mardi 14 octobre 2014

Neil Cowley Trio – Touch And Flee (Naim Jazz/Harmonia Mundi)


Neil Cowley Trio – Touch And Flee (Naim Jazz/Harmonia Mundi)

Rien d’étonnant que ce soit un jour de pluie que le jazz anglais, ample et envoutant, du Neil Cowley Trio attire mon attention me tirant d’une humeur plus que maussade. Touch And Flee est le cinquième album studio de la formation. Le pianiste, accompagné du batteur Evan Jenkins et du contre bassiste Rex Horan, y distille une musique atmosphérique que l’on pourrait rapprocher de celle des icônes scandinaves Gustavsen et Svensson, déployant des motifs subtils et gracieux où les pulsations délicates de la batterie servent d’écrin au groove délicieux de la basse et aux nappes harmonieuses, volumineuses et expressives du piano. Le jazz de Neil Cowley s’exprime dans la lenteur et l’élégance mélodique à travers 9 titres méditatifs parfois sombres mais toujours délicats.




Jozef Dumoulin & The Red Hill Orchestra – Trust (Yolk Music/L’Autre Distributions)


Jozef Dumoulin & The Red Hill Orchestra – Trust (Yolk Music/L’Autre Distribution)
Remarqué pour ses interventions dans le Magic Malik Orchestra ou auprès des frères Belmondo, le claviériste jazz Jozef Dumoulin, « spécialiste du Fender Rhodes », publie chez Yolk Music son dernier projet mené en trio et nommé Trust. Le prodige belge, installé à Paris, embarque avec lui dans The Red Hill Orhestra les deux américains : Ellery Eskelin au saxophone ténor et Dan Weiss à la batterie. Tous trois mettent en scène des atmosphères sonores sombres et complexesle jazz se libère lors de sets d’improvisations psychédéliques et d’expérimentations aériennes. Trust est un recueil de 12 compositions nébuleuses et poétiques, articulées autour d’une seule et même idée, l’interaction entre différentes approches musicales, Ellery et ses embardées free jazz, Dan et ses influences puisées dans la musique indienne et la pratique des tablas.
 
 
 




 
 

lundi 13 octobre 2014

Hell’s Kitchen – Red Hot Land (Moi J’Connais Records/L’Autre Distribution)


Hell’s Kitchen – Red Hot Land (Moi J’Connais Records/L’Autre Distribution)

Crasseux et rongé jusqu’à la corde, le blues lancinant et dissonant des 3 petits suisses de Hell’s Kitchen sonne diablement juste ! Publiant leur cinquième disque intitulé Red Hot Land sur Moi J’Connais Records, les bluesmen helvètes à l’énergie punk nous proposent un retour aux sources de la musique aux trois accords, vers un essentiel brutal, abrasif et rugueux. Enregistré à l’ancienne et mitonné au whisky, le blues rural de Hell’s Kitchen trouble la vue et enfume l’esprit. La voix rauque de son leader Monney B, la « percuterie » écorchée de Taillefert C et la basse rondelette de Ryser C composent cette tambouille brûlante assaisonnée du piment de quelques complices dont Robin Girod au banjo, Charles Wicki à l’accordéon et Matt Verta-Ray à la guitare.

 
 

vendredi 10 octobre 2014

Gui Boratto – Abaporu (Kompakt)


Gui Boratto – Abaporu (Kompakt)

Délibérément taillé pour le dancefloor, Abaporu (qui se traduit « l’homme qui mange la chaire humaine » en indien Tupi Guarani), quatrième long format du Dj/producteur brésilien Gui Boratto, nous replonge dans les beats et les ambiances chaudes et raffinées qu’il présentait pour la première fois en 2007avec son sublime Chromophobia. Bien plus accessible que ses précédents projets, Abaporu froissera les puristes que le chouchou de l’écurie Kompakt avait conquis avec ses maxis aux sonorités minimal tech et acid house, mais ravira les amateurs de chill-out, de rythmiques pop impeccables et d’ambient ibérique solaire. Nourri de toutes les musiques électroniques actuelles et véritablement immergé dans la culture brésilienne (depuis son récent mariage), l’artiste a voulu rendre hommage au mouvement anthropophage, ce courant artistique brésilien issu du modernisme qui prônait au début du 20° siècle l’appropriation et l’imitation des cultures européennes.
 
Le nom et l’artwork de l’album sont eux-mêmes tirés d’une des peintures les plus importantes de l’art brésilien, datant 1928 elle symbolise avec son apparente naïveté l’âme d'un Brésil complexe, où le soleil et le culte du corps cohabitent avec la pauvreté et le travail forcé.

Se référant à ce chef d’œuvre et à l’ensemble des représentations engagées mais étranges, irréelles et imaginaires réalisées par la peintre Tarsila Do Amaral, artiste emblématique de ce cannibalisme culturel ‘Brésil/Europe’, ce disque serait un nouveau trait d’union entre Tom Jobim et Phonique, entre la mélancolie et l’euphorie, le folklore et la culture club.

Ce qui est certain, c’est que l’efficacité de morceaux tels que Please Don’t Take Me Home, Too Late et Let’s Get Started, avec leurs vocaux pop, leurs accents funky et leurs rythmiques deep house, fait mouche dès la première écoute. Les synthscapes, les nappes de claviers technoïdes et les lignes de basse aux tonalités plutôt sombres de Abaporu, Joker ou encore Palin Dromo évoquent quant à eux l’influence de la techno berlinoise

Gui Boratto une fois de plus ne déçoit pas même s’il surprend à vouloir séduire un plus large public!

jeudi 9 octobre 2014

Tosca – Outta Here (!K7)


Tosca – Outta Here ( !K7)

Le mythique duo viennois Tosca semble renouveler sa palette musicale en publiant via le label berlinois !K7 Records son dernier disque intitulé Outta Here. Richard Dorfmeister et Rupert Huber nous avaient habitué depuis leur association en 1994 à des ambiances laid back, downbeat et chill out, on se souvient en effet des opus Opéra, Suzuki ou dernièrement No Hassle et Odéon. Les autrichiens, largement influencés par John Lee Hooker, réorientent aujourd’hui leur projet vers des sonorités plus soul, acid jazz et bien sûr blues voire même country (Put It On) avec des rythmiques à la dynamique plus up-tempo. Les lignes de basse musclent le groove de titres comme Have Some Fun, My Sweet Monday ou Prysock, même si les ingrédients lounge qui ont fait le succès de Tosca demeurent, à l’instar de l’esprit dub de Happy Hour, trip-hop de Lone Ranger et ambient des interludes Schopsca et H.D.A.

À noter la participation exceptionnelle de Earl Zinger (un alias de Rob Gallagher à l’origine du groupe acid jazz Galliano) et Cath Coffey (des Stereo MCs), que l’on peut écouter sur le premier single Crazy Love.

mercredi 8 octobre 2014

Flying Lotus – You’re Dead ! (Warp Records)


Flying Lotus – You’re Dead ! (Warp Records)
Certains disques se laissent apprivoiser facilement, mais là avec You’re Dead !, ce n’est pas si évident ! En effet le beatmaker américain basé à L.A., Steven Ellison aka Flying Lotus, patron du label Brainfeeder, nous livre par l’entremise de la maison anglaise Warp une mouture sombre et mélancolique, complexe et puissante, sans concession aucune et libre de tous canons esthétiques. Considéré comme l’un des producteurs underground les plus en vue de la côte Ouest, FlyLo a fait les choses en grand avec des mois de teasing  intensif et l’invitation de guests plus que prestigieuses. Avant même sa sortie, le disque était déjà acclamé par une critique unanimement conquise.
You’re Dead ! est-il un disque de hip-hop ?
You’re Dead ! est-il un disque de jazz ?
Ce qui est certain c’est que Flying Lotus aka Captain Murphy nous offre 38 minutes intenses de psychédélisme, traversé par un tas d’influences, du free-cosmic-jazz barré et classieux servi par Herbie Hancock (Tesla) et Thundercat (bassiste/chanteur exubérant et génial régulièrement embarqué dans  les aventures de FlyLo) , à la drum & bass jazzy de l’excellent Never Catch MeKendrick Lamar déploie un flow époustouflant, en passant par la soul nébuleuse de Siren Song et Your Potential/The Beyond murmurées par Angel Deradoorian et Niki Randa, ou le hip-hop game boy de Dead Man’s Tetris éclairé par un Snoop Dogg inattendu dans ce genre de prestations.
La présence d’une team de musiciens prodiges et novateurs comme les batteurs Deantoni Parks, Justin Brown et Ronald Brunner, le saxophoniste jazz Kamasi Washington, le guitariste death metal Brendon Small, le violoniste/chef d’orchestre Miguel Atwood Ferguson, les claviéristes Brandon Coleman et Taylor Graves, renforce l’ampleur de cette fusion entre innovation musicale et virtuosité technique, qu’a voulu initier le producteur californien dans ce « pèlerinage transcendantal en territoire inconnu, au-delà de la vie ».
Steven, en parlant de son projet, affirme qu’il ne s’agit pas d’aborder le thème de la mort comme une fin mais plutôt comme un commencement, comme la célébration de nouvelles aventures. C’est ce moment de transition et de confusion. Ce n’est pas ‘hey tu es mort mais ‘hey tu es mort !’ », la nuance étant dans le point d’exclamation.
L’artwork est réalisé quant à lui par le graphiste japonais Shintaro Kago, réputé pour ses mangas réservés à des lecteurs avertis, où il traite de sujets grotesques à grand renfort de pornographie, de scatologie ou de déformation physique. L’artiste y déploie une série de dessins gores mais beaux où la mort, la nudité et la torture y sont présentées d’une manière crue et ultra violente (vivisections, éviscérations…) mais esthétique !
You’re Dead ! fera date dans la carrière de Flying Lotus autant que dans les anal de la musique électronique.   
 

 

GusGus – Mexico (Kompakt)


GusGus – Mexico (Kompakt)

Le collectif islandais GusGus composé de Birgir Thorarinsson, Daníel Ágúst, Högni Egilsson et Stephan Stephensen publie sur le mythique label allemand Kompakt son dernier opus flamboyant et envoutant intitulé Mexico. Gorgé de sensualité et de groove, de sonorités 80’s, 90’s, trans, deep et techno house, l’album est une ode électro-pop des plus efficaces et accrocheuses où les synthétiseurs mélancoliques, les percussions lancinantes et les voix aériennes présents sur Sustain, Crossfade ou This Is What You Get When You Mess With Love deviennent, sur des titres up-tempo comme  Another Life, Mexico ou Airwaves, plus entraînants, percutants et imparables.

Deux titres se distinguent de ce travail homogène et bien pensé : dans un premier temps il y a le superbe God-Application et sa rythmique break-beat à l’anglaise se dotant d’une voix soulful du plus bel effet, puis le morceau d’ouverture Obnoxiously Sexual, une perle disco orgasmique à en rendre jaloux Sébastien Tellier.

Mexico est une belle surprise en cette fin d’été qui semble ici s’éterniser…