Le producteur Roberto Occhipinti, reconnu comme l'un des meilleurs contrebassistes canadiens s'exprimant aussi bien dans le répertoire jazz que dans la musique classique, nous présente son album Stabilimento, paru le 01 Novembre 2016 sur son propre label Melodica Music. Parmi les 9 titres aux saveurs cuivrées de l'opus, 6 sont des compositions de l'artiste enregistrées en quartet ou en nonet augmenté d'ensembles à de cordes.
Au travers d'elles il mêle à son jazz classique aux orchestrations luxueuses et souvent flamboyantes ("Tinacria"), les sonorités world issues d'Amérique latine et d'Afrique du Nord ("Tuareg", "Que Bolla", "Markato"), l'écriture de Beethoven et la sensibilité de John Coltrane ("Opus 132"), sans oublier la fusion de Zawinul ("Stabilimento") et l'audace de Charles Mingus...
Les 3 autres morceaux du disque marquent la richesse du jeu et des influences d'uncompositeur et arrangeur versatile. Roberto s'y illustre en effet dans une veine plus smooth et cool jazz : "Penelope" de l'immortel Wayne Shorter, "Dom de Illudir" du brésilien Caetano Veloso et "Another Star" de l'immense Stevie Wonder.
Un grand plaisir d'écoute !
The Men In The Glass Booth - Ground breaking re-edits and remixes by the disco era’s most influential DJs (BBE Records/Differ-Ant Distribution)
Une partie des productions house actuelles semble tendre vers un retour à ses fondations disco, bâties dans les années 1970 en réponse à la domination de la scène rock, il n'y a qu'à écouter, pour s'en rendre compte, les travaux récents d'Eli Escobar, Dimitri From Paris, Red Rack'em, Joe Negro ou Purple Disco Machine. C'est entre Philadelphie et New York que naît et se développe cette nouvelle tendance musicale (accompagnée de ses codes vestimentaires et surtout de ses chorégraphies) tant décriée à l'époque par les tenants d'une contre-culture déclinante.
Fruit d'un habile mélange de soul, de funk et de pop, enrichi de cordes et de cuivres puis de synthétiseurs et de boites à rythmes, le disco est dédié au dancefloor, à la fête, à la légèreté et à l'insouciance. Les clubs foisonnent et la demande en tubes accrocheurs et entraînants fait émerger une nouvelle génération dedisc-jokers qui ne se contentent plus de passer des disques, mais qui deviennent véritablement producteurs voire musiciens accomplis, élaborant des techniques de mixages, d'orchestrations et d'enchainements sophistiquées. Ces derniers devaient dénicher la perle rare parmi la myriade de titres mis sous presse hebdomadairement et souvent concevoir des extended versions afin de fournir des sets classieux au mix impeccable et sans temps mort. Ces artisans de la nuit donneront leurs lettres de noblesse au métier de DJ, encore tant envié et adulé aujourd'hui. Walter Gibbons alias The DJ's DJ, resident au Galaxy 21 de New-York, était un véritable pionnier dans ce domaine et surtout un remixeur de premier ordre, il fut l'un des protagonistes majeurs dans l'éclosion de la scène disco underground, notamment grâce à son "Sunshine Sound Acetate Edit" de "Ten Per Cent" du groupe Double Exposure sorti en 1976 chez Salsoul Records. Foulant le premier la porte d'un studio d'enregistrement, ses initiatives inspireront les icônes de la house music dont les emblématiques Frankie Knuckles alias The Godfather Of House (DJ au mythique Warehouse de Chicago), disparu il y a peu et Larry Levan pilier du célèbre Paradise Garage de New-York.
La carrière de Gibbons était étroitement liée au label légendaire Salsoul Records fondé par les 3 frères Cayre (1974-1985), qui hébergea outre Double Exposure, des formations comme The Salsoul Orchestra, Instant Funk, Inner Life ou First Choice et des artistes comme les divas Loleatta Holloway, Jocelyn Brown ou encore Carol Williams. Originellement orientée musique mexicaine, la maison de disques flaira le bon filon en s'intéressant au disco et en sortant la première, un format de disque vinyle insolite à l'époque : le maxi 45 tours.
Le coffret The Men In The Glass Booth revient sur cette époque glorieuse à travers des remixes et re-edits des Djs les plus influents de l'ère disco. On notera aux côtés de Walter Gibbons, les noms prestigieux d'artistes tels que Jim Burgess, John Morales (toujours dans le circuit à 62 ans!), Bobby DJ Guttadaro, Tom Savarese, Jellybean Benitez, Tee Scott ou John Luongo…
Les 3 CDs compilés par le DJ écossais Al Kent - fidèle collaborateur du label anglais BBE et fan inconditionnel de Walter Gibbons - seront accompagnés d'un généreux livret de 40 pages nous renseignant sur l'histoire de ces magiciens des platines, passés maître dans l'art d'enflammer les pistes de danse !
A noter que le label Barely Breaking Even (BBE), actif depuis 1996, rassemble un panel de musiciens assez exceptionnel, en effet Masters At Work, Paul Weller et Black Coffee y sont passés comme d'ailleurs J Dilla, Will I Am, Ty, Dj Spinna ou Dj Jazzy Jeff...
Une référence absolue!
Qui veut ressentir un frisson blues, celui bien roots et rugueux du delta du Mississippi, doit absolument pencher une oreille attentive sur le premier projet long format de King Biscuit, intitulé Well Well Well. Basé à Rouen, le guitariste parisien Sylvain Choinier y convie le violoniste Frédéric Jouhannet et nous offre 11 titres absolument explosifs et brulants. Gavé de larsens et de sonorités analogiques distorduesKing Biscuit délivre, avec une énergie folle, un son brut et captivant, façonné par un ensemble malmené de guitares acoustiques et de violons torturés. Les micros et mégaphones poussiéreux lâchent leur crachin vintage sur des rythmiques endiablées, battues des pieds sur des estrades amplifiées, agrémentées de quelques éléments de batterie disposés ça et là, parmi une ribambelle de câbles qui s'entremêlent. Baptisée 'indie blues', la musique du diable que cuisine King Biscuit est on ne peut plus rock, relevée par quelques pincées d'un grungeéraillé et crasseux.
Belle découverte.
Invaders - Carnival Of Sounds (Il Monstro/L'Autre Distribution)
Inspirés par le film d'épouvante américain de Herk Harvey, Carnival Of Souls, sorti en salle en 1962 avec dans le rôle principal l'actrice Candace Hilligoss, le batteur Nicolas Courret et le claviériste David Euverte publient Carnival Of Sounds, un album sombre et abyssal en forme de bande-son imaginaire retro-futuriste renouant avec la tradition des oeuvres crépusculaires et angoissantes de John Carpenter. Mêlant sonorités analogiques et musique électronique, Invaders élabore des ambiances cinématiques aux nuancestrip-hop ("Hey Johnny, Who's The Doll?"), pop rock ("Carnival Of ounds (Main Title)"), ambient ("Shivers In The Emporium") et cosmic disco ("Mary-Go-Round"), alternant tour à tour les textures subaquatiques, planantes et brumeuses hantées de synthés fantomatiques captivants.
Onom Agemo & The Disco Jumpers - Liquid Love (Agogo Records/Differ-Ant)
Le quintet berlinois Onom Agemo & The Disco Jumpers nous revient avec un second album baptisé Liquid Love. Succédant à Cranes & Carpet paru en 2015, ce nouvel opus aux saveurs 70's nous replonge dans les grooves afro bardés desonorités funky et psychédéliques de 5 larrons, adeptes de culture mandingue, garifuna, gnawa et éthiopienne. Adoratrice de synthés analogiques et d'ambiances électro vintage flirtant souvent avec le rituel sufi et la guitare wah wah, la formation est dotée d'une solide assise rythmique maîtrisant à merveille la polyrythmie africaine et d'une section cuivre retorse et musclée. Ensemble elles explorent les tendances free, cosmic, éthio et future jazz, krautrock et afro funk à travers les héritages maliens et marocains ou le folklore pygmée... Le résultat est hypnotique et nous fait rappelle forcément les recherches d'artistes novateurs et aventuriers tels que Sun Ra, Manu Dibango et de projets plus récents comme celui de The Heliocentrics.
Excellente découverte!
This upload features tracks from recent reviews covered in my blog Les Chroniques de Hiko... Artits in order of appearance:
Aïda & Babak
Joona Toivanen
Vosper
Memoryman & Rogue D
Swedish House Mafia (Mirco Caruso Edit)
Sandy Rivera
Chris Lorenzo
Danvers
Midland
Black Legend
Jimmy Scott
Girafe & Bruno Girard
Léa Castro
Sleepin' Giantz (DieMantie Remix)
Moonchild
Toronto Art Ensemble
Battle Of Santiago
Richard Galliano - New Jazz Musette (Ponderosa/Pias)
L'accordéon était à l'honneur fin 2016 avec Les Racines du Ciel de Frédéric Viale, il le sera aussi en ce début d'année 2017 avec le double album intitulé New Jazz Musette,du monstre sacré Richard Galliano . Afin de marquer les 30 ans d'une carrière bien remplie, la référence incontournable de l'accordéon - aussi bien à l'aise dans le jazz que dans la chanson, dans la musique classique (Bach sorti sur le prestigieux Deutsche Grammophon) que dans les rythmes brésiliens ou argentins - nous offre un aperçu du chemin parcouru depuis l'impulsion du maître Astor Piazzola. Ce que ce dernier fit au tango, Richard l'appliqua à la musette contre vents et marées, malgré les réticences et les à priori. Aujourd'hui comme à ses débuts, le musicien cannois s'entoure de la formation type du jazz-musette, un quartet composé de la trinité guitare-contrebasse-batterie. Il convie pour l'occasion ses fidèles acolytes, figures emblématiques du jazz hexagonal, le bassiste Philippe Aerts, le guitariste Sylvain Luc et le batteur André Ceccareli. Des complices de haut vol qui évoluent avec une spontanéité et une facilité déconcertante dans son monde musical varié et fédérateur.
Venant tout juste de souffler sa 66ième bougie, il était important pour lui de revisiter le répertoirenew musette qu'il partagea au fil des années avec des sommités de la scène jazz internationale telles que Phillip Catherine, Aldo Romano, Biréli Lagrène, Jean-Marc Jafet, Daniel Humair, Michel Portal, Wynton Marsalis, Didier Lockwood, Toots Thielemans et j'en passe.
L'accordéoniste franco-italien qui fit ses classes au Conservatoire de Nice (où il obtint en 1969 le 1er prix d'excellence au trombone!) revient aussi sur un thème qu'il affectionne particulièrement: "Tango Pour Claude" composé pour son ami Claude Nougaro (RIP). Ailleurs, il aborde ses aventures avec Mino Cinelu, Gonzalo Rubalcaba et Charlie Haden à travers "Aurore", morceau extrait du disque Love Day datant de 2008.
Enregistrés en 3 jours, ces 18 titres expriment avec délicatesse, rondeur et légèreté toute la profondeur d'un artiste qui a su redoré le blason d'un instrument poussiéreux, intégrant les influences des vénérables Herbie Hancock, John Coltrane, Bill Evans et Chick Corea, écoutant les pionniers Marcel Azzola et Joss Baselli ou explorant les univers d'Edith Piaf, JacquesBrel, Barbara, Nino Rota, Chet Baker ou bien des illustres Tchaîkovsky, Ravel, Vivaldi et Mozart...
Se dégage aussi de ce New Jazz Musette une chaleur des suds qui lui sont si chers et notamment celui de la France. On notera à cet égard l'unique morceau inédit: "Nice Blues" dédié aux niçois touchés en plein cœur par l'attentat du 14 juillet 2016.