Le duo parisien Baron
Retif & Concepciòn Pérez débarque sur le label Heavently Sweetness (Blackjoy, Blundetto, Guts) avec un
nouvel EP de six titres intitulé L’Indien.
Après avoir fait leurs armes chez Musique Large puis aux côtés de Jacaranda
Muse ou encore Rocé, nos deux orfèvres puristes viennent à nouveau répandre leurs sonorités électro/soul/funk/jazz aguichantes
et planantes ainsi que leurs accents
reggae/dub délicats et organiques sur un auditoire sensible à leur palette analogique
de multi-instrumentiste épris du clavier Fender Rhodes, d’Herbie Hancock, de Yusef
Latif, Jacques Dutronc, Notorious Big et Bob Marley... Excellente découverte !
Toumani Diabaté
est incontestablement le plus grand joueur de kora (harpe africaine) qu’il m’ait été donné d’écouter. Le maître
malien, chantre de la culture mandingue
fort d’une reconnaissance internationale, nous présente son dernier opus « Toumani & Sidiki », une rencontre musicale avec son fils « le
petit prince de la kora », producteur apprécié dans la sphère hip-hop
de Bamako. Cet album enregistré à Londres ponctue, avec beauté et raffinement, une forme d’art que la famille Diabaté
cultive depuis 71 générations et nous invite à découvrir 10 compositions
intenses interprétées à 42 cordes avec virtuosité, dans le respect des
traditions ancestrales d’une Afrique de l’ouest sous tension et d’un Mali fortement
éprouvé par les récents évènements. Emotion garantie !
A lire la chronique de "Manden Djeli Kan" du frère de Toumani, le chanteur Kassé Madi Diabaté.
Découvrir le premier LP du producteur norvégien Terje Olsen
alias Todd Terje c’est un peu comme se
reprendre l’énorme claque que nous a collé le duo de Brooklyn Metro Area en 2002 avec ses sonorités nu-disco et ses synthés vintage empruntés à Giorgio Moroder.
Rare et discret, le dj s’est construit une solide renommée
en co-produisant quelques titres avec Franz Ferdinand, Robbie Williams ou son
compatriote Lindstrom, en publiant
une tripotée de remixes accrocheurs (comme le « Black Magic »
d’Astrud Gilberto ou le « Superstition » de Stevie Wonder) ainsi que
quelques productions deep house bien pensées (« Ragysh » ou
« Spiral »).
Avec It’s Album Time,
l’artiste nous plonge dans son univers rétro
futuriste kitsh et décalé où les
ambiances italo-disco et krautrock des 70’s se mêlent aux tonalités baléariques
des plages d’Ibiza.
En France, le super groupe Daft Punk ou le patron
d’Heavently Sweetness Blackjoy sont les représentants de ce son cosmic house ou space-disco très apprécié des scandinaves dont Prins Thomas, Lindstrom
et Todd Terje sont les fers de
lance. Les 12 titres du disque s’enchaînent dans une progression logique où le
groove ravageur épaulé par une ligne de basse jouissive explose littéralement sur
l’entraînante pierre angulaire « Strandbar »,
véritable bombe dancefloor taillée pour un happy hour au bord de l’eau. Les moog
et autres claviers psychédéliques et funky propulsent des « Delorean Dynamite » ou « Preben Goes To Acapulco » dans la liste des futurs
tubes de l’été tandis que « Svensk
Sâs » et « Alphonso
Munskdunder » nous projettent dans le tropicalisme enivrant des
brésiliens Sergio Mendes ou Chico Buarque. Le hit de 2012 « Inspector Norse » et sa mélodie naïve et accrocheuse
s’impose quant à lui comme un succès éprouvé dans la tracklist des Djs
exigeants, il s’ajoute donc à un ensemble musical cohérent flirtant avec la
légèreté d’une BO inspirée de La Croisière s’Amuse et réarrangée par Sébastien
Tellier.
Une douceur mélancolique et torride ponctue It’s Album Time, c’est la reprise de « Johnny And Mary » de Robert
Palmer. Bryan Ferry en guest star
nous y offre une sublime performance où sa sensualité alliée à l’ambiance
planante mise en œuvre par Todd semble faire surgir ce cover des profondeurs du
Grand Bleu de Cosma.
Quasiment unanime, la critique s’est enflammée pour It’s Album Time, sonnant comme la
consécration d’un musicien doué, surprenant et délicieusement barré.
Sierra Leone’s
Refugee All Stars – Libation (Cumbancha/Pias)
Cette formation sierra léonaise est née en exil et dans la
souffrance pendant la guerre civile qui ravagea cet état d’Afrique de l’Ouest
pendant les années 90. Tristement réputée pour ses sous-sols riches des fameux
diamants de sang et ses enfants soldats, la Sierra Léone est l’un des pays les plus
pauvres au monde. C’est sur ce terreau que Sierra
Leone Refugee All Stars a bâti sa
musique festive et optimiste, empreinte de mélodies et de rythmiques traditionnelles
africaines joliment colorées d’accents reggae et caribéens. Leur quatrième
disque Libation est une chaleureuse
invitation à partager les sonorités
roots et acoustiques d’un groupe désormais culte!
Da Cruz –
Disco e Progresso (Boom Jah Records/Broken Silence)
Le combo helvético-carioca Da Cruz nous revient avec un quatrième opus nommé Disco E Progresso. Basés à Berne, la
chanteuse Mariana Da Cruz et le
producteur Ane H. s’évertuent à mixer le disco/funk brésilien des années 70
aux sonorités rugueuses et percussives du break beat. A l’instar d’une
formation comme Zuco 103, Da Cruz construit son univers musical autour des
rythmes sacrosaints de la samba et de
la bossa nova, y ajoutant des notes electronica, new wave, pop, kuduro et
dance hall. Sous forme d’un double album, Disco E Progresso s’articule en deux entités bien distinctes et
opposées, l’optimisme édulcoré du Bright
Side venant se heurter au réalisme tranchant du Dark Side. À voir en live !
Arto
Lindsay – Encyclopedia Of Arto (Ponderosa/Harmonia Mundi)
Figure emblématique de la scène alternative brésilienne, l’étonnant
Arto Lindsay publie une compilation
sous forme d’un double album intitulée Encyclopedia
Of Arto. Cette dernière ponctue une carrière musicale longue de 35 ans et
rassemble dans un premier volet une sélection de 12 titres composés entre 1996
et 2004, exprimant une touche subtile
métissant sa folk de tropicalisme, de bossa nova, de pop-rock et d’électro.
Le second CD est un live rugueux et brutal enregistré en solo à Berlin en 2011
avec une guitare 12 cordes désaccordée. Expérimentale et barrée, la performance
est une suite de 12 morceaux défigurés et incisifs où la mélodie disparaît au
profit d’un rythme déshabillé de toutes fioritures. Avec son Encyclopedia, Arto nous dévoile les deux facettes de son univers, l’une populaire et
ancrée dans les traditions du Brésil, l’autre plus sombre et tourmentée, issue
des influences de la scène No Wave new-yorkaise de la fin des années 70.
Le premier album éponyme de la chanteuse anglaise Hollie Cook nous avait agréablement
surpris en 2011 avec ses sonorités
reggae héritées du Kingston des 70’s et du Birmingham des 80’s. La fille du
batteur des Sex Pistols Paul Cook nous revient avec Twice et ses neuf titres aériens et envoutants aux saveurs
tropicales. Produit à nouveau par Prince
Fatty, Hollie Cook enrichit sa
palette musicale, notamment d’accents
brésiliens (« 99 ») et
dub (« Twice »). Les sections de cordes, les steel drums et
les tablas viennent agrémenter un disque gorgé de douceur et de légèreté, où la
voix sensuelle et cristalline d’Hollie
est délicatement portée par la guitare de Joe
Price, les claviers syncopés de Sung
Jee Lee, la basse voluptueuse de James
Mckone et la batterie de Ben Mckone.
Addictif !
"Milk & Honey" extrait de son premier opus paru en 2011