Nicolas Repac - Fleury (Mix et Métisse/Jarring Effects/L'Autre Distribution)
Le guitariste français Nicolas Repac, alter ego d'Arthur H et pilier de la scène electro-jazz hexagonale, nous revient avec le vibrant Fleury, un recueil brûlant de productions hip-hop inspirées qui mêlent avec une rare intensité le rap, le slam, la chanson et les sonorités world, jazz et soul. Composé à partir de 11 textes écrits et interprétés par les détenus de la prison de Fleury Mérogis, le projet nous rappelle bien sûr le Zomba Prison Projectde Ian Brennan(2015), enregistré avec soixante pensionnaires de la seule maison d'arrêt de haute sécurité du Malawi.
La poésie qui en découle, brutale, touchante et authentique, interpelle l'auditeur et le confronte à une large palette d'émotions, de vécus et de problématiques (solitude, errance, déracinement, identité, misère sociale et amoureuse...). Sans filet, elle flirte avec l'intime dans une mise à nu sans artifice.
Désormais basé à Paris, sa ville d'adoption depuis son arrivée en 2017 et son succès retentissant à la Nouvelle Star, l'auteur et compositeur vénézuélien Yadam Andrès semble enfin avoir trouvé - après quelques désillusions - sa voie. Ayant quitté un pays en pleine crise et laissé derrière lui une mère et un frère, il ne lui manque plus à présent que de les avoir auprès de lui, pour enfin goûter à des sentiments qu'il n'a que trop rarement ressenti, la paix, la sérénité et la plénitude. SafePlace est son premier EP, il exprime à travers 5 chansons autobiographiques émouvantes et touchantes, ses colères et ses peines mais aussi l'espoir de connaitre un avenir plus radieux. Avec sa popmélancolique et aérienne, teintée d'electronicaimmersive et accrocheuse, sa voix douce, fragile et gorgée d'émotions, le tout jeune Yadam s'inscrit dans la lignée de ces artistes incontournables tels que le britannique James Blake... A suivre!
Produit et mixé par l'incontournable claviériste Eric Legnini, Back To The Roots est le sixième opus du trompettiste belge d'origine grecque Dominic Ntoumos. Paru fin Février, l'album exprime un retour aux sources musicales du compositeur, qui réactualise rebetikos et chansons traditionnelles tziganes des années 20 à 40, le tout agrémenté d'une énergie rock, de sa touche jazzyet de ses nuances électro. Entouré de sa garde rapprochée composée du batteur Maxime Zampieri, du guitariste Greg Ghainis, du bassiste Javier Breton, du bouzoukiste Evengelos Tsaples et du violoniste/directeur artistique Nicolas Hauzeur, le musicien londonien d'adoption a également convié le joueur de oud algérien Mehdi Haddab, le violoniste roumain Marcel Ramba et le chanteur grec Sotiris Papatrigiannis, un casting solide et pluriel!
Les lillois de The HeadShakers publiaient il y a peu leur second opus éponyme, embarquant 12 déflagrations funk électrisantes, aux saveurs cuivrées bien épicées. Après un premier obus lâché en 2015, les 8 musiciens - qui se présentent comme étant des rejetons spirituels d'une union explosive ayant marié The Headhunters à Franck Zappa - persistent et signent, nous livrant un disque décapant, alignant des sonorités savamment orchestrées et boostées aux hormones de croissance. Avec le concours d'invités de marque comme la légende des JB's, le tromboniste Fred Wesley, la chanteuse soulful Dréo et le trompettiste néo-bop de Chicago, Russell Gunn, The HeadShakers nous extirpe de la monotonie ambiante en nous inondant de vibrations positives et fédératrices.
Le pianiste Alexandre Herer, fondateur de la compagnie Onze Heures Onzeet du label du même nom (Phonem, Rodolphe Lauretta,...), publiera début Avril son nouvel opus baptisé Nunataq, un recueil de 5 compositions jazz fusion, nourrit de ses rencontres avec l'univers d'artistes singuliers tels que Magic Malik, Olivier Laisney, Jozef Dumoulinou encore Julien Pontvianne. Armé de son Fender Rhodes et de ses synthétiseurs, le musicien originaire des Yvelines élabore avec ses complices, le bassiste Gaël Petrina et le batteur Pierre Mangeard, une musique expérimentale immersive aux nuances free, ambientet noisy. Le trio nous livre dans ce disque résolument ouvert et exigeant des ambiances aériennes souvent angoissantes où le jazz - écrit et improvisé - se heurte à des rythmiques urbaines incisives et des lignes de basse entêtantes. Des nappes électroniques aux textures post-rock oppressantes hantent un disque engagé, habité par l'évocation des grandes étendues gelées du Groenland, immense territoire glacé considéré comme un des "lieux témoins d'un climat passé, résolument menacé par l'homme moderne...".
Le chanteur, percussionniste, guitariste et pédagogue cubain Joel Hierrezuelo, originaire de la Havane mais installé à Paris depuis la fin des années 90, publiait vendredi 20 Mars dernier son second opus baptisé Asi De Simple. Remarqué notamment au sein de la formation de son compatriote, le pianiste Roberto Fonseca et du célèbre duo malien Amadou & Mariam, il participe également aux projets de nombreux artistes de la planète latin-jazz et musiques du monde, comme Omara Portuondo, Gilles Peterson, Mayra Andrade, Ibrahim Maalouf, Etienne M'Bappe ou encore Véronique Herman Sabin.
Après Zapateo Suite paru en 2018, Joel nous dévoile donc son nouveau recueil aux vibrations positives et fédératrices. Il rassemble 12 titres dont 11 compositions de son cru, inspirées par ses racines afro-cubaines, ses influences world etjazz-fusion. Interprété en quartet, ce disque empreint de spiritualité et gorgé de lumière, est considérablement enrichi par la présence d'une pléiade d'invités prestigieux. En effet, autour de sa garde rapprochée formée par Felipe Cabrera à la contrebasse, Pierre de Bethmann au piano/rhodes et Lukmil Pérez à la batterie, il a convié la flûtiste syrienne Naïssam Jalal, le trompettiste albertvillois Nicolas Folmer ou encore le guitariste maltais Sandro Zerafa...
De quoi illuminer et remplir de couleur notre triste période de confinement!
Le bassiste belge Daniel Romeo, collaborateur sur scène ou en studio d'une myriade d'artistes tels que Bernard Lavilliers, Liane Foly et Axelle Red ou encore de Paco Sery, Dj Cam, Manu Katché et Mike Stern, a souvent œuvré dans l'ombre demeurant un sideman recherché et un producteur émérite. Aussi bien à l'aise dans le milieu de la pop (directeur artistique de The Voice) que dans celui du jazz (à la section rythmique auprès d'André Ceccarelli), il collectionne depuis près de 30 ans des partenariats plus prestigieux les uns que les autres. Donc quoi de plus logique que faire de son album une ode à l'amitié tissée entre ces musiciens devenus de véritables amis?
Publiant son second disque, 24 ans après le premier et différents projets malheureusement avortés, il dévoile un savoir-faire indéniable, une technicité imparable et une exigence musicale incontestable, alignant 11 titres aux saveurs jazz-funk, dont 10 compositions de son cru, captées en live au studio Da Recording. Enregistré en seulement 4 jours dans son fief à Anderlecht, son intense et brillant The Black Days Session #1 - où s'illustrent aux côtés des incontournables Arnaud Renaville à la batterie, Eric Legnini au Fender Rhodes, Julien Tassin aux guitares et Christophe Panzaniaux saxophones, des invités de marque tels qu'Alex Tasselet Flavio Boltro au bugle et à la trompette,(évoluant respectivement dans "The Black Days" et "When You Reveal Yourself"), Toots Thielemansà l'harmonica ("Vincent #1") ou encore Dré Pallemaerts à la batterie ("Pali")- ravira les amateurs d'un groove fiévreux et endiablé ("Escro") habité de sonorités cuivrées ("Fat Cat"), de cordes envoûtantes ("La Valse de Soleil Marijane") et d'un chœur céleste ("Onika"). Électrisant et sévèrement entraînant, The Black Days Session #1 nous immerge également dans un état de profonde mélancolie avec des morceaux comme "On The Edge" ou la vibrante ballade "Vincent #2". Ailleurs, il nous fait songer à l'été qui arrive à grands pas, avec ses ambiances chill apaisantes et pleines de sensualité ("Serenity")...
Un beau voyage!