lundi 30 septembre 2013

The Garifuna Collective – Ayo (Stonetree Records/Cumbancha)


The Garifuna Collective – Ayo (Stonetree Records/Cumbancha)

Le label indépendant Cumbancha publiait en 2008 l’album d’Umalali intitulé « The Garifuna Women’s Project », mettant ainsi en lumière les traditions musicales issues des côtes de Belize, du Honduras, du Nicaragua et du Guatemala. Des noms comme Ivan Duvan et bien sûr Andy Palacio (RIP) sont les fers de lance de cette culture afro-amérindienne et en s’inscrivant dans leur sillage, l’ensemble The Garifuna Collective poursuit la modernisation et la promotion de ces sonorités chaudes héritées des esclaves africains et des indiens Arawaks et Caribs. Leur nouvel opus « Ayo » participe à la conservation de la langue et de l’identité d’une culture fragile. On y écoute 12 titres gorgés d’espoir et de joie, arborant les rythmes traditionnels de la Paranda, de la Punta et de la Jungujugu… Magique !


mercredi 25 septembre 2013

The Toxic Avenger – Romance And Cigarettes (Roy Music/Universal)


The Toxic Avenger – Romance And Cigarettes (Roy Music/Universal)

Après une sortie fracassante en 2011, le français expatrié aux U.S. Simon Delacroix nous présente son deuxième essai au long format, « Romance and Cigarettes ». Beaucoup moins décapant et club que son précédent disque, l’électro/rock survitaminée de « Angst » cède ici sa place à un trip italo-disco rétrokitsch. Plongé dans un bain popifiant aux sonorités 80’s gluantes, The Toxic Avenger semble être tombé dans la même marmite que Kavinsky. Assumant pleinement ses choix et ses clins d’œil à la musique pop FM de son enfance, le Dj/producteur élabore un mix plutôt réussi entre une New Wave aux mélodies collantes et obsédantes et une électro narcoleptique, gavée de synthés disco à rendre jaloux un certain Mr Tellier. On s’éloigne du dancefloor pour se rapprocher d’un Simon plus intime.


VV Brown – Samson And Delilah (Yoy Records/The Orchad/Modulor)


VV Brown – Samson And Delilah (Yoy Records/The Orchad/Modulor)

Revisitant le mythe biblique de Samson et Dalila, la chanteuse aux multiples casquettes V.V. Brown fait son retour dans l’arène musicale avec la sortie d'un nouveau disque aux sonorités électro/pop, à classer dans la rubrique avant-gardiste du rayon R&B. La belle anglaise publie sur son propre label Yoy Records « Samson And Delilah », un album déroutant, crépusculaire, froid et conceptuel, le premier qu’elle assume pleinement! Les spectres de Grace Jones, Bjork et Kate Bush planent au dessus des 11 titres composés en collaboration avec Dave Okumu (producteur de Jessie Ware). V.V. Brown réinvente son univers artistique, le rendant plus baroque, sombre et sophistiqué. Elle se libère du poids de l’industrie musicale et de ses canons pour fournir un objet personnel et anti-commercial. Audacieux et prometteur !



mardi 24 septembre 2013

Nishtiman – Kurdistan Iran-Iraq-Turquie (Accords Croisés/Harmonia Mundi)


Nishtiman – Kurdistan Iran-Iraq-Turquie (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

La musique d’un peuple, réparti entre quatre pays et quatre histoires, est enfin gravée dans un seul et même écrin. Le projet intitulé « Kurdistan » est interprété par un ensemble de sept artistes mené par le percussionniste iranien Hussein Zahawy. En 10 titres que le chanteur et musicien Sohrab Pournazeri a composés pour l’occasion, Nishtiman nous apprend que la musique kurde est plurielle, festive, populaire et raffinée. Restés confidentiels jusqu’à présent, ces rythmes et ces mélodies millénaires réapparaissent timidement, avec ici une touche occidentale apportée par la contrebasse jazz et les percussions sénégalaises de deux européens. L’écriture du compositeur est nourrie par les différentes traditions kurdes implantées en Iraq, en Iran, en Syrie et en Turquie. L’initiative est rare et audacieuse, la musicalité y est intense et lyrique !


Rivière Noire – Rivière Noire (Atmosphériques)



Rivière Noire – Rivière Noire (Atmosphériques)
Le projet « Rivière Noire » répond à l’appel d’une Afrique désirée, rêvée et sublimée. Réunissant le chanteur/songwriter brésilien Orlando de Morais Filho, le guitariste/chanteur/songwriter d’origine guadeloupéenne Pascal Danae et le réalisateur et ingénieur du son Jean Lamoot, ce premier disque métisse les sonorités de la MPB, du reggae, de la folk, du blues malien et de la culture mandingue, avec évidence et profondeur… Les chants en portugais et en bambara, la kora, les percussions traditionnelles, les guitares électriques et acoustiques, les rythmes séculaires enivrants et la modernité d’une écriture éclairée, créent une alchimie illustrant à merveille ce terme parfois galvaudé de World Music.



vendredi 20 septembre 2013

Célia Cruz – This Is… Célia Cruz, The Absolute Collection (Legacy/Sony Music)


Célia Cruz – This Is… Célia Cruz, The Absolute Collection (Legacy/Sony Music)

Célia Cruz, c’est LA voix qui incarne le plus la musique cubaine et la salsa. Partie de rien, son chant va d’abord séduire la Havanne, puis l’Amérique latine dans les années 50 et les USA dans les 60’s (fuyant ainsi le régime de Fidel Castro). L’Europe la découvre au milieu des années 70, alors qu’elle devient une des stars du célèbre label Fania Records. Dans cette « Absolute Collection », sont compilés 12 titres de la diva Café Con Leche, dont les succès « Qimbara », « Usted Abuso » et « Yo Viviré ». Piochés entre 1955 et 2001, on peut y écouter La Reina de la Salsa s’illustrer au côté des légendes Tito Puente, Ray Barretto ou encore Willie Colon. Cet hommage est une célébration saluant la longue carrière d’une artiste que seule la maladie fit taire en 2003 à presque 90 ans !

mercredi 18 septembre 2013

Black Bazar – Round 2 (Lusafrica/Sony Music Entertainment)


Black Bazar – Round 2 (Lusafrica/Sony Music Entertainment)

Tout est parti d’un roman paru en 2007, qui traite des problèmes de la communauté africaine à Paris, Black Bazar est depuis devenu un concept musical. L’écrivain Alain Mabanckou, entouré des maîtres de l’ambiance africaine, a voulu revenir aux sources de la rumba congolaise. En 2012, le combo Black Bazar publie « Premier Round » et le succès est tel que son petit frère « Round 2 », plus diversifié et ouvert sur d’autres rythmes (soukous, sonorités afro-caribéennes…), lui emboîte le pas un an plus tard. Sur les compositions du guitariste Popolipo Beniko et du bassiste Michel Lumuna, une flopée d’artistes congolais, nigérians, cap-verdiens et haïtiens s’évertuent à nous transmettre la fièvre et la folie d’une Afrique plurielle en ébullition.

mardi 17 septembre 2013

Grand Pianoramax – « Till There’s Nothing Left » (Obliqsound/Harmonia Mundi)


Grand Pianoramax – « Till There’s Nothing Left » (Obliqsound/Harmonia Mundi)

Le pianiste Suisse Léo Tardin nous présente le quatrième volet de son projet jazz/fusion intitulé Grand Pianoramax. Remarqué au côté de Roy Ayers, des Nubians, de Toots Thielemans ou de son compatriote Eric Truffaz, le musicien au groove saisissant et aux idées novatrices publie « Till There’s Nothing Left ». Il est accompagné du batteur zurichois Dominik Burkhalter et du poète/slammeur new-yorkais Black Cracker. Le trio nous propose d’entrevoir, à travers son objectif grand angle, un paysage musical expérimental ponctué d’éléments jazz, trip-hop, dub, rock et hip-hop. Entre jubilations psychédéliques, accents électroniques et sonorités acoustiques, rythmiques tranchantes et poésie ténébreuse, Grand Pianoramax nous plonge dans son univers contrasté en clair/obscur.


dimanche 15 septembre 2013

Dino D'Santiago - EVA (Lusafrica)


Dino D'Santiago - EVA (Lusafrica)

Dino D'Santiago, jeune artiste d'origine cap-verdienne, a fréquenté toute son enfance la chorale paroissiale que ses parents animaient dans le sud du Portugal. Après s'être investi dans différents projets Hip-Hop, Soul et R&B (Jaguar Band, Dino SoulMotion, DaWeasel), le chanteur publie "Eva", un disque touchant et encré plus que jamais dans ses racines africaines. C'est lors d'un voyage initiatique sur l'île de Santiago au Cap Vert que Dino, accompagné de son père, s'éprend des traditions musicales insulaires comme la morna, largement répandue par Cesaria Evoria (R.I.P.), la coladeira et le funana lento ou encore le batuque. Agrémentant son répertoire crioulo de sonorités empruntées au fado, la voix de ce nouvel ambassadeur de la lusophonie est à découvrir d'urgence!

jeudi 12 septembre 2013

Gregory Porter - Liquid Spirit (Blue Note)


Gregory Porter - Liquid Spirit (Blue Note)

Que dire de cet ancien sportif de haut niveau converti au jazz ? Que dire encore de cette bête de scène élevée au gospel et formée à Broadway ? Le chanteur Gregory Porter est la révélation jazz/soul de ces dernières années, depuis la parution en 2010 de son premier effort intitulé "Water". Véritable phénomène vocal et scénique influencé, entre autres, par Nat King Cole, Marvin Gaye et Bill Withers, l'enfant de Bakersfield (Californie) publie aujourd'hui "Liquid Spirit" ,un recueil autobiographique de 16 compositions puissantes et touchantes. Ce troisième opus marque son entrée dans le prestigieux label Blue Note, mettant au service du groove, sa voix chaude et sa plume engagée. Avec une élégance sans pareil et un brin de classicisme rassurant, le compositeur nous rappelle les liens sacrés unissant le gospel, le blues, le R&B, la soul et le jazz. Magique!

mercredi 11 septembre 2013

Deluxe - The Deluxe Family Show (Chinese Man Records)


Deluxe - The Deluxe Family Show (Chinese Man Records)

Il s'agissait d'un projet plutôt sympa, mêlant swing, soul, funk, hip-hop et électro dans une ambiance pleine de peps et bonne humeur... Nous sommes maintenant confrontés à un véritable phénomène!  L'ex-quintet urbain devenu sextet avec la chanteuse LiliBoy a quitté les rues d'Aix-en-Provence pour signer chez la référence hexagonale du hip-hop pointu et décalé, Chinese Man Records. Apparaissant dans la BO de Fast and Furious 6, les petits français s'offrent même des guests d'exception, comme le rappeur sud-africain Tumi. Leur premier EP avait créé un buzz fin 2011, leur premier album "The Deluxe Family Show" les consacre... Enorme!



 
Chronique Deluxe - Polishing Peanuts

Mariana Caetano - Mé Ô mond (Sin Zeo Music/Madame Bobage/Coop Breizh)


Mariana Caetano - Mé Ô mond (Sin Zeo Music/Madame Bobage/Coop Breizh)

Une voix sombre, grave et colorée d'un délicieux accent portugais, des rythmiques pop inspirées du folklore brésilien nordestin... La belle Mariana Caetano, originaire de Rio mais installée en France, publie son second opus intitulé "Mé Ô mond". Comédienne et chanteuse, elle mêle les univers de la MPB, du tropicalisme et du maracatu à celui de la chanson française. Le résultat est forcément métis, une soft-pop hybride avec quelques incursions rock. Le disque est un recueil de ballades féminines traitant de plaisir, d'amour, de l'intime et de société. Un brin mélancolique !

Minino Garay - Asado (L'Autre Distribution)


Minino Garay - Asado (L'Autre Distribution)

Le percussionniste et chanteur argentin nous revient avec un hommage musical festif à sa ville natale. Renouant avec les rythmes traditionnels de la cumbia, du candombe et de la tunga tunga, "Asado" nous rend compte du métissage qu'a connu Cordoba depuis les années 60. Minimo Garay l'a enregistré avec ses musiciens de "Los Tambores Del Sur" entre Buenos Aires et Paris. La tunga tunga ou cuarteto, qui se joue avec un piano, des cuivres et un accordéon, est un style très populaire hérité de la tarantelle italienne et du paso doble espagnol. L'artiste se le réapproprie en y mêlant son grain de folie et de modernité. Il s'est entouré pour l'occasion d'une pléiade d'artistes de tous horizons, parmi lesquels on retrouve la chanteuse égyptienne Natasha Atlas ou le flutiste parisien Magic Malik...
 
Chronique Minino Garay - Gabriel

mardi 10 septembre 2013

YOKOHAMA ZEN ROCK – « Yokohama Zen Rock » (Jarring Effects/discograph)


YOKOHAMA ZEN ROCK – « Yokohama Zen Rock » (Jarring Effects/discograph)

L’histoire commence à deux, la danseuse butō, chorégraphe, compositrice, chanteuse et musicienne Yoko Higashi (née en 1974 à Yokohama, Japon) et Takeshi Yoshimura, guitariste expatrié en France et inventeur de la porn pop japonaise (mélange d’électro pop, new wave disco pop et textes grivois). Taillé pour la scène et formé juste à l’occasion d’un festival en 2003 du côté de Lyon, le projet devient rapidement sérieux et le duo trouve alors en Spagg (bassiste et beat maker, membre du Peuple de l’Herbe), puissance, expérience et sagesse. Le résultat de cette union tient en quatre mots : Japanese electro punk rock. Yokohama Zen Rock illustre son métissage à chaud, en live, avec des textes chantés et performés dans la langue du pays du soleil levant. Fort de l’influence expérimentale de Yoko, pop rock de Takeshi et métal électro du français Spagg, le YZR alterne titres énergiques et déjantés « Kill Me » et « Kome - Eloge de la Fuite » avec des plages plus zen « Miminari » ou encore « Rosoku », alliant le son saturé et planant de la guitare aux rythmiques électroniques cousues main de l’ancien de la bande. Mélodies simples et efficaces, lignes de basses massives et basiques, chant torturé, sombre et doux à la fois…Entre brutalité punk et classicisme pop, ce premier opus intitulé Yokohama Zen Rock est un cocktail étonnant à servir bien frappé !

ZUCO 103 – AFTER THE CARNAVAL


            ZUCO 103 – AFTER THE CARNAVAL

Il y a ceux qui réchauffent, évitant ainsi l'écueil d'une quelconque prise de risque, ceux qui opèrent une rupture, allant même jusqu'à la négation...Puis il y a Zuco 103, en marge de toutes ces considérations souvent commerciales ou marketing, dont la seule perspective est de partager sans imposer, de planter le décor musical d'un après-carnaval, lorsque les corps se délassent et que les esprits s'apaisent.

Ce trio créatif, novateur et joyeux ne cherche ni à décliner une vieille recette, ni à changer la donne. Proposant un cocktail métissé flirtant avec le jazz, le funk, l'électro et la musique brésilienne, la chanteuse do Brasil Lilian Vieira, le batteur-sampleur néerlandais Stephen Kruger et le pianiste allemand Stephen Schmid bâtissent depuis 1989 (date de leur rencontre au Conservatoire de Rotterdam) un édifice sonore alliant l'Ancien et le Nouveau Continent.

La magie opérant depuis 1999 et la sortie de leur premier opus éponyme, le succès ne tarde pas avec Otro Lado en 2000, son single du même nom inonde les ondes radios et figure dans les compilations lounge de l'époque.

Après trois autres albums dont une expérience jazz acoustique avec One Down, One Up, After The Carnaval est un paisible moment d'échange.

Berimbau, cavaquinho, guitare, banjo, beats électroniques et percussions brésiliennes sont autant d'explorations sonores qui apportent maturité et épaisseur à la texture de ce remède musical agissant contre la morosité.

Nous retrouvons après trois ans d'absences la voix touchante de Lilian Vieira, de retour sur sa terre natale avec ses complices, pour l'enregistrement d'une grande partie de ce dernier album.

Taillé pour la scène, After The Carnaval annonce des moments live inoubliables.

Smoove – First Class (Jalapeno Records)


Smoove – First Class (Jalapeno Records)

Dj/producteur émérite de la nouvelle scène Electro/Soul anglaise, Smoove s’est imposé avec le chanteur John Turrell, comme l’une des meilleures formations R&B, Raw Funk de ses dernières années. Suite à deux opus sortis en 2009 et 2011, la moitié de Smoove & Turrell publie une compilation de remixes intitulée « First Class », démontrant l’étendue de ses influences musicales et sa dextérité derrière les platines et autres consoles MPC. Mixant sonorités disco, jazzy, hip-hop, latino et house, le beatmaker nous propose quelques unes de ses pépites telles que l’excellent « The Way It Goes » avec la présence de Sandra N’Kaké, la reprise de « Call Up To Heaven » de Kraak & Smaak ou encore celle de l’immense « Can’t Get You Out Of My Head » de The Third Degree. Efficace et gorgé de grooves !



Bernard Lenoir – L’Inrockuptible (EMI Music France)


Bernard Lenoir – L’Inrockuptible (EMI Music France)

Bernard Lenoir c’est cette voix chaude qui anima pendant des années les soirées d’auditeurs de France Inter accrocs à la New Wave et au Rock Indépendant. Ses émissions « Feedback » puis « la musique pas comme les autres » ont converti toute une génération d’ « enfants du Rock » qui, grâce aux « Black Sessions », profitèrent des premières apparitions françaises de Depeche Mode, REM ou Joy Division. Dans cette compilation en format 2CD, l’Inrockutible Lenoir nous fait partager une nouvelle fois ses coups de cœur, avec toujours autant d’exigence et de passion pour « les choses mélancoliques », « les musiques qui véhiculent le doute, le questionnement et l’inquiétude » des années 80 et 90. Y sont présents Dominique A, The Cure, Bashung, les Pixies, PJ Harvey ou encore Prefab Sprout…

Aufgang – Istiklaliya (InFiné)


Aufgang – Istiklaliya (InFiné)


 
 

Avec leur nom à coucher dehors et leur visuel en forme de blason aux couleurs héraldiques, le trio Aufgang nous plonge dès la première écoute de son Istiklaliya dans un univers épique improbable fait d’electropop survoltée, de folklore balkanique électrisant, de jazz/rock psychédélique et d’ambiances technoïdes où le piano règne en maître… Les pistes sont brouillées, les synthés décomplexés flirtent avec la musique classique et le piano à queue s’enivre au rythme des 128 bpm de rigueur en club… Composé des pianistes Francesco Tristano et Rami Khalifé, ainsi que du batteur Aymeric Westrich, Aufgang l’Insolite est un véritable ovni, bourré d’énergie dévastatrice et prêt à en découdre avec le dancefloor. Un coup de cœur !

June Emergency – Tomato Juice/CSA (autoproduit)


June Emergency – Tomato Juice/CSA (autoproduit)

Ce quartet instrumental basé à Antibes est composé de deux guitaristes, Vincent Heurtebize et Antoni Varesano, du bassiste Denis Lebrun et du batteur Félix Joveniaux. Situant leurs influences du côté du shoegaze et du post-rock, leur démarche musicale touche du doigt la sphère jazz et emprunte à la musique minimaliste la construction des morceaux basés sur la répétition et la superposition entêtante de boucles. On pense à certaines références telles qu’E.S.T. ou Radiohead. Les mélodies sont séduisantes et l’amplitude du titre CSA donnerait presque le tournis. A la lisière des étiquettes, June Emergency « façonne une ambiance bancale et introspective ». A écouter sur juneemergency.bandcamp.com.


Saule – Géant (30 Février/Pias)


Saule – Géant (30 Février/Pias)

Découvert sur les ondes radio grâce au tube « Dusty Men » enregistré en duo avec Charlie Winston, Saule est un auteur/compositeur belge installé en France depuis peu. Son troisième opus intitulé Géant est à la hauteur du personnage mesurant près de 2m. En effet, si l’artiste restait confiné dans le carcan de « la nouvelle chanson française » intimiste et intelligente, il parvient grâce à sa complicité avec l’artiste anglais, à se décomplexer en osant de nouvelles sonorités, rapprochant sa culture rock anglo-saxonne écartée jusque là vers l’univers pop bariolée et survolté de notre Hobo préféré. L’humour, la lucidité et la tendresse des textes de l’un, mariés à la force et à l’efficacité des arrangements de l’autre, font de ce couple parfait LA sensation mainstream de ce début d’année.

Rokia Traoré – Beautiful Africa


Rokia Traoré – Beautiful Africa

Son pays natal étant plongé dans une période de conflits, la musicienne malienne Rokia Traoré réaffirme, guitare électrique en bandoulière, son amour et sa passion pour un continent « où tout reste toujours à découvrir et à faire ». Beautiful Africa est un manifeste engagé et brulant adressé au monde. Mêlant une section musicale traditionnelle à des instrumentistes européens, la chanteuse crée un univers épuré, respectueux de ses racines mais ouvert à la modernité et à l’exploration. Ses collaborations passées avec des artistes atypiques et visionnaires comme Damon Albarn ou Robert Wyatt le prouvent bien. Elle décide ici de s’entourer du producteur anglais Josh Parish (Tracy Chapman, PJ Harvey…) et opte pour une écriture plus affranchie, un timbre de voix plus précis et tranchant.

Vigon Bamy Jay – Les Soul Men (323 Records/Universal Music)


Vigon Bamy Jay – Les Soul Men (323 Records/Universal Music)

Une légende oubliée de la Soul réapparait ! Vigon, figure emblématique du Rhythm’n’Blues des années 60, relance sa carrière grâce à l’émission The Voice. Le chanteur marocain qui œuvra jadis dans le sillage de James Brown, Stevie Wonder et Otis Redding forme avec son vieux compagnon antillais Erick Bamy, ex-doublure vocale de Johnny Halliday, et le jeune chanteur Jay Kani des Poetic Lovers, le trio « Les Soul Men ». Ils interprètent des reprises de leurs idoles Aretha, Ray Charles, Ike et Tina, Sam & Dave ou encore Bill Withers dans l’esprit des productions racées de Stax et Motown, avec un son chaud et cuivré, gorgé de groove et de swing. Les voix sont maitrisées et entre tornade rocailleuse, velours éraflé et douceur romantique, on redécouvre la grâce d’une Soul vintage en plein revival.

VANESSA DA MATA « SIM »


VANESSA DA MATA « SIM »

Glissez le disque dans votre platine et appuyez sur « play »…Fermez les yeux, ne pensez plus à rien et laissez vous bercer par le chant cristallin d’une sirène. Elle se  nomme Vanessa Da Mata, originaire du Mato Grosso au Brésil, son enfance a baigné dans un bouillon musical alliant les saveurs d’un Luiz Gonzaga et d’un Tom Jobim, d’un Milton Nascimiento et d’un Orlando Silva. Son oncle aventurier l’a initié aux sonorités plus régionales (comme le Carimbò) issues de disques rapportés de ses voyages en Amazonie, tandis que la bande AM de son poste radio lui faisait découvrir les musiques étrangères. Née en 1976 et de formation autodidacte, la carrière artistique de Vanessa Da Mata débute à Sao Paulo dans un groupe de reggae féminin, puis en 1997 elle compose, avec un certain Chico César, le titre prémonitoire « A Força Que Nunca Seca » qui sera enregistré par l’immense Maria Bethania. Le Brésil découvre alors une grande compositrice et le succès de ses deux premiers albums projettera sa voix et sa beauté rayonnante sur les devants de la scène.

« Sim » (oui en français) est donc son troisième opus, enregistré entre la Jamaïque et le Brésil, Discograph a lancé sa sortie française le 16 Juin dernier (merci, merci, merci…). « Sim » est défini come « une réponse positive à la vie, une réponse de lutte », un hommage vibrant à l’existence vécue au quotidien ; on y compte la participation de Ben Harper sur le titre grandiose « Boa Sort/Good Luck » qui a été écouté plus de 5 millions de fois sur Youtube, de Joao Donato, Wilson Das Neves et de la nouvelle génération de musiciens brésiliens. La diversité des sonorités présentes dans l’album est un reflet parfait de la créativité musicale de la MPB (Musica Popular Brasileira) : rythmes pop, samba, reggae et rythmes régionaux issus des traditions musicales brésiliennes…

Ce n’est pas un disque à chroniquer mais à vivre ! Une véritable émotion dès la première écoute, une pépite…

Urbanus – Stefon Harris & Blackout (Concord Jazz/Universal Music Jazz France)


Urbanus – Stefon Harris & Blackout (Concord Jazz/Universal Music Jazz France)

Imprégné des héritages de Lionel Hampton et Roy Ayers, le jeune vibraphoniste Stefon Harris publie chez Concord Jazz un septième album, essentiel,  intitulé Urbanus. Entouré pour la seconde fois du groupe Blackout et de ses sonorités urbaines, l'artiste signe là un opus grandiose, élégant et efficace. Accessible par son groove et le sens mélodique indéniable de ses compositeurs, ce vrai projet d'équipe rappelle les aventures de Philadelphia Experiment (avec ?uestlove) ou encore le Hard Groove (de Roy Hargrove) où les influences R&B, Soul, Hip-Hop, Funk, Pop et Jazz fusionnent pour célébrer une musique de partage, moderne, riche, novatrice et pleine d'émotions. La prestation exceptionnelle du saxophoniste alto Casay Benjamin, ici au Vocodeur, accompagne l'auditeur dans ces moments rares d'extase où tout s'accorde, les merveilleuses ballades Christina ou For You convaincront les amateurs...Une nappe enivrante dressée par les pianos de Marc Cary, une rythmique solide et légère à la fois emmenée par le bassiste Ben Williams et le batteur Terreon Gully puis le jeu virtuose et classieux de Stefon Harris font d'Urbanus un disque indispensable, le genre d'objet dont on ne se lasse pas d'écouter tant la générosité du frontman offre l'opportunité à Blackout d'exposer son savoir-faire...Un pur bonheur.

TOSCA – « No Hassle » (!K7/Pias)


TOSCA – « No Hassle » (!K7/Pias)

Il n’est plus besoin de présenter ce combo légendaire viennois, car depuis 1997 et la sortie de leur premier opus Opera, il n’est pas une compilation chill, ambient ou downtempo qui ne cite une de leurs perles nacrées polies au gré de vagues sonores fluides ondulant au ralenti. Richard Dorfmeister, ex-moitié du duo DJ-producteur K&D aux côtés de Peter Kruder, crée Tosca avec son ami d’enfance le musicien/plasticien Rupert Huber, le projet étant un retour aux sources du groove. En effet, soul, funk et blues sont revisités en réponse au courant techno berlinois en plein essor à la fin des années 90. Depuis ses débuts un peu éparpillés et balbutiants, Tosca, en partie grâce à la marijuana et plus sérieusement à son talent de designer paysagiste, a su planter au fil de ses productions un décor cosmique mixant matériel numérique autant qu’analogique où sont conviés dub, funk, blues et krautrock. Si les voix étaient très présentes précédemment, No Hassle en est quasi-dépourvu, son aspect contemplatif et introspectif résulte d’un subtil équilibre entre éléments acoustiques et électroniques, cordes et samples, groove enivrant et mélodies planantes enregistrés lors de jam sessions en studio. Le tout est présenté dans un écrin simple sans fioriture, « Less Is More » comme scandait l’architecte minimaliste Mies van der Rohe, et d’ailleurs, en parlant d’architecture, le live offre toute la profondeur méditative de Tosca qui se détourne des lieux consacrés à la scène pour s’orienter vers les lieux sacrés comme la cathédrale Linzer Dom à Linz. Incontournable !
 

Thorbjorn Risager – Track Record


Thorbjorn Risager – Track Record

Ce danois de 38 ans nous donne une belle leçon de blues en 10 titres ravageurs et roots. Les arrangements puissants et les solos courts mais dévastateurs de son band sont à l'image de ce leader emblématique qui demeure, malgré son talent, inconnu du grand public. Ancien prof., il consacre sa vie à la musique aux cinq notes et forme en 2003 son groupe qui demeure quasi inchangé depuis son origine. Sur scène, l’épreuve du feu, Risager ne veut pas ennuyer son auditoire, il développe alors un style particulier qui mélange diverses influences comme le rock, la soul, le gospel, le R&B et le funk, le résultat est détonnant et forcément efficace. Son dernier opus intitulé Track Record est un condensé d’énergie semblant sortir tout droit d’un bar du sud des Etats-Unis… À noter la superbe reprise du tube de Big Joe Williams « Baby Please Don’t Go » ! Un must-have

Sergio Mendes - Bom Tempo (Universal Music Classics & Jazz France)


Sergio Mendes - Bom Tempo (Universal Music Classics & Jazz France)

Le monstre sacré Sergio Mendes publie aujourd'hui son 37ième album. Maître du tropicalisme et prince de la Bossa Nova, il est âgé de 69 ans et continue de balader sa bonne humeur et ses bons tempos gorgés du soleil de Copa Cabana à travers le monde. Faisant suite aux énormes succès Timeless et Encanto (en partie grâce à la présence du producteur et MC américain Will I Am des Black Eyed Peas), la légende brésilienne nous revient avec un nouvel opus intitulé Bom Tempo. Toujours abondamment colorée et joyeuse, la musique de Sergio célèbre l'été, les bikinis et la danse. Celui qui a écrit plusieurs pages de la musique latino-américaine depuis les années 60 avec son groupe Brasil'66, arrangeur, pianiste et compositeur émérite, revisite éternellement les classiques de Tom Jobim, Gilberto Gil, Milton Nascimento ou encore Jorge Benjor avec ici des invités de choix comme les chanteurs Carlinhos Brown et Seu Jorge ou la chanteuse Gracinha Leporace. Bom Tempo est bien parti pour être la B.O. de l'été qui s'annonce déjà quentíssimo... À écouter sur youtube le titre Emorio remixé par le célèbre Dj Paul Oakenfold et taillé pour le dancefloor...

José James & Jef Neve - For All We Know (Impulse Records/Universal Music Classics & Jazz France)


José James & Jef Neve - For All We Know (Impulse Records/Universal Music Classics & Jazz France)

L'un est un virtuose du piano distingué plusieurs fois en Belgique dans les répertoires jazz et classique, et l'autre est un crooner américain vivant à Londres. Hors mis leur jeune âge, c'est le feeling qui a réuni José James et Jef Neve. Invités sur un plateau télé, leur entente musicale fut telle qu'ils s'empressèrent de réserver un studio d'enregistrement et six heures plus tard naissait le projet For All We Know! Ce recueil de standards pop et jazz a la magie de ces instants suspendus où beauté et élégance se confondent. Parce qu'il a été réalisé sans contrainte, juste pour le plaisir, l'enregistrement est magique et déborde de spontanéité (ce qui manque parfois dans le jazz vocal). "Jouer en duo relève d'une démarche pure et honnête" déclare José James, cette finesse du ton et du touché, ce dépouillement qui conduit l'auditeur droit à l'essentiel, Tenderly, Body and Soul ou encore Embraceable en sont emplis. La tessiture du chanteur baryton se marie parfaitement au jeu profond et intimiste du pianiste belge. C'est la première parution chez Impulse Records pour José James, déjà bien connu en Europe et au Japon (révélé en 2008 grâce au Dj anglais Gilles Peterson). Après ces deux premiers opus acclamés par la critique et le public, le prestigieux label va enfin lui faire rencontrer ses compatriotes du Nouveau Continent. Jef Neve, lui non plus n'en est pas à ses premiers pas, avec à son actif cinq albums, il fait parti de la crème des musiciens européens. Passant du jazz à la musique classique ou de la musique de film à la scène pop, il est aussi versatile que son acolyte et a le potentiel de devenir une figure majeure de la scène jazz. Ce duo spontanée nous fait partager un moment de grâce. À retenir la somptueuse interprétation du titre For All We Know immortalisé par le grand Nat King Cole... Avis aux amateurs de ballades langoureuses !  
 

Minino Garaÿ - Gabriel (Nabligam/Naïve)


Minino Garaÿ - Gabriel (Nabligam/Naïve)

Percussionniste et batteur d'origine argentine, Minino Garaÿ débarque à Paris dans les années 90 et se forge rapidement une solide réputation dans le milieu du jazz et de la variété en apparaissant aux côtés de Dee Dee Bridgewater, Raul Paz, Julien Loureau ou encore Magic Malik. Apprécié pour son touché coloré et gorgé de rythmes sud-américains, l'enfant du quartier d'Ayacucho de Cordoba publie aujourd'hui son troisième opus baptisé sobrement Gabriel, sans doute le plus jazz de sa carrière. Inspiré par son épouse, Minino nous y offre une approche nouvelle et très intimiste de sa musique, il revient sur les piliers fondateurs de son identité musicale à travers les 13 reprises qu'il a choisi d'interpréter. Accompagné d'invités prestigieux parmi lesquels on compte le chanteur David Linx et le saxophoniste Sylvain Beuf, le percussionniste a formé pour l'occasion deux quartets de haut vol qui l'assistent dans la réalisation de ce qui semble apparaître comme un premier autoportrait du frappeur argentin. Revisitant ses influences, ses racines et soulignant ses amitiés, les compositions présentes sur l'album sont empruntées à Wayne Shorter, Egberto Gismonti, Ariel Ramirez, Jean-Pierre Como ou Bojan Z avec une superbe interprétation de son "tube" The Joker... Gabriel (vrai prénom du musicien) est un disque généreux doté d'une grande force mélodique, ce qui le rend accessible et séduisant... Une belle découverte !

French Horn Rebellion - The Infinite Music of French Horn Rebellion (Once Upon A Time/Discograph)


French Horn Rebellion - The Infinite Music of French Horn Rebellion (Once Upon A Time/Discograph)

Dans la mouvance des MGMT et Hot Chip, le duo electropop new-yorkais French Horn Rebellion publie son premier opus intitulé modestement "The Infinite Music of French Horn Rebellion". Riche et complexe, la synth-pop des deux frangins de Brooklyn rabiboche habilement des morceaux d'étoffes éparses et nous propose un patchwork bariolé et fluo, où des éléments disco, funk, dance et rock viennent raconter l'histoire d'un joueur de cor français dans un joyeux bordel sonore ! Produits par Kitsuné, Robert et David Perlick-Molinari osent les mélanges et les rencontres improbables entre instruments traditionnels et électroniques, le résultat est sacrément jouissif et dense. En progressant dans cet univers euphorique on se heurte ici à un véritable tube funky "This Moment" ou au titre pop punchy "The Body Electric", et là à une plage atmosphérique tissée de claviers et de cor "Antarctica / The Decision"...Remarqué et salué par la critique French Horn Rebellion est "The Next Big Thing...Electro" comme l'annonce le New York Times. A suivre de près !

Aaron Neville - I Know I've Been Changed (Tell it Records/EMI Gospel)


Aaron Neville - I Know I've Been Changed (Tell it Records/EMI Gospel)

Est-il nécessaire de présenter l'immense Aaron Neville ? Originaire de la Nouvelle-Orléans, sa carrière musicale ponctuée de succès est plus qu'impressionnante et n'inspire que respect et admiration. Son dernier opus intitulé I Know I've Been Changed marque son 50ème anniversaire dans l'industrie du disque et signe aussi un retour aux sources puisque le chanteur renoue avec le Gospel et le génie de son premier producteur, le légendaire Allen Toussaint. La voix de velours d'Aaron semble éternelle, inchangée depuis ses débuts avec les Neville Brothers. Elle incarne la fragilité mais aussi la persistance d'une culture et d'un lieu symbolique, berceau de toute la musique noire américaine. Au carrefour des influences negro spititual, rhythm'n'blues, cajun et créole, Neville s'adresse bien sûr à dieu mais aussi et surtout aux survivants de Katrina et les assure de son soutien, il chante l'espoir contre l'exil et la destruction (lui même ayant perdu sa maison lors du passage de l'ouragan). Enregistré à l'ancienne et en seulement cinq jours, l'album transpire de sincérité et de passion. Loin d'un hommage funèbre et sombre, le soul man nous offre une véritable célébration de sa ville natale, de cette musique qui le berce depuis l'enfance et de sa foi inébranlable. Magnifique !

The Toxic Avenger - Angst (Roy Music)


The Toxic Avenger - Angst (Roy Music)

Réincarnation du monstre à la force surhumaine qui fit régner la terreur chez les petites frappes de Tromaville aux U.S. dans les années 80, The Toxic Avenger sort son premier opus intitulé "Angst" (entre colère et peur), un condensé de rythmes électroniques surpuissants sur un fond  d'énergie rock décapante. Taillées pour le dancefloor, les 16 bombes retrofuturistes de l'album s'inscrivent dans la lignée de cette poignée de productions made in France qui comptent dans la vague electropoprock du moment. Proche des univers sonores de Justice, des Daft Punk ou encore de Sébastien Tellier, Simon Delacroix s'inspire du disco et en triturant ses synthés vintage parvient à en arracher quelques mélodies synthétiques accrocheuses et aguicheuses arborant parfois même quelques relents mélancoliques. Entre la saturation de ses lignes de basse fracassantes et la clarté incisive des voix hip-hop qui ponctuent ça et là Angst, le dj parisien parvient à nous livrer un son hors norme et survitaminé résumant à la perfection ce qu'est la bonne pop aujourd'hui, dansante mais pas forcément populaire. The Toxic Avenger réconcilie donc les pires ennemis que sont la POP et l'UNDERGROUND pour un disque que l'artiste rêverait de voir figurer parmi "la bande son de l’ado qui vient de se faire plaquer et qui pleure tout seul dans sa chambre"... Excellent !

The Matthew Herbert Big Band “There’s Me And There’s You” (!K7)


The Matthew Herbert Big Band “There’s Me And There’s You”  (!K7)

Pour être sincère, à la première écoute du dernier opus « There’s Me And There’s You » du Matthew Herbert Big Band, le constat est plutôt mitigé ; en effet d’entres ses rythmiques abstraites, expérimentales, bruitistes et ses samples d’arrangements cuivrés syncopés et criards, seule une voix féminine tente d’humaniser ce marasme sonore. Cette voix, c’est celle d’Eska Mtungwazi, nouvelle égérie de l’anglais Matthew Herbert après Dani Siciliano, déjà sacrée The New Queen of UK Soul, elle « est le cœur battant de ce disque » au titre curieux de prima bord… En s’attardant sur la revue de presse, en prêtant l’oreille et surtout le cerveau à ce projet engagé et critique à l’égard du pouvoir britannique et notamment à propos de sa décision d’envoyer des troupes en Irak, on réalise l’ampleur conceptuelle qu’à pris la musique du patron d’Accidental Records depuis « Goodbye Swingtime » en 2001 mené aussi en collaboration avec la crème des musiciens jazz anglais. Avec un cahier des charges très stricte, dicté par son manifeste dogmatique (le PCCOM) lui interdisant par exemple l’usage de sons synthétiques imitant des instruments acoustiques, Herbert met en forme (musicale) sa vision du pouvoir et de ses détenteurs egocentriques, le titre « Yesness », par exemple, dévoile un collage composé des voix de 100 personnalités puissantes disant « OUI » (la reine et Gordon Brown ont décliné l’invitation), ailleurs c’est le son de 100 cartes de crédits que l’on découpe aux ciseaux qui retenti faisant ainsi étrangement écho à l’actualité boursière récente ou encore le bruit de 70 préservatifs que l’on frotte sur le parvis du British Museum…

Ce disque surprenant par sa richesse et sa complexité, laisse entrevoir sa musicalité qu’au bout de plusieurs écoutes attentives. Matthew nous envoie ici un message empli de gravité, sous ses devants faussement joyeux, riche en mélodie et en rebondissements, le ton employé demeure pessimiste, il renseigne l’auditeur sur l’absurdité et la dangerosité d’un système où une poignée d’hommes et de femmes mènent à leur guise et pour leur compte un état, une politique, un peuple… Cette œuvre produite par un des génies de la musique électronique est majeure mais elle nécessite la lecture du mode d’emploi afin d’en comprendre toutes les nuances.

lundi 9 septembre 2013

The Maneken « First Look » (Somekind Records)


The Maneken « First Look » (Somekind Records)

“First Look” est un petit bijou électro mêlant harmonieusement les influences du disco/funk et de la pop 80’s à une house soulful très efficace, c’est un cocktail chic et enivrant. Multi-instrumentiste, The Maneken aka Dj Major oppose ses créations profondes et diverses à l’idée reçue que l’on a, à tort, des musiques électroniques de l’Est trop souvent méconnues ou résumées à un croisement brutal entre chant ancestral et techno. Loin de ces raccourcis, Major reste naturel et fidèle à ses premières amours, Donald Fagen (un des membres fondateurs du groupe jazz/rock américain Steely Dan) ou encore Prefab Sprout (groupe pop/rock anglais des années 80), en adoptant cependant une démarche artistique profondément engagée vers les nouvelles tendances musicales et le son underground. Evgeny Filatov, d’origine ukrainienne, a été bercé par la pop mélodique des Beatles, le funk old school des 70’s, le groove et même le jazz. Tout au long des 12 titres de ce premier opus, on navigue avec plaisir entre les eaux claires d’une house façon Defected Records (All I Wanna Do), celles plus chaudes du disco sensuel de Cerrone (Spaceclub) ou troubles d’une white funk électro à la Plantlife (What I Feel For You). Sa voix de velours et ses sonorités club dancefloor vont à coup sûr séduire un large public, sa popularité n’est déjà plus à faire dans son pays où il œuvre régulièrement comme Dj…

Jan Johansson – In Hamburg (Act/Harmonia Mundi)


Jan Johansson – In Hamburg (Act/Harmonia Mundi)

Véritable icône du jazz en Suède depuis les années 60, le pianiste Jan Johansson, né en 1931, se fait remarquer aux côtés de Stan Getz dès les années 50 puis plus tard dans la série américaine « Jazz At The Philarmonics » de Norman Granz. Sa modernité et son habileté à introduire des chants populaires suédois dans le jazz ont forcé l’admiration de ses contemporains mais son avant-gardisme fut tel qu’aujourd’hui encore son héritage musical persiste au travers d’artistes prestigieux dont le plus visionnaire était sans doute Esbjörn Svenson et son fameux projet E.S.T. Les deux musiciens ont malheureusement en commun, en plus de leur génie visionnaire, un destin tragique, une disparition prématurée ! Cet opus intitulé « In Hamburg » compile des relectures de thèmes traditionnels suédois improvisés, des reprises de standards américains et des compositions originales, toutes enregistrées entre 1964 et 1968 (année du décès accidentel du pianiste) pour une célèbre radio du nord de l’Allemagne. Une bonne manière de découvrir ou redécouvrir un artiste rare et son emprunte laissée dans le paysage jazzistique scandinave.