Son premier effort intitulé Mansaadi m'avait profondément touché en 2008, il marquait l'entrée en scène d'une diva charismatique, à la silhouette de Grace Jones, déployant, avec l'aisance de Bobby Mc Ferrin ou Al Jarreau, une voix aussi intense qu’Abbey Lincoln. Cet opus radieux mêlait habilement sonorités soul, gospel, funk, jazz et pop, le tout sous forme d'hommage vibrant à sa défunte mère, d'éloge à l’amour et de clin d’œil à ses racines africaines.
L'actrice et chanteuse franco-camerounaise à la voix basse et sensuelle, Sandra Nkaké, publiait presque 4 ans plus tard Nothing For Granted ("Rien n'est acquis"), un disque soul hybride plutôt barré, tranchant largement avec la résurgence rétro commune à bien d'autres de ses consœurs.
En perpétuel questionnement et à la poursuite d'un territoire musical vierge, elle nous revient le 15 Septembre prochain avec l'étrange Tangerine Moon Wishes, un album complexe aux ambiances lunaires et introspectives, plus intimiste et dépouillé que jamais. Définitivement tourné vers l'épure, la fragilité et l'émotion, le projet poétique se compose de 13 titres enregistrés en direct et en quintet resserré. Le spectre de Meshell Ndegeocello plane au dessus de ce véritable bijou difficilement classable dans un style ou un genre en particulier.
Elaborant un univers soul plaintif habité d'une énergie rock sulfureuse, ponctué d'accents jazz et world, Sandra bouscule une nouvelle fois son auditoire, redéfinissant les codes et redessinant les contours d'une signature sonore en mouvement. Qu'elle chante, déclame ou susurre, en français comme en anglais, sa voix porte et captive, hantant les orchestrations parfois psychédéliques mais toujours subtiles, minimalistes et spectrales de Jî Drû (flûte), Tatiana Paris (guitare), Kenny Ruby (basse) et Thibaut Brandalise (batterie). Une nouvelle étape dans le parcours initiatique d'une artiste singulière aspirant autant à l'universalité qu'à son épanouissement personnel.