mercredi 22 avril 2015

Surnatural Orchestra - The Lost Tapes EP

Surnatural Orchestra - The Lost Tapes EP

Composé d'une vingtaine de jeunes musiciens le Surnatural Orchestra est un peu notre Dirty Dozen Brass Band hexagonal, un big band fougueux et créatif au son puissant et contemporain. Accordant un large espace à l'improvisation collective dirigée par signe (technique du Soundpainting venue des U.S.), l'orchestre n'en finit pas d'étaler ses sonorités cuivrées obsédantes autour d'un répertoire écrit en commun, puisant ses influences dans un tas de styles allant du klezmer au tango en passant par le funk, la musique de film, l'éthiojazz mais aussi les musiques populaires anciennes et modernes, d'ici et d'ailleurs.

The Lost Tapes EP se compose de deux titres, Happy Doggy qui déploie pendant presque 6 minutes les accents enjoués d'une northern soul éthiopique et Petit Duc, évoquant dès son ouverture l'univers des B.O. de Lalo Schifrin du temps des 60's (époque de la série Mission Impossible)... Bref un jazz expressif, débridé, vivace et visuel.

Ci-dessous un lien vers leur site:

Scuba – Claustrophobia (Hotflush Recordings)


Scuba – Claustrophobia (Hotflush Recordings)

Considéré comme l’un des instigateurs du mouvement dubstep au début des années 2000, le Dj/producteur anglais Paul Rose alias Scuba nous présente sur son propre label Hotflush (Benga…) l’obus sonique Claustrophobia. Dès la première piste intitulée Levitation, l’artiste rompt avec les codes de ses précédentes productions pour nous plonger dans un univers technoïde hallucinatoire, une IDM bourdonnante et psychédélique presque trip-hop, faite de vibrations infra basses et d’une BD organique. Installé à Berlin, la techno-trans allemande des 90’s semble avoir déteint sur lui, Why You Feel So Low en est un exemple frappant ! Mais Scuba a toujours fait des va et viens entre les styles et Claustrophobia semble être un aboutissement de ses explorations électroniques, une nouvelle étape vers une musique introspective aux ambiances sombres, froides et denses mais tout même variées. Television a des reflets big beat avec ses motifs répétitifs de synthés saturés et son beat bien lourd, alors que Drift ou All I Think About Is Death déploient des textures vaporeuses et oniriques plutôt ambient. L’artiste ne délaisse pas les danseurs, PCP et Black On Black les invitent à se mouvoir frénétiquement sur leur humeur electro-indus. Puis il y a l’étrange Family Entertainment, avec ses pleurs d’enfants qui résonnent dans un espace difficilement reconnaissable, finissant par s’effriter dans un brouhaha glitch… Avis aux amateurs d’une techno ‘scaphandriesque’ oppressante voire étouffante !

mardi 21 avril 2015

The Griswolds – Be Impressive (Wind Up Records)


The Griswolds – Be Impressive (Wind Up Records)

La formation indie rock basée à Sidney The Griswolds publie son premier opus intitulé Be Impressive. Les 4 australiens produits par Tony Hoffer (M83, Phoenix, Supergrass, Air…) et largement influencés par Vampire Weekend, MGMT et les Beach Boys nous livrent un disque aux sonorités pop colorées, explosives, joyeuses et ensoleillées. Remarqués en 2012 avec leur EP Heart Of The Lion paru chez Wind Up Records, le groupe mené par Christopher Whitehall et Danny Duque Perez a tourné à travers tout le pays avant de se mettre à bucher sur leur projet de LP. Les lyrics abordent les thèmes de la perte, de l’addiction, de l’insécurité et de la complexité des relations avec une certaine vulnérabilité masquée par des rythmiques énergiques, des mélodies accrocheuses et un déferlement de beats électroniques détonnants.

lundi 20 avril 2015

Damian Lazarus & The Ancient Moons - Message From The Other Side (Crosstown Rebels/!K7)


Damian Lazarus & The Ancient Moons - Message From The Other Side (Crosstown Rebels/!K7)

Le DJ/producteur anglais Damian Lazarus a débuté sa carrière musicale comme journaliste pour le magazine de mode Dazed & Confused. Il devient ensuite la tête chercheuse de nouveaux talents pour la maison de disque City Rockers, qui plus tard sera racheté par l’empire Ministry Of Sound. Voulant gagner son indépendance et se consacrer à sa propre musique, il fonde en 2003 le label Crosstown Rebels (chez qui ont signé des références comme Jamie Jones, Seth Troxler ou Maceo Plex…).

Devenu un pilier visionnaire de la scène house londonienne avec une volonté affirmée de proposer des productions électroniques underground de qualité, il mixe dans les plus prestigieux clubs du monde et apparait aux manettes de célèbres compilations dont Rebel Futurism en 2004 et 2005 ou Fabric 54 en 2010.

C’est l’immense label allemand Get Physical créé par M.A.N.D.Y., DJ T et Booka Shade qui lance ses premiers projets perso dont Smoke The Monster Out en 2009, son premier long format. Sa palette musicale se base sur un tas d’influences, aussi bien à chercher du côté de Bjork et Photek que de Neil Diamond ou Jeff Buckley, elle s’enrichie constamment de folklores et de rythmes empruntés aux musiques du monde.

Enregistré entre LA, Londres et Mexico avec le concours de The Ancient Moons (projet composé du producteur James Ford des Simian Mobile Disco et d’invités prestigieux parmi lesquels on compte le percussionniste égyptien Hossam Ramzi, le pianiste jazz américain ELEW aka Eric Lewis, le contrebassiste Andy Waterworth, le joueur de sitar Sidartha Siliceo et le guitariste mozambicain Neco Novellas), son second album Message From The Other Side allie subtilement la house music  aux sonorités ethniques voire mystiques issues d’Afrique, d’Extrême Orient et du Moyen Orient. Comme l’a fait Nitin Sawhney dans son Beyond Skin par exemple, Damian élève une musique faite pour enflammer le dancefloor vers un ailleurs spirituel envoutant, que l’on parvient à toucher du bout des doigts grâce à des titres comme Lovers Eyes (Mohe Pi Ki Najariya) mêlant beats deep-house et chants hypnotiques soufis du Pakistan (Fareed Ayaz, Abu Muhammad et Hamza Akram). L’artiste nous plonge dans un état de transe délectable, s’approchant parfois des productions électro/yoruba de l’excellent Osunlade. Message From The Other Side et Sacred Dance Of The Demon (aux accents guinéens) sont faits de ce bois, sublimant une Afrique aux mille facettes.

Vermillon est le premier single de cet album plus que recommandable. Déjà remixé par Agoria, Deniz Kurtel et Jamie Jones, il est programmé dans les sets de pointures telles que Sam Divine (Defected Records) ou Pete Tong (BBC Radio 1)… Véritable pépite deep house au groove tribal, à la mélodie accrocheuse et aux ritournelles obsessionnelles, il est porté par la voix soul de l’incroyable guitariste, chanteur et compositeur natif de LA Moses Sumney (présent aussi sur l’épique Tangled Wed) , qui inonde de sensualité un track étincelant, annonçant une saison estivale prometteuse pour Lazarus. Les percussions ne nous laissent pas d’autre choix que de se laisser emporter par leur rythme premier, nous connectant à l’essence même de la danse, ce reflexe où le corps exprime vivement nos émotions, cherchant à communiquer, à fusionner...

Autre temps fort, le très soulful We Will Return, reprenant la recette deep éprouvée dans Vermillon avec Ali Love en guest.

Message From The Other Side fait parti de ses disques révélations, vibrants et excitants, qui se prêtent à toutes les écoutes…



vendredi 17 avril 2015

Young Fathers - White Men Are Black Men Too (Big Dada)


Young Fathers - White Men Are Black Men Too (Big Dada)

Le trio écossais Young Fathers publiait début 2014 leur précédent Dead, un album répertorié hip-hop mais bel et bien considéré comme un objet avant-gardiste, alternatif, avant-pop aux accents punk, urbains et psychédéliques !

Ils remettent le couvert avec White Men Are Black Men Too qui fut enregistré à Berlin et dont les influences sont à chercher du côté de la formation newyorkaise TV On The Radio pour son rock expérimental hérité du krautrock, du projet The Streets de l’anglais Mike Skinner pour son rap teinté d’UKG et d’Arcade Fire pour sa pop baroque matinée de d’indie rock.

Toujours bruyante, stimulante et fédératrice, la musique de Young Fathers aborde ici la question du racisme, considéré comme un concept dépassé, futile et consternant. Les mélodies, même pop, demeurent parfois dissonantes voire brouillonnes et le propos, toujours engagé, se veut percutant, n’hésitant pas à trancher dans le vif… Le hip-hop se dilue au profit d’un son hybride débridé, inclassable et vivace…

Gramatik - Native Son Feat. Raekwon & Orlando Napier (Single) (LowTemp Records)

Le Dj/producteur slovène basé à Brooklyn Gramatik, dont nous parlions ici lors de la parution de son précédent opus The Age Of Reason chez LowTemp Records, nous revient avec son nouveau single intitulé Native Son, extrait de son prochain EP baptisé Epigram.

S'étant éloigné de ses explorations électro et dubstep présentes dans le dernier disque, Gramatik semble revenir au hip-hop de ses débuts, caractérisé par ses sonorités G-Funk et jazzy gorgées d'un groove suave aux rondeurs sublimes. Invitant la légende du Wu-Tang Clan Raekwon à venir poser son flow East Coast sur un track écrit par le jeune prodige Orlando Napier (qui y déploie sa voix soul vibrante et son jeu de Rhodes des plus classieux), le producteur signe, avec Native Sonune véritable perle Nu Soul envoutante.
A noter la présence des riffs d'une guitare blues du meilleur effet servis par Adam Stehr...

Ci-
dessous un lien vers sa page soundcloud.
Un détail important: étant un fervent défenseur de la liberté de production, Gramatik propose son titre en téléchargement gratuit "Freeing music by making music free"...

https://soundcloud.com/gramatik/native-son-featuring-raekwon-orlando-napier

jeudi 16 avril 2015

Portico – Living Fields (Ninja Tune/Pias)


Portico – Living Fields (Ninja Tune/Pias)

Portico Quartet n’est plus… Vive Portico ! Si les 4 londoniens exploraient les limites du jazz, enjambant parfois allègrement les lignes le séparant de l’électro et de la pop – on se souvient de leurprécédent album éponyme paru chez RealWorld en 2012 – le pas est désormais radicalement franchi avec Living Fields, premier opus depuis leur passage chez Ninja Tune.

Keir Vine, le claviériste et joueur de hang qui remplaçait l’un des membres fondateurs du groupe Nick Mulvey a quitté le projet en 2013, donnant l’impulsion nécessaire au trio restant, composé du saxophoniste Jack Wyllie, du batteur Duncan Bellamy et du bassiste Milo Fitzpatrick, pour se renouveler voire pour se réinventer. C’est ainsi que Portico a redéfini sa musique en la structurant davantage, en donnant à la voix une importance primordiale et en y intégrant pleinement la composante électronique, que ce soit dans le processus d’enregistrement comme dans le traitement des textures sonores.

Living Fields porte bien son nom, ses 9 pistes sont autant d’écrins instrumentaux aux mélodies mélancoliques et aux ambiances planantes, dédiés à accueillir les chants envoutants de Joe Newman (du groupe Alt-J), Jamie Woon et Jono McCleery. Gorgé d’échos, de reverbes, de nappes vaporeuses, d’arpèges hypnotiques et des grondements d’une basse lointaine, le disque est ponctué de beats lourds délivrés avec parcimonie et lenteur via des programmes et des enregistrements live, ses atmosphères nous font immanquablement penser aux géniaux James Blake, SBTRKT ou Radiohead.   
Portico, en s’éloignant du futur-jazz de ses débuts, s’oriente vers une certaine vision hallucinée et céleste de la pop, il se forge ainsi une nouvelle identité en en bousculant les codes. Bien que ses expérimentations ambient et electronica rappellent encore ses travaux du temps du Quartet, on notera la disparition des improvisations et des solos aux dépends du déploiement des lyrics et de l’élaboration d’ambiances fantomatiques instables, intimistes et sombres. Portico conçoit une bass music fascinante et typiquement anglaise, un univers post-dubstep désintégré et éthéré, nous préparant à un après Living Fields.