Blazin' Quartet - Sleeping Beauty (Le Coolabel/Absilone/Socadisc)
A la tête de son délicat Blazin' Quartet, l'excellent batteur originaire de Sarajevo, Srdjan Ivanovic, nous revient avec Sleeping Beauty, un disque de jazz aux ambiances immersives où l'on retrouve le guitariste italien Federico Casagrande, le trompettiste grec Andreas Polyzogopoulos et le contrebassiste bulgare Mihail Ivanov. Enracinées dans les Balkans et mariant subtilement les cultures d'orient et d'occident, la musique et les rythmiques de Srdjan sont une expression de son esprit aventureux et novateur, marqué par un parcours jalonné de nombreux déménagements dans de nombreux pays, quartiers et appartements.Désormais installé à Paris, il insuffle à son projet un nouvel élan, le poussant vers davantage de liberté et de spontanéité. L'inventif et singulier flutiste Magic Malik, convié sur deux compositions colorées au swing respectivement accrocheur et entêtant, "Guchi" et "Rue des Balkans", illustre cette tendance qu'a le batteur à vouloir explorer de nouvelles possibilités.
La mélodie étant pour lui une des composantes fondamentales de son univers, les sonorités d'Ennio Morricone lui sont apparues comme une évidence, influençant significativement sa manière d'appréhender l'écriture. Reprenant et réarrangeant deux thèmes incontournables du maitre disparu il y a peu, "The Man With The Harmonica" et "A L'Aube du Cinquième Jour (Got Mit Uns)", l'artiste a sans doute souhaité célébrer une œuvre intemporelle et populaire, qui parle à tous, toutes générations confondues.
1er confinement et besoin d'évasion obligent, des fields recordings captés à la campagne nous plongent - le temps de l'"Intro" et de l'"Outro" - dans une nature bienveillante et inspirante, que l'économie aérienne du jeu d'Andreas contribue à rendre apaisante. Que dire également du touché irrésistible de Federico (en solo sur une version de "Sleepng Beauty"), un virtuose de la six cordes qui tisse avec Mihail et le trompettiste, une complicité harmonique des plus gracieuses, que viennent survoler quelques nappes de claviers orchestrées par Srdjan lui même ("Andreas").