Sharon Jones & The Dap-Kings - It’s a
Holiday Soul Party (Daptone records/Differ-Ant)
La grande prêtresse Sharon
Jones, pilier de l’écurie Daptone Records, nous offre en avance son brûlant cadeau de noël, It’s a Holiday Soul Party. Entourée de
son mythique crew The Dap-Kings et de ses choristes Saun & Starr, la
chanteuse élevée dans la tradition du gospel
nous invite à retrouver ces sonorités retro-soul explosives et funky qui sont désormais la marque de fabrique du
label de Brooklyn mené d'une main de maître par son boss, Gabriel Roth. Composé de 11 titres, ce Christmas album alterne, avec une énergie débordante et contagieuse,
compositions originales (8 Days (Of
Hanukkah), Funky Little Drummer Boy) et reprises de chants traditionnels (Silent Night, White Christmas).
Baba Sissoko - Three Gees (Blind Faith Records/Differ-Ant)
Le griot malien Baba Sissoko, héritier des cultures millénaires d'Afrique de l'Ouest, s'efforce à travers tous les moyens qui lui sont donnés, de transmettre son savoir ancestral. Installé en Calabre depuis 1998, le conteur, percussionniste, enseignant et conférencier publie son dernier opus baptisé Three Gees, dans lequel il fait intervenir "la voix merveilleuse" de sa mère Djeli Mah Damba Koroba et le timbre "chaud et brillant" de sa fille Djana Sissoko... Une histoire de famille en somme qui réunie 3 générations avec en toile fond l'étonnante formation The Pignetophonics, renforcée de quelques guests comme le fameux Fernando Velez Bugaloo, percussionniste des Dap Kings (groupe de la diva Sharon Jones).
Le projet confronte les sonorités propres aux traditions maliennes comme l'amadran (Kélé Kélé, Dhé Dhé Dhé) à celles du blues (Doni Doni) et de l'afrobeat (Kali Baba, Black Rock), souvent réhaussées d'une touche de psychédélisme (Il Faut Pas Ecouter) apportée entre autres par le claviériste Emiliano Pari et le son des guitares électriques de Pietro Nicosia et Larry Guaraldi.
(L'amadran, une des influences majeures de l'artiste, est une structure musicale hypnotique et répétitve typiquement malienne à partir de laquelle serait naît le blues!)
Le poète/chanteur et multi-instrumentiste (guitare, balafon, ngoni, kamalengoni, calebasse...) ne confond pas entretien des traditions et conservatisme, bien au contraire il chante aussi bien ce que certains nomment la "soul bambara mystique" dans sa langue natalequ'en anglais ou qu'en français, appréçiant depuis ses débuts les collaborations avec des musiciens d'horizons lointains comme les cubains Ibrahim Ferrer, Roberto Fonseca ou Omar Sosa. Malgré cette modernité et cette ouverture d'esprit, il n'est pas si loin le temps où le jeune Baba jouait du tamani (ou "tambour parlant") en acompagnant son grand-père qui chantait ou jouait du ngoni pour les villages qu'ils visitaient, racontant des histoires que le jeune griot allait définitivement graver dans sa mémoire.
Various Artists - Daptone Gold II (Daptone Records/Differ-Ant)
Le désormais mythique label Daptone Records, basé à Brooklyn depuis sa création en 2001 par le bassiste Gabriel Roth et le saxophoniste Neal Sugarman, publie sa seconde compilation intitulée Daptone Gold II.
Spécialisée dans les sonorités soul et funkdes années 60 et 70, la maison de disque entretient les méthodes d'enregistrement et de mixage de l'époque, misant tout sur le grain de l'analogique et l'acoustique "poussiéreuse" de leur studio.
En 20 titres piochés parmi les parutions de ces 6 dernières années, Daptone nous présente l'étendue et la richesse de son répertoire parmi lequel se trouve de jeunes formations devenues phares dans cette quête retro soul et deepfunk revival comme The Budos Band (Unbroken, Unshaven ou Aphasia), qui intègre des cuivres éthio-jazz ou Menahan Street Band (The Traitor ou Keep Coming Back) et leur soul instrumentale parsemée d'afro-beat.
Mais Daptone sait aussi remettre en scène des acteurs oubliés de ces années folles où Stax et Motown dominaient quasiment sans partage. On redécouvre ainsi la soul torride de Charles Bradley sosie presque parfait de James Brown (Stricly Reserved For You, Heartaches And Pain) et la "musique de l'âme" de Naomie Shelton imprégnée du gospel de son Alabama natal (Sinner, You Got To Move).
Il serait impensable d'aborder Daptone sans parler de la dure à cuire Sharon Jones et de son groupe magique les Dap Kings (Better Thing To Do, Inspiration Information ou Little Boys With Shiny Toys). En effet, la chanteuse ex-surveillante pénitencière et convoyeuse de fonds (mais surtout survivante d'un cancer du pancréas) est devenue l'égérie de l'écurie new-yorkaise avec sa voix si puissante et sa section rythmique sans pareille, qui en 2006 enregistra d'ailleurs aux côtés de la regrettée diva Amy Winehouse dans son immense Back To Black. Ensemble ils nous mènent dans leur soul sublime, violente, enivrante et originelle habitée des spectres de Marvin Gaye, Sam Cooke ou Bobby Womack.
Oeuvrant dans les choeures de Sharon lors de ses débuts, les ex-Dapettes Saun & Starrsont aussi à l'honneur dans Daptone Gold II (Hot Shot, Look Closer (Can't You Sess The Signs?)) grâce à leur récente actualité Look Closer au groove radieux et survitaminé.
Antibalas, formation installée à Brooklyn, nous plonge quant à elle dans les percussions et l'énergie afrobeat (Dirty Money) de Fela Kuti.
Le trio gospel originaire du Mississippi The Como Mamas (Out Of The Wilderness), toute nouvelle signature de Daptone Records, vient parfaire une compilation des plus classieuses et indispensables pour tous les amoureux de soul comme elle se pratiquait à son apogée, il y 50 ans !
Nicole
Willis & The Soul Investigators - Happiness In Every Style (Timmion
Records/Differ-Ant)
La diva originaire de Brooklyn mais finlandaise d’adoption Nicole Willis nous revient en compagnie
de son groupe The Soul Investigators
pour un troisième volet de leur collaboration amorcée en 2005 avec Keep Reachin’ Up et ses sonorités soul/funksurgies des 60’s. Happiness In Every Style succède donc au sombre et troublant Tortured Soul paru en 2013, nous
baignant dans une atmosphère bien plus positive et chatoyante, où se déploient la
voix puissante et racée de Nicole et
les arrangements résolument modernes et dansants du batteur/producteur Jukka Sarapaaet du bassiste/producteur Sami Kantelinen. Comme précédemment, la touche de Jimi Tenor (époux de la chanteuse) est
perceptible à plusieurs reprises et notamment dès l’ouverture, où il arrange
les cuivres du sublime One In A Million.
Paint Me In The
Corner est le premier single du disque dont la sortie est prévue courant
Octobre 2015, il est accompagné sur sa face B de l’exquis Where Are You Now etévoquent
à eux deux l’esthétique global de l’album, définitivement placé sous le signe d’une nothern soul optimiste… Les
instrumentations y sont plus légères et apaisées, donnant lieu aux ballades
délicates Angel, Open Sky ou encore Thief In
The Night. Les mélodies plus
sophistiquées n’enlèvent cependant rien à l’énergie raw funk que dégagent certains morceaux comme Let’s Communicate.
Nicole Willis &
The Soul Investigators nous offrent un disque aussi bien dédié aux danseurs
qu’aux mélomanes sensibles à la pop soul classique. Ils développent avec
maturité un son sur lequel le temps n’a plus d’emprise !
Grâce à l’entremise du label Analog Africa basé à Frankfort et spécialisé dans les sonorités
afro-latines, nous redécouvrons l’un des piliers de la musique sénégalaise moderne,
le chanteur/percussionniste guinéen Amara
Touré. Artiste énigmatique disparu des écrans radars depuis le début des
années 1980, il sort de l’oubli par le biais d’une sublime compilation de 10
titres parus originellement entre 1973 et 1980. Cette dernière rassemble deux de
ses projets, celui du Star Band de Dakar,
avec qui il enregistra 6 singles au milieu des années 70 au Sénégal, et celui
de l’Orchestre Massako du Gabon qui
l’accompagna en 1980 dans un LP mythique. Fusionnant les folklores ouest africains aux rythmes
chaloupés et torrides des Caraïbes, Amara
chante dans son dialecte mandingue des
airs de rumba aux mélodies touchantes et
sensuelles qui dégagent encore aujourd’hui un charme imparable !
Le messie du modern funk, DâM Funk aka Damon G.
Riddick,n’aura pas tardé à
refaire parler de lui après son excellente collaboration avec le prince du G-Funk, Snoop Dogg en 2013, sur l’album 7 Days Of Funk, qui nous replongeait dans les sonorités West Coast des 90’s. Il nous offre en téléchargement
gratuit un EP de 4 titres baptiséSTFU,
plantant un décor instrumental nous rendant nostalgique du gangsta rap classieux
de Warren G et Nate Dogg (RIP) dans Regulate.
Snoop & DâM FUNK
Le producteur californien annonce ainsi l’imminence de la
sortie de son nouveau long format intitulé Invite
The Light, à paraître début septembre 2015 et dans le lequel il invite une pléiade
d’artistes incarnant l’essence même du hip-hop
et du funk d’hier et d’aujourd’hui.
On note bien sûr la présence de Snoopzilla,
mais aussi celle de l’immense rappeur new-yorkais Q-Tip (Tribe Called Quest), du mythique Junie Morrisson (The Ohio Players, P-Funk, Funkadelic), de la
légende Leon Sylvers III (The Sylvers),
de la chanteuse électro Nite Jewel,
du surprenant Ariel Pink, du
bassiste Flea (Red Hot Chili
Peppers) ou encore du beatmaker natif de Los Angeles Computer Jay et de la chanteuse emblématique Jody Watley (Shalamar)…
D’habitude assez rare, Dâm-Funk
était fin Mai 2015 en tournée US avec une de ses idoles, le rocker Todd Rundgren et Il est prévu qu’il contribue
à un documentaire nommé Finding The Funk
(si la campagne de financement via Kickstarter aboutit) dirigé par le tandem Nelson George/Arthur Baker et qui raconte la genèse du funk. Il serait narré
par ?ueslove (The Roots) et
inclurait les participations de Nile
Rodgers, Bootsy Collins, D’Angelo,
Peanut Butter Wolf (boss de Stone Throw), Mike D (Beastie Boys), Bernie
Worrell et Sheila E.
Personnellement j’ai hâte !
Nite Jewel & DâM FUNK
Mais revenons à notre objet d’étude, Invite The Light nous offre donc une musique sur laquelle le temps
n’a plus aucune emprise, le funk est
mort à la fin des années 80 mais n’a jamais été aussi vivant, il continue
d’évoluer au travers du hip-hop et son
art du sampling ou bien des scènes modern
funk/future funk/electro funk dont notre serviteur est l’un des acteurs
majeurs. N’acceptant aucun compromis, « son approche musicale est pure » comme le précise Nite Jewel, peu importe si elle ne lui
remplie pas les poches grassement tant que la reconnaissance et l’intégrité
sont là !
Dâm-Funk, qui a
commencé sa carrière comme batteur dans une formation jazz de Pasedena, a pensé
ce second album studio comme un disque estival
gorgé de lumière, de légèreté et de sensualité, mais aussi et surtout de
larmes et de sourires, qui d’après lui sont des composants essentiels du funk. Il l’a écrit avec les tripes et enregistré
dans l’intimité d’une chambre avec un pc portable et quelques claviers aux accents
vintage, puis a accordé une place significative aux voix, plus présentes que
dans ses précédents travaux, l’idée de raconter une histoire et d’écrire une
chanson l’a séduit.
DâM FUNK
L’Ambassadeur du
Boogie Funk de Los Angeles est clairement orienté vers une esthétique à la D-Train ou Earth Wind & Fire, avec
des orchestrations sophistiquées où
les mélodies sont reines.
Si We Continue
nous immerge dans le funk des 80’s avec son potentiel dancefloor contagieux, Somewhere, Someday nous fait prendre de
la hauteur avec ses synthés aériens et son rythme plus lent et langoureux, sa ligne de basse ronflante et prédominante
nous maintient cependant un pied sur la piste de danse.
Q-Tip
Q-tip dépose son
flow si reconnaissable sur I’m Just
Tryna’ Survive (In The Big City), on s’imagine alors longeant la côte au
volant d’une Pontiac Grand Prix de
1970…
Surveillance Escape
est plus tranchant et rapide, une sorte de psyché
funk urgent et haletant.
Flea et Computer Jay collaborent ensuite sur un
Floating On Air enivrant aux saccades
breakbeat, suivi d’un HowUGon’Fu*kAroundAndChooseABusta ?
où DâM Funk prend des airs de Prince et George Clinton.
Le titre instrumental The
Hunt & Murder Of Lucifer est suivi de It Didn’t Have 2 End This Way et Missing U, deux titres jumeaux où le producteur déploie ses talents
au vocoder.
Ariel Pink & DâM FUNK
La pépite du disque est sans doute Acting, dans lequel Ariel
Pink dévoile une présence presque fantomatique sur une prod. aux hit hats
comme désynchronisés.
O.B.E (deuxième
bijou du LP), son format maxi de 8 mn 29s et ses accents nu-disco nous mènent sur un sentier balisé jadis par le duo
new-yorkais Metro Area, dont la
moitié Storm Queen a le vent en
poupe depuis son succès de 2010, Look
Right Through.
Leon Sylvers III
Leon Sylvers III
rejoint DâM dans un Glyde 2nyte aux saveurs R&B torrides, tandis que Snoop Dogg et Joi nous proposent un hymne à la décontraction et à l’apaisement
avec Just Ease Your Mind From All
Negativity, on imagine sans mal les nuages de fumée qui devaient planer
dans le studio d’enregistrement…
Novena Carmel
Enfin, le très féminin Virtuous
Progression, avec en guests les charmantes Nite Jewel, Jody Watley,
Novena Carmel (fille de Sly
Stone !!!), Jane Jupiter et Jimi James déborde forcément de
sensualité et de douceur, jusqu’à ce que Scatin’
(toward The Light) (troisième trésor de l’opus) à la rythmique plus
qu’explicite, clôt notre parcours dans l’univers passionnant de DâM Funk, grand défenseur du son old school. Il déclare d’ailleurs que « le funk est l’outsider de la black
music, son bateau noir ».
DâM FUNK
Artiste visionnaire travaillant toujours dans l’émotion, il revendique son amour du funk comme un
style de vie. Nous gratifiant de 3
bonus tracks portant le nombre des pistes à 20, ce passionné et généreux DâM Funk nous balance ses ondes
positives sans nous faire quitter la réalité, on garde ainsi les pieds sur
terre pour entamer quelques pas de danse et l’esprit serein mais alerte pour ne
pas perdre le nord ni la valeur de la vie.
Chico Trujillo – Reina de Todas Las Fiestas (Barbès
Records/Differ-Ant)
Il y a peu, le label new-yorkais Barbès Records nous faisait (re)découvrir les rythmes de la chicha péruvienne avec ses compilations
The Roots Of Chicha Vol.1 et Masters Of Chicha : Juaneco Y Su Combo.
On écoutait alors cette fusion des 70’s alliant les sonorités de la cumbia
colombienne, de la guaracha cubaine et du rock psychédélique…
Chico
Trujillo nous présente quant à lui sa vision de la cumbia chilienne, en effet le groupe
formé voilà plus de 15 ans publie son nouvel opus baptisé Reina De Todas Las Fiestas. Enregistré entre la Colombie,
l’Argentine, le Chili et le Mexique, le disque emprunte ses reflets festifs à
toutes ces régions sud-américaines, en s’appuyant plus
particulièrement sur la tradition
préhispanique des carnavals du nord du Chili (les carnavals Aymara) qu’il restitue grâce à la
collaboration de Chico Trujillo avec la mythique fanfare Wiracocha,
composée d’une trentaine de musiciens. Empli de chaleur et de sueur latine Reina De Todas Las Fiestas est une
invitation à la fête, à la danse et la transe. Les roulements de tambours, les
cuivres et les guitares, les percussions, le piano, la basse et les voix nous
transportent littéralement sous les cieux andins, un verre de Pisco Sour à la
main (cocktail national au Chili).
The Roots
Of Chicha (Vol.1) & Juaneco y Su Combo (Master Of Chicha 1) (Barbès
Records/Differ-Ant)
Il n’y a pas que les chefs étoilés, pâtissiers et vignerons originaires de l'hexagone qui réussissent à se faire une place sous le soleil états-unien… Le Club Barbès à Brooklyn a été créé par
deux musiciens français voilà plus de 10 ans et le label new-yorkais Barbès Records lui a emboité le pas en
se spécialisant dans des sonorités world
typées, issues du passage de styles musicaux populaires et traditionnels au
travers du prisme de la modernité et
de la singularité d’artistes engagés,
marginalisés ou oubliés. Ces créations hétéroclites hybrides, inspirées et
souvent barrées badinent avec le folklore des Balkans, du Méxique, du Pérou, du
Chili ou du Brésil…
La maison de disque nous présente sa double actualité prévue
pour fin Mai 2015.
The Roots Of Chicha
vol.1 rassemble les pionniers d’un genre apparu dans les années 70 avec l’arrivée
au Pérou de la guitare électrique et du rock psychédélique. Mélangeant la cumbia colombienne à la guaracha
cubaine, réhaussée d’accents criollo,
surf et de toutes sortes d’influences
locales et exotiques glanées au hasard des ondes radio, ces artistes
décomplexés et armés de leurs claviers électriques, percussions afro-latines et
pédales d’effets ont conçu un cocktail
postmoderniste devenu la fierté des péruviens défavorisés. On y
découvre ainsi une pléiade d’orchestres sortis de l’anonymat en 2007 avec la
première anthologie de chicha disponible
en dehors du Pérou, Los Mirlos, Los Hijos Del Sol, Los Dentellos, Los Diablos
Rojos ou encore Juaneco Y Su Combo.
La seconde actualité de Barbès Records est justement la publication d'une compilation de ce groupe qui pérît en grande partie dans un accident d'avion en 1977, Masters Of Chicha: Juaneco y Su Combo. Formation mythique de l'Amazonie péruvienne, elle prend forme dès 1966 sous l'impulsion de l'accordéoniste Juaneco et de son père saxophoniste. Cantonnée à reprendre des standards latino-américains dans ses débuts, elle s'électrifie au début des 70's et devient le premier groupe psychédélique d'Amazonie, boosté par la créativité du guitariste Noé Fachin nourrie par l'usage exagéré de psychotropes...
Ces 2 disques sont à mettre entre les mains de mélomanes amateurs du concept de sono mondiale oú autres aventuriers désireux de s'engager dans un trip décalé...
Nous parlions il y a peu du quartet La Batteria, qui rendait hommage à l’âge d’or de la musique de film
de l’Italie des années 60 et 70… Leurs compatriotes de Sacri Cuori, originaires de Romagne, nous proposent eux aussi leur B.O. imaginaire influencée par
celles des immenses Rota, Morricone ouOrtolani et agrémentée de
sonorités empruntées à la cumbia mexicaine et façonnée d’accents
psychédéliques, folk-rock et blues. Pour leur nouveau projet intitulé Delone, ‘’les 3 enfants bâtards de Fellini’’, comme ils aiment se définir,
menés par le guitariste et compositeur Antonio
Gramentieri, ont invité quelques guests prestigieuses parmi lesquelles on
compte le guitariste américain Marc
Ribot, le batteur de Sonic Youth Marc
Shelley ou la diva Carla Lippis.
Un titre nous a touchés plus particulièrement, il se nomme Serge et fait un clin d’oeil non dissimulé à l’album que notre génial
Gainsbourg composa en 1971, l’Histoire de Mélody Nelson.
Bassekou
Kouyaté & Ngoni Ba – Ba Power (Giltterbeat Records/Differ-Ant)
Considéré comme l’un des plus grands spécialistes du ngoni (luth séculaire d’Afrique de l’ouest),
le malien Bassekou Kouyaté publie
son nouveau Ba Power chez Glitterbeat Records. Ayant notamment collaboré
avec le joueur de Kora Toumani Diabaté, le génial Damon Albarn ou encore le bluesman
américain Tal Mahal (présent sur son précédent Jamo Ko), cet artiste visionnaire a su, sans le renier, s’affranchir du jeu traditionnel du ngoni
en l’électrifiant et en le branchant à différents effets de distorsion ou de
wah wah. Son groupe Ngoni Ba,
composé de sa femme Amy Sacko au
chant, de ses fils, neveux et frères, est renforcé entre autres par la présence
du guitariste Samba Touré et du chanteur
Adama Yalomba, ainsi que des
chantres de la world fusion, Jon Hassell à la trompette et Dave Smith à la batterie. Bassekou Kouyaté nous livre son album « le
plus puissant et le plus dense » où y sont véhiculées des valeurs universelles.
L’énergie afro-rock que dégagent les riffs acérés et les ambiances psychédéliques de Ba Power, rendent hommage aux cultures Mandingues, Songhai et Touaregs qui
vivent en harmonie depuis des temps immémoriaux, malgré les crises à répétition
qui ravagent cette région depuis quelques années.
Saudra Williams
et Starr Duncan Lowe se rencontrent
à Harlem vers la fin des 80’s, mais poursuivant chacune une carrière solo, elles
ne se retrouvent sur scène que quelques années plus tard, autour de l‘icône Sharon Jones, devenue depuis l’égérie soul/funk
de la maison de disques Daptone Records.
C’est par l’entremise du label basé à Brooklyn qu’elles publient leur premier
opus intitulé Look Closer,
enregistré bien sûr avec leurs complices TheDap-Kings et produit par le boss Gabriel Roth. Baptisées The Dapettes à l’époque où elles œuvraient
dans les chœurs de Sharon, Saun &
Starr prennent enfin leur envol avec un album de 11 compositions aux
sonorités racées, ancrées dans l’héritage
gospel, soul, rhythm’n’blues et funk des années 60-70. Un petit plaisir à
ne pas bouder !
Ata Kak - Obaa Sima (Awesome Tapes From Africa/Differ-Ant)
Né au Ghana en 1960, Atta-Owusu alias Ata Kak apprend la musique sur le tard, séduit par le son de la Motown il devient d'abord batteur dans un groupe de reggae puis de highlife. Loin de vivre de sa passion, il est tour à tour professeur d'anglais, de musique et même cuisinier. C'est en amateur qu'il décide en 1991 de faire ses propres enregistrements dans un home studio de fortune à Toronto, équipé d'un synthétiseur avec boite à rythmes, d'un enregistreur, d'une table 12 pistes et d'un ordinateur Atari. Les 7 titres de Obaa Sima expriment ses influences, entre sensibilités pop, house, afrobeat et hip-hop, le tout interprété en langage Twi (dialecte ghanéen) et dégageant une esthétique lo-fi amusante et finalement très actuelle. Loin des productions léchées et standardisées (c'est le moins que l'on puisse dire), l'album initialement paru au format cassette en 1994 et distribué qu'à une cinquantaine d'exemplaires, est réédité grâce à l'entremise du label Awesome Tapes From Africadirigé par Brian Shimkovitz, tête chercheuse de raretés africaines qui découvre une copie d'Obaa Sima lors d'un voyage à Cape Coast en 2002. C'est cette trouvaille qui lui donnera d'ailleurs l'envie de créer, 4 années plus tard, sa maison de disque prolongée d'un blog incontournable pour les amoureux de musique underground made in Africa.
C’est une explosion
de sonorités urbaines hypnotiques et de rythmes brulants issus des steppes
ouest africaines que nous propose d’écouter le nouvel opus Zoy Zoy,du groupe ancré à Niamey, Tal
National. Succédant à Kanni qui,
grâce au producteur américain Jamie
Carter,eut une écoute internationale
en 2013, il fut lui aussi enregistré de
façon roots et artisanale dans un studio poussiéreux de la capitale du
Niger. En croisant les sonorités du Nigéria (afrobeat), du Mali (culture
mandingue) et du Ghana (highlife) côtiers, ainsi que les différents folklores
composant l’identité nigérienne, le leader Almeida
(guitariste, enseignant, juge, greffier et ancien footballeur) inonde les 8
titres de riffs véloces d’une guitare congolaise
énergique, inspirée par la tradition des grands orchestres d’Afrique de l’Ouest.
Tal National, formation pluriethnique
puisqu’y sont présents des musiciens Arabes, Touaregs, Songhais, Fulanis ou
encore Hausas, interprète un répertoire
traditionnel largement réactualisé et engagé, dont le propos est souvent d’honorer la femme et sa condition dans une
société nigérienne malheureusement écrasée par le poids du religieux.
Polar Bear
– Same As You (The Leaf Label/Differ-Ant)
Les anglais de Polar
Bear nous reviennent avec Same As
You, un disque nous présentant une musique toujours aussi bardée d’expérimentations sonores et d’aventures instrumentales dans un
territoire jazz aux frontières mouvantes.
Dirigé par le batteur Sebastian Rochford,
le quintet nous dévoile une entité musicale
tantôtcool, free, fusion et acoustique,
tantôt électro, afro et funky, pour
faire court : progressive !
Mêlant les structures jazz à des
textures electronica, des beats hip-hop et des rythmiques rock, Polar Bear plonge l’auditeur dans un espace en expansion, où les
mélodies se cousent et se décousent au fil d’un groove parfois nébuleux, parfois percussif ! Innovant, le groupe
est considéré comme l’un des plus brillants de la sphère jazz britannique et
même au-delà, dixit le pianiste/chanteur/animateur radio Jamie Callum.
La Batteria – La Batteria (Penny Records/Differ-Ant)
Le quartet La
Batteria rend hommage à l’âge d’or de la colonna sonora italiana en publiant son premier opus instrumental au
titre éponyme chez Penny Records. Emanuele Bultrini (guitares,
mandoline), David Nerattini
(batterie, percussions), Stefano
Vicarelli (claviers) et Paolo
Pecorelli (basse) nous y exposent leur univers sonore largement influencé
par la musique du cinéma italien des années 60 et 70 écrite et dirigée, entre
autres, par des légendes telles qu’Ennio
Morricone. Issus d’horizons variés, les musiciens se la réapproprient en y
incorporant des sonorités empruntées aux scènes post-rock, indie-pop, jazz
expérimental, hip-hop et afro beat. Les 12 titres alternent ainsi les ambiances krautrock cosmiques, italo-disco et funky, agrémentées d’accents
vintage et psychédéliques.
Renegades
Of Jazz - Paradise Lost (Agogo Records/Differ-ant)
Le label allemand basé à Hanovre Agogo Records nous présente le second opus du projet de David Hanke, Renegades Of Jazz. Paradise
Lost est un condensé d’énergie funk/hip-hop/soul/electro
piloté par un ex-resident du célèbre Mojo
Club à Hambourg, obsédé par l’esprit vintage des vieux disques de jazz, le rock’n’roll des 90’s, la culture du sampling, le funk et le breakbeat. Invitant la diva Karin Ploog sur un Flemish Cap au swing classieux, Jane Kennaway sur un Neverday
brûlant et haletant, le groupe hip-hop de Bristol Aspects sur un Fire aux
sonorités rap-rock ou encore le Mc Chima Anya sur un Death Grip plutôt darket
le chanteur soul Greg Blackman sur
un Imperial Breed très gospel, David nous lance un obus sonique ravageur et débordant de groove où
les voix, les beats et les ambiances rappellent la grande époque de l’Acid Jazz !
Ci-dessous un lien vers la page soundcloud du premier EP extrait de Paradise Lost etintitulé Fire. Il est composé de la version originale du titre avec en guest Aspects et des remixes de Smoove, Cadien et Skeewiff:
Swamp Dogg
– The White ManMade Me Do It (Alive
Records/Differ-Ant)
Jerry Williams Jr.
alias Little Jerry, alias Swamp Dogg
est une véritable légende vivante de la
soul et du R&B. Songwriter et producteur incontournable, il compose dès
les 70’s pour Solomon Burke, Patti Labelle et autres The Drifters ou The
Commodores. Son dernier opus intitulé The
White Man Made Me Do It est un
disque aux reflets satiriques et aux propos engagés, habité bien sûr de ses
sonorités deep-soul sudistes, funk, bluesetcountry qu’il cultive depuis plus de 44
ans et la sortie de son premier Total Destruction To Your Mind. Armé d’une voix puissante, poignante et racée,
Swamp Dogg prouve que malgré ses succès en demi-teinte dans les années 80, il
demeure une référence indétrônable de la black music nord-américaine.
Ci-dessous un lien vers son label et quelques morceaux choisis: