Le Dj producteur londonien Wrongtom publie sur le label de Brighton son dernier EP baptisé Possessed. Les sonorités reggae/dub/dancehallgavées de reverbeset dotées d'uneligne de basse ronflante et massive sont issues du titre Suzy Hangs Out extrait de son album In East London paru en 2013. L'artiste y décline ici son fameux théme à travers 8 pistes aux couleurs estivales et convie un bon nombre d'invités de choix: Tippa Irie, JC Lodge, The Ragga Twins, Deemas J, Desta Zion, The Correctional Horns et The Stoneleigh Mountain Rockers.
Nicole
Willis & The Soul Investigators - Happiness In Every Style (Timmion
Records/Differ-Ant)
La diva originaire de Brooklyn mais finlandaise d’adoption Nicole Willis nous revient en compagnie
de son groupe The Soul Investigators
pour un troisième volet de leur collaboration amorcée en 2005 avec Keep Reachin’ Up et ses sonorités soul/funksurgies des 60’s. Happiness In Every Style succède donc au sombre et troublant Tortured Soul paru en 2013, nous
baignant dans une atmosphère bien plus positive et chatoyante, où se déploient la
voix puissante et racée de Nicole et
les arrangements résolument modernes et dansants du batteur/producteur Jukka Sarapaaet du bassiste/producteur Sami Kantelinen. Comme précédemment, la touche de Jimi Tenor (époux de la chanteuse) est
perceptible à plusieurs reprises et notamment dès l’ouverture, où il arrange
les cuivres du sublime One In A Million.
Paint Me In The
Corner est le premier single du disque dont la sortie est prévue courant
Octobre 2015, il est accompagné sur sa face B de l’exquis Where Are You Now etévoquent
à eux deux l’esthétique global de l’album, définitivement placé sous le signe d’une nothern soul optimiste… Les
instrumentations y sont plus légères et apaisées, donnant lieu aux ballades
délicates Angel, Open Sky ou encore Thief In
The Night. Les mélodies plus
sophistiquées n’enlèvent cependant rien à l’énergie raw funk que dégagent certains morceaux comme Let’s Communicate.
Nicole Willis &
The Soul Investigators nous offrent un disque aussi bien dédié aux danseurs
qu’aux mélomanes sensibles à la pop soul classique. Ils développent avec
maturité un son sur lequel le temps n’a plus d’emprise !
J-Felix - Keep On (We Ain't Here For Long (Single) (Tru Thoughts)
Le jeune chanteur et multi-instrumentiste natif de Bristol, J-Felix, nous régale d'un second extrait de son premier disque 101 Reasons paru chez Tru Thoughts en Juin dernier. Toujours à nous ballader autour de sa néo soul sensuelle et granuleuse parcourue d'accents P-funk et de beats hip-hop, le single Keep On (We Ain't Here For Long) succède à l'excellent Patience, dont nous vous parlions en Mai dernier. Composé du titre éponyme, où le producteur pose sa voix de velour sur une instrumentation boogie funk très orientée dancefloor, il est accompagné de Black Little Box où l'on peut écouter la voix soul/jazz de la diva canadienne Kinny (J-Felix nous présentait déjà l'excellente chanteuse Abi Flynn dans Patience), d'un remix très deep de 101 Reasons orchestré par El Train, originaire de Brighton et d'un autre de Lady T, repensé par Si Tew dans une veine down-tempo à la rythmique complètement enivrante.
Né en 1981 et déjà considéré comme une légende de la nouvelle
sphère jazz américaine, le saxophoniste californien Kamasi Washington nous présente son triptyque The Epic, publié par Brainfeeder,
label underground de l’immense producteur Flying
Lotus, qui lui a donné toute latitude pour la réalisation de cet album hors
norme !
La particularité de ce musicien qui mérite d’entrer dans
l’arène des géants du jazz, c’est la facilité avec laquelle il passe d’un
répertoire hard bop, fusion voire free jazz à des projets aux sonorités plus urbaines, comme le hip-hop, l’electro, la nu soul ou
le G-funk. En jetant un coup d’œil à
sa bio on entrevoit cette versatilité, aussi bien présent aux côtés des
légendes Wayne Shorter, George Duke ou Herbie Hancock, que d’artistes non moins talentueux mais dans des
registresplus populaires Quantic, Lauryn Hill, Snoop Dogg, Raphael Saadiq ou encore Kendrick
Lamar… Une liste non exhaustive qui n’est pas prête de se clore !
Kamasi est devenu
une référence incontournable de la nouvelle scène jazz expérimental, clairement redevable aux monstres sacrés que
sont les époux Coltrane (John et Alice), Miles
Davis, Pharoah Sanders, Fela Kuti, Guru, Marvin Gaye ou Malcom
X (pour ne citer qu’eux), il réinvente le modern jazz en remettant notamment au goût du jour les arrangements
magistraux pour big band orchestral
et en nourrissant ses compositions et ses reprises d’influences gospel, soul, impressionnisteeuropéenne et blaxploitation.
L’album se
divise en 3 actes : The Plan, The Glorious Tale et The Historic Repetition.
Dans ce triple disque
en forme de célébrationsincère et
passionnée AUX jazz, qu’il enregistra fin 2011 lors de séances marathon avec
sa formation habituelle basée à Los Angeles West Coast Get Down (constituée d’amis de longue date voire d’enfance :
le claviériste Brandon Coleman, le tromboniste
Ryan Porter, le trompettiste Dontae Winslow, les batteurs Tony Austin et Ronald Bruner Jr, le frère de ce dernier l’exubérant bassiste Thundercat aka Stephen Bruner, le pianiste Cameron
Graves, le contrebassiste Miles
Mosley, la chanteuse R&B Patrice
Quinn), le compositeur engagé et
multi-instrumentiste militant s’offre
la direction d’un orchestre de 32
musiciens et d’un chœur de 20 chanteurs, décloisonnant les styles et les
genres, prenant des risques et menant sa barque là où on ne l’attend pas.
The Epic, même
s’il ne révolutionne pas le genre jazz, fait forcément figure d’ovni dans le
répertoire de Brainfeeder plutôt
orienté abstract hip-hop et électro. Dans ce concert explosif et jouissif de
172 minutes enrobées de cordes et de voix, l’artiste
ose le hors format, le hors cadre et impose sa vision d’une musique sophistiquée
mais décomplexée et plurielle, empreinte
d’un héritage prestigieux parcouru d’un désir féroce de liberté et
d’avant-gardisme.
Le rappeur Common dit
au sujet du saxophoniste ténor visionnaire et de son crew(qui se nomme aussi The
Next Step) que « ces jeunes gars lui rappellent pourquoi il aime la
musique ! », le journal anglais The
Independant affirme quant à lui que « The Epic est la chose la plus excitante du moment, propulsant le
jazz hors de sa pénombre pour au moins une dizaine d’années ! » et en effet, plus
qu’une simple immersion dans la grande tradition du jazz, Kamasi lui rend hommage en nous proposant une voie alternative, une
tambouille personnelle emplie de spiritualité, d’émotions, d’expressivité, de
virtuosité et de surprises. Il nous livre une odyssée captivante même auprès
d’un public peu enclin à se plonger dans l’univers parfois savant du jazz.
On notera bien sûr la sublime reprise de Clair de Lune de Claude Debussy, aussi inattendue qu’enivrante, ainsi que le
standard Cherokee de Ray Noble immortalisé entre autres par
Charlie Parker et ici illuminé par la voix gracieuse de Patrice Quinn et le groove délicat de la section rythmique…
Grâce à l’entremise du label Analog Africa basé à Frankfort et spécialisé dans les sonorités
afro-latines, nous redécouvrons l’un des piliers de la musique sénégalaise moderne,
le chanteur/percussionniste guinéen Amara
Touré. Artiste énigmatique disparu des écrans radars depuis le début des
années 1980, il sort de l’oubli par le biais d’une sublime compilation de 10
titres parus originellement entre 1973 et 1980. Cette dernière rassemble deux de
ses projets, celui du Star Band de Dakar,
avec qui il enregistra 6 singles au milieu des années 70 au Sénégal, et celui
de l’Orchestre Massako du Gabon qui
l’accompagna en 1980 dans un LP mythique. Fusionnant les folklores ouest africains aux rythmes
chaloupés et torrides des Caraïbes, Amara
chante dans son dialecte mandingue des
airs de rumba aux mélodies touchantes et
sensuelles qui dégagent encore aujourd’hui un charme imparable !
A Filetta – Castelli (World Village/Harmonia Mundi)
Découvert tardivement dans la B.O. du film Comme Un Aimant d’Akhenaton et Kamel
Saleh sorti en salle fin mai 2000, j’écoutais alors les polyphonies enivrantes de la formation corseA Filetta dans affrescu,figurant parmi
une excellente sélection de titres soul, hip-hop et R&B où Talib Kweli côtoyait
Isaac Hayes, Cunnie Williams, Psy4 De La Rime ou Millie Jackson.
Fondé à Balagne, l’ensemble
polyphonique entretient depuis plus de 35 ans un héritage a cappella chargé
d’émotions, qu’il enrichie d’un soupçon
de musique classique, de traditions méditerranéennes et d’Europe de l’Est.
Composé aujourd’hui des voix de Jean Claude Acquaviva, François
Aragni, Paul Glansily, Stéphane Serra, Jean Sicurani et Maxime
Vuillamier, A Filetta nous
présente Castelli, rassemblant des pièces
interprétées en a cappella, aussi bien sacrées que profanes, extraites
de créations entreprises depuis 2008 pour le théâtre, la danse et le cinéma,
ainsi que deux chants commémoratifs (Gradualia 29/12
et Introit 29/12), une berceuse touchante (Dormi) et un hymne géorgien vibrant (Tbilisso).
Complètement à part dans le paysage musical actuel, les
chants polyphoniques corses traversent les âges et les générations, enracinés
dans leur Ile de Beauté ils résonnent de par le monde grâce à une approche
artistique questionnant le sens de la vie et jonglant avec mémoire, nostalgie
et utopie.
Le jeune pianiste nantais Armel Dupas nous offre son très intime Up River, où il résume avec élégance et nostalgie ses 10 dernières
années de recherches, de tâtonnements, de découvertes et d’inspirations.
Attaché aux sonorités imparfaites du Legnica
(piano droit polonais) de son enfance, l’artiste y joue un jazz cinématique résolument contemporain, alimenté d’éléments et de traitements sonores électroniquessubtils (orchestrés par son arrangeur Mathieu Penot) ainsi qu’imprégné d’une culture classique bien
française (on pense à Erik Satie
ou Maurice Ravel).
Rejoignant en 2011 la formation de la chanteuse Sandra Nkaké à l’occasion de sa tournée
pour l’album Nothing For Granted, il intègre en 2014, entre autres projets, le
prestigieux Sky Dancers Quintet du contrebassiste Henri Texier et de là se voit programmé dans les salles et les festivals
comptant parmi les plus illustres de la sphère jazz.
Egalement très actif dans le milieu du cinéma, il compose
pour Michel Gondry ou Arnaud Desplechin… Cette capacité à
plonger son auditoire dans des paysages imaginaires à grand renfort d’un son minimaliste captivant s’exprime dans
Up River à travers 11 pièces pour
piano arborant comme le dit Texier un
« jazz figuratif » gorgé d’émotions
et de délicatesse. Armel nous
ballade ainsi dans unespace électro-acoustique où se côtoient
pop, ambient, chanson, puis jazz et musique classique bien sûr.
On remarquera dans un Aujourd’hui
Il a Plu vibrant et touchant, la présence de la chanteuse Chloé Cailleton et de la saxophoniste alto Lisa Cat-Berro!