Erick
Truffaz - In Between (EMI)
Un souffle qui personnifie un style de jazz désormais répandu, un jeu
lent, des notes qui traînent, un bugle qui souffre, une ambiance sombre et
vaporeuse...Bref, la touche de l'helvète Erick Truffaz a fait des émules mais
malgré le temps qui passe et les albums qui s'enchaînent, c'est toujours avec
autant de plaisir que l'on accueille ses nouveaux projets. Avec In Between, qui
succède au splendide triptyque Paris, Mexico, Benarès, le trompettiste retrouve
ses fidèles acolytes Marc Erbetta à la batterie et Marcello Guiliani à la
basse, et convie le magicien des claviers et ingénieur son Benoît Corboz, qui
contribue énormément à la beauté aérienne et planante de l'oeuvre. Cette éloge
à la lenteur, triste et mélancolique, se développe en 10 titres, on y croise
ici Pink Floyd et là Morcheeba, puis une rythmique funky Lost In Bogota nous
ranime avant de replonger dans Fûjin et sa profondeur digne du Grand Bleu
d'Eric Serra. Balbec nous rappelle tout de même que c'est bien de jazz dont il
s'agit, mais comme l'indique le nom du disque, Erick mène sa barque entre deux
eaux. Il n'hésite pas à y mêler des thèmes pop, emmenés par le timbre
intimiste, spontané et touchant de la voix de Sophie Hunger. En deux chansons
d'amour dont la reprise de Bob Dylan intitulée Dirge, ardente et déchirante,
puis la sublime perle Let me go ! la suissesse nous persuade, comme si c'est
encore nécessaire, du talent d'un artiste écorché plongé dans l'abîme d'une
sensibilité exacerbée.
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