vendredi 13 mars 2015

Pascal Schumacher - Left Tokyo Right (Laborie Jazz/Socadisc)


Pascal Schumacher - Left Tokyo Right (Laborie Jazz/Socadisc)

Dès l’ouverture de son Left Tokyo Right avec le morceau  Nambu-Tekki, le vibraphoniste luxembourgeois Pascal Schumacher nous plonge dans un univers musical somptueux, subtil et raffiné, à la croisée des cultures nippones et européennes. Le compositeur y décrit ses impressions urbaines ressenties lors d’une résidence à Tokyo. Le disque reflète sa vision d’une ville de contrastes, celle d’un Japon traditionnel et d’une culture pop super-moderne et kitsch. Entouré des excellents Franz Von Chossy au piano/Fender Rhodes, Jens Düppe à la batterie et Pol Belardi à la basse/contrebasse, Pascal a convié la harpe d’Aliénor Mancep, la flûte de Magic Malik (prenant des reflets de Shinobue), la trompette de Verneri Pohjola et le saxophone de Sylvain Rifflet. Il fusionne les ambiances jazz, pop et classiques au japonisme, arborant quelques accents électriques où le groove surgit parfois au gré d’une mélodie chatoyante comme dans le sublime Matcha Desire et se mue ailleurs en déferlement quasi psychédélique de sonorités qui s’éparpillent pour mieux se confondre (Wabi-Sabi). Empruntant le titre Lilia au répertoire du brésilien Milton Nascimento pour un duo intimiste flûte/vibraphone poignant et Merry Christmas Mr Lawrence (extrait de la BO de Furyo) à Ryuichi Sakamoto pour un exercice en quartet étourdissant de douceur et d’éloquence, l’artiste nous dévoile 7 autres morceaux inédits orchestrés avec brio, se découvrant comme les pages d’un carnet de voyage, tantôt griffonnées à tout va, tantôt renseignées avec précaution.

S’il fallait ne choisir qu’un seul des joyaux de Left Tokyo Right, alors j’opterais pour Sakura San, introduit par Aliénor et rejoint par l’ensemble des musiciens et guests. Après 1mn30s de montée vibrante, une rythmique hip-hop/jazz au cœur funky nous fait hocher la tête en cadence et claquer des doigts, Malik Mezzadri nous prouve (comme à son habitude) qu’il mérite bien son nom de scène et Verneri Pohjola qu’il est un nouveau talent à suivre de très près !

Ata Kak - Obaa Sima (Awesome Tapes From Africa/Differ-Ant)

Ata Kak - Obaa Sima (Awesome Tapes From Africa/Differ-Ant)

Né au Ghana en 1960, Atta-Owusu alias Ata Kak apprend la musique sur le tard, séduit par le son de la Motown il devient d'abord batteur dans un groupe de reggae puis de highlife. Loin de vivre de sa passion, il est tour à tour professeur d'anglais, de musique et même cuisinier. C'est en amateur qu'il décide en 1991 de faire ses propres enregistrements dans un home studio de fortune à Toronto, équipé d'un synthétiseur avec boite à rythmes, d'un enregistreur, d'une table 12 pistes et d'un ordinateur Atari. Les 7 titres de Obaa Sima expriment ses influences, entre sensibilités pop, house, afrobeat et hip-hop, le tout interprété en langage Twi (dialecte ghanéen) et dégageant une esthétique lo-fi amusante et finalement très actuelle. Loin des productions léchées et standardisées (c'est le moins que l'on puisse dire), l'album initialement paru au format cassette en 1994 et distribué qu'à une cinquantaine d'exemplaires, est réédité grâce à l'entremise du label Awesome Tapes From Africa dirigé par Brian Shimkovitz, tête chercheuse de raretés africaines qui découvre une copie d'Obaa Sima lors d'un voyage à Cape Coast en 2002. C'est cette trouvaille qui lui donnera d'ailleurs l'envie de créer, 4 années plus tard, sa maison de disque prolongée d'un blog incontournable pour les amoureux de musique underground made in Africa.

jeudi 12 mars 2015

Jonny Faith - Neon (Single) (Tru Thoughts Records)

Jonny Faith - Neon (Single) (Tru Thoughts Records)

Le label anglais Tru Thoughts nous présente Neon, second single extrait du premier album de Jonny Faith, Sundial . Le jeune Dj/producteur originaire d'Ecosse et installé à Melbourne nous y propose 3 titres aux sonorités electronica cosmiques et organiques, domptés avec grâce et volupté par une sensibilité dub nourrie d'influences jungle, footwork, duke, hip-hop, abstract et drum & bass.
Neon et Revolve, purs bijoux ambient, trouveront surement leur place dans la séléction chill-out d'une plage azuréenne.

The Empire Of Sound – Out Of The Norm (L’Autre Distribution)


The Empire Of Sound – Out Of The Norm (L’Autre Distribution)

Forcément, quand Mattic est dans la place on ne peut que s’attendre à un déferlement de grooves jazzy et de flows old-school des plus classieux. Le projet Empire Of Sound est né de la collaboration entre le MC américain et le beatmaker français Juke, claviériste addict de la chaleur analogique. Leur passion commune pour la black music, notamment le jazz, la néo soul et le hip-hop, ainsi que leur désir de jouer et d’enregistrer en live, les poussent à s’entourer d’un véritable jazz band. Rejoint par le batteur Romain Joutard, le bassiste Julien Hermé, le guitariste Benoît Medrykowski et le saxophoniste /Dj Lucas Saint Cricq, le duo nous proposent 12 compositions séduisantes et inspirées, dont les références sont puisées dans le jazz teinté d’accents urbains des excellents Roy Hargrove et Robert Glasper, le rap east-coast de The Roots et Talib Kweli sans omettre la référence R&B absolue, D’Angelo, incarné par la voix sensuelle de Gimenez E dans le brulant Lost My Soul Into You. Outre le crooner soul originaire du sud-ouest, Out Of The Norm nous présente les chanteuses Lil Swan et Mafé, les rappeurs Racecar et Justin Percival… Du très beau monde en somme pour un disque qui enjambe l’Atlantique, fusionnant deux univers aux trajectoires distinctes mais s’accordant  comme une évidence !

mardi 10 mars 2015

John Milk – Treat Me Right (Underdog Records)


John Milk – Treat Me Right (Underdog Records)

John Milk, incarnation française d’un son onctueux et roots publie Treat Me Right. Influencé par les plus belles années de la Motown et le répertoire des légendes jamaïcaines Bob Marley et Peter Tosh, ce premier opus racé nous évoque forcément les sonorités philly soul au groove sensuel et efficace des 60’s 70’s, un peu à la manière des récentes sorties de Silk Rhodes et Tuxedo chez Stones Throw Records. Originaire de Lyon, le claviériste et chanteur à la voix de velours, dont le timbre se compare aisément à celui de Mayer Hawthorne, s’est associé au producteur et bassiste parisien Bruno ‘Patchworks’ Hovart (Metropolitan Jazz Affair, The Dynamics…), leur rencontre a produit un disque soul nébuleux sans artifice, bardé d’énergie P-funk (Till Our Soul Gets Up), d’accents reggae vintage (Talk Is Cheap) et habité de ballades survolées par les spectres bienveillants de Curtis Mayfield et des Delfonics (Give More Than Time). Après les Dafuniks et leur univers hip-hop/soul/funk, le label basé à Paris Underdog Records nous présente sa nouvelle recrue qui, d’emblée, tire en plein mille !

 

lundi 9 mars 2015

Yilian Canizares – Invocacion (Naïve)



Yilian Canizares – Invocacion (Naïve)

La toute jeune violoniste et chanteuse installée en Suisse Yilian Canizares nous présente son second opus intitulé Invocacion. Originaire de la Havane, elle allie avec fougue et passion les folklores afro-cubains au jazz moderne, y intégrant quelques accents de musique classique et des éléments de la culture Yoruba. Elle élabore au violon un swing dont le lyrisme nous ramène irrémédiablement vers celui de notre modèle absolu Stéphane Grapelli, un petit faible pour la France qu’elle manifeste d’ailleurs en reprenant un air immortalisé par Edith Piaf, Non Je Ne Regrette Rien. Sa voix puissante et délicate à la fois, effleure de sublimes ballades aériennes et ensorceleuses comme Breoni Abebe Osun et Toi Mon Amour ou accompagne les ambiances brulantes aux rythmes plus soutenus de titres comme Mapucha ou Laïla, dans lequel ses vocalises prennent la forme d’un scat presque guerrier doublé par un jeu virtuose et incisif au violon. Entourée de ses trois comparses - Daniel Stawinski au piano, David Brito à la basse et contrebasse, Cyril Regamey à la batterie et aux percussions - avec qui elle partage la scène et les studios, Yilian forme le quartet Ochumare (du nom de Ochun, orisha des eaux et rivières, déesse de la beauté dans la santeria) qu’elle agrémente en toute fin d’Invocacion, par l’invitation de la poétesse à la vibe hip-hop/jazz Akua Naru, sur un Iya Mi envoutant teinté d’un groove urbain auréolé de volutes caribéennes.

Belle découverte !


vendredi 6 mars 2015

Magic Drum Orchestra - Crunked Up (Tru Thoughts Records)

Magic Drum Orchestra - Crunked Up (Tru Thoughts Records)

Le Magic Drum Orchestra dont nous parlions  lors de la parution de MDO Sessions 1, publie Crunked Up, single extrait de son EP paru en 2014 chez Tru Thoughts. Largement influencé par les batucadas brésiliennes, la drum & bass et le hip-hop, l'ensemble de percussions basé au Royaume-Unis interprète ici un titre de Benga, figure importante du dubstep, en y incorporant quelques accents bien sentis de samba et d'afrobeat.
Pas de logiciels ni de MPC, juste un sifflet, quelques dizaines de peaux tendues et un sens aiguisé du groove et du partage !