mardi 17 février 2015

Push Up! – The Day After (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Push Up! – The Day After (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Lancé par le flutiste Jî Dru, la diva Sandra Nkaké et le claviériste varois Jean Phi Dary, le collectif Push Up ! prend forme en 2009 avec pour objectif de rendre hommage à la black music. Touchant à plusieurs de ses registres dont le reggae/dub, le hip-hop, la soul, l’ethio jazz, le rock ou le funk, The Day After regorge d’accents psychédéliques vintage au groove décapant et festif, en partie délivrés par les accords saturés du guitariste Matthieu Ouaki. Narrant l’histoire au passé trouble d’un personnage de fiction nommé Quincy Brown, The Grand Day Of Quincy Brown paru en 2010, posait déjà les bases musicales et scéniques de cette aventure black soul rock. Ce dernier opus confirme l’efficacité et l’énergie de Push Up !, renforcées par les lignes de basse de Toscano Jeanniard, la batterie de Nico Rajao et les voix du poète Allonymous et du chanteur Karl The Voice.

 
ci-dessous un extrait de leur précédent album "The Grand Day Of Quincy Brown"

lundi 16 février 2015

Justin Kauflin – Dedication (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Justin Kauflin – Dedication (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Jeune prodige du jazz, le pianiste américain Justin Kauflin publie Dedication, son premier opus d’envergure internationale signé par Quincy Jones ! Atteint de cécité à l’âge de 11 ans, le piano devient son instrument de prédilection au dépens du violon. Remarqué et formé par le trompettiste mythique Clark Terry (né en 1920 et disparu ce 22 février 2015) , le virtuose installé à New York depuis 2008 nous offre 12 compositions originales, interprétées en quartet et en trio, dont 7 rendent hommages à ses mentors les pianistes John Toomey et Liz Barnes ou à ses amis les batteurs Billy Williams (présent sur l’album) et Jay Sinnett. Ses ballades comme ses titres aux rythmes plus soutenus se nourrissent du son des légendes - Art Tatum, Bud Powell, Herbie Hancock Mulgrew Miller ou encore Dave Brubeck - et attestent d'une construction spacieuse et élégante, mettant en avant l'écriture de Kauflin mais aussi l'interprétation qu'en font ses musiciens. Le jeu de Justin est ample, aérien, raffiné et fluide; entouré du contrebassiste Christopher Smith ainsi que des guitaristes Matt Stevens (dont la présence est radieuse) et Etan Haziza (à la guitare acoustique), il élabore des ambiances où les mélodies sont enivrantes et accrocheuses, déployant un groove soyeux et communicatif rappelant la force tranquille d’un Bill Evans (son modèle). Dedication est un disque charmant et accessible qui ravira par ses accents délicats les amateurs de jazz scandinave.

vendredi 13 février 2015

Kyle Eastwood – Time Pieces (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Kyle Eastwood – Time Pieces (Jazz Village/Harmonia Mundi)

L’immense bassiste et contrebassiste qui nous avait enthousiasmé avec son précédent The View From Here paru en 2013, revient avec un magistral Time Pieces, sonnant comme un hommage aux maîtres du hard bop. Toujours en quintet, il a conservé le tandem Andrew McCormack au piano et Quentin Collins à la trompette, puis s’est entouré du batteur cubain Ernesto Simpson et du saxophoniste Brandon Allen. Kyle Eastwood nous livre un disque au groove élégant et inspiré, l’artiste reprend avec classe le Dolphin Dance d’Herbie Hancock et le Blowin’ The Blues Away d’Horace Silver, ancrant définitivement l’esthétique de l’album dans le registre jazz du tournant des 60’s. Avec Caipirinha et Prosecco Smile sa musique se pare d’accents latins, tandis que la reprise de sa propre composition pour le film de son père Letters From Iwo Jima et le titre Nostalgique nous offrent un jazz atmosphérique aux mélodies touchantes et aériennes. Eduqué au son des vinyles de Duke Ellington ou Count Basie que son père passait et fasciné par ses aînés Ray Brown et John Clayton, qui lui transmirent le vice de la contrebasse, le compositeur poursuit son aventure musicale amorcée en 1998 avec son From There To Here, alternant ses album et ses compositions pour le cinéma (Mystic River, Gran Torino ou encore Invictus réalisés par Clint).

 

jeudi 12 février 2015

La Batteria – La Batteria (Penny Records/Differ-Ant)


La Batteria – La Batteria (Penny Records/Differ-Ant)

Le quartet La Batteria rend hommage à l’âge d’or de la colonna sonora italiana en publiant son premier opus instrumental au titre éponyme chez Penny Records. Emanuele Bultrini (guitares, mandoline), David Nerattini (batterie, percussions), Stefano Vicarelli (claviers) et Paolo Pecorelli (basse) nous y exposent leur univers sonore largement influencé par la musique du cinéma italien des années 60 et 70 écrite et dirigée, entre autres, par des légendes telles qu’Ennio Morricone. Issus d’horizons variés, les musiciens se la réapproprient en y incorporant des sonorités empruntées aux scènes post-rock, indie-pop, jazz expérimental, hip-hop et afro beat. Les 12 titres alternent ainsi les ambiances krautrock cosmiques, italo-disco et funky, agrémentées d’accents vintage et psychédéliques.

lundi 9 février 2015

Xiomara Laugart - Tears And Rumba (Chesky Records)


Xiomara Laugart - Tears And Rumba (Chesky Records)

La chanteuse cubaine Xiomara Laugart fait partie de cette diaspora exilée aux US qui partage et fait vivre la culture musicale d’une ile qui s’apprête enfin à sortir de plus de 50 ans d’embargo. Respectée pour sa maîtrise du répertoire classique de Cuba - guajira, son, rumba -  et de la nueva trova (chansons engagées des années 50 et 60), la diva a décidé pour son dernier Tears And Rumba de rendre hommage à l’âge d’or de la musique poético-romantique cubaine des années 20 et 30 - la trova - avec des reprises incontournables de pionniers tels que Maria Teresa Vera et Miguel Matamoros. Etonnamment ressemblante à celle de son aînée CeliaCruz, la voix de Xiomara, authentique et vibrante, nous accompagne durant 12 titres sensuels sur des rythmes enivrants de la rumba afro-cubaine, combinant les traditions ouest africaines, caribéennes et européennes.

vendredi 30 janvier 2015

Boubacar Traoré – Mbalimaou (Lusafrica)


Boubacar Traoré – Mbalimaou (Lusafrica)

Il est des sonorités qui touchent et s’adressent à tous, sans distinction de culture,  de situation géographique ou temporelle… Le blues fait partie de ces langages musicaux universels traversant les âges et les continents, le chanteur, guitariste et compositeur malien Boubacar Traoré nous le prouve une fois de plus avec son nouveau Mbalimaou. A 73 ans, Kar Kar signe 12 titres acoustiques poignants et roots nous immergeant dans la culture mandingue et l’univers poétique nostalgique et mélancolique d’un septuagénaire qui n’a de cesse d’affiner son chant et son jeu de guitare depuis ses débuts dans les 60’s. Devenu une référence incontournable au Mali, Boubacar a, pour la première fois, intégré le traditionnel n’goni (violon africain) et l’incontournable kora, interprétée ici par l’immense Ballaké Sissoko, que l’on retrouve d’ailleurs à la production de ce disque sobre et vibrant.

dimanche 25 janvier 2015

The Avener - The Wanderings Of The Avener (96 Music/Universal Music Division Capitol Music France)


The Avener - The Wanderings Of The Avener (Universal Music Division Capitol Music France)

Auteur d’un track internationalement salué par un public aficionado d’un son deep-house délicat et gorgé de vibes pop, folk, soul, jazz, blues et rock, le français The Avener, nom de scène de Tristan Casara, publie son premier disque intitulé The Wanderings Of The Avener. Le niçois a fait ses premières armes de Dj au sein du High Club - appartenant au comique Franck Dubosc - campant face à la Promenade des Anglais (…ça c’était pour la petite anecdote !).

Le succès de son premier single Fade Out Lines (emprunté au répertoire de Phoebe Killdeer and the Short Straws), s’inscrit dans la continuité des productions en vogue de Wankelmut, Alle Farben, Fritz Kalkbrenner, Claptone ou encore Route 94. À sa sortie il laissait déjà présager un goût prononcé pour l’art du rework raffiné et radieux.

La découverte de l’album ne nous déçoit pas puisqu’on y retrouve les beats ouatés mid-tempo, les samples aux sonorités chaudes et les lignes de basse lourdes et entrainantes qui avaient fait leurs preuves auprès du dancefloor. The Avener vise forcément l’efficacité et la bonne réception de ses ondes positives par un large auditoire, cependant on ne peut que constater l’étendue d’une culture musicale de bon goût, étoffée et variée, allant du blues roots de John Lee Hooker (auquel il rend hommage dans son remix de It Serves You Right to Suffer ) au rock indie 90’s de Mazzy Star (avec Fade Into You), en passant par la folk des canadiennes de The Be Good Tanyas (Waitin' Round to Die) ou la soul sensuelle d’Andy Bey (Celestial Blues).



Le jeune Tristan a bien digéré l’impact d’artistes comme Moby ou appartenant à la mouvance french touch et leur rayonnement sur la scène électro actuelle, il accouche ainsi d’un disque réussi, déclinant en 14 titres cohérents une recette bien éprouvée (certes, mais au combien efficace) consistant en un mélange habile de séquences électroniques, d’instruments, de voix naturelles et d’accents acoustiques… Il projette d’ailleurs, pour de futurs enregistrements, de faire intervenir plus de musiciens et moins de claviers, histoire d’humaniser encore un peu plus sa vision de l’EDM !