Une partie des productions house actuelles semble tendre vers un retour à ses fondations disco, bâties dans les années 1970 en réponse à la domination de la scène rock, il n'y a qu'à écouter, pour s'en rendre compte, les travaux récents d'Eli Escobar, Dimitri From Paris, Red Rack'em, Joe Negro ou Purple Disco Machine. C'est entre Philadelphie et New York que naît et se développe cette nouvelle tendance musicale (accompagnée de ses codes vestimentaires et surtout de ses chorégraphies) tant décriée à l'époque par les tenants d'une contre-culture déclinante.
Fruit d'un habile mélange de soul, de funk et de pop, enrichi de cordes et de cuivres puis de synthétiseurs et de boites à rythmes, le disco est dédié au dancefloor, à la fête, à la légèreté et à l'insouciance. Les clubs foisonnent et la demande en tubes accrocheurs et entraînants fait émerger une nouvelle génération de disc-jokers qui ne se contentent plus de passer des disques, mais qui deviennent véritablement producteurs voire musiciens accomplis, élaborant des techniques de mixages, d'orchestrations et d'enchainements sophistiquées. Ces derniers devaient dénicher la perle rare parmi la myriade de titres mis sous presse hebdomadairement et souvent concevoir des extended versions afin de fournir des sets classieux au mix impeccable et sans temps mort. Ces artisans de la nuit donneront leurs lettres de noblesse au métier de DJ, encore tant envié et adulé aujourd'hui.
Walter Gibbons alias The DJ's DJ, resident au Galaxy 21 de New-York, était un véritable pionnier dans ce domaine et surtout un remixeur de premier ordre, il fut l'un des protagonistes majeurs dans l'éclosion de la scène disco underground, notamment grâce à son "Sunshine Sound Acetate Edit" de "Ten Per Cent" du groupe Double Exposure sorti en 1976 chez Salsoul Records. Foulant le premier la porte d'un studio d'enregistrement, ses initiatives inspireront les icônes de la house music dont les emblématiques Frankie Knuckles alias The Godfather Of House (DJ au mythique Warehouse de Chicago), disparu il y a peu et Larry Levan pilier du célèbre Paradise Garage de New-York.
La carrière de Gibbons était étroitement liée au label légendaire Salsoul Records fondé par les 3 frères Cayre (1974-1985), qui hébergea outre Double Exposure, des formations comme The Salsoul Orchestra, Instant Funk, Inner Life ou First Choice et des artistes comme les divas Loleatta Holloway, Jocelyn Brown ou encore Carol Williams. Originellement orientée musique mexicaine, la maison de disques flaira le bon filon en s'intéressant au disco et en sortant la première, un format de disque vinyle insolite à l'époque : le maxi 45 tours.
Le coffret The Men In The Glass Booth revient sur cette époque glorieuse à travers des remixes et re-edits des Djs les plus influents de l'ère disco. On notera aux côtés de Walter Gibbons, les noms prestigieux d'artistes tels que Jim Burgess, John Morales (toujours dans le circuit à 62 ans!), Bobby DJ Guttadaro, Tom Savarese, Jellybean Benitez, Tee Scott ou John Luongo…
Les 3 CDs compilés par le DJ écossais Al Kent - fidèle collaborateur du label anglais BBE et fan inconditionnel de Walter Gibbons - seront accompagnés d'un généreux livret de 40 pages nous renseignant sur l'histoire de ces magiciens des platines, passés maître dans l'art d'enflammer les pistes de danse !
A noter que le label Barely Breaking Even (BBE), actif depuis 1996, rassemble un panel de musiciens assez exceptionnel, en effet Masters At Work, Paul Weller et Black Coffee y sont passés comme d'ailleurs J Dilla, Will I Am, Ty, Dj Spinna ou Dj Jazzy Jeff...
Une référence absolue!
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