mercredi 10 mars 2021

Lewis Evans - Le Rayon Vert (ZRP)

Lewis Evans - Le Rayon Vert (ZRP)

Menant, parallèlement à son projet pop/rock The Lanskies, une carrière solo depuis 2015, le chanteur originaire de Liverpool, Lewis Evans, publiait le 22 Janvier dernier Le Rayon Vert. Alignant 4 titres aux textes autobiographiques chargés d'émotions, l'EP aux mélodies délicieusement mélancoliques et nostalgiques, est le fruit d'une belle collaboration entre l'auteur anglais installé en Normandie et le songwriter/multi-instrumentiste franco-suédois Herman Dune, basé à San Pedro en Californie. David Ivar, de son vrai nom, y a élaboré des ambiances intemporelles aux sonorités americana, où il interprète toutes les parties instrumentales. Les arrangements de cordes sont sa marque de fabrique; ses motifs de guitare, délicats et accrocheurs, mêlent habilement les rythmiques et arpèges acoustiques folk ("Rock In The Sea") à des riffs électriques plus pop ("King Of The Jingle"). Ils sont enrichis par des nappes de cordes frottées ("Cocaïne" et "Hold On"), quelques cuivres et des chœurs envoutants, qu'il réalise avec le soutien de sa femme, Mayon, de Maesa Pullman, Jan Stumke et Olivier Rocabois.

La voix pleine de grâce, de sincérité et de douceur de Lewis laisse entrapercevoir ses peines et ses blessures, mais sa poésie sublime les angoisses et les aspects les plus triviaux de la vie quotidienne. 

Après les albums Halfway to Paradise et Man in a Bubble, marqués eux aussi par des partenariats prestigieux (Keren Ann, Gaëtan Roussel, Juliette Armanet, Howard Schmengen, Winnie ou encore Talisker...), Le Rayon Vert (du nom d'un petit troquet de Saint-Pair-Sur-Mer dans la baie du mont Saint-Michel) nous laisse présager d'un tout prochain long format à la fraicheur édifiante!





mardi 9 mars 2021

Vincent Touchard & Stephen Binet - Happy Hours (Jazz Family/Socadisc)

Vincent Touchard & Stephen Binet - Happy Hours (Jazz Family/Socadisc)


Jazz Family publiait le 22 Janvier dernier le solaire Happy Hours, album gorgé de swing et de vibrations positives, pensé par un tandem de jazzmen formé par le batteur Vincent Touchard et le pianiste Stephen Binet. Matérialisant les rendez-vous hebdomadaires et les jam sessions mensuelles programmées au Piano Bar du Théâtre le Prisme à Elancourt, le disque - enregistré en 3 jours seulement - aligne 13 standards intemporels, captés au studio Libretto par son co-fondateur Erwan Boulay, avec l'énergie et la fraicheur du live. 

Entouré d'invités prestigieux, le duo a souhaité nous offrir un mélange de styles et de timbres reflétant la diversité du jazz d'hier et d'aujourd'hui. Ainsi, l'incontournable "All or Nothing at All" immortalisé par Sinatra en 1939 côtoie "Blusette" de Toots Thielemans (1962) et "Cedar's Blues", que Cedar Walton enregistrait en 1985 fricotte avec "Dindi", qu'Antonio Carlos Jobim composait en 1959 pour Sylvia Telles

Le casting à géométrie variable que s'est choisi nos deux protagonistes n'est pas qu'instrumental, il compte en effet dans ses rangs la diva Claire Vernay (interprétant "Whatever Lola wants", "The Lady is a Tramp" et "My Heart belongs to daddy"), le sublime chanteur et guitariste brésilien Sidney Rodrigues (incarnant littéralement "Dindi" et "Blusette") et le  crooner Matthieu Boré (absolument remarquable dans "No Moon at all"). Les excellents saxophonistes Baptiste Herbin ("You're my everything") et Sylvain Beuf("Three views of a secret") font également partie de l'aventure; et pour compléter la section rythmique menée par Vincent, se succèdent Duylinh Nguyen ("Witchcraft") et Baptiste Morel ("Wrap your trouble in dreams") à la contrebasse, puis José Fallot à la basse électrique ("Cedar's Blues").



vendredi 5 mars 2021

Blazin' Quartet - Sleeping Beauty (Le Coolabel/Absilone/Socadisc)

Blazin' Quartet - Sleeping Beauty (Le Coolabel/Absilone/Socadisc)

A la tête de son délicat Blazin' Quartet, l'excellent batteur originaire de Sarajevo, Srdjan Ivanovic, nous revient avec Sleeping Beauty, un disque de jazz aux ambiances immersives où l'on retrouve le guitariste italien Federico Casagrande, le trompettiste grec Andreas Polyzogopoulos et le contrebassiste bulgare Mihail Ivanov. Enracinées dans les Balkans et mariant subtilement les cultures d'orient et d'occident, la musique et les rythmiques de Srdjan sont une expression de son esprit aventureux et novateur, marqué par un parcours jalonné de nombreux déménagements dans de nombreux pays, quartiers et appartements. 

Désormais installé à Paris, il insuffle à son projet un nouvel élan, le poussant vers davantage de liberté et de spontanéité. L'inventif et singulier flutiste Magic Malik, convié sur deux compositions colorées au swing respectivement accrocheur et entêtant, "Guchi" et "Rue des Balkans", illustre cette tendance qu'a le batteur à vouloir explorer de nouvelles possibilités. 

La mélodie étant pour lui une des composantes fondamentales de son univers, les sonorités d'Ennio Morricone lui sont apparues comme une évidence, influençant significativement sa manière d'appréhender l'écriture. Reprenant et réarrangeant deux thèmes incontournables du maitre disparu il y a peu, "The Man With The Harmonica" et "A L'Aube du Cinquième Jour (Got Mit Uns)", l'artiste a sans doute souhaité célébrer une œuvre intemporelle et populaire, qui parle à tous, toutes générations confondues. 

1er confinement et besoin d'évasion obligent, des fields recordings captés à la campagne nous plongent - le temps de l'"Intro" et de l'"Outro" - dans une nature bienveillante et inspirante, que l'économie aérienne du jeu d'Andreas contribue à rendre apaisante. Que dire également du touché irrésistible de Federico (en solo sur une version de "Sleepng Beauty"), un virtuose de la six cordes qui tisse avec Mihail et le trompettiste, une complicité harmonique des plus gracieuses, que viennent survoler quelques nappes de claviers orchestrées par Srdjan lui même ("Andreas").




jeudi 25 février 2021

Stéphane Edouard - Pondicergy Arlines (Cjazz Productions/Absilone)

Stéphane Edouard - Pondicergy Arlines (Cjazz Productions/Absilone)


Inspiré par les tubes du Bollywood des années 70-80 et les musiques classiques indiennes, le batteur, percussionniste, claviériste et chanteur parisien Stéphane Edouard nous livrait le 15 Janvier dernier Pondicergy Arlines, un premier opus aux vibrations world, exprimant l'histoire et le parcours musical du compositeur et arrangeur autodidacte ayant grandi à Cergy. Largement marqué par la culture de ses parents issus du sud de l'Inde et par sa découverte, adolescent, du rock, du jazz, des sonorités cubaines et africaines, il recherche la pluralité des sons et mélange les couleurs, les croise et les harmonise habilement. Dans cet univers fusion aux grooves généreux et exotiques, il a choisi d'inviter une myriade de musiciens, des compagnons de route, qui viennent le rejoindre avec leurs propres bagages. Son frère tout d'abord, Prabhu Edouard, virtuose des tablas, puis l'incontournable flutiste Magic Malik, mais également les guitaristes Nguyên Lê et Anthony Jambon, l'accordéoniste Vincent Peirani, le bassiste Etienne M'Bappe, les pianistes Fred Soul et Alfio Origlio, le claviériste Bojan Z ou encore la chanteuse Julia Sarr... Un casting hors norme pour un disque qui l'est tout autant et qui sonne bon le partage, le métissage et l'ouverture d'esprit!



Olivier Laisney & Yantras - Monks Of Nothingness (Onze Heures Onze)

Olivier Laisney & Yantras - Monks Of Nothingness (Onze Heures Onze)

Le trompettiste emblématique de l'écurie Onze Heures Onze, Olivier Laisney, nous proposait le 19 Janvier dernier Monks Of Nothingness; album issu de sa  formation Yantras, nouveau projet affichant diverses influences, allant du saxophoniste Steve Coleman au rappeur Q-Tip, en passant par le pianiste Vijay Iyer. Son précédant groupe, Slugged, avait accouché de deux opus parus en 2011 et 2016 baptisés Phonotype et Silent Forms.

Entouré de l'incontournable Magic Malik à la flûte, de Romain Clerc-Renaud au piano (Chlorine Free), Franck Vaillant à la batterie (Arthur H, Sarah Murcia), Damien Varaillon à la contrebasse (Matteo Pastorino) et du rappeur américain Mike Ladd (Arat Kilo) qui intervient sur deux morceaux, Olivier a rassemblé 9 compositions originales, où jazz expérimental et musiques improvisées se mêlent à des sonorités électroniques immersives

Même si l'élaboration du disque repose, pour une grande part, sur des modes d'écritures complexes hérités d'Olivier Messiaen et de la polyphonie ars nova du XIV° siècle, l'auditeur peut néanmoins se raccrocher à ses mariages d'éléments plus familiers, s'y mêlent ainsi des réminiscences abstract hip-hop ("Spiral Down") et drum & bass ("L'Homme Vague"), dark ambient ("Secret Swordplay Instruction") ou encore broken beat ("Le Pendu")...

Bel effort!





mardi 23 février 2021

Sandro Zerafa - Last Night When We Were Young (Paris Jazz Underground)

Sandro Zerafa - Last Night When We Were Young (Paris Jazz Underground)

Le guitariste maltais basé à Paris, Sandro Zerafa, nous confiait le 22 Janvier dernier - via le label Paris Jazz Underground - une collection de reprises de quelques-uns des plus beaux standards du jazz. Un exercice inédit pour le musicien éclectique qui s'est illustré, entre autre, auprès des brésiliens Chico Buarque et Marcia Maria, des français Chrytelle Alour, David Prez, Romain Pillon et André Ceccarelli, ou encore du cubain Joel Hierrezuelo... 

Enregistré courant Juin 2020 en tandem avec le pianiste Vincent Bourgeyx et en orchestre avec le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Antoine Paganotti, l'élégant Last Night When We Were Young est le cinquième album de l'artiste qu'il réalise en tant que leader; comme son nom l'indique ("Last Night When We Were Young" est le titre d'une illustre chanson qu'immortalisa notamment Kenny Burrell en 1965), il se veut être une célébration des grands thèmes du Great American Songbook. Un répertoire que Sandro considère comme "l'ultime lieu d'une liberté d'expression où flirtent tradition et innovation". 

L'auditeur appréciera la subtile complicité du duo et l'efficacité redoutable du trio, tout en re-re-re-redécouvrant au gré des 11 interprétations de l'opus, les mélodies intemporelles et incontournables des prestigieux Cole Porter ("You Do Something To Me"), George Gershwin ("Who Cares") ou encore Jerome Kern ("The Folks Who Live On The Hill").



vendredi 19 février 2021

Christofer Bjurström - Ecume de Mai (MZ Records)

 Christofer Bjurström - Ecume de Mai (MZ Records)

Le pianiste et compositeur suédois Christofer Bjurström nous présentait il y a peu son nouvel album solo baptisé l'Ecume de Mai, un recueil de 9 compositions originales paru sur le label brestois MZ Records et inspiré, entre autre, par les extraits d'ouvrages d'Emily Dickinson, Claude Roy, Sylvia Plath ou encore Jules Supervielle. Enregistré en juin 2020 au studio de Meudon, le disque sonne étrangement. S'il exprime à certains moments une mélancolie subtile et immersive - d'où semblent surgir les touches impressionnistes et symbolistes des modernes Claude Debussy et Erik Satie ("La chambre du Malade", "Tant", "Neige") - l'artiste se frotte ailleurs, à la dissonance harmonique et à la discontinuité rythmique du jazzman Thelonious Monk ("Une seule main ne suffit pas"). Avec son piano préparé, il va même par endroit frôler les expérimentations avant-gardistes de John Cage ("Le Fleuve de l'Exil", "Soi derrière soi")...

Ecume de Mai bouleverse.