrées à l'ancienne chez TV par Kurt Block (Fastbacks) sur un Tascam 8 pistes à cassette. Ce patchwork de 9 titres est un joyeux bordel aux ambiances surf rock, art rock et post punk aux relents 80's.