jeudi 3 août 2017

Sandra Nkaké - Tangerine Moon Wishes (Jazz Village/Pias)

Sandra Nkaké - Tangerine Moon Wishes (Jazz Village/Pias)

Son premier effort intitulé Mansaadi m'avait profondément touché en 2008, il marquait l'entrée en scène d'une diva charismatique, à la silhouette de Grace Jones, déployant, avec l'aisance de Bobby Mc Ferrin ou Al Jarreau, une voix aussi intense qu’Abbey Lincoln. Cet opus radieux mêlait habilement sonorités soul, gospel, funk, jazz et pop, le tout sous forme d'hommage vibrant à sa défunte mère, d'éloge à l’amour et de clin d’œil à ses racines africaines.
L'actrice et chanteuse franco-camerounaise à la voix basse et sensuelleSandra Nkaké, publiait presque 4 ans plus tard Nothing For Granted ("Rien n'est acquis"), un disque soul hybride plutôt barré, tranchant largement avec la résurgence rétro commune à bien d'autres de ses consœurs.
En perpétuel questionnement et à la poursuite d'un territoire musical vierge, elle nous revient le 15 Septembre prochain avec l'étrange Tangerine Moon Wishes, un album complexe aux ambiances lunaires et introspectives, plus intimiste et dépouillé que jamais. Définitivement tourné vers l'épure, la fragilité et l'émotion, le projet poétique se compose de 13 titres enregistrés en direct et en quintet resserré. Le spectre de Meshell Ndegeocello plane au dessus de ce véritable bijou difficilement classable dans un style ou un genre en particulier.
Elaborant un univers soul plaintif habité d'une énergie rock sulfureuse, ponctué d'accents jazz et world, Sandra bouscule une nouvelle fois son auditoire, redéfinissant les codes et redessinant les contours d'une signature sonore en mouvement. Qu'elle chante, déclame ou susurre, en français comme en anglais, sa voix porte et captive, hantant les orchestrations parfois psychédéliques mais toujours subtiles, minimalistes et spectrales de Jî Drû (flûte), Tatiana Paris (guitare), Kenny Ruby (basse) et Thibaut Brandalise (batterie). Une nouvelle étape dans le parcours initiatique d'une artiste singulière aspirant autant à l'universalité qu'à son épanouissement personnel.

Simon Law - Look To The Sky (Dome Records)

Simon Law - Look To The Sky (Dome Records)

Même sans être un familier du claviériste britannique Simon Law et de sa formation légendaire Soul II Soul, leader de la scène R&B anglaise dans les années 90, on ne peut qu'être séduit par le casting réunit sur son premier opus solo paru le 23 Juin dernier et intitulé Look To The Sky. En effet, s'y côtoient entre autres pointures, le producteur Jazzy B, la chanteuse jazz-soul Chante Moore, le rasta Maxi Priest et le mythique duo jamaïcain Sly and Robbie, rien que ça!
Auteur des hits mondiaux "Back to Life" et "African Dance", tous deux récompensés par un Grammy en 1989, Simon se lance dans une aventure musicale soulful et majestueuse où le groove règne en maître incontesté, qu'il s'acoquine à des sonorités néo-soul, funky, jazzy, dub ou reggae. Une pléiade d'artistes vient étoffer ce projet alliant rythmiques urbaines contagieuses et vocalises de haut vol, la diva Caron Wheeler est bien sûr présente (également membre de Soul II Soul), prêtant sa voix profonde et sensuelle à l'excellent "Morning Love", ainsi que le crooner Lain Gray (du célèbre groupe Nu Colours) apparaissant dans pas moins de 7 titres. Ce dernier a d'ailleurs était un partenaire précieux dans l'écriture du disque.
Mixé par l'ingénieur du son de Sting, Donal Hodgson et masterisé dans les fameux studios d'Abbey Road, le résultat ne pouvait que sonner juste et captiver l'auditoire. Une invitation à se déhancher sur des instrumentations fédératrices et sophistiquées, parfaitement produites dans une esthétique old school qui ne prend pas une ride.

King Child - Meredith (Pieuvre/Inouie Distribution)

King Child - Meredith (Pieuvre/Inouie Distribution)

La formation franco-belge King Child nous propose un premier opus aux sonorités indie-pop abouties et léchées, baptisé Meredith. Très habilement mené par le compositeur/multi-instrumentiste Jean Prat et le chanteur Quentin Hoogaert, le projet aux allures d'odyssée spirituelle épique et captivante, prend forme entre Bruxelles et la région lyonnaise, au fil de sessions d'enregistrements et de prestations live où il s'enrichie des apports musicaux précieux des talentueux Camille Mouton (claviers), David Kostman (basse et claviers) et Filip Bolten (guitare et claviers). Habités de nappes électroniques cosmiques, d'atmosphères tantôt sombres et épurées, tantôt radieuses et punchy, les 11 titres du disque embarquent l'auditeur pour un voyage interstellaire, où d'envoutantes mélodies pop soutenues par des rythmiques d'une grande justesse, élaborent les contours voluptueux d'une musique mélancolique et planante, semée de références à des entités mythologiques telles que Radiohead, Bjork et Quenns of The Stone Adge ou encore Stanley Kubrick et Jim Jarmusch
 
Bien que l'on puisse évoquer l'image d'un "vaisseau spatial" pour décrire Meredith, de par ses envolées lyriques flottant en apesanteur, son écriture est, elle, bien ancrée dans le réel, avec des messages forts et engagés comme en témoigne le poignant "23 Février", abordant le douloureux thème des violences conjugales.
L'album paraîtra le 29 Septembre prochain et l'image de sa pochette dessinée par Grégoire Dalle vous indiquera le chemin à suivre pour pénétrer son univers complexe, audacieux et flamboyant.
 
 

Céline Languedoc - Rencontre

Céline Languedoc - Rencontre

La diva parisienne originaire des Antilles Céline Languedoc nous offre son premier opus très justement baptisé Rencontre. Composé de 13 titres radieux où gospel, soul, jazz et blues s'entremêlent et revêtent tour à tour des accents caribéens et latins, l'album exprime à merveille ce que le métissage a de plus noble et de nécessaire, à savoir une énergie vitale inépuisable ancrée dans un patrimoine fort, encline à s'ouvrir aux autres cultures. Pour cet effort la chanteuse à la voix puissante et captivante s'est entourée de jeunes musiciens fort talentueux, au piano s'illustre le martiniquais Gregory Privat, à la batterie, à la guitare et aux percussions les guadeloupéens Arnaud Dolmen, Ralph Lavital et Sonny Trouvé, à la basse l'haïtien Franck "Boom" Jean, à la contrebasse et au saxophone les cubains Irving Acao et Damian Nueva, puis enfin le français Bastian Mayras à la flûte. Un casting sur mesure pour une musique plurielle gorgée de vitalité, affichant tantôt ses reflets roots inspirés des traditions afro-caribéennes, tantôt ses harmonies complexes issues du jazz. Interprétant ses propres textes en créole et en français, la compositrice a pu compter sur l'excellence de son pianiste pour la plupart des arrangements, on notera d'ailleurs la magnifique adaptation de l'intemporel "Summertime" de Gershwin.
Céline propose ainsi une entrée en matière remarquable laissant présager un avenir musical riche et audacieux.

mercredi 2 août 2017

Vinicio Capossela - Canzoni Della Cupa (Accords Croisés/Pias)

Vinicio Capossela - Canzoni Della Cupa (Accords Croisés/Pias)

En 2012, l'italien Vinicio Capossela publiait chez Ponderosa son 13° opus baptisé Marinai, Profeti e Balene, occasion pour moi de découvrir l'identité musicale singulière de cet héritier de la pensée libre de Kerouac et Bukowski. S'il s'inspirait alors des littératures classiques liées à la mer, allant de l’Odyssée d’Homère aux romans de Herman Melville (auteur de Moby Dyck), "le plus intrigant des voyageurs musicaux d’Italie" (Magazine Mojo) évoque dans son prochain Canzioni Della Cupa (26 Aout 2017), un tout autre univers, celui plus pittoresque des villages de l'Italie profonde, de ce monde folklorique, rural et mythologique, enraciné dans la région méridionale de la péninsule que l'artiste rapproche irrésistiblement de l'Ouest américain et de ses cultures texanes ainsi que mexicaines.
L'album se compose de deux disques aux ambiances assez distinctes, Polvere (poussière) nous offre une musique empreinte des traditions du Sud italien, plutôt festive et enjouée elle illustre la face exposée au soleil et au vent de ces sites retirés, habités de légendes et de traditions séculaires. Ombra, dévoile quant à lui des atmosphères plus pesantes et plus graves, faisant davantage référence aux vastes espaces désertiques américains, à la terre des coyotes et des cowboys, à la part d'ombre d'une nature sombre et cruelle. Ballades aux accents country et blues se font ainsi plus présentes dans ce répertoire folk large et visionnaire d'un artiste hors norme dont la voix captive dès ses premiers mots.

lundi 31 juillet 2017

Django Reinhardt - The New Qintet - The War Years (1940-43) (Label Ouest/L'Autre Distribution)

Django Reinhardt - The New Quintet - The War Years (1940-43) (Label Ouest/L'Autre Distribution)

Le 23 Juin dernier paraissait sur le Label Ouest un double album dédié à Django Reinhardt intitulé The New Quintet - The War Years (1940-43). Il retrace avec brio une période faste de sa carrière fulgurante, celle du début des années 40 sous l'occupation allemande, au cours de laquelle son génie créatif et son swing fédérateur parvinrent à capter, outre un public d'amateurs, toute une jeunesse séduite par son raffinement, ses élans festifs et optimistes. Ayant développé dès 1930 une technique bien à lui, suite à un malheureux accident qui le priva de l'usage de deux doigts de sa main gauche, c'est au cours de cette époque sombre du 20° siècle, que le guitariste manouche parvint à s'élever au rang d'icone incontournable du jazz français.
Dans cette collection de 34 titres rares, remasterisés avec le plus grand soin par Jean-Pierre Boucquet (L'Autre Studio), Django s'illustre à la tête du Nouveau Quintette (le Hot Club de France s'étant interrompu momentanément en raison de la guerre et de l'absence de Stéphane Grappelli). Y sont interprétés majoritairement ses compositions les plus emblématiques comme "Nuages", "Oiseaux des Îles" ou "Manoir de mes Rêves", ainsi que quelques rares standards dont "Begin The Beguine" de Cole Porter. Remarquablement bien restitués, ces morceaux expriment à merveille ce que le musicien Sanseverino a très bien traduit:
"La musique de Django", c'est "une rivière qui défile entre nos deux oreilles, une merveille de la nature!"

lundi 10 juillet 2017

Detroit's Filthiest feat. Amina Ya Heard - Handprint (Defected)

Detroit's Filthiest feat. Amina Ya Heard - Handprint (Defected)

Detroit's Filthiest alias Dj Nasty alias 313 Bass Mechanics est considéré comme l'un des Djs/producteurs les plus impliqués de la scène house underground de Détroit. Pionnier de la ghettotech, l'artiste produit depuis plus de 20 ans des titres accrocheurs à la saveur old school des plus efficaces et redoutables.
Pour ses débuts chez Defected il frappe un grand coup avec son excellent "Handprint", un track aux reflets discoïdes animé par une rythmique 4/4 dépouillée et racée, soutenue par une ligne de basse au groove hypnotique où semble flotter le spectre d'un Cerrone. Amina Ya Heard nous y livre ses vocaux sensuels et soulful dans une ambiances retro qui ravira les aficionados de l'écurie Glitterbox. Un gros succès en perspective sur les dancefloors estivaux !